forment des espèces de salles découvertes, et en avant desquels sont des statues
Égyptiennes terminées en gaîne ( i ), semblables à celles des piliers cariatides. Dans
l’intervalle qui les sépare, on trouve les restes d’un mur de clôture presque entièrement
détruit, qui laisse sans appui de ce côté les pierres de plafond de la galerie
où nous allons pénétrer. Ces dernières sont saillantes de plus de deux mètres, et
présentent un effet de ruines très-pittoresque (2). Une assez large porte s’ouvroit
au milieu de ce mur, et donnoit entrée dans une longue galerie de quarante-quatre
mètres (3) de Jargeur et de seize mètres et demi (4) de longueur. Cet édifice, de
forme rectangulaire, a son plafond soutenu par deux rangées de colonnes. Il est
environné de bas-côtés formés de piliers carrés. Ceux-ci étant moins élevés que les
colonnes, les plafonds qu’ils supportent sont aussi moins hauts que ceux de la galerie.
Pour établir ces derniers de niveau, on a construit, sur l’architrave que portent
les piliers, un petit mur dont les parois sont inclinées à l’extérieur,.et qui est terminé
par un cordon et une corniche (y). On a ménagé dans cette sorte d’at-
tique, entre chacun des piliers, des fenêtres rectangulaires, plus larges que hautes,
qui ne laissent pénétrer que peu de lumière. Les pierres du plafond des bas-côtés
sont en encorbellement dans l’intérieur et tout autour de la galerie. Elfes sont
taillées en biseau dans leur partie supérieure; ce qui donne aux fenêtres la forme
de soupiraux. C’est le seul exemple d’une semblable disposition que nous ayons
remarqué dans les édifices Égyptiens. Les murs de clôture sont presque entièrement
détruits, sur-tout ceux de l’ouest, du nord et de l’est; et les pierres de
plafond, ne tenant plus que par Jeur encastrement dans l’attique, restent comme
suspendues en l’air tout autour de la galerie (6). Les colonnes sont tout-à-fait
lisses et sans omemens ; elles sont de forme conique, et se font distinguer par la
singularité de leur chapiteau, qui présente la forme de deux fleurs de lotus épanouies,
opposées l’une à l’autre. On est sur-tout frappé de cette imitation, lorsque l’on
compare ce chapiteau aux fleurs de lotus que l’on voit dans les encadremens des
châsses qui renferment les images des dieux (7). Ce chapiteau, dont la forme 11e
présente au premier abord rien d’agréable, cesse de paroître bizarre lorsqu’on en a
reconnu Je motif dans la nature, dont les Égyptiens ont été en général de fidèles
imitateurs. Le dé qui le surmonte est fort élevé, et porte une architrave richement
décorée d’hiéroglyphes sculptés et peints de couleurs aussi fraîches que si elles
venoient d’être appliquées (8).
L a forme et la disposition de la galerie sembleroient annoncer une sorte de lieu
de réunion pour toutes les personnes qui liabitoient l’intérieur du palais ; peut-être
aussi étoit-ce une salle où l’on exposoit les monumens des arts et les ameublemens
précieux dont les anciens Égyptiens nous ont laissé des modèles dans les tombeaux
des rois et dans les sculptures mêmes qui décorent le palais que nous décrivons (9 ).
(1) Voyez la planche 2 1, Jîg. 1 , en g , A . vol. I I I .
(2) Voyez la planche iy , ordonnée 18, et la planche 43,
rdonnée ¡9, A . vol. I I I .
(3) Cent trente-six pieds.
(4) Cinquante pieds huit pouces.
(5) Voyez la p l. 24, Jîg. z, et la pl. 28, Jîg. 2, A . vol. I I I .
(6) Voy. les planches des vues que nous avons déjà citées.
(7) Voyeç > enire autres, la planche 3 2 , Jîg. y , et la
planche 3 3 , Jîg- 1 , A . vol. I I I , qui renferment des châsses
dont nous avons parlé avec détail, pag. 229 et suiv.
