contours renfoncés des figures sculptées ,en creux. Mais en vain chercheroit-on,
parmi tous ces ouvrages," un seul exemple où les caulqurs ¡soient fondues ou
mélangées, pour produire' de la dégradation dans les teintes et quelque effet de
lumière ou de perspective ; cette partie du travail suppose donc peu d’habileté :
mais le dessin mérite qu’on le remarque, et la préparation des couleurs suppose
des connoissances chimiques très-avancces.
4 . 0 A N T IQU E S TROUVÉ E S DANS L E S H Ï PO G É E S .
On ne sait pas d’une manière précise quelle destination avoit, dans les hypogées,
cette multitude d’antiques de toute grandeur et de toute matière qu on trouve
aujourd’hui répandues sur le sol, au milieu des éclats de pierre et des débris de
momies. Il paroît que les Égyptiens les renfermoient dans leurs cercueils ; cependant
ia forme des enveloppes taillées, comme on l’a vu, suivant celle du corps
humain, n’auroit pas permis d’y introduire les objets qui ont une dimension un
peu considérable (i). 11 faut avouer qu’on n’a point de lumières suffisantes sur
cette question, et l’on doit s’en prendre au désordre actuel des catacombes : il en
seroit autrement si l’on pouvoit pénétrer dans un seul hypogée que n auroient
pas encore violé les Arabes. ^
Il n’en est pas moins à propos de jeter un coup-dceil sur ces divers objets.
Le travail en est quelquefois très-beau, la matière précieuse, et la-conservation
parfaite. Les hypogées sont la source commune de tous ces morceaux de bronze,
de porphyre, de granit, de terre cuite, de bois peint et doré, &c. que lÉgypte
est en possession de fournir aux cabinets d’antiquités ; les retrouver sur les lieux
mêmes où les Égyptiens les ont déposés, leur donne un intérêt de plus, et leur
ajoute au moins le caractère de l’authenticité.
J ’ai ramassé, parmi^ces fragmens, un oiseau sculpte en bois de sycomore, avec
des couleurs vives et conservées ; cette figure a une tête de femme fort bien
ajustée sur le corps de l’animal (z). Une pareille figure rappelle tous les bas-reliefs
et les papyrus où les Égyptiens ont représenté des oiseaux a tete humaine, avec
les ailes en repos ou déployées (3) ; elle rappelle aussi certaines chimères qui ornent
les tombeaux Grecs et Romains. On avoit regardé jusqu’ici ces associations monstrueuses
comme des produits du caprice, comme des bizarreries insignifiantes. Il
est à croire, en effet, que les Grecs les ont copiées en Égypte, sans en comprendre
ou sans en adopter le sens ; mais certainement ce sens existoit pour les
Égyptiens. On a gravé deux de ces chimères en bois peint (4 ) : le corps en est
bariolé et moucheté, et le plumage y est indiqué avec plus de recherche que d exactitude
dans les détails; quant aux couleurs, elles étoient vives et tranchées.
(■) Plusieurs voyageurs, tels que Prosper Alpiu , f ig .,, A . vol. I J;\e s planches Cz, dp, 70, mime volume, &c.
M a i l l e t , Monconys, ont décrit a v e c d é t a i l les antiques II faut consulter aussi les antiques, a la f in d u V. volume
de différentes sortes qu’ ils ont trouvées dans l'intérieur des planches.
des momies de Saqqârah. (4) Voyez la planche 47, H - 3.. 4, « h planche y * ,
(2) Voyez la planche 4 7 , fig- 4» ■4 * w l ■>’ V°^
(3) Voyez la planche 96, fig. t , A . vol, I ; la planche 8 j,
L. oiseau dont il s agit paroît être un épervier ; car la même figure se trouve
aussi ailleurs, ayant, au lieu de tête humaine, la tête de cet oiseau consacré.
