D E S C R I P T I O N G E N E R A L E D E T H E B E S .
avoir ainsi fermé l’espace qu’ils se proposoient de couvrir, n’en aient abattu ensuite
tous les angles, pour exécuter la courbure qu’ils se proposoient d’obtenir. Lorsqu’on
a parcouru les grottes nombreuses, les syringes et les tombeaux de l’ancienne Egypte,
on se persuade facilement que, dans l’espèce de voûte dont la description fait l’objet
de cette section, les Egyptiens ont eu en Vue l’imitation de ces' plafonds cylindriques
qu’on y rencontre si fréquemment : c’est donc comme une sorte de grotte
artificielle qu’ils se sont proposé de construire, et ils ne pouvoient placer l’imitation
plus près de l’objet imité.
Dans le fond de la grotte artificielle, on voit figuréeume porte surmontée d’un
cordon et d’une corniche. L encombrement ne laisse pas voir si elle étoit percée
pour servir d’issue ; le voisinage de la montagne, à laquelle le monument est pour
ainsi dire adossé, ne permet pas de le croire, à moins toutefois que cette porte
ne conduisît à quelques excavations pratiquées dans le roc. Des fouilles entreprises
autour du monument pourroient seules lever tous les doutes. Le mur de fond,
au-dessus du cordon, renferme douze assises d’un appareil beaucoup plus petit que
celles qui forment le plafond cylindrique ; les murs latéraux offrent des figures sculptées
; sur lesquelles on remarque encore quelques restes des couleurs dont elles ont
été peintes. Les hiéroglyphes sont exécutés avec la plus grande pureté; le dessin des
animaux s’y fait sur-tout remarquer par la netteté et la vérité des contours. La plupart
de ces sculptures sont cachées sous un enduit de plâtre, où l’on a peint des figures
de Christ ; ce qui fait présumer que les Chrétiens ont célébré leur culte dans ce lieu
pendant les premiers siècles de l’ère vulgaire, ainsi qu’ils l’ont fait'à Medynet-abou,
à Loirqsor, et dans beaucoup d’autres endroits de l’Egypte.
Tous les édifices dont nous venons de décrire les restes, et particulièrement la
grotte artificielle, sont construits avec des matériaux extraits des montagnes.voisines.
Ces matériaux consistent en une pierre calcaire très-blanche et d’un grain très-fin,
qui se taille avec la plus grande facilité, et qui est susceptible de prendre un certain
poli. C’est particulièrement dans les hypogées qu’on juge de l’emploi qu’il est possible
d’en faire, pour obtenir des surfaces dressées avec la plus grande perfection. On s’en
fera une assez juste idée, en la comparant à la pierre statuaire de Tonnerre.
Nous terminerons ce chapitre par quelques réflexions sur le monument remarquable
que nous venons de décrire. Nous avons dit qu’il n’a que l’apparence d’une
vbûte; il n’offre en effet rien de ce qui constitue ce genre de constructions, telles
que les Romains les ont conçues, et telles que nous les exécutons encore. Dans
celles-là, les pierres se soutiennent les unes les autres, et leur effort est reporté
sur les pieds - droits. Pour obtenir ce résultat, on fait tendre à un ou plusieurs
centres communs tous les joints des différentes pierres, qui prennent alors l'e
■nom de voussoirs. La solidité exige que la direction des joints soit perpendiculaire
à la surface de la voûte. Rien de ce que nous venons d’exposer n’arrive
dans le plafond cylindrique que nous avons décrit : l’effort de chacune des pierres
qui.le forment, s’exerce verticalement dans la direction de la pesanteur; il tend
à les renverser de dessus les pieds-droits, ou à les rompre dans quelque point
de leur partie saillante. La construction qui nous occupe n est donc point une
voûte,
Voûte, elle n’en offre absolument que 1 apparence; et l'on peut avancer que ceux
qui l’ont conçue et exécutée, étoient loin de ces génies hardis à qui nous devons
ces coupoles magnifiques et ces dômes élégans, élevés au milieu des airs pour
attester la puissance de l’homme. Il seroit hors de notre sujet de traiter ici cette
question, S i les Egyptiens ont connu l ’art de construire les voûtes : il nous suffit d affirmer
que cet art paroit leur avoir été étranger; ce que nous prouverons par
toutes sortes de rapprochemens et de recherches, dans notre Mémoire général
sur l’architecture des anciens Égyptiens,