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dans ia direction des murs latéraux, on remarque des arrachemens (i) qui semblent
annoncer que le monument avoit plus d''étendue qu’il n’en a maintenant. Cependant,
quelques recherches et quelques fouilles que nous ayons faites, nous n’avons
rien trouvé qui pût confirmer nos conjectures, soit que le portique qui devoit précéder
l’édifice ait été entièrement détruit, soit que, d’après la manière de procéder
des Égyptiens, cette partie du temple, qui devoit etre construite la dernieie, ne
l’ait point été du tout; car nous avons observé déjà, dans plusieurs circonstances,
que les différentes parties des monumens Égyptiens s’enchevêtrent, pour ainsi dire,
les unes dans les autres, de manière à faire croire qu on a dû commencer la construction
par les pièces centrales et les moins étendues. Dans les temples de quelque
importance, ce sont toujours les sanctuaires qui sont le plus complètement décorés ;
et c’est ce qui arrive ic i, comme on va bientôt le voir. Tout nous porte donc a
croire que le petit temple du sud devoit être précédé dun portique de-quatre et
peut-être de huit colonnes, tel, par exemple, que ceux des monumens (2) situes au
nord et à l’est d’Esné.
La porte a deux mètres soixante centièmes (3) de large, et cinq mètres et
demi (4) de hauteur; elle est entourée d’un chambranle orne de tableaux (y) composés
de divinités auxquelles on fait des offrandes. La frise est décorée de sujets
analogues. Au-dessus on aperçoit le cordon qui se trouve ordinairement a la partie
inférieure de la corniche, dont il ne reste plus ici de traces. Les portions de mur
de chaque côté des montans sont tout-à-fait lisses : elles nont point le talus qui
annonce ordinairement l’extérieur des édifices Égyptiens, et les sculptures du chambranle
sont en relief sur le fond ; ce qui est encore un indice-que la porte ne
devoit point se trouver en-dehors : car c’est une observation générale qui ne souffre
aucune exception, que les sculptures extérieures sont en relief dans le creux, tandis
que les sculptures intérieures sont ordinairement en relief. Tout semble donc se
réunir pour confirmer ce que nous avons dit plus haut, de 1 existence d un pronaos
ou portique en avant du temple.
La première pièce dans laquelle on entre, étoit un second portique; elle a dix
mètres soixante-onze centièmes (6) de longueur, sur six mètres quatre-vingt-sept
centièmes ( 7) de largeur ; elle est ornée de deux colonnes, dont le fut est couronne
de chapiteaux (8) à campanes découpées. Aux angles sont de grandes feuilles qui
nous onttoujours paru avoir quelque analogie avec celles du bananier. Tout autour
sont disposés huit corps saillans qui, ainsi que le galbe du chapiteau, imitent dans
leurs formes le calice du lotus. Le chapiteau est surmonté d un de carre, plus éleve
qu’il n’est large : on a refouillé chacune des quatre faces, pour y exécuter, en relief
flans le creux, des têtes d’Isis. L ’architrave est ornée , sur toutes ses faces, de deux
lignes de grands hiéroglyphes. On ne peut pas trop vanter la pureté et la finesse
d’exécution de toutes ces sculptiires. Le fût des colonnes est lisse ; ce que 1 on doit
(t) Voyez la planche $8 , fig. / et 4 , A . vol. I I I .
(2) Voyez les planches 84., 8$ et 89, A . vol. I .
(3) Huit pieds. •
(4) Dix-sept pieds.
(5) Voyez ia planche 60 ,fig . / , A . vol. I I I .
(6) Trente-trois pieds.
(7) Vingt-un pieds.
