
pieds : d’autres ennemis blessés fuient vers une montagne escarpée, où quelques-uns
des leurs les aident à monter, et dont le sommet est couronné d’une forterfesse.
Au-devant est un groupe d’hommes, parmi lesquels on en voit un qui tend au
vainqueur des mains suppliantes ; un autre paraît briser ses armes devant lui. Le
char que monte le héros, est remarquable par la légèreté de sa construction : les
roues sont évidées et paraissent faites avec art; tout porte à croire qu’elles étoient
en. métal (1), ainsi que le char.
A gauche, le héros Egyptien victorieux s’éloigne du champ de bataille.. Il a
dans la main droite un arc détendu, et de la main gauche il tient les rênes de
ses coursiers. Des têtes d’ennemis vaincus, dont une est placée en avant du char,
et deux autres à l’arrière, sont les trophées de sa victoire. Des bandes de prisonniers
précèdent le héros.
Ailleurs on remarque des forts crénelés (2) à plusieurs étages, d’où quelques
hommes paraissent sortir avec précipitation; des guerriers sont montés sur les
remparts. L ’armée du vainqueur attaque le fort et l’escalade : la porte est déjà
abattue ; les ennemis fuient de toutes parts. On en voit qui sont à cheval sans
selle et sans étriers (3) : en s’échappant avec rapidité, ils n’opposent que leurs
boucliers aux flèches du vainqueur qui les poursuit. Les Arabes du désert encore
aujourd hui ne lancent pas leurs chevaux avec plus de vitesse et ne paraissent pas
plus habiles à les conduire. Tous ces ennemis ont des robes longues avec de grands
collets qui retombent sur les épaules.
Sur une autre partie de la muraille, on voit ce même héros (4) descendu de son
char, tenant encore les rênes de ses chevaux, pleins de feu, qui semblent prêts à
s élancer de nouveau. Le vainqueur reçoit la soumission des vaincus qui se sont
retirés dans une forêt. Quelques-uns d’entre eux implorent à genoux sa clémence ;
dautres sont occupés à abattre un arbre, qu’ils coupent par le pied à coups de
hache, tandis que deux hommes le retiennent avec des cordes, pour l’empêcher
probablement de se rompre en tombant. Un officier Égyptien, ayant dans ses mains
un arc brise, est place au-devant des vaincus, et implore pour eux la clémence du
héros : derrière lui est un étendard terminé par une pliime.
On voit encore sculptés sur le même mur d’autres combats et d’autres victoires
(5). Un personnage de stature colossale est monté dans un char attelé de
deux chevaux, dont les têtes sont ornées de panaches : près de lui, plane un vautour
qui tient dans ses serres un étendard terminé par une plume. Son carquois est
suspendu a son char; il a dans la main droite une sorte de sabre recourbé, tel
qu en ont encore maintenant les Arabes, et dans la main gauche son arc détendu.
Les renes sont attachées autour de ses reins, et c’est par les mouvemens
de son corps qu il paraît diriger ses coursiers. Ce héros est dans l’attitude la plus
guerriere : il est prêt a frapper un ennemi à barbe longue, figuré comme lui de
(1) Nous en avons déjà fournilés preuves à Medynet- (3) L ’une de ces figures est dessinée, p l. 4o ,fig . 2 , A.
abon. Vtyez *a section r . " de ce chapitre. Voyez aussi la vol. I I I .
planche 1 2 , A . vol. I I . (4) Voyez planche 4 o , f i g . ; , A . vol. I I I .
(2) Ce bas-relief n’a pas été dessiné. {5) Voyez planche j f / f i g . J 2 , A . vol. I I I .
C H A P I T R E IX. S E C T I O N V I I I . 2 4 3
stature colossale ; ce qui indique, sans doute, que c’est le chef de l’armée. L Egyptien
a lancé une flèche qui a traversé le corps de son adversaire ; mais il va le
combattre, pour ainsi dire, corps à corps, et il se prépare à lui assener un coup
de sabre sur la tête. Ce ne sera point là sa première victime ; un autre guerrier
est étendu à ses pieds, et nombre de soldats morts ou blessés, répandus dans la
plaine et percés de flèches, attestent la valeur du héros et la promptitude de ses
coups.
Au-dessous de ces scènes de carnage, on en voit d’autres ( 1 ) où le vainqueur
vient faire aux dieux l’hommage de ses trophées. Encore couvert des armes qui lui
ont valu la victoire, il amène enchaînés les prisonniers qu’il a faits ; un même
cordon, qü’il tient dans sa main, paraît les lier tous, et il les offre aux dieux. Ces
captifs ont de la barbe, et sont vêtus de longues robes ; ils ont les mains attachées
dans des positions plus ou moins gênantes, les uns en avant du corps, les autres
au-dessus de la tête. Trois divinités Égyptiennes, élevées sur une estrade, agréent
les hommages du vainqueur.
Ailleurs, le même personnage fait de semblables offrandes ; mais les prisonniers
sont beaucoup plus nombreux (2). On en voit trois rangées l’une au-dessus de
l’autre; ils sont distribués sur trais et quatre de front. Le héros est à la tête du
groupe le plus »considérable. Des officiers de son armée, qui sont d’une stature
beaucoup moins élevée que la sienne, sont à la tête d’autres pelotons de prisonniers,
et suivent.le triomphateur.
D ’autres bas-reliefs (3) représentent le héros recevant les armes des mains
mêmes de la divinité : ainsi toutes les actions des rois Égyptiens se rapportoient
à la religion; ils consultoient les dieux pour entreprendre leurs expéditions lointaines,
et c’étoit au pied des autels et dans les sanctuaires des temples qu’ils
venoient, au retour, déposer les trophées de leur victoire. Les prêtres avoient
donc, dans toutes les affaires du gouvernement, une influence dont les bas-reliefs
que nous venons de décrire, ne nous permettraient pas de douter, quand bien
même elle ne serait pas attestée par toute l’antiquité.
Les murs extérieurs du palais de Karnak sont couverts d une multitude d autres
bas-reliefs analogues à ceux que nous venons de décrire. Ici, c’est une quantité
innombrable de morts et de mourans au milieu de chars qui se croisent dans tous
les sens; là, ce sont des ennemis renversés de dessus leurs chevaux, ou précipités
du haut de leurs chars qui se brisent et volent en éclats. Des barques immenses,
montées par un grand nombre de rameurs, indiquent ailleurs des combats sur
mer ou des passages de fleuves.
Il y a quelque analogie entre les prisonniers représentés sur les murs du palais
de Karnak, et ceux que l’on voit à Medynet-ahou : ils ont tous une barbe longue,
ainsi que le même air de tête, autant du moins que l’on peut en juger par des
figures représentées sur de petites dimensions, et que l’on ne peut rapprocher
les unes des autres pour en faire une comparaison exacte ; mais leur costume
( ! ) Voyez planche J 2 , j î g . 4 , A . vol. II I . (3) C e s b a s - r e l ie f s n’ o n t p o in t é t é d e s s in é s .
(a) Voyez planche , fig .2 , A . vol. I I I .
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