reçoivent de lumière que par les portes et par des soupiraux pratiques dans
l’épaisseur des plafonds : elles sont séparées des autres Constructions que nous
avons décrites, par des salles qu’il suffit d’examiner sur le plan pour s’en faire
une idée exacte ( i ).
Au nord, il exisfoit probablement des distributions semblables ; mais on ne
réconnoît plus que les fondations des murs principaux (2). 11 ny a point de doute
que ce grand nombre de petites salles ne fût destine à des logemens particuliers :
elles servoient d’habitation aux personnes de la maison du roi, ou aux pretres dont
il étoit entouré. Dans un pays oit les intempéries des saisons ne sont point a craindre,
et où d’ailleurs cih longues galeries et de vastes portiques cleVes de toutes parts
offroient des abris contre la chaleur du jour, de semblables cellules pouvoient
suffire pour servir de retraite pendant la nuit. Encore aujourd’hui, c’est dans de
grandes salles où l’on a soin de ménager la circulation de l’air, que les riches
habitans du Kaire se tiennent habituellement ; ils couchent dans de petits appar-
temens qui n’occupent, pour ainsi dire, qu’un coin de leurs vastes habitations.
Parmi les ruines du nord du palais, on a trouve un monolithe en granit (3)
dont le plan a la forme d’un carré long; il peut avoir un metre vingt-neuf centièmes
(4) de hauteur. Six figures qui se donnent la main, sont groupées tout
autour I il y en a deux sur les faces les plus larges, et une seulement sur chacune des
deux autres faces. Elles sont presque de ronde-bosse, et représentent des divinités
Égyptiennes : on y remarque Isis coiffée d’un disque entouré des cornes du taureau,
Osiris à tête d epervier, et Horus. Les corps de femme sont d’Un très-beau dessin,
et les costumes d’un fini parfait. C’est un des morceaux de sculpture les plus précieux
que nous ayons retrouvés dans les ruines de 1 Egypte : il est sur-tout extrêmement
remarquable par la beauté et le poli de la matière. Sa position près de la
galerie du palais porteroit à croire qu’il étoit un des monumens des arts qui en
faisoient l’ornement (y).
Une porte pratiquée dans le mur du palais, a lest, conduit a des ruines dont
nous parlerons bientôt.
Maintenant que nous avons parcouru tout 1 intérieur du vaste palais de Karnak,
il nous reste à en examiner l’extérieur. Le grand mur qui en forme la clôture, est
couvert de sculptures. 11 ne présente point par-tout le même état de conservation :
quelques-unes de ses parties sont détruites jusque dans les fondations ; d autres
sont plus ou moins dégradées, et par-tout on remarque l’effet d une destruction
préméditée. C’est particulièrement sur la face exposée au nord , que se trouvent
la plupart des sculptures gravées dans l’Atlas (6) : elles ont trait aux victoires et aux
conquêtes des rois Égyptiens, et ce seroit entreprendre un travail très-curieux que
d’en recueillir toute la suite. Nous avons déjà vu que le monument de Medynet-
abou offre dans ses bas - reliefs l’histoire des conquêtes de Sésostris ( 7 ), et il est
(1) Voyez la même planche, en l , x et v. l’emporter; mais ils ont abandonné l’entreprise, à cause
(2) Voye^ la même planche, .en g et /»', de la difficulté.
(3) Voyez la planche j i , A . vol. 111. (6) Voyez les plancha et 40, A . vol. I I I .
(4) Quatre pieds environ. (7) Voyt^ la section 1 . " de ce chapitre.
(5) Ce bloc a été déplacé. Des Français ont tenté de
assez probable que l’on trouveroit ici exprimée d’une manière analogue l’histoire
de quelques autres rois Egyptiens, Bien que nous n’ayons pas le recueil complet
de ces sculptures, qui demanderoient, pour être dessinées, beaucoup de constance
et de temps, et le concours d’un grand nombre de personnes, nous allons
cependant procéder à l’examen des dessins que nous avons rapportés, et qui
peuvent déjà donner lieu à des observations et à des recherches curieuses.
Le fragment qui se trouve dans la planche z p .fig . 2 (1), représente l’action glorieuse
d’un jeune héros; sa stature est colossale, et son attitude tout-à-fait guerrière.
Il foule aux pieds un ennemi déjà vaincu ; il en a saisi par le bras un autre,
que ses flèches ont atteint et dont les genoux fléchissent. Le costume et l’air de
tête du héros le font assez reconnoître pour Égyptien ; le profil et la barbe du
vaincu indiquent suffisamment que c’est un guerrier d’une nation étrangère. Il est
difficile de n’être point frappé .de la composition de ce groupe ; on y réconnoît
une noble simplicité dans la pose des personnages ; l’action principale est rendue
avec beaucoup de vigueur et de vérité. On retrouve ici les défauts qui tiennent à
l’ignorance où paroissent avoir été les artistes Égyptiens des règles de la perspective.
Quoi qu’il en soit, la composition d’un pareil tableau suppose déjà une
grande habitude et des connoissances approfondies de l’art de la sculpture. Le
costume et la chaussure du héros Égyptien méritent de fixer l’attention.
On voit ensuite un personnage (2) qui est peut-être le même que celui qui est
figuré dans le groupe précédent. Il est monté sur un char, et poursuit des ennemis
déjà en pleine déroute. Ceux-ci fuient dans les bois et dans les marais pêle-mêle
avec les habitans de la campagne, qui chassent leurs troupeaux devant eux. Plusieurs,
quoique réfugiés dans une forteresse, paroissent aussi effrayés que les autres,
et sont même atteints des traits du vainqueur. Ce bas-relief est presque tout-à-fait
barbare ; sa mauvaise composition est encore plus frappante par le défaut de perspective
qui s’y fait remarquer : cependant la pose de chaque figure, prise isolément,
est pleine d’expression et de vérité. La frayeur est bien exprimée dans toutes les attitudes;
les animaux sont beaux et bien dessinés; les chevaux sont pleins de noblesse
et de feu._ Le dessin de la forteresse se voit dans la planche 4 o (3) : c’est une tour
carrée, environnée d’une enceinte. L ’une et l’autre sont couronnées de ces espèces
de créneaux qui existent encore au-dessus du pavillon et de l’un des murs d’enceinte
de Medynet-abou (4). Sur la partie supérieure de la tour est gravée une ligne
d’hiéroglyphes, qui apprendroit sans doute le nom de la forteresse, si l’on savoit
l’interpréter.
Plus loin, sur le même mur, on voit un héros Égyptien (y) monté sur un char,
vêtu de ses habits de guerre, et emporté par ses chevaux lancés au grand galop:
il est armé de son carquois; son arc est tendu. Il décoche des flèches, qui ont
déjà étendu morts dans la plaine un grand nombre d’ennemis qu’il va fouler aux
(1) Voye^l’Atlas des antiquités, vol. I I I , (3) Voye^ l’Atlas des antiquités, vol. 111, fig, 4.
(2) Ce bas-relief n’a point été dessiné dans la collée- (4) Voyez la planche j , ordonnées y et 6, A . vol. I I .
tion. On peut le voir dans l’Atlas du Voyage en Egypte (5) Voyez la planche 40, fig. 6, A . vol. I I I .
de M . Denon, pl. i j j .
A. D. 1 «