
 
		l’Egypte  à  un  si  haut  degré  de  splendeur.  Ici  les  rois,  livrés  aux  soins  du  gouvernement, 
   s’occupoient  de  régler  les  intérêts  des moindres  de  leurs.Sujets;  ici  
 Je souverain, assis  sur  son  trône,  rendoit  la  justice,  et  recévoit  les  ambassadeurs  
 des  nations  amies  et  la  soumission  des  peuples  vaincus;  c’est  ici  nue  les  héros  
 étoient  portés  en  triomphe,  que  les  prisonniers  étoient  amenés  devant  eux,  
 que  les  tributs  et  les  offrandes  étoient  déposés  à  leurs  pieds ;  c’est ici  enfin  que  
 se  passoient  toutes  les  scènes  imposantes  que  l’on  voit  encore  représentées  sur  
 Jes murs mêmes  du  palais.  Lorsque  tous  ces  souvenirs  se  reproduisent  dans  la  
 pensée,  on  admire  la  grandeur des  anciens  rois  d’Egypte,  et l’ame se  sent de plus  
 en  plus  élevée  en  méditant  sur  une  magnificence  qui  paroît  être  au-dessus  des  
 efforts  humains.  Une  simple  description  mettra  le  lecteur  à  portée  de  juger  de  
 l’effet que cette vaste salle hypostyle  ( i )  doit  produire.  C’est  un  rectangle  de  cinquante  
 mètres  (2)  de long et de cent mètres  (3)  de large: ainsi l’une de  ses dimensions  
 est  exactement  double  de  l’autre.  L ’espace  qu’il  renferme,  et  qui  est  entièrement  
 couvert,  a plus de  cinq mille mètres  carrés  (4).  Il  faut se  figurer  que l’une  
 de nos plus grandes églises,  telles  que Notre-Dame  de Paris,  peut s’y placer  toute  
 entière. Les proportions des colonnes employées dans la salle hypostyle ont forcé d’établir  
 les terrasses à des hauteurs différentes. On  peut considérer cette salle  comme  
 partagée  en  trois  portions d’égale longueur, mais  de largeurs inégales. La partie intermédiaire  
 , qui renferme les plus grosses colonnes, forme une sorte d’avenue entre  
 les deux  distributions latérales. Toutes les  descriptions, tous les plans, sont  insuffi-  
 sans  pour donner une idée  exacte  de  cette  construction ;  car, bien que  l’on  puisse  
 en  fixer  les mesures, et  comparer les  colonnes  qui  la  décorent  à  celles  d’édifices  
 plus  connus,  il  y  a  toujours  des  effets  qui  tiennent  aux  localités,  et  que  ni  les  
 dessins ni  le  discours  ne peuvent rendre.  Il  faut  se représenter une avenue formée  
 de deux rangées de six colonnes, qui ont chacune trois  mètres  cinquante-sept centièmes  
 (5) de  diamètre,  et plus de  dix  mètres  (6)  de circonférence.  Ce  sont, sans  
 contredit, les  plus grosses  colonnes qui aient  jamais  été employées dans l’intérieur  
 des édifices : elles  sont  égales  en grosseur à  la  colonne Trajane  et à celle qui  a été  
 récemment élevée, sur la place Vendôme, à la gloire des armées Françaises et de leur  
 illustre Chef (7). Il ne faudroit pas moins de six hommes pour en embrasser le tour.  
 Ces colonnes ont vmgt-un mètres (8) depuis le sol jusqu’à la partie supérieure du dé.  
 Le chapiteau seul a trois mètres et un tiers (9) de hauteur ; son plus grand diamètre  
 en  a  sept  (10) :  ce  qui  fait  un  contour  de  vmgt-un mètres  ( 11) ,  comprenant  une  
 surface de quatre-vingt-trois  mètres carrés (r 2). Sur les  chapiteaux  s’élèvent des dés  
 d’un mètre  et un  tiers  de  haut, qui reçoivent des architraves destinées  elles-mêmes 
 (1)  Nous avons donné ailleurs la raison de cette déno-  (7) La construction de la colonne de la place Vendôme  
 mination.  Voyez la section III  de ce chapitre,  pag. rjo.  a été confiée à notre dbllègue, M.  Le Père,  architecte, 
 (2)  Vingt-cinq  toises  quatre  pieds  cinq  pouces. C ’est  qui adonné conjointement avec nous  les dessins de toute  
 un  demi-rstade Egyptien.  l’architecture de& anciens monumens de l’Egypte. 
 (3)  Cinquante et  une toises un pied dix pouces. C ’est  (8)  Soixante-cinq pieds,  
 un stade Egyptien.  (9)  Dix  pieds. 
 (4)  Quarante-sept mille pieds  carrés.  (10)  Vingt-un pieds. 
 (5)  Onze pieds.  ( 11)   Soixante-cinq  pieds. 
