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Des Ruines et des Débris qui se trouvent autour des Colosses.
S i, à partir des colosses dont nous venons de donner la description, on s’avance
à l’ouest-nord-ouest, on trouve, à la distance de cent mètres environ, les débris de
quatre statues colossales. Le fragment le plus considérable est celui qui se trouve
le plus au midi. Il est à droite d’une ligne qui passeroit au milieu de l’intervalle
des deux colosses (i). Il a onze mètres de longueur; il est formé de ce beau grès
siliceux dont nous avons déjà parlé. Une partie de ce fragment est enveloppée
sous les dépôts du Nil. A vingt mètres de là , vers le nord, et dans une direction
à peu près parallèle aux faces des deux colosses de la plaine, on retrouve pêle-mêle
les débris de trois statues en pierre calcaire compacte, susceptible de poli. Cette
matière nous a paru entièrement semblable à celle des colosses placés en ayant
des pylônes des propylées de Karnak (2). On est porté à croire, par la situation
de ces débris, que les quatre statues étoient érigées sur une même ligne en avant
d’un édifice dont il ne reste plus de vestiges. Il en étoit probablement ainsi
de la statue de Memnon et du colosse du sud : ils étoient placés devant quelque
construction maintenant ruinée, à moins que l’on ne suppose, contre toutes les
règles de l’analogie et même contre toute vraisemblance, que ces statues de voient
être primitivement isolées comme elles le sont à présent ( 3 ). Mais nos conjectures
prendront bientôt tout le caractère de la certitude.
En s’avançant toujours vers l’ouest-nord-ouest, jusqu’à cent cinq mètres de distance,
on trouve les restes de deux autres statues mutilées (4). Elles sont de pierre
calcaire compacte, et distantes l’une de l’autre de vingt mètres. Ces débris sont
également disposés sur une ligne à peu près parallèle à la face des deux colosses du
nord et du sud : mais, comme ils sont placés à droite de l’axe dont nous avons parlé,
il y a lieu de croire que, sur la même ligne, se trouvoient autrefois deux autres
colosses semblables et disposés symétriquement, en avant de constructions qui ne
subsistent plus.
A cent soixante mètres plus loin, et toujours dans la même direction, on
trouve deux blocs énormes de grès brèche (y). Us sont disposés parallèlement- aux
autres débris, et distans l’un rie l’autre de dix mètres. Le plus grand des deux a
dix mètres de long, quatre mètres de large, et s’élève d’un mètre trente centièmes
au-dessus de terre. L ’un et l’autre présentent des surfaces planes dressées avec le
plus grand soin. Ils sont ornés d’hiéroglyphes sculptés avec une finesse de détail
très-remarquable. Ces sculptures peuvent soutenir la comparaison avec ce que nous
avons trouvé de mieux exécuté sur le granit à Louqsor et à Karnak. Que penser
de l’usage et de la destination dé ces blocs! L ’opinion qui nous a paru la plus
( 1 ) Voye% le plan topographique, planche 19 , A . splendeur de Thèbes, ni même aucune autre ville
vol. I I . ancienne de l’Egypte, n’offrent d’exemple d’un pareil
(2) Voye% fê description de Karnak, section VI I I de ce isoieqient.
chapitre. (4) Voyeç le plan topographique, pl. ¡9 , A . vol, I I .
(3) Aucun des lieux qui renferment des restes de fa (5) Idem.
probable, est qu’ils ne sont autre chose que la partie postérieure des trônes de
deux colosses. Nous n’avons pas eu le temps de faire exécuter des fouilles pour
éclaircir nos doutes : cest un travail que pourront entreprendre ceux qui nous
suivront dans la recherche et l’étude des monumens de l’ancienne Egypte. Jusque-
là, tout nous porte à croire que l’on trouverait enfouis sous les dépôts du Nil, le
corps, les jambes et toutes les autres parties des statues dont l’existence est si positivement
indiquée.
A la suite de ces blocs, en s’écartant un peu vers le nord, et à la distancé de
soixante-onze mètres, on trouve les restes de trois rangées de colonnes qui sont
maintenant au niveau du sol (i). Elles occupent un espace rectangulaire de trente-
deux mètres de long, et de trente-cinq mètres de large : elles ont deux mètres et
demi de diamètre.
Au sud de ces rangées de colonnes, et à une très-petite distance, on aperçoit
un fragment considérable d’une statue colossale’, représentée dans l’action de marcher
(2) : il est de grès siliceux, et a dix ‘mètres de longueur. Plus loin, à vingt
mètres à peu près de la colonne qui est le plus au sud, on trouve un tronc de statue
assise, en granit noir (3). Au nord de la première rangée de colonnes, se voient les
débris d’une autre -statue qui nous a paru être d’une espèce de marbre jaune : elle
étoit, comme la première dont nous avons parlé, dans l’action de marcher, et il est
assez probable qu’elles étoient placées symétriquement. A .quarante mètres de là,
vers l’ouest-nord-ouest, on aperçoit les restes de deux statues assises, en granit
rouge, autour desquelles sont beaucoup d’autres débris granitiques. De là, si l’on
s’avance dans une direction faisant avec le méridien magnétique un angle de trente-
six degrés et demi, jusqu’à la distance de trois cent douze mètres, on rencontre les
restes de deux colosses dans l’action de marcher : ils sont de grès siliceux, et
peuvent avoir treize mètres (4) de proportion.
Tels sont les nombreux colosses que l’extrême prodigalité des Égyptiens avoit
entassés, pour ainsi dire, dans ce quartier de Thèbes. On reconnoît les débris
de dix-sept de ces statues, et il est probable qu’il y en avoit un plus grand nombre.
La disposition quelles conservent entre elles, leurs distances relatives, les bases
des colonnes qui subsistent encore, tout indique ici les restes d’un édifice immense,
composé de cours, de péristyles, de salles hypostyles, et de pylônes au
devant desquels étoient disposées, deux-à deux, et quatre à quatre, toutes les
statues que nous avons retrouvées. Cet édifice, si l’on doit en juger par la longueur
de près de six cents mètres sur laquelle se trouvent dispersés tous les débris qui en
restent, ne devoit. point le céder au palais de Karnak. Sa destruction presque
totale ne permet guère de déterminer quelle devoit être sa largeur. Les statues
retrouvées le plus au nord indiquent que, du côté du tombçau d’Osymandyas, il
existoit des constructions qui lui servoient d’avenue.
Comment un édifice aussi immense peut-il avoir été détruit, ou comment n’en
reste-t-il pas plus de traces ! On peut en donner des raisons plus ou moins plausibles.
(1) Voyeç le plan topographique,pl. 19 , A.
(2) Idem.
A . D ,
toi. I I . (3) Voyez le plan topographique,p/./j>, A . vol. I I .
(4) Quarante pieds.