chapiteaux ont la forme de boutons de lotus tronqués dans leur partie supérieure : ils
sont ornés de légendes hiéroglyphiques et de serpens. Le haut du fût est décoré
de bandeaux circulaires, au-dessous desquels sont des tiges de plantes. Le reste,
jusqu'à fapophyge, est orné dé tableaux hiéroglyphiques représentant des offrandes
aux dieux. Les apophyges ont les mêmes ornemens que celles des colonnes du
grand ordre (1). En prenant pour module fe demi-diamètre supérieur, on trouve
que le fut en contient neuf et demi, et le chapiteau deux et un quart. Ces colonnes
sont couronnées d’une architrave et d’une corniche sur lesquelles s’élève un mur
d’une hauteur peu considérable, mais telle qu’il atteint au plafond de l’entre-colon-
nement du milieu. On y a pratiqué des ouvertures rectangulaires, qui répandent
dans toute la salle un jour doux et mystérieux, tel qu'il convient au climat et au
monument. Ce mur forme à 1 extérieur une espèce cfattique couronné d’un cordon
et d’une corniche.
Les deux autres portions de la salie hypostyle (2) renferment des colonnes à boutons
de lotus tronqués, semblables à celles que nous venons de décrire : ces colonnes
sont surmontées d’un dé et d’une architrave'sur lesquels reposent les pierres du
plafond. Il résulte de cette disposition, que les terrasses de la partie intermédiaire
de la salle sont plus élevées de deux mètres que celles des deux parties contiguës.
Les pierres du plafond du grand entre-colonnement ont six mètres et un tiers de
longueur, deux mètres de largeur et soixante-cinq centimètres d’épaisseur; celles des
autres entre-colonnemens n’ont guère moins de cinq mètres de longueur. Aucun
des soffites, excepté celui du milieu, n’a été décoré. Le reste de la salle hypostyle
est orne de sculptures peintes, dont les couleurs, par-tout où elles n’ont point
été enlevées, brillent encore d’un très-vif éclat.
Cette pièce est parfaitement distribuée comme la grande salle hypostyle du palais
de Karnak (3), et probablement aussi elle avoit une destination analogue. Le premier
mur, qui est à gauche en entrant, et que nous avons dit être le mieux conservé,
est décoré de sculptures d’un grand intérêt. On y voit représenté le siège
d’une ville dont on escalade un des forts. Une partie de'cette scène se trouve
figurée dans la planche 3 1 (4). Au pied des murs sont des machines pour l’escalade :
elles sont soutenues par des militaires qu’ëlles cachent de telle manière qu’on
n’aperçoit que leurs pieds; ce sont comme des espèces de boucliers énormes.
Des guerriers armés d’un poignard sont au bas de ces machines, prêts à suivre ceux
qui en ont déjà atteint le sommet et qui attaquent avec ardeur ; d’autres soldats
montent dessus, pour gagner une échelle qui est appuyée contre les murs, et dont
le pied est soutenu par un guerrier. On voit à gauche un homme qui porte une
grande couffe (5) où sont des vivres destinés aux assiégeans. Ceux qui montent
a 1 échelle, se couvrent de leurs boucliers; ils paroissent saisir, pour se maintenir,
les joints des pierres qui forment les murs du fort : on en voit même dont
(1) Nous n’employons ici ce mot que pour indiquer la (3) Voye^ la section VIII de ce chapitre,
différence de grandeur des colonnes. (4) Voyez h planche3 1 , fig. /, A . vol. I I .
(2) On verra ci-après, seconde partie, pag. 130, sur quoi (5) Les touffes sont de grands paniers faits de feuilles
est fondée la dénomination de salle hypostyle que nous de palmier.
employons ici.
les pieds reposent tout-à-fait sur ces joints. II est difficile de concevoir qu’ils pussent
s y arrêter, a moins que les assises ne fussent en retraite les unes sur les autres; ce
que na point exprimé 1 artiste Égyptien qui a représenté cette scène, où le défaut
de perspective se fait particulièrement remarquer. La forteresse a quatre étages.
Les assiegeans ont dcja dépassé le premier, que les assiégés s’y défendent encore.
Ces derniers montrent la plus grande ardeur, et lancent de toutes parts des flèches
dont sont atteints quelques assaillans, que l’on voit tomber du haut des murs
où ils étoient déjà parvenus. Dans la partie supérieure du fort, l’un des défenseurs
de la citadelle jette des matières enflammées. Les assiégeans ne combattent
pas avec moins" d’ardeur, et des assiégés que l’on voit totnber du haut des
remparts, attestent assez la vigueur de leur attaque. Le fort est couronné d’un
étendard percé de flèches ; il est construit sur un lieu élevé. On voit à gauche
la porte qui y conduit ; elle paroît hermétiquement fermée. Le système de construction
de cette forteresse semble être une suite de tours carrées inscrites les uçes
dans les autres, en sorte que celle qui est au milieu doit être considérée comme
entourée de quatre enceintes qu’il faut successivement escalader et franchir pour
s’en rendre maître. Ces différentes enceintes sont surmontées dé créneaux, tels
que ceux qui couronnent encore, à Medynet-abou, les sommités des murs du
pavillon (i). Dans le bas-relief curieux qui nous occupe, la forme des boucliers est
ce qui distingue particulièrement les guerriers. Ceux des assiégeans sont arrondis
dans la partie supérieure, et ceux des assiégés sont ronds, quelquefois échancrés sur
les côtés, et aussi de forme rectangulaire. Les premiers (2) distinguent les Égyptiens,
dont le costume d’ailleurs ne diffère pas essentiellement de.celui de leurs
ennemis.
Au pied du fort, on voit des archers lancer des flèches sur les soldats qui le
défendent; tout près de là, un héros Égyptien, de stature colossale, monté sur un
char, se précipite sur les ennemis, qui probablement arrivent au secourades assiégés
: il les contraint de fuir dans le plus grand désordre. On le voit, l’arc-en‘main,
leur décocher des traits qui sont encore enfoncés dans le corps de plusieurs d’entre
eux : ces derniers se retournent du côté du héros, en élevant les mains, comme
pour implorer sa clémence. Ceux des ennemis qui sont montés sur des chars,
lancent leurs chevaux et fuient à toute bride. Le héros est près de les atteindre, et
renverse tout ce qu’il rencontre sur son passage : il paroît inexorable et insensible
aux prières que semblent lui adresser les victimes qui tombent sous ses coups.
Devant lui sont quelques archers qui prennent par les cheveux les ennemis qu’ils
rencontrent, et les tuent à coups de massue, de poignard ou de sabre ; les femmes,
les enfansmême, ne sont point épargnés.
Au-dessus de cette scène de carnage, sont des tableaux représentant des offrandes
faites au héros vainqueur et aux dieux.
Le mur de fond de la salle hypostyle est décoré, dans la partie encore subsistante,
de sujets de sculpture tels qu’on en voit par-tout. Ce sont des tableaux
encadrés d’hiéroglyphes, et représentant des sacrifices à des divinités.
(t) Voyez la pl. ¡y , ordonnée ef., A , vol. I I , (2) Y°y*Z la description de Medynet-abou, sect. ï.^ ,p . yy