MM. Coutelle et Redoute ont rapporté trois de ces éperviers en bois de sycomore,
peints de diverses couleurs, et dont 1 un est doré sur les yeux, sur le bec et sur la
face (i): mais l’attitude n’est pas tout-à-fait la même que dans les chimères. Dans
celles-ci, 1 oiseau est debout sur ses pattes; et dans les autres, il est couché.
Parmi les débris de momies, j ai encore recueilli des objets en bois peint, de
la forme des coiffures sacerdotales (2). Ces images doivent être regardées comme
symboliques. en effet,la hauteur demesuree des bonnets et la petitesse du pivot qui
les soutient, sont des raisons de douter que les prêtres en fussent réellement affublés
dans les cérémonies. On peut en dire autant des têtes d’animaux, puisqu’en supposant
que les prêtres portassent des masques de cette espèce, on devrait retrouver,
derrière, la forme et la hauteur de la tête humaine; ce qui n’arrive pas (3);
Lés coiffures en bois que l’on rencontre aujourd’hui sur le so i, étoient placées
sur la tête de ces mêmes oiseaux chimériques que l’on vient de décrire (4). Quant
à leur forme, elle est composée de deux feuilles courbées à l’extrémité, avec
un disque rouge sur leur base, et reposant sur deux cornes de beiier, de bouc
ou de boeuf.
On rencontre de petites images de momies entières également en bois peint, d’un
a trois dechnetres de longueur. Comme lés véritables momies, elles sont peintes,
ornees de colliers, d attributs, d’hiéroglyphes ; les couleurs en sont encore fraîches,
et I enduit qu on passoit sur le bois avant de peindre, est aujourd’hui même-d une
grande blancheur: les mieux conservées sous ce rapport sont celles qu’ont apportées
MM. Jollois et Devilliers (y). Ces figures étoient-elles des images votives que l’on
.consacrait lors de la sépulture d’un Égyptien, et les emblèmes qu’elles tiennent
dans les mains étoient-ils relatifs à la profession du mort, ou bien ces figures
representent-eiles soit Isis, soit quelque autre divinité ! voilà des doutes qu’il est
permis de former sans les résoudre, afin de ne point tomber dans ia faute commune
des antiquaires, qui ont souvent tranché hardiment dans ces questions obscures.
Appliquons-nous plutôt à distinguer les attributs de ces figures. On en voit trois qui
sont reconnoissables : 1 un est le soc de la charrue Égyptienne, il est dans chaque
main ; un autre est peint sur le dos, c’est le semùir ou sac renfermant la graine, et
que 1 on voit, dans les scènes agricoles, entre les mains des laboureurs ; le troisième
est peint sur le derrière du bras, il paroît représenter un vase avec une tige de
plante. Ces symboles de 1 agriculture accompagnent fréquemment les divinités.
Une antique en bois, d’une autre nature, et qu’on a également trouvée dans
les catacombes, mérite d’être distinguée : c’est une figure d’animal accroupie et
peinte tout en noir. Les extrémités de ia tête et des pieds manquent : mais tout
(1) Voyez la planche 4 7, fig. 14 , iy ; la planche y g , ' et où cette observation, a déjà été faite. (A . D .c h a p . I ,
f ig - ’ , 2 ! h>planche yp, fig. S , y , A . vol. I I . p a g . j j . f i
(2) Voyez la planche 4 7 , fig. 1 et 2, A . vo l.II. (4) Voyezla planche 4 7 , fig. 14 , ty y la planche y g ,
(3) Voyezla planche 82, A . vol. I , et les différentes fig. 4 , y ; la planche yp, fig. 8, y , A . vol. I I .
planches de bas-reliefs religieux. Voyez aussi la Descrip- (3) Voyez ia plancheyg, fig. 8, 12 , et la planche p g ,
tipn de Pliilæ, redigee par leu Michel - Ange Lancret, fig. 1 a p , A . vol, II .
A - D .