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n’ont pas été aussi bien à 'l’abri des dégradations. La ville d Alexandrie nous
en fournit de nombreux exemples : les Grecs avoient rempli cette ville de
monumens en syénit, dont ils avoient dépouillé les villes de Memphis, d’Hélio-
polis et plusieurs autres ; parmi ceux qui y subsistent., plusieurs encore ont
subi des dégradations sensibles (i).
Ces dégradations se sont opérées .de différentes manières et avec des circonstances
différentes, qu’il convient d’exposer, t.° Quelquefois les blocs altérés sont
susceptibles de se débiter en fragmens irréguliers, tandis que les grains de chaque
fragment conservent encore rentre eux une forte adhérence, de sorte qu une percussion
un peu forte suffit pour réduire en morceaux un bloc considérable.
a.” -Plus communément ne sont lesiélémens qui se desagregent; et leur cohésion
est devenue si faible, que le moindre teffort suffit pour les isoler. Cette altération
s’étend .quelquefois d’une manière uniforme surnme grande étendue; quelquefois
aussi elle est restreinte à un espace très-limité.
On ivattienaoæe certains monumens s’exfolier parallèlement à leurs surfaces ; les
corps arrondis, tels que les colonnes, :se délitent en couches concentriques; j’ai
ifkit sur-tout cette observation ¡à Alexandrie, et notamment dans 1 ancienne mosquée
dite des mille colonnes. Ce fait assez remarquable, qui suffit pour faire distinguer
ces exfoliations des délitemens naturels à certains granits, montre bien
que les dégradations tiennent ici à des causes étrangères à leur nature.
L ’altération n’a pas lieu sur toutes les parties d’un bloc considérable : on remarque
souvent qu’une seule de ses faces y a été soumise ; c’est même une observation
assez constante, que, dans -les monumens exposés de tous côtés à la libre
action de l’air, la face qui a éprouvé le plus de dégradations est principalement
celle qui est frappée des rayons du soleil levant.
iUne dernière observation assez importante et qui confirme ce que nous avons
indiqué plus haut, c’est que, dans un même bloc, les faces qui n’avoient pas reçu
le poli, ou qui par suite avoient été exposées à le pendre, sont précisément celles
qui ont été attaquées. Ceci nous montre encore que la cause de 1 aiîcration ne
tient ;pas à la nature de la roche.
Sans nous engager ici dans les discussions qui ont eu lieu entre ¡plusieurs
physiciens sur ce genre de dégradation, nous nous bornerons à dire que la cause
principale nous paroît être l’humidité, qui s’attache plus aisément aux surfaces qui
ne sont point polies, s’insinue peu à peu entre leurs divers Aemoens, et finit par
les écarter lorsqu’elle vient à s’évaporer promptement.
Si l’eau contient du sel marin en dissolution, son action est alors beaucoup
plus énergique ; c’est un fait constaté par des 'observations très^mufriphées.
On s’est demandé quelquefois si faction chimique du sel ne contribuait pas
ici à cet effet ; mais on ne voit point que des cristaux de feldspath, cle quartz,
de mica, puissent éprouver, dans leur composition, aucune altération de sa part.
( i) Parmi les roches qui se sont-conservées le plus les roches composées de très-petits cristaux ont été moins
intactes, il faut compteV'Ies syénits g r is , mais sur-tout le attaquées que les autres,
syénitdle noir £ t le sjiénicelle basaltifonne ; en tgénétà\,
< D E G l l A N ' I T . Â P P I E ' N - B I C E . , A O ' J .
Ceux qui ont cru que 1a cristallisation tl u sel marin, dans fesTmrtrrstrccs du granit,
opéroit directement cet effet, à peu près comme l’eau dont certaines pierres sont
imbibées, les désagrégé pendant l’hivcTïnse glaçant dans leurs pores; ceux-là, dis-je,
n’ont point fait attention à ce qui a lieü dans ces deux cas. Dans le premier, il y a
solidification de -tout ce "qui est contenu dans les interstices, sans -Soustraction
ifaucune anatière : en se .solidifiant, feau conserve le même volume, «si plutôt
en prend un un.peu plus considérable.: .mais, dans le cas «font il s’agit, la 'Cristallisation
ne s’opérant qu’à mesure que le liquide s’évapore , !il -est -évident que
l’espace occupé avant .la cristallisation ne .peut pas même «être corrapléteUïent
rempli après.
Je crois au contraire que le sel marin n’agit ici que paria propriété d’attirer
l’humidité de l’atmosphère : il doit en résulter que, toutes les fois que -l’air -est
simplement humide, toutes les parties du granit où le sel marin a pénétré, se
mouillent de nouveau et sont par-là plus exposées à cette alternative d’humidité
et de sécheresse qui accélère d’autant leur dégradation.
On peut encore mettre au nombre des causes de destruction des monumens
en granit, les sables -que les vents charient si fréquemment en Egypte, sur-tout
vers les limites du désert. Ce n’est pas, comme font pensé quelques personnes,
qu’ils puissent opérer immédiatement de grandes dégradations; mais, par un frottement
continuel sur les surfaces du granit, ils doivent à la longue en altérer
le poli,, et faciliter par-là faction des autres causes que nous venons de développer.