que l’on retrouve en tant d’endroits différens, à Erinent, à Antinoé, au Kairc; et
t ans la plupart des mosquées de l’Égypte moderne. Il serait intéressant d’assigner
epoque ou elles ont été extraites des carrières pour enrichir des monumens qui
ne subsistent plus maintenant. Mais revenons à celles qui font l’objet de notre
examen et de notre description. Elles soutenoient les plafonds d’un édifice qu’on
reconnoit avoir servi à l’exercice des différens cultes qui ont successivement remplacera
religion des anciens Egyptiens. Vers la galerie latérale nord, on voit encore
des débris de constructions qui paraissent avoir été le sanctuaire de ces nouveaux
temples. Beaucoup de croix fleuries et d’auréoles, les restes de niches où l’on
p açoit les statues des saints, ne permettent pas de douter que cet édifice n’ait été
consacré dabord au culte des premiers Chrétiens. Cette opinion acquiert encore
plus de poids,lorsque l’on considère les mutilations que les sculptures antiques ont
.«prouvées, et que l’on voit des. figures d’Isis et d’Osiris transformées en saints du
•cimstianisme. Aux Chrétiens ont succédé les Mahométans dans la possession de cet
c i ce; ceux-là ny ont pas moins que les premiers laissé des traces de leur culte.
, P arnsi j[u aux institutîons politiques et sacrées de l’antique Egypte ont succédé
la plupart des religions connues. Bientôt peut-être le mahométisme fera place à
un autre culte, des qu’un de ces génies ardens et enthousiastes, un décès conqué-
rans qui se montrent à de certains intervalles dans les pays Orientaux, aura fait descendre
du ciel de nouvelles lois et d’autres institutions religieuses.
. De toutes les portions des édifices de Medynet-abou, le péristyle au milieu
duquel nous sommes est incontestablement celle qui frappe davantage par sa masse
imposante et son caractère de grandeur; on est convaincu que ses fondateurs
ont voulu le rendre indestructible, et que les architectes Égyptiens chargés de sa
construction ont fait tous leurs efforts pour faire passer ce monument à la postérité
la plus reculée. On ne vantera sûrement pas l’élégance de ses colonnes
mais elles sont colossales; elles ont près de deux mètres et demi (i) de diamètre’
et ne paraissent pas trop grosses pour porter les énormes pierres qui forment
les architraves et les plafonds. Quand on veut se rendre compte des seritimens
d admiration que Ion éprouve à la vue de cet édifice, on reconnoît qu’on est
sur-tout séduit par la beauté de ces grandes lignes qui, dans un long espace,
ne présentent aucune interruption , et dont la parfaite exécution répond à la
manière grandiose dont elles ont été conçues. Si nos architectes n’étoient revenus
a de sages principes, ils trouveraient ici la preuve que les lignes tourmentées et
les avant-corps ne peuvent jamais être en architecture la source d’aucune espèce
de grandeur et de beauté. Mais ce qui ajoute beaucoup à l’effet que produit le
penstyle ce sont les piliers cariatides qui le décorent. Comment, en effet n’être
pas saisi d un respect religieux et profond à la vue de ce conseil de dieux réunis en
quelque sorte, pour dicter les lois de sagesse et de philantropie que l’on voit partout
ecmes sur les murs du palais! Les artistes Égyptiens, en adossant ces statues
de dieux a des piliers qui portent de riches plafonds décorés d’étoiles d’un jaune
d orparsemees sur un fond bleu, semblent avoir voulu nous représenter la Divinité
(i) Sept pieds six pouces.
suprême sous la voûte azurée qu’elle remplit de son immensité. Quelle impression
vive et profonde l’aspect de ce lieu ne devoit-il pas produire sur les anciens Égyptiens,,
pour qui tout avoit ici un sens mystique et religieux, si nous, qui sommes
étrangers à 'leurs moeurs, à leurs habitudes et à leur culte, nous n’avons pu sans
émotion pénétrer au milieu de ces galeries dont chaque support est un dieu! Combien
la simplicité de la pose, et de la forme des statues est monumentale, et com?
bien leur roide immobilité ajoute à l’aspect imposant de tout l'édifice ! Ce qu’un
examen superficiel pourroit faire regarder comme l’enfance de l’art, paraît, au
contraire, le résultat d’une perfection prévue et calculée.