(8) Voyez la planche3 4 , Jîg. 2 et3 , A . vol. I I I .
{9) Voye^ ce que nous avons rapporté pag. 236.
De la galerie l’on passe dans un espace de seize mètres (i) de longueur, et de
vingt-huit mètres et demi (2) de largeur, rempli de débris qui ne présentent au
premier abord aucune forme bien déterminée. Au sud, sont deux rangées de quatre
colonnes qui sortent du milieu de plusieurs monceaux de pierres ; elles portent
des architraves sur lesquelles sont posés les plafonds. Elles «ont polygonales, et
taillées en petites facettes au nombre de seize : elles n’ont pas de chapiteau. C’est
là sans doute le véritable type et l’idée première des colonnes cannelées; c’est aussi
probablement l'indication du procédé que l’on employoit pour les arrondir en les
taillant par pans plus ou moins larges. L ’intervalle qui sépare le second rang de
colonnes du mur de fond vers l’est, permet de supposer qu*il en existoit une
troisième rangée pareille à celles dont nous venons de parier; et tout porte à croire
qu’il y avoit ici une salie considérable dont les plafonds étoient soutenus par ces
colonnes. Le mur de fond, vers l’est, est percé de quatre portes qui conduisent à
des espèces de cellules (3) ou petites chambres de deux mètres soixante centièmes
(4) de large, et de huit mètres (y) de longueur; elles ne recçvoient de
jour que par les portes et par des trous carrés, évasés en forme d’entonnoir, et
pratiqués dans l’épaisseur des plafonds.
Au nord de la galerie, s’élevoit une salle semblable à celle que nous venons
d’indiquer, et symétriquement placée. On voit encore les restes de trois rangées
de colonnes : quatre seulement de ces colonnes sont entières et portent des architraves
et des pierres de plafond. Elles ont un galbe différent de celles qui sont
au sud ; leur fût est formé de la réunion de tiges de lotus, et leur chapiteau présente
la forme d’un bouton de cette plante qui auroit été tronqué. Sur ce chapiteau
sont sculptées des côtes dont les unes, arrondies, figurent des tiges de lotus,
et les autres, prismatiques, paroissent être une imitation de la tige angulaire du
papyrus. Tout le reste de la salle n’offre plus que des ruines confusément éparses,
où il est difficile de retrouver quelque distribution. A l’est, sont les fondations
d’une muraille qui devoit clore cette pièce ; mais il n’éxiste plus aucun des murs
de séparation qui formoient probablement de petites chambres pareillès à celles
qui sont de l’autre côté vers le sud.
Au milieu de la confusion qui règne dans cette partie du palais de Karnak,
nous avons pu observer dans son entier un petit édifice carré qui est entièrement
isolé (6). Il a quatre mètres (7) dans tous les sens : les parois extérieures de ses
murs sont en talus; l’intérieur est orné de sculptures exécutées avec soin, et encore
toutes brillantes des couleurs dont elles ont été revêtues. Cet édifice étoit peut-
être un petit sanctuaire.
Tout contre le mur d’enceinte du palais, sont sept petites pièces (8) d’égales
dimensions, à la suite desquelles il en existe deux autres (9) qui ont plus de largeur,
et dont les plafonds sont soutenus par des piliers carrés. Ces chambres ne
(1) Quarante-neuf pieds quatre pouces. (6) Voyez la planche 2 1, Jîg. 1 , yen e'., A . yol. I I I .
(2) Quatre-vingt-huit pieds. (7) Douze pieds.
(3 ) Voyez la planche 2 1 , Jîg. t , en a ', h', c et d ‘. (8) Voyez la planche 2 1 , Jîg. 1 , en o, p , q , v , s , t, u,
(4) Huit pieds. A . vol. I I I .
(5) Vingt-quatre à vingt-cinq pieds. (9) Voyez k même planche , en m et n.