(8) Voyez les détails de ces chapiteaux, pl. 6z,fig. z ,
S> 4 S» A . vol. I I I .
probablement attribuer à ce que l’édifice n’a point été achevé. Les bases sont formées
d’une partie cylindrique qui repose sur le sol, et d’une partie conique au-dessus :
ce n’est guère qu’à Denderah ( i ) qu’on en retrouve de semblables; elles sont coupées
verticalement dans l’intérieur de l’entre-colonnement, pour élargir sans doute
le passage. Toute cette première pièce est sans ornemens, si l’on en excepte pourtant
une partie du mur de fond, l’intérieur de la porte d’entrée qui présente un
agencement de croix à anse et de bâtons auguraux à tête de lévrier portés sur des
coupes ( 2), et le soffite de l’entre-colonnement du milieu, où l’on a sculpté douze
vautours (3) dont les ailes sont déployées, et qui ont alternativement des têtes de
serpent. Les murs latéraux du nord et du sud laissent voir un appareil qui présente
quelques irrégularités : on y remarque des joints obliques (4) ; mais ils sont tellement
serrés, qu’il faut y regarder de très-près pour les apercevoir. Les assises sont continues
et d’égale hauteur d’un bout à l’autre. Ces grandes parties lisses que 1 on rencontre
très-rarement dans les monumens Égyptiens, font ressortir la richesse des
sculptures que nous avons indiquées ; mais il est à croire que, si le monument eût été
achevé, elles auroient été couvertes de décorations, sous lesquelles l’irrégularité de
l’appareil auroit entièrement disparu. A la partie supérieure de chacun des murs
latéraux et du fond, sont deux claires-voies en pierre (y) qui éclairent la pièce.
A l’angle sud-ouest, est une porte qui conduit dans une petite salle étroite (6),
dont la longueur est à peu près double de sa largeur, et qui ne renferme aucune
sculpture; elle n’est éclairée que par la lumière qui lui vient de la porte et dune
espèce de soupirail pratiqué dans l’épaisseur des pierres du plafond.
Au nord-ouest, est un escalier (7) à cage rectangulaire, qui conduit sur les terrasses
du temple. Il est construit très-solidement, et exécuté avec un soin et une
précision remarquables :.ies marches, qui n’ont qu’un décimètre de hauteur, sont
très-commodes à monter.
Aux angles sud-est et nord-est, sont les portes de corridors (8) qui mènent à
des salles obscures contiguës au sanctuaire : ces pièces sont éclairées par huit trous
évasés dans l’intérieur, et pratiqués dans l’épaisseur des plafonds. Le corridor du nord
est orné de figures et d’hiéroglyphes en relief d’une très-belle conservation, tandis
que celui du sud en est entièrement privé. Près de la porte qui y conduit, des voyageurs
ont inscrit le mot Grec pma..
Des fouilles exécutées dans la première salle en ont mis le sol a découvert, et
nous avons reconnu qu’il est formé de grandes dalles en granit noir et rouge tres-bien
poli. Une rampe très-douce (9), qui occupe toute la largeur de 1 entre-colonnement,
établit la communication entre cette pièce et le reste du temple dont le sol est
plus élevé ; elle n’a de hauteur que le cinquième de sa longueur horizontale. Peut-
être devoit-on y tailler des marches ; et si on ne l’a point fait, cela vient sans doute
(7) Cet escalier a beaucoup d’analogie avec celui de
Denderah. Au total, le petit temple du sud se rapproche
beaucoup du grand temple de Denderah, pour le style
et la pureté de l’exécution. Voyez la Description de ce
(1) Voyez les détails du petit édifice élevé sur les ter*
rasses du grand temple de Denderah, A . vol. IV .
(2) Voyez planche j ÿ , A . vol. I I I .
(3) Voyez la planche 6i,fig. i , A . vol. I I I .
(4) Voyez la planche $ 8 , fig. 4 , A . vol. I I I .
(5) Voyez la planche 58 , fig. 4> A . vol. I I I .
(6) Voyez la planche58 , fig. 1 , en k, A . vol. I I I .
temple.
(8) Voyez planche $8 , fig. 1 , en g , A . vol. I I I .
(9) Voyez planche 5 8 , fig. 1 , en a, et fig. 4 , A . v o l I I I .