On sait que les Grecs s’attribuoient la gloire d’avoir porté chez les Orientaux
les sciences et les arts, et qu’ils mettoient un soin particulier à cacher les larcins
qu’ils ont faits à ces peuples; Nous avons déjà remarqué (i) qu’ils ont pu emprunter
des Égyptiens l’idée de faire porter des membres d’architecture par des
figures, de captifs ; mais nous voyons bien mieux encore ici ce qui a pu fournir
aux Grecs l’idée de leurs cariatides telles qu’ils les ont exécutées. Péut-on, en,
effet, refuser d’admettre que les édifices Égyptiens du genre de celui que nous
décrivons ne leur en aient uniquement suggéré la pensée! Ainsi tombe d’elle-
même cette tradition historique adoptée sur la parole de Vitruve, et que l’on ne
voit consignée nuHe autre part, qu’afin de punir les habitans de Carie de. s’être
joints aux Perses pour combattre les Grecs, ceux-ci, après avoir remporté sur les
coalisés une victoire complète, imaginèrent, pour en perpétuer le souvenir, de
représenter accablées sous le poids de l’architecture, les plus distinguées des femmes
des Cariâtes, qu’ils avoient traînées ignominieusemenx à la suite de leur triomphe.
La tradition rapportée par le même écrivain, pour motiver l’emploi des figures
d hommes en cariatides, n’a pas plus de fondement; il ne faut voir dans ces
' traditions que des explications prises dans l’histoire Grecque, de monumens d’une
origine étrangère. Ce n’est point, au reste, notre opinion particulière que nous
produisons ici ; c’est celle même de l’antiquité (2). Flavius Joseph ne.voyoit dans
les Grecs que des imitateurs modernes de choses très-anciennes; et Platon, dajis
son Timce, fait tenir ce langage à son interlocuteur Égyptien : « O Solon, Solon ,
» vous autres Grecs, vous n’êtes que d’hier; rien chez vous ne porte l’empreinte
.» d’une haute antiquité » (3).
Personne ne. contestera toutefois le mérite de sculpture et la beauté des
cariatides des Grecs, et l’on ne peut refuser son admiration aux figures de ce
stylé que l’on voit encore au temple de Minerve Poliade, à Athènes. Les cariaV
tides du Louvre nous offrent même un exemple moderne de ce que peut produire
(*•) Voyez pag. j i . I omnium vero novissimè ad scribendarn historiam sese
(2) Tel piv yàp 7M& Ttiç Emhotj- étrarat via., tco} %<}èç y contulerunt. ( Euseb. Proeparat. cvangel. lib. x , pag. 477>
toçyniv, cùç a* nmi nç, tùpnatiç jtjpyont' M-)to J i mç ¡niaiiç edit. 1.628.)
tuv w oAîfflvmç zmvoiaç tuy ■n^vov, ko) viç t£y vojuav ¿va- (3) £2’ Soâûjk , 'S.oxcov,. ^EMiive? àt'i xajdl'ç tç t, yioav Jè
yçÿi<paçJ m.v’ntv A vtumiti, aygJtiv içi W àvrttç >1 mel'W 'EMiÎkuk vA'iç, iS i içt •mp ûpur WDA;o1' /¿diïnua,.
avyfçpiçav mç !çs&etf impÀxaa. * O Solon, Solon, pueri semper Grceci cstis, neque senex è
Enimvero nova certè apud Gr.vcos oinnia, et ante unum, vobis guisquàm, neque canum apud vos jillum disciplinât
ut ita loquar, alterumvediem exstitisse reperias, urbium vnc- genus. (Euseb. Præpar, cvangel, lib. x , pag. 471 •)
" Utionem , excogitationem artium, leguin perscriptionem :