Harpocrate, et recevant des sistres et différentes offrandes; Osiris à tête d’éper-
vier devant qui Ion remarque un boeuf couronné d’un disque; Isis à tête de
lion, et Horus ayant des cornes de befier (i).
L a seconde salle, qui est la plus grande, est pleine de représentations variées.
Au-dessus de la porte d’entrée, est un grand sujet, dont le centre est occupé par
un épervier qui a les ailes déployées, et la tête couronnée d’une coiffure symbolique;
il se dessine au milieu d’une multitude de tiges de lotus disposées comme
les branches d un éventail ; deux femmes se tiennent devant et derrière lui, les
mains élevées ; ensuite deux figures Typhoniennes armées de couteaux ; enfin deux
figures d Harpocrate , lune tenant le fléau, l’autre revêtue d’un riche collier et
tenant le bâton augurai uni à la croix à anse. Je renvoie au dessin pour étudier
les divers attributs de cette scène (p l. p ^ . f ig . 8).
Au-dessous est un tableau curieux : quatre femmes allaitent chacune un enfant
l'une d’elles regarde les trois autres; dans l’intervalle est, d’un côté, une génisse
tournée dans le même sens que cette figure, ayant un enfant placé entre les
cornes , et, de l’autre, Harpocrate assis sur une grande fleur de lotus et regardant
la génisse. J a i déjà cité, sous le rapport de la composition, cette scène remarquable,
qui est agréablement terminée« comme encadrée de part et d’autre par
deux figures de femmes portant de grandes ailes déployées.
Sur les deux côtés de la salle, on voit une grande quantité de tableaux qu’il est
impossible de décrire en détail. On en a copié quatorze, parmi lesquels il y a cinq
grandes scènes complètement dessinées. Je me bornerai à en indiquer quelques-uns.
Le tableau le plus répété est celui où l’on allaite Harpocrate. On le voit aussi
debout sur les genoux d Osiris, qui le tient de la main droite; ailleurs il est embrassé
par Isis, qui lui offre un faisceau de tiges dentées en scie : un prêtre lui présente
un enfant dans une espèce de corbeille. Osiris, dans ces divers tableaux, a
tantôt une tête d’épervier, tantôt une tête humaine.
Harpocrate paraissant sortir dun lotus, avec les cheveux tressés et un fléau sur
l’épaule, Isis lui prêtant la main, et une autre figure de femme lui donnant l’attribut
de la divinité, forment un tableau curieux, dont le sens symbolique mérite d’être
étudié. ( Voyezp l.p j.jig . /.) Sur le côté droit de la salle, on remarque une suite
de figures d animaux posés sur des socles, tels qu’un serpent, un cynocéphale, et
aussi un chat, espece d animal que 1 on voit rarement sculpté (2). ( Ibid. fig. a et (f.)
Une autre figure de chat est aussi représentée en relief sur l’image d’un petit
temple, et reçoit l’offrande d’un homme à tête d’ibis, qui a un vase en main.
[lb\A.fig. p.) Sur des tables dressées, on remarque des offrandes variées, consistant
en fruits, en liqueurs, en gâteaux ou pains de différentes formes, en oiseaux
et en quadrupèdes. (Ibid.fig. 8.)
On trouve deux fois un lion à tête d’épervier, assis sur un autel et coiffé des
attributs de la puissance : cette figure, déjà décrite à Ombos et à Edfoû, porte ici
(!) Extra,t du Journal de voyage de M. Villoteau. (a) J ’ai trouvé dans les tombeaux de Memphis une
Pocockedi. avo,r vu au plafond de cette première salie figure de cha, en bronze, assez bien exécutée ; on y,rouve
cinq epemers qu, ont les a,les étendues. aussi cet animai embaumé.
une queue de crocodile (voyez p l.p p ,fig . 2 , et p l. p 7 ,fig . /); et l’autel est orné
d’une figure d’homme en buste, ce qui ne se voit nulle part. Dans l’un de ces
sujets, Typhon se tient derrière l’autel dans une attitude lascive.
II faut remarquer un tableau où Harpocrate est porté comme en triomphe par
douze personnages : l’estrade est recouverte d’une draperie richement bradée de
fleurs de lotus ; on ne voit des douze figures que les pieds et la tête (pl. p p ,fig . p
et 4 ). Dans une frise complète, on voit quatre figures qui se tiennent la main ;
l’une est un homme à tête d’épervier, et les trois autres sont des femmes, dont
celle du milieu a une tête de lion : toute cette scène est digne d’être examinée,
soit pour l’ajustement et la composition, soit pour la nature des attributs, parmi
lesquels il faut distinguer principalement un obélisque. Typhon y est dans la même
action que dans le tableau décrit précédemment (1).
Avant de passer à la troisième salle ou sanctuaire, j’arrêterai le lecteur sur une
figure de girafe, animal dont le seul temple d’Hermonthis, dans toute l’Ëgypte,
nous a présenté l’image (pl. p p ,fig . y ) . Elle est sculptée, au dehors du temple,
sur la partie postérieure ; sa grandeur est proportionnée à celle des figures humaines
qui sont sur cette face. A sa taille élevée, à ses jambes antérieures si hautes,
à son cou si alongé, à sa queue très-courte, enfin à ses deux petites cornes, il est
impossible de méconnoître ce quadrupède gigantesque, l’un des plus extraordinaires
de l’ancien continent (2). On sait que sa hauteur, y compris la tête, atteint
quelquefois jusqu’à dix-sept pieds; et sa longueur totale, jusqu’à vingt-deux. La
mosaïque de Palestrine en renferme une figure qui ressemble beaucoup à celle
d’Hermonthis: celle-ci, par la forme de sa tête et la longueur de son cou, a de
l’analogie avec le chameau ; mais nous ne l’avons pas vue marquée de ces taches
vives qui l’ont fait nommer chez les anciens chameau-léopard.
C ’est aux naturalistes à rechercher comment la girafe, aujourd’hui si rare en
Egypte, et qui paraît reléguée dans les déserts de l’Afrique méridionale, étoit
connue des anciens Égyptiens, et comment ils l’ont figurée dans leurs sculptures,
tandis que le chameau ne s’y voit nulle part. Son extrême douceur, sa taille élevée
et la force de son corps les avoient-elles portés à l’apprivoiser et à en faire un
animal domestique, au défaut du chameau! Cela est douteux, d’après ce que rapportent
de la nature de la girafe les anciens auteurs, tels qu’Héliodore et Strabon,
et aussi la plupart des voyageurs modernes. « La disproportion énorme de ses
» jambes, ditBuffon, fait obstacle à l’exercice de ses forces; son corps n’a point
» d’assiette, sa démarche est vacillante, ses mouvemens sont lents et contraints :
3> elle ne peut ni fuir ses ennemis dans l’état de liberté , ni servir ses maîtres
» dans celui de domesticité (3). »
Il est plus probable qu’on avoit choisi la girafe comme un emblème de quelque
(1) Selon Pococke, il y a au plafond de cette seconde figure, et je les ai trouvées d’accord avec celles que citent
salle sept éperviers qui ont les ailes étendues, avec deux Beion et les autres voyageurs qui ont vu la girafe en
beliers face à face, et le reste du plafond est orné d’é- Egypte.
toiles et de figures hiéroglyphiques. (3) Histoire naturelle, in-12, t. X I , p . 2 ? ; Paris, dç
(2) J ’ai mesuré les différentes proportions de cette l’Imprimerie royale.
A . D . B