. sont tous dune fois et demie le diamètre de la colonne, excepté celui du milieu,
qui est une demi-fois plus considérable.
La façade du temple se dessine en saillie dans le fond du portique. Le mur qui
sépare ces deux parties du monument, est extrêmement épais : nous avons découvert
dans son intérieur un couloir qui passe par-dessus la porte du temple , et
regne dans toute letendue de la muraille; et nous avons trouvé un autre couloir
semblable dans l’arrachement d’un des murs adjacens. Enfin, dans le mur latéral
du portique à droite en entrant, nous avons reconnu une ouverture carrée,
tellement remplie de décombres, que nous n’avons pu y pénétrer. Il nous a été
facile de nous assurer qu’elle ne communique pas à l’extérieur : peut-être servoit-
elle à pénétrer dans les couloirs qui sont distribués dans presque tous les murs ;
ils étoient assez grands pour laisser passer facilement un homme, et leurs parois
étoient presque par-tout très-bien dressées.
La salle dans laquelle on entre en sortant du portique, a de longueur
sur 4m'77 ^rgeur. Indépendamment de cette issue, elle en a deux autres,
l’une en face de la première et dans l’axe du temple, et la seconde à gauche en
entrant. Celle-ci conduit dans une seconde salle de 2m.78 sur 3m.8o. Derrière
ces deux salles on ne trouve plus que des arrachemens de murs qui indiquent
que 1 édifice avoit plus d’étendue, mais qui ne fournissent aucun moyen de
restaurer les parties du plan qui manquent. Ces arrachemens n’offrent ni ordonnance
ni symétrie : on peut même remarquer, en jetant les yeux sur le plan,
que la façade du temple qui se dessine dans l’intérieur du portique, ne correspond
pas avec les constructions qui existent derrière. Cette bizarrerie, dont on ne
trouve nulle part un autre exemple, nous fait soupçonner que quelques parties
de l’édifice pourroient bien avoir été reconstruites dans des temps postérieurs.
Les décorations de ce temple -, ainsi que nous l’avons dit plus haut, n’ont point
ete achevées. Celles de la façade ont été commencées. On remarque sur l’architrave
au-dessus de l’entre-colonnement du milieu, un scarabée ailé, porté dans
une barque, devant lequel plusieurs figures sont en adoration. Les plafonds ne
sont point sculptes. Le chambranle de la porte qui conduit du portique dans le
temple, est decore; on a donne, planche 8<), fig , 8 , une partie de sa décoration.
Dans 1 intérieur de la porte, sur la partie à droite en entrant, sont esquissées
en rouge, et sans carreaux, plusieurs figures. Nous avons remarqué particulièrement
la représentation d un taureau dont les formes sont hardiment dessinées.
On trouve dans ces esquisses, faites du premier trait, un sentiment et une fermeté
rares, qui prouvent que les artistes qui les ont tracées, avoient dans ce genre
beaucoup d’habitude et une exécution extrêmement facile.
Les chapiteaux étoient entièrement sculptés. Ceux qui se trouvent à droite
et à gauche de la porte d’entrée du portique, différent des autres : ils sont composes
de quatre figures de femmes coiffées de grandes draperies, et adossées
contre les futs des colonnes. Ces figures sont surmontées d’un dé carré contre
lequel sont appuyés quatre tableaux hiéroglyphiques ; c’est une imitation très-
imparfaite du chapiteau du temple de Denderah : il est même beaucoup moins
agréable que celui qui a été employé dans les monumens de l’île de Philæ. Les
autres chapiteaux sont analogues à ceux du portique d’Esné : l’un d’eux est une
imitation du palmier, plus parfaite encore que celle que présente le chapiteau du
grand temple d’Esné. On s’est attaché à y représenter les feuilles et les régimes du
dattier, et même les extrémités des branches du palmier, qui restent ordinairement
autour du tronc de l’arbre lorsque l’on exploite ses feuilles.
Les montagnes de la chaîne Arabique sont à deux mille mètres environ à l’est
du temple.
C O U V E N T Q O B T E ,
A u sud d ’Esné.
Nous avons été conduits par des Chrétiens Qobtes, habitans d’Esné, à leur
église, qui est à trois quarts de lieue au sud de la ville. Cette église, et le couvent
dont elle dépend, sont célèbres par le massacre épouvantable de Chrétiens
qui y fut fait sous Dioclétien ; c’est un lieu de pèlerinage extrêmement fréquenté.
Ce couvent'est très-considérable, et il paroît l’avoir été bien davantage : les voyageurs
qui nous ont précédés, s’accordent assez sur ce point; et les ruines que l’on
voit encore dans ses environs, viennent à l’appui de leurs témoignages. Ce qui
subsistoit à l’époque de notre voyage, étoit entretenu à grands frais ; mais depuis
long-temps le bon goût ne préside pas aux travaux que l’on y exécute. Quand nous
y avons été, on étoit fort occupé à réparer les dégâts que les Mamlouks y avoient
faits récemment, lorsque nous étions à leur poursuite.
G É O G R A P H I E C O M P A R É E .
C e s t du martyre que plusieurs milliers de Chrétiens subirent à-la-fois dans les
environs d’Esné, lors de la persécution ordonnée par Dioclétien, que d’Anville
fait dériver le nom àlEsné ou Assena, qui veut dire la brillante.
Nous ne connoissons aucun témoignage historique qui puisse faire croire que les
Chrétiens aient jamais été assez puissans en Égypte pour changer les noms de
villes aussi considérables qu’Esné. Il nous paroît plus probable que le nom d’Esné
est 1 ancienne dénomination Égyptienne, qui s’est conservée comme celles de
Tentyra, Ombos, Erment, et tant d’autres, tandis que toutes celles données par les
Grecs ont été oubliées. Il n’est même pas douteux que toutes ces dénominations
Grecques nont jamais été employées par les gens de la campagne,'qui, dans tous
les pays, sont plus particulièrement, par leur isolement et la simplicité de leurs
moeurs, les conservateurs des noms et des usages anciens.
D Anville place Latopolis à Esné. Ce qui paroît sur-tout l’y déterminer, est la
coïncidence des latitudes de Latopolis et d’Assena, données l’une par Ptolémée,
et l’autre par Ibn-Younis.
Suivant eux, ces deux villes sont sous le 2 y .' degré.