<1 Hérodote, savoir, qu il entendoit par Éléphantine Je lieu auquel est resté le nom
de Philoe (i). Je crois donc qu’Êtienne, en plaçant Tacompsos auprès de Philæ
désigne sa proximité à l’égard des îles Égyptiennes qui portoient ce nom commun!
et qui finissoient à Tacompsos ou Metachompsos. « Les Éthiopiens, dit Hérodote
» occupaient une moitié de Tachompso, et les Égyptiens l’autre moitié. »
Le meme Ptoiémée, en donnant 23° 5 0 'à Syène, et 2 30 30' seulement à Philæ,
qu il ne nomme qu’après Dodecaschoeni et Sacra-Sycaminus, ne fournit-il pas encore
un argument contre la supposition d’un emplacement unique pour le lieu appelé
P/“ !oeJ car 20 équivalent à quatre fois la distance qu’il y a entre Syène et l’île au-
jourcl hui connue sous ce nom.
D ’Anville a cherché à concilier Pline, Étienne et Ptoiémée avec Hérodote, et
pour cela il lui a fallu supposer qu’ils avoient commis des erreurs très-graves-
mais il na pas fait attention à la position que Ptoiémée donne àMetacompsos à
1 égard de Syène : c’étoit de ce dernier point qu’il falloit partir, et non des points
de Philæ ou d Elephantme, qui n etoient pas aussi bien déterminés, j’entends géographiquement;
car les deux îles qui contiennent des monumens et qui font l’objet
de nos descriptions, sont incontestablement celles qui ont eu de la célébrité chez
les anciens.
Maintenant, si l’on admet cette application du nom d'Éléphantine à toutes les
es qui occupoient le cours du fleuve depuis Syène jusqu’aux limites de l’Éthiopie
on concevra que ces îles ont pu faire un petit gouvernement à part ; les auteurs
¡auront décoré du nom pompeux de royaume; et ce gouvernement, étant héré-
di taire, a pu donner lieu à ce qu’on a nommé dans la suite la dynastie d’Éléphantine.
(1) Herod. Histor. Iib. i l , cap. 29.
T A B L E .
§• ?• D e s c r i p t io n générale ■ 0 de l’île............. mm...................................... page 1
S- II. Du temple du sud............................... . ^
S. III. Du temple du nord. . . .
.......................................................................................................... i l
S. IV. Du mur de quai d'Éléphantine...................................
S- V. Du culte attribué aux habitons d"Éléphantine. ................ t
S- VI. Recherches historiques et géographiques................... . j
DESCRIPTION
D’OMBOS ET DES ENVIRONS.
C H A P I T R E IV.
SECTION PREMIÈRE,
P a r M M . C H A B R O L e t E. JO M A R D .
§ . I . "
De la Route de Syène à Ombos.
Q u a n d on quitte la ville de Syène et qu’on redescend le fleuve, la navigation
présente un spectacle tout nouveau pour le voyageur. Le vaisseau marche en
travers, afin d offrir au courant qui le pousse, une plus grande surface ; la mâture
est changée entièrement; le grand mât est abattu, et remplacé par le petit; toutes
les manoeuvres sont différentes. N’ayant plus cette énorme voile latine qui l’éle-
v.oit si haut, la germe semble nue; elle avance au moyen de quatre longues rames,
dont le bruit égal et mesuré fatigue moins l’oreille que le claquement de la voile,
violemment agitée par le vent du nord. Enfin le chant des matelots accompagné
les battemens de la rame, et délasse le voyageur, qui laisse derrière lui la zone
torride et les cataractes. Mais une idée plua douce remplit son ame, et l’étonne-
ment y fait place aux plus chers souvenirs; à chaque mouvement du vaisseau, il
fait un pas vers sa patrie.
Apres Syene, on ne trouve presque plus de culture sur la rive gauche. La chaîne
Arabique est très-haute, et à quelque distance du fleuve ; son aspect est de couleur
brune, rarement égayé par un peu de verdure : celui de la rive gauche est constamment
d un ton jaune, parce que les dunes de sables qui la recouvrent, viennent jus-
quau bord du Nil. On voit s’élever hors des dunes les pointes noirâtres du rocher,
.divisées en blocs carrés et irréguliers : du fleuve, on ne distingue pas si c’est du
granit, ou bien du grès de même couleur que lui. Le plus souvent, les deux montagnes
sont rapprochées, et la vallée est réduite à une lisière étroite; il y a même
quelques points où 1 Égypte ne consiste plus que dans les seules eaux du fleuve. Le
petit village de Koubanyeh, entouré de palmiers, est l’unique point où se repose
la vue, fatiguée de l’aspect monotone du désert. Tel est le site aride qu’on observe
ans le trajet de Syène à Ombos, où l’on arrive après huit heures de navigation.