
£ 0 DESCRIPTION -GiNÉRÀLE DE THÈBES. f
vases renfermoient, sans doute, la liqueur qui devoit servir aux libations. Un second
brancard ( i ) à peu près semblable-, porté par le même nombre de prêtres, se voit
-au-dessus de celui-là. A gauche est un personnage (a) environné d’hiéroglyphes.
En avant de ces deux groupes se trouvent trois prêtres (3) qui arrivent devant deux
autels (4 ) sur lesquels flottent des étendards sacres. Le héros (y), accompagné
de son génie tutélaire, est tourné *en face du cortège, et c’est à lui que paroît
maintenant s’adresser l’espèce de sacrifice que l’on voit ici représenté ; il consiste
en deux tiges de lotus flétries avant d’être épanouies. Deux jeunes initiés (d), qui
paroissent les offrir, se retournent du côté des prêtres, qu’ils semblent prévenir de
1 action qu’ils vont faire ; des oiseaux qui s’envolent sont peut-être des emblèmes
indiquant que le sacrifice s’élève jusqu’à la divinité.
. La marche continue , et un personnage qui est tout entQuré d’inscriptions
hiéroglyphiques, déroule un volume et semble proclamer les actions du héros (7).
Mais la scène change bientôt, et le héros redevient à son tour sacrificateur (8) :
armé d’une feux, il coupe un feisceau de tiges et de boutons de lotus que lui
présente un prêtre. Un autre prêtre (9) suit et tient élevé dans ses mains un
rouleau de papyrus, sur lequel il paroît lire; ce sont peut-être les prières que l’on
devoit réciter dans cette circonstance. Le boeuf sacré (10) se voit dans cette
scène, qui semble toute entière avoir trait à l'agriculture. Ce sacrifice n’est en
quelque sorte que le prélude de celui que Va faire bientôt le triomphateur ( 1 1 )
en approchant plus près du sanctuaire (12) où est déposée la statue de la grande
divinité de Thèbes. En effet, dans la dernière scène de la marche triomphale qui
nous occupe, le héros Égyptien présente à Harpocrate des parfums. Il fait en
même temps, avec un vase qu’il tient de la main droite, des libations sur un autel
couvert de fruits entourés de verdure du milieu de laquelle sortent des fleurs de
lotus. C’est ici que se termine toute cette grande procession religieuse et militaire,
que l’on doit considérer comme la représentation fidèle de toutes les cérémonies
qui s’observoient au triomphe d’un roi guerrier. Des sacrifices offerts aux dieux
commençoient et terminoient cette augiiste fête.
Tout ce bas-relief prouve incontestablement que la religion Égyptienne n’ad-
mettoit pas seulement le culte secret qui se pratiquoit dans les sanctuaires des
temples, et dont la connoissance n’étoit réservée qu’aux adeptes : elle avoit un culte
extérieur ; et dans des circonstances particulières, comme à de certains jours de
fête et de réjouissances publiques, on déployoit, dans des processions solennelles,
toute la pompe de la religion. Cette conséquence est confirmée par S. Clément
d Alexandrie (13)» qui nous a transmis une description curieuse d’une de ces
processions toutes religieuses, dans laquelle il fait rémunération des personnages qui
(1) Voyez pl. u , n.° 7 0 , A . vol. I I .
(2) Voyez pl. u , n.° 6$, A . vol. I I .
(3) Voyez pl. n , n.°s 7 1 , 7 4 et7 $ , A . yol.II.
(4) Voyez pl. n , nf* 7 3 ei 7 7 , A . vol. I I .
(5) Voyez pl. 1 1 , n.° 7 8 , A . vol. II .
(6) Voyez pl. n , n.” 7 2 et7 6 , A . vol. I I .
i l ) Voyez pl. n , n.9 7 9 , A . vol. I I .
( 8 ) Voyez p l. 11, n.* 80, A . vol. I I . .
( 9 ) Voyez p l. n , n.° 8 2 , A . vol. II .
(10) Voyez p l. n , n.° 84, A : vol. I I .
(i 0 Voyez pl. 11, n." 86, A . vol. II.
(12) Voyez p l. n , n,° 8 7 , A ; vol. I I .
(13) Voyei k citation n.° i , à la fin de cette section,
p a g . 7 2 .
composoient le cortège, ainsi que de leurs fonctions et de leur emploi. Il est
facile de reconnoître la grande analogie qu’elle a avec la marche triomphale que
nous venons de décrire. Nous ne nous proposons point d’établir ici une comparaison
(t) que le lecteur peut faire facilement lui-même; nous nous bornons
seulement à faire remarquer que S. Clément d’Alexandrie auroit eu sous les yeux
la marche triomphale de Medynet-abou, qu’il n’auroit point décrit autrement
qu’il ne l’a fait le personnage désigné sous la dénomination de kçyy&.fAfj.a.'ztvi.
Notre conséquence trouve encore un nouvel appui dans le précieux monument
recueilli à Rosétte. En effet, dans l’inscription Grecque, dont on doit l’interprétation
à M. Ameilhon, on lit une description du culte que l’adulation des pretres
de l’Égypte avoit institué en l’honneur de Ptolémée Épiphane. Il y est dit (2)
que, dans les grandes solennités où l’on a coutume de faire sortir des sanctuaires
les chapelles ou châsses qui renferment les statues des dieux, on fera sortir aussi
celle du dieu Épiphane. Il n’est point hors de propos de faire remarquer ici l’analogie
et même la parfaite ressemblance qui existe entre les châsses dont il est fait
mention dans l’inscription, et celles qui sont sculptées dans notre bas-relief; les
unes et les autres sont couronnées d’un ornement d’aspics ou A’uboeus.
A r t i c l e I I .
Des Terrasses du P a la is, du Village qu’on y a bâti, et des Constructions
qui sont au-delà du Péristyle.
L a porte de sortie du péristyle du palais, au nord-ouest, est encombrée presque
jusqu’au sommet. De part et d’autre, à l’extérieur,- ces décombres s’élèvent jusqua
la corniche de l’édifice ; ce qui donne la facilité de monter sur les terrasses. On y
remarque des vestiges de pieds d’hommes, dont les contours ont été gravés, et
tout auprès, des caractères assez grossièrement tracés d’une écriture que l’on juge;
à son analogie avec les hiéroglyphes, être l’écriture cursive des anciens Égyptiens.
Ce sont-là, sans doute, les résultats de pèlerinages faits par d’anciens habitans de
l’Égypte, ou par ceux de pays éloignés, qui, attirés par la réputation dë puissance
et de sagesse dont jouissoit cette contrée, ont voulu laisser des preuves de leur,
passage dans ces lieux mystérieux. Il est très-vraisemblable que la politique du gouvernement
affectoit de réunir toutes les provinces de cette contrée, et même les
pays conquis, dans le culte des mêmes dieux, par l’établissement de certaines fêtes
générales qui se célébroient à des époques marquées, soit a 1 occasion de grands
événemens civils ou religieux, soit au renouvellement de périodes astronomiques.
D’ailleurs, on connoît le goût des Orientaux en général et des Égyptiens en particulier
pour les pèlerinages. Hérodote en indique plusieurs, où les habitans de
i’Égypte se rendoient par milliers, à l’époque des fêtes instituées dans différentes
(1) Nous renvoyons à la savante Dissertation de (2) Voye^ l’interprétation que M. Ameilhon a donnée
Schmidt, qui est très-propre à jeter le plus grand jour des lignes 4- êt 43 I inscription Grecque de la pierre
sur toute cette matière. de Rosette.