 ^6)  Trente pieds neuf pouces.  (12)  Sept  cent quatre-vingt-six pieds carrés. 
 à porter  les  pierres  du  plafond.  Ce  sont  les  plus  grandes  de  toutes  celles  que  
 nous avons trouvées employées dans les constructions Égyptiennes. En effet,  la largeur  
 de 1 avenue entre les colonnes étant de cinq mètres  et demi  ( ) ), et  les  pierres  
 s étendant d’un milieu  d’une  colonne  à  l’autre,  leur longueur n’a pu être moindre  
 de neuf mètres et  un  cinquième  (2).  Elles  ont un mètre  trente  centièmes  d’épaisseur, 
  et une largeur variable, mais qui n’est jamais moindre de deux mètres soixante  
 centièmes  (3).  Chacune  d’elles  renferme  trente-un  mètres  cubes  (4),  et devoit  
 peser soixante-cinq mille  kilogrammes  (5).  11 y en  avoit  dans tout  le  plafond  dix-  
 sept  à  dix-huit  de  ces  dimensions  :  il  n’en  reste  plus  maintenant  une  seule  en  
 place ; toutes sont tombées, soit qu’elles  aient été  renversées à dessein,  ou  qu’elles  
 se  soient  rompues  sous  leur  énorme  poids.  Leurs  débris,  dispersés  au  pied  des  
 colonnes,  ont  dans  leur  chute  plus ou moins  brisé  les  chapiteaux.  Les  architraves  
 sur  lesquelles  étoient  établies  les  pierres  du  plafond,  sont  encore  en  place ;  elles  
 sont formées de deux blocs posés l’un à côté  de l’autre sur les dés  dont  ils  occupent  
 toute la largeur;  ils s’étendent du centre d’une colonne à l’autre ; ils ont sept mètres  
 et demi  (6)  de  longueur,  et  une  épaisseur  de  deux  mètres  (7).  Ces  deux  blocs  
 contiennent ensemble vingt-cinq mètres cubes  (8), et pèsent cinquante-quatre mille  
 kilogrammes  (9).  • 
 Les  colonnes,  qui  contiennent  chacune  plus  de  deux cents  mètres  cubes  (10),  
 sont  construites par assises  régulières  de  onze  décimètres  ( 1 1 )   de  hauteur,  composées  
 de  quatre  pierres. Leurs  fûts sont couverts,  depuis le haut jusqu’au bas,  de  
 sculptures  qui  sont généralement  en  relief bas  dans  un  creux  peu  profond,  si  ce  
 n’est  dans  les parties inférieures, où elles ressemblentà celles de Medynet-abou. Le  
 galbe  du  chapiteau est  celui  de  la fleur  du  lotus épanouie ;  sa partie inférieure est  
 décorée de  triangles  placés  les  uns  dans  les  autres,  dont les  contours,  formés de  
 lignes courbes rentrantes sur elles-mêmes, viennent  se réunir’à la jonction  du  chapiteau  
 et  de  la  colonne.  Au-dessus  de  ces  triangles,  s’élèvent  des  tiges  de  lotus  
 avec  leurs  fleurs,  dont  la distribution  présente une  grande  variété : tantôt  c’est  la  
 réunion  de  trois  tiges  avec  la  fleur  épanouie  et  le  bouton,  qui monte  jusqu’à  la  
 partie  supérieure  du  chapiteau ;  tantôt c’est  un  bouquet de  lotus  au-dessus  duquel  
 on  voit  une  légende encadrée  et  surmontée  d’un  bonnet  emblématique.  Le  haut  
 du  fût est terminé par  cinq liens horizontaux.  Le  reste  de  la  colonne  est  décoré  
 de  phrases  hiéroglyphiques  et  Suboeus  diversement  combinés,  et  de  grands  tableaux  
 représentant  des  offrandes  et  des  sacrifices  aux  dieux.  Les apophyges  sont  
 ornées  de  ces  triangles  placés  les  uns  dans  les  autres,  que  l’on  trouve  toujours  
 dans  les  parties  inférieures  des  édifices.  Ces  ornemens  étant  ici  d’une  grandeur  
 extraordinaire,  on  a pu  en  augmenter  la  richesse.  On  voit,  en  effet,  placée  en  
 avant et sculptée très-profondément,  une  légende hiéroglyphique,  surmontée d’un 
 (1)  Dix-sept pieds quatre poucés. ►  (7)  Six pieds. 
 (2)  Vingt-huit pieds  quatre pouces. (8)  Sept cent vingt-neuf pieds  cubes. 
 (3)  Huit pieds. (9)  Cent huit mille cent quatre-vingt-six livres. 
 (4)  Neuf cent quatre pieds cubes. (10)  Cinq mille huit cent  trente-quatre  pieds cubes 
 (5)  Cent trente mille huit cent seize livres-. ( 11)   Trois pieds deux  pouces. 
 (6)  Vingt-trois pieds.