•de tiges de plantes, retenues par cinq bandeaux ou cercles. On voit encore, sur
quelques colonnes, des restes de sculptures représentant des offrandes aux dieux;
les tableaux sont séparés par des bandes circulaires d’hiéroglyphes. Les apophygés
des colonnes sont terminées par une courbe convexe, et décorées d’espèces de
triangles placés les uns dans les autres : dans les intervalles qui les séparent, sont
des légendes hiéroglyphiques. Les colonnes s’élèvent sur des bases ’cylindriques
d’une hauteur médiocre, et dont l’arête supérieure est arrondie.. Si l’on prend
pour module le demi-diamètre supérieur de la colonne, on trouve que le chapiteau
a deux modules, que la colonne en a huit et demi, et que la base n’a qu’un quart
de module. Un dé carré, placé sur le chapiteau, reçoit l’architrave qui porte
élle-même la corniche.
Toutes les bases des colonnes de la cour et du péristyle ne sont point au
même niveau ; elles s’élèvent sur des espèces de gradins ou de marches dont l’existence
a été constatée par des fouilles : ce n’est qu’ici qu’on en a vu de semblables,
quoiqu’il soit infiniment probable -qu’il en existe dans beaucoup d’autres monu-
mens Égyptiens ( i ). Il semble que les architectes se soient proposé d’en tirer
parti pour'produire de grands effets. Rien sans doute ne devoit être plus imposant
que ces degrés que bon étoit obligé de franchir avant d’arriver au centre du monument,
où la magnificence des arts et le mystère de la religion avoient rassemblé
ce qui excitoit le plus vivement l’intérêt et la curiosité. Les effets de la perspective
qui résultoient de cette disposition, étoient encore augmentés par la diminution
graduée de la hauteur et de la largeur des portes des pièces successives de l’édifice,
depuis la première entrée jusqu’au fond des appartemens les plus reculés.
La figure première de la planche 27, et les planches des vues (2), donnent exactement
l’état actuel du péristyle, dont la plus grande partie est ruinee, comme nous
venons de l’exposer. On y voit, au sud, les restes d’un très-beau colosse : la tête, qui
est de la plus parfaite conservation, est en granit rose, tandis que le reste du corps
dont elle a été détachée, est en granit noir ; ces accidens du granit se presen tent assez
fréquemment dans les carrières de Syène. Voici les mesures des diverses parties de
cette tête colossale (3) : cen tim . pouc. 11g.
D u dessus d e la tête à l ’e x trém ité d e la coiffure sur le f r o n t f a . 60. [ 1 5 //].
D u d e ssus d u b o n n e t aü-dessous du sourcil .................................. ... 5 6 . 8 4 - [ 2 I " ] •
L a r g e u r d e la f a c e . ......................................................................................................... 9 7 • 4- 5 • [ 3 ^ " ] •
L o n g u e u r du n e z ,ju sq u ’à la lig n e des s o u r c i l s . ...................................... 3 1 • 3° * t 1 1 $ ] •
L o n g u e u r d u n e z s e u lem e n t ................................................................. ..................... a 4 . 3 6 . [ 8 1 0 ] .
L a rg e u r du n e z ........................................................................................ * 2 1 .6 6 . [ 8 _//].
L o n g u e u r d e l’oeil ................................. • • ............................................ 1 ^ • 3 5 • [ ^ ^ ] .
L o n g u e u r d e l ’o r e i lle ....................................................... . . . . . ................................ 3 1 . 4 8 . [ 1 1 7 ] .
L o n g u e u r d e la b o u c h e . .............- ..................................• • • 2 9 ' 7 7 \ [ ! 1 " ] •
D e p u is le dessous d u ne z jusqu ’au m e n t o n . . . ............... . . . . 2 2 • 5° * [ 8 2 ]*
G ro s se u r des lè v r e s ............................ ............................................................................... ^ * 7 9 ‘ L 3 . 3]*
L o n g u e u r d u c o u ........................ ; . . 3 2 . 4 8 . [ 1 2 //].
