renfermant une figure qui sort tout-à-fait de ce style, Lien quelle conserve quelques
attributs des divinités Égyptiennes. Cest ainsi qu’on lui voit une barbe qui a
beaucoup d’analogie avec celle de Typhon ; et l’espèce de bonnet dont elle est
coiflèe, nous paroît aussi tout-à-fait calquée sur les coiffures des dieux de l’ancienne
Egypte. Cest sans doute une figure de Bacchus. Dans les intervalles qui séparent
les médaillons, sont des branches de vigne chargées de feuilles et de fruits.
D’autres pierres (i), qui nous ont paru être des restes d’architraves, offrent des
sculptures représentant des plantes indigènes : elles sont séparées par des médaillons
où sont figurées deux divinités du même style que celles dont nous venons de
parler. Au croissant qui surmonte la tête de l’une d’elles, on est porté à recon-
noitre une Diane. Sa coiffure a quelque analogie avec celle des divinités Égyptiennes.
L autre figure ne diffère de la première que par les plumes qui surmontent son
bonnet. Dans l’intervalle qui sépare les médaillons, on a sculpté, à droite, des
fleurs et des boutons de lotus, des grenades, des feuilles de vigne, des oranges; et
à gauche, de grandes fleurs de lotus d’où sortent des boutons et des fruits de cette
plante. Il est difficile de ne point reconnoître, dans ces sculptures, l’ouvrage des
peuples qui se sont rendus maîtres de l’Égypte, lorsque ce pays, déchu de son
ancienne splendeur, et son gouvernement sans force et sans énergie, passèrent
dans des mains étrangères. Il nous paroît très-vraisemblable qu’elles ont été destinées
a décorer et a terminer la galerie dont nous avons parlé, et qui pourroit bien
n avoir point été entreprise elle-même dans le beau temps de l’architecture Égyptienne.
Le pylône qui forme le mur de fond de la galerie, a trente-sept mètres (.2) de
longueur; la porte qui y est pratiquée,.s’élève presque à la même hauteur que
Je reste de 1 édifice. Son entablement est d’une proportion massive ; la corniche est
décorée de cannelures et d’un globe ailé, accompagné Suboeus, et brille encore des
plus vives couleurs. Le linteau et les montans de la porte sont décorés de sculptures
peintes, consistant en tableaux composés de deux figures. Ils représentent des
offrandes faites par des prêtres à des divinités Égyptiennes, et encadrées par des
legendes hiéroglyphiques. Le plan de la porte du pylône ressemble à celui de
toutes les portes Égyptiennes.; il est divisé en trois parties. Les paremens sont
lisses et dépourvus d’hiéroglyphes ; c’est dans la partie intermédiaire que jouoient
les battans de la porte qui fermoit l’entrée. Le pylône à l’extérieur et sur les
côtés est entièrement achevé ; mais il n’en est pas ainsi du parement opposé, qui
n existe que sur la largeur des montans de la porte et sur une portion peu considérable
de 1 épaisseur des murs en retour du pylône. Cette circonstance nous a mis
a portée de constater que cet édifice a été bâti avec des débris d’autres monu-
mens Egyptiens. On y voit en effet quelques pierres chargées d’hiéroglyphes, qu’on
a eu l’attention de poser un peu en saillie, et dont tous les contours sont fouillés
dans 1 intention d indiquer à l’ouvrier ce qu’il devoit enlever pour former un parement
nouveau, destiné probablement à recevoir d’autres emblèmes hiéroglyphiques.
L enfoncement formé par les murs en retour et par la porte du pylône, loin d’offrir
(0 Voyez pl. y , fig. J , A , vol. II. (z) Cent treize pieds dix pouces.
des
des surfaces bien exécutées, ne présente, au contraire, que des pierres alternativement
en retraite et en saillie les unes sur les autres, et taillées sans art ; ce qui doit faire
présumer que le pylône ne devoit pas rester en cet état. L ’analogie porte à croire
que, si l’édifice eût été achevé, l’enfoncement dont nous venons de parier auroit été
rempli par des chambres et des escaliers, tels qu’on en voit dans les autres pylônes.
Un fait digne de remarque, et que nous n’avons observé nulle part ailleurs, c est
qu’on a employé en même temps, dans la construction, des matériaux de pierre
calcaire et de grès (1).
Toutes les constructions que nous venons de décrire, nous pâroissent avoir été
faites après coup, pour servir, en quelque sorte, de propylées au petit temple qui
suit immédiatement. Leur état d'imperfection, et la couleur plus blanche et plus
vive de la pierre qui y est employée, sont des motifs de les croire plus récentes.
En sortant de dessous le pylône, oii aperçoit en face, à la distance de quinze
mètres (2), un autre édifice semblable, beaucoup moins long et beaucoup moins
élevé ; sa porte est ornée d’hiéroglyphes et de figures symboliques. Près de l’architrave,
sur les deux montans, on a sculpté en relief, dans le creux, deux sphinx à corps de
lion et à tête de femme : ils tiennent, entre leurs pattes de devant, un vase dont le
couvercle est une tête de belier surmontée d’un nboeus; ils sont coiffés d’une mitre,
au-dessous de laquelle est suspendu un autre uboens. La frise qui décore l’architrave,
est composée de deux tableaux séparés par des lignes d’hiéroglyphes contiguës,
de chaque côté desquels on voit, à droite et à gauche, des figures d’Harpocrate ;
elles ont les jambes collées l’une contre l’autre, et sont tout enveloppées dans une
robe, d’où sortent seulement les mains, qui tiennent une espèce de crosse, un fléau
et une croix à anse : elles ont sur la tête un disque supporté par un croissant.
Ensuite viennent des figures de femmes, vêtues d’un habit long, qui tiennent
dans une main un sceptre terminé par une fleur de lotus, et dans J ’autre une
croix à anse ; elles ont des bonnets surmontés de mitres. Aux deux extrémités de
la frise, on voit, de chaque côté, une figure assise, coiffée d’un bonnet formé de
sortes de lames arrondies ; elle présente la croix à anse au-devant de la bouche d’un
autre personnage, dont la tête est nue, et dont les bras sont pendans.
L ’intervalle qui sépare les deux pylônes, est rempli, vers le nord-est, de débris
de maisons en briques crues. A la grande quantité de croix et d’emblèmes de la
religion chrétienne que l’on a substitués dans beaucoup d’endroits aux hiéroglyphes,
on doit croire que les derniers habitans de ces lieux ont été des Chrétiens, et qu ils
ne sont point étrangers aux dévastations que l’on y a commises.
En passant sous la porte du second pylône, on pénètre dans une cour, dont les
murs de clôture subsistent en entier. Ils ont été élevés postérieurement au pylône,
vers lequel ils aboutissent à angle droit, puisqu’ils cachent des bas-reliefs qui y sont
(1) Nous devons cette observation à notre collègue monumens que nous décrirons, il devra etre entendu que
M. Coutelle, qui a examiné avec un soin particulier ces matériaux sont de grès. Nous aurons toujours soin
la construction des anciens édifices de Thèbes. Nous d’indiquer spécialement la pierre calcaire et le granit, qui
croyons devoir prévenir ici les lecteurs que, toutes les fois sont d’un emploi moins fréquent,
que, dans la suite du discours, nous n’indiquerons point (2) Quarante-six pieds environ..
la nature des matériaux employés dans la construction des