un peu de leur lumière par cette opposition j sembleront un peu plus obliques
par rapport aux rayons lumineux; au contraire, les parties qui sont voisines de
1 arete obscur-e, sembleront plus claires, et par conséquent moins inclinées sur
ces memes layons. La surface plane dun obélisque doit donc paroitre concave.
C est ce que les Egyptiens ont observé sur les premiers monumens de ce genre
quils ont élevés; et c’est ce qu’ils ont voulu éviter en donnant à leurs faces une
légère convexité à l’extérieur. Zoëga, dans l’ouvrage très-considérable qu’il a pu-
blié (i), a consigné des observations du même genre faites par lui-méme sur plusieurs
faces des obélisques de Rome.
Les deux obélisques de Louqsor ne sont pas de mêmes dimensions. Le plus
éleve est a gauche ; il a yingt-cinq mètres trois centièmes de hauteur, en y comprenant
Je pyramidion, qui a deux mètres cinquante-six centièmes; sa base a deux
mètres cinquante-un centièmes en tout sens : cette masse énorme doit peser deux
cent cinquante-sept mille cent soixante-neuf kilogrammes L ’obélisque occidental
a vingt-trois mètres cinquante-sept centièmes de hauteur, en supposant le
pyramidion restauré, et deux mètres trente-neuf centièmes de largeur à sa base ; il
doit peser cent soixante-douze mille six cent quatre-vingt-deux kilogrammes ( 3);
Une de ses arêtes est brisée jusqu’à la hauteur de trois mètres au-dessus du
socle. Le pyramidion du grand obélisque est assez bien conservé ; mais celui du
petit est a moitié détruit. S il est difficile de croire que ce dernier ait été érigé
dans cet état, il est peut-être encore moins aisé de trouver la cause de son
altération : nous avouons qu’il ne s’en est présenté à notre pensée aucune qui
soit satisfaisante.
On remarque avec regret que les deux obélisques de Louqsor, qui sont placés
devant le meme édifice, exposes a un meme coup-dceil, et, pour ainsi dire, en
regard 1 un de 1 autre, ne sont pas d’égales dimensions. Cette irrégularité ne peut
etre justifiée que par la difficulté d exécuter de semblables monumens. Que l’on
considère, en effet, les travaux qu’exigeoit l’érection d’un obélisque. On avoit pour
but de le faire de la plus grande dimension possible : on devoit donc chercher dans
la montagne une masse de granit sans fissure et sans défauts, de vingt-cinq à trente
mètres de longueur et de quatre mètres de largeur; beaucoup de travaux préliminaires
devoient procéder la découverte d un pareil bloc. Après l’avoir bien reconnu,
on le dégageoit des roches environnantes, on préparait l’obélisque sur place, et enfin
on le détachoitdu rocher. Les précautions à prendre dans cette dernière opération
sont telles, que, malgré l’avancement des arts mécaniques, en Europe, personne ne
pourrait peut-etre actuellement repondre de la réussite d’une semblable entreprise.
Quels moyens employer, en effet, pour séparer en même temps et pour faire éclater
(1) Figuram plerumque esse quadrilateram, m langitu- dam , natavi de obeliscc Mahutoeo et de ea fragmenlo quod
d.nem pqnectam et coarctatam, et pprqmidali apice prat- Cataote est h musée Paternonw : etiam Lateranensis ote-
dnam.jam in obehsco dtfimendo monui capite pmcedenli. liscus unum latus babel subcomexum. (De origine et usu
Latera ut plurimitm plana sunt, nec magna esse solet obeliscor'um, pag. t j2 .)
amplitudinis differentia inter singulas ejusdem molis fa - (2) Cinq cent vingt-cinq mille deux cent trente-six
cies; quæ autem s ’ibi sunt oppositee, ferè cequales inveniun- livres.
tur. A t non semper perfèctè complanata esse latera, sed (3) Trois cent cinquante-deux mille sept cent soixante-
nonnunquam cliqua convexitate trabem ejficere subrotun- sept livres.
d’un bout à fautre, sur une longueur de trente mètres, une masse de trois mètres
seulement d’épaisseur î Car on doit remarquer que le granit résiste également dans
toüs les sens, et n’a pas de fils ni de lits qui puissent en favoriser la séparation
dans une direction plutôt' que dans une autre. Nous avons retrouvé en divers
endroits, dans les carrières, les traces des coins que les anciens employoient pour
l’exploitation du granit. Ils les disposoient dans toute la longueur du bloc qu’ils
vouloient détacher. Ces coins étoient de métal ou de bois. Dans le premier cas„
c’étoit en les frappant tous en même temps, et dans le second cas, en les humectant,
qu’on rendoit leur action égale et simultanée.
Lorsque ce bloc se séparait du rocher, il falloit le recevoir sur un sol assez
bien dressé et assez élastique, pour opposer, dans toute la longueur, une résistance'
uniforme; on devoit ensuite le transporter jusqu’au fleuve. Quelques carrières étoient
sur les bords du Nil, et les rochers en exploitation étoient baignés lors des grandes,
inondations, ce qui facilitoit beaucoup les embarqüemens ; mais d’autres carrières,,
et notamment celle où nous avons trouvé des obélisques ébauchés, étoient à une
distance assez considérable du fleuve. Le transport par eau est aisé à concevoir;
et c’étoit, sans contredit, l’opération la plus facile, quoiqu’elle demandât beaucoup
de précautions. Pline nous a fait connoître avec détail les procédés mis en usage
dans ces sortes de transports. Pour conduire ensuite l’obélisque à la place qu’il
devoit occuper, le moyen le plus sûr, le plus simple, et peut-être le moins dispend
dieux, étoit de dériver du Nil un canal que l’on combloit ensuite ; ce canal pouvoit
servir au transport, non-seulement des obélisques, mais encore de tous les matériaux
qui étoient destinés au même édifice. L ’érection de l’obélisque et sa mise
en place sont leS opérations dont nous pouvons le moins rendre compte, et
celles dans lesquelles les Égyptiens devoient déployer toutes les ressources de leurs
connoissances en mécanique. .
Tant de difficultés dans de semblables entreprises doivent faire présumer que
les Egyptiens ont échoué quelquefois dans leur exécution, et que les obélisques
ne conservoient pas toujours les dimensions qu’on s’étoit proposé de leur donner.
On employoit le bloc de granit dans toute la longueur qu’il avoit en sortant
de la carrière; mais une foule d’accidens pouvoit obliger à réduire sa longueur
primitive. Ce n’étoit jamais volontairement qu’on opérait cette réduction : on n’y
aurait pas même été décidé par le désir de rendre semblables deux obélisques
destinés, comme ceux de Louqsor, à être placés devant un même édifice; car un
monument de ce genre a d’autant plus de valeur que ses dimensions sont plus
considérables.
L ’architecte, pour remédier à l’inconvénient de la dissemblance des deux obé-
lisquès de Louqsor, les a posés sur des socles inégaux, en sorte que le plus petit est
élevé au-dessus du grand, de la moitié de la différence de leur longueur; de
plus, il l’a placé en avant de ce dernier, en sorte'que l’on croiroit qu’il a eu l’intention
de forcer en apparence ses dimensions, en le mettant sur un plan plus rapproché de
l’oeil du spectateur. C’est par un artifice semblable, s’il est permis de comparer de
petites choses aux grandes, qu’un lapidaire chargé de monter symétriquement deux