
leur entier, il en reste assez pour prouver que l’industrie humaine peut lutter
avec avantage contre l’action du temps, et opposer d’insurmontables obstacles aux
ravages des conquérans destructeurs.
Tel est i’aperçu général de cette fameuse Thèbes, dont on chercheroit en vain à
se faire une juste idée, si l’on n’avoit point erré dans ses palais et dans ses temples,
ruines si magnifiques, si vantées, et pourtant si peu connues jusqu’à ce jour. Il
âppartenoit au plus grand des héros de leur donner en quelque sorte une nouvelle
existence, et le monarque capable de surpasser de semblables prodiges devoit
seuf les montrer aux yeux de l’Europe étonnée. Est-il rien de plus merveilleux que
1 ensemble qu’ils présentent aux regards du voyageur quia pu pénétrer jusqu’aux
lieux qui les recèlent! Les généraux Français, les soldats eux-mêmes, à la vue de cet
imposant spectacle, lui ont payé le plus beau tribut d’admiration. Une des fêtes
les plus importantes de notre patrie fut célébrée sur les ruines de la plus ancienne
des cités ; c est alors qu’un général habile ( i ) harangua les troupes au milieu du plus
vaste des palais de Thèbes : alors se renouvelèrent descris de victoire et d’allégresse ;
et ces ruines, depuis si long-temps vouées au silence, retentirent du bruit soudain
de ces foudres de bronze qui jamais ne s etoient fait entendre dans leur enceinte.
Après avoir jeté un coup-d oeil général sur tous ces .monumens, nous allons nous
livrer a l’étude des détails intéressans qu’ils présentent, et faireconnoître dans toutes
leurs parties les objets qui ont excité, à un si haut degré, notre intérêt et notre
curiosité.
Î È U BéRarL commandant les provinces avons pins particulièrement éprouvé les effets de la bientsuperteures
de l’Egypte. Tous les membres delà Corn- vaillance de ce général, et Ai u „ v j „ pour nous de
rujssion ont eu a se louer des facilites qu'il leur a don- lui en témoigner ici notre gratitude.
«3ces pour se livrer à l’éludé des antiquités; mais nous -
SECTION PREMIÈRE,
P a r MM. JO L L O I S e t D E V i ’L L I E R S ,
I n g é n i e u r s d e s p o n t s e t c h a u s s é e s .
Description des Édifices et de l’Hippodrome de Medynet-abou,
$. 1 ."
Enceinte et Butte factice de Medynet-abou.
M e d y n e t - a b o u est situé sous le 30° 17 ' 32" de longitude et le 25°
4z' y 8“ de latitude boréale. Une butte factice très-élevée, couverte de monticules
de décombres, et placée sur la limite du terrain cultivé, annonce de bien loin
les restes d’une ancienne ville.
On ne peut rien voir de plus aride que le sol sur lequel s’élèvent ces ruines ;
on n’y aperçoit pas la moindre végétation. Du sable, des cailloux roulés, des
débris de pierre calcaire détachés de la chaîne Libyque, quelques ravines que
forment parfois les pluies d’orage qui tombent dans les montagnes, voilà tout ce
que présentent les environs de Medynet-abou.
La butte factice sur laquelle les monumens ont été élevés, s’étend jusque vers le
pied de la chaîne Libyque, où elle est même en partie assise. Son contour, pris le long
des décombres, peut avoir seize cents mètres ( 1 ). En là parcourant, on ne tarde
point à reconrioître en divers endroits l’existence d’une grande enceinte, construite
partie en pierres de grès et partie en briques crues, qui enveloppoit primitivement
les grandes constructions dont il subsiste encore de si magnifiques restes. Cette enceinte
étoit probablement régulière; ce que les décombres sous lesquels elle est
maintenant enfouie, ne nous ont pas permis de constater d’une manière positivé :
mais le mouvement même du terrain l’indique suffisamment. C’est un carré qui peut
avoir trois cents mètres (2) de côté. Il est disposé parallèlement aux murs extérieurs
des monumens qu’il enveloppe de toutes parts. La portion de cette enceinte qiii est
construite en grès, est.située au nord-est, et fait face au Nil : elle a quatre-vingt-quatorze
(1) Huit cent vingt-une toises. (2) Neuf cent vingt-trois pieds.