(1) La disposition des monumens d’Edfoû en a indiqué, (a) Voyez Ias pl. 2 3 , 2 4 , 2y et 2 6 , A . vol. I I .
et on les a restaurés dans les planches. Voyez la pl. 50, ■ (3) Voyez la p l.3 2 , fig. 6 et y , A , vol. I I .
fig. 1 et 2 } A . vol. I.
Ce
Ce buste représente un homme jeune encore. Sa poitrine est large et bien prononcée.
Sa barbe, réunie en une seule natte, est adhérente au menton. La figure a ce
calme plein de grâce, cette physionomie heureuse, qui plus que la beauté même
a le don de plaire. Les coins de la bouche, un peu relevés vers l’oeil, expriment le
sourire. On ne peut représenter la divinité sous des traits qui la fassent mieux chérir
et respecter. Peut-être la ligne des sourcils n’a pas tout-à-fait assez de saillie sur le
globe de l’oeil ; peut-être aussi le bout du nez est-il trop arrondi; les oreilles, confine
dans toutes les statues Égyptiennes, sont placées un peu haut : mais ces légers défauts
n’empêchent pas que ce monument ne soit un des plus précieux de l’art Égyptien.
L ’exécution en est admirable ; et l’on seroit tenté de le croire sorti de la main des
Grecs dans les plus beaux temps de l’art, s’il ne portoit avec.évidence l’empreinte
de ce style Égyptien que les Grecs n’ont jamais imité avec.précision, et qu’il est
impossible de méconnoître, pour peu qu’on ait l’habitude d’observer les monumens
de l’ancienne Egypte. On peut juger, d’après ce qui reste de cette statue, qu’elle
pouvoit avoir de sept mètres à sept mètres et demi ( i ) de proportion.
Non loin de la tête dont nous venons de parler, on en voit une autre qui ne
mérite pas moins de fixer l’attention des voyageurs. Elle a des proportions un peu
moins considérables, et elle est tout en granit noir ; elle est travaillée avec beaucoup
d’art qt de soin. Les débris granitiques qui sont voisins de là, sont, pour la
plupart, de diverses couleurs, bien que primitivement ils aient fait partie du même
bloc. On voit à quelque distance, vers l’est, la chaise et la moitié du corps de la
statue qui étoit assise. , ..
Pour achever de donner une description complète du beau péristyle qui renferme
ces chefs-d’oeuvre de l’art Égyptien, il nous reste à parler des sculptures dont
les pans de mur encore subsistans sont ornés. Les plus intéressantes se voient
sous la première galerie que l’on trouve à droite en entrant dans le péristyle : elles
représentent des combats (2). La scène qu’on y a figurée, paroît être une invasion.
Si l’on se met en face pour considérer ce tableau, on voit à sa gauche, et à la partie
supérieure de la muraille, se précipiter un fleuve qui parcourt toute l’étendue inférieure
du mur, en suivant des détours nombreux. Le fleuve se recônnoît à des
lignes ondulées, qui présentent encore, dans quelques endroits, des restes de la
couleur bleue dont elles ont été primitivement peintes : il entoure de ses eaux
une citadelle, qui paroît être l’objet de tous les mouvemens que l’on remarque
sur l’une et l’autre rives. Les habitans de la citadelle ont déjà passé le fleuve pour
s opposer aux efforts de leurs ënnemis. On les voit défiler dans des chars portant
chacun trois guerriers vêtus de longues tuniques (3). Celui qui est au milieu dirige
les chevaux; et les deux combattans qui scyu à ses côtés, sont armés, l’un, d’une
lance dont il est prêt à frapper l’ennemi, et l’autre, d’un bouclier rectangulaire,
qu il porte en avant comme pour se couvrir ainsi que ses compagnons d’armes.
Ces guerriers ont de longues barbes ; ce qui contribue, avec la forme de leurs chars
( 1 ) V in g t - d e u x à v in g t - t r o i s p ie d s .
( 2 ) O n n ’ a p o in t e u le tem p s - d e d e s s in e r c e b a s - r e l ie f e x t r êm e m e n t c u r i e u x .
(3) V o y e z l a planche3 2 1 fig. 3 , A . vol. I I .
A . D . k