
sculptée, on s’empressoit de la colorier. Il est vrai que l’on pourvoit imaginer
les raisons particulières pour lesquelles on auroit suspendu la sculpture de l'édifice
et seulement achevé, de peindre les parties .sculptées ; mais, comme la même singularité
se retrouve en plusieurs autres lieux, on peut regarder comme certain que
on peignoit une figure dès que la sculpture en étoit finie, sans attendre que
toutes les figures de la même salle, que toutes celles du même tableau fussent
sculptées.
Quant aux motifs qui ont pu faire qu’un édifice si antique n’ait jamais été termine
, ils sont sans doute les mêmes que ceux qui parmi nous font que nos plus
beaux édifices sont souvent restés imparfaits ; et comme nous en voyons de très-
anciens qui n ont point été sculptés ni même construits entièrement, tandis que
d’autres plus modernes sont finis dans toutes leurs parties, on ne peut guère, ni
en Egypte, ni ailleurs, conjecturer l’âge des monumens d’après la plus ou moins
grande quantité de travail qui est demeurée sans être faite : il n’y a, au reste, qu’un
bien petit nombre de monumens que l’on ait totalement terminés.
Tout près de l’édifice dont nous venons de décrire les ruines, est un escalier
qui n est pas moins ruiné que lui. Il étoit construit en dehors contre le mur du
quai, et conduisoit de l’île au fleuve. En fàce de cet escalier et sur la rive opposée
du Nil, on en voit un autre tout semblable qui conduisoit également du Nil
sur le sol voisin : c’est là que l’on trouve quelques ruines Égyptiennes de peu
d importance, et dont nous allons parler en peu de mots. Elles consistent principalement
dans cet escalier du bord du fleuve et dans les restes de quai qui
1 avoisment; puis, dans un autre escalier, en forme de perron, conduisant vis-à-
vis d’une grande porte autrefois carrée, mais à laquelle on a , dans les temps
modernes, ajouté un cintre en pierre d’une assez mauvaise exécution et fort
semblable aux constructions que l’on attribue aux Chrétiens qui habitèrent longtemps
la Thébaide; enfin, dans les vestiges d’un petit temple placé au-delà de
cette porte. Il ne reste plus de ce temple que les quatre colonnes du portique
dont deux seulement sont entières et portent leur chapiteau qui est en formé
de vase. On voit encore entre elles les murs d’entre-colonnement et les pieds-
droits de la porte d’entrée. Des débris et des décombres forment autour de
cette ruine un monticuler assez considérable.
§. V I I I .
D e l ’Edifice de l ’E s t, et d ’un p etit Temple enfoui.
. I É l 3 l l 9 T rÇOit W .de Philæ- Je premier monument que l’on y remarque,
cest ledifice de l’est. Isolé, placé près du lie'u où l’on aborde, et pouvant être
vu ensuite de presque tous les points, il devient en quelque sorte le signe.de
reconnoissance de l’île de Philæ au milieu de celles qui l’environnent, et distingue
Égy t i e i r UPe dCS m° nUmenS dE CCtte ÎIe d’avec tout autre g^upe de monumens
Cet édifice est unè enceinte sans plafond, longue de vingt-un mètres et large
de quinze ; elle est formée par quatorze colonnes qui sont engagées jusqu’à plus du
tiers de leur hauteur dans des murs d’entre-colonnement. Deux portes opposées
sont ouvertes dans la direction de son grand axe, qui est à-peu-près perpendiculaire
au bord du fleuve.
D ’après la largeur de l’édifice, il est très-probable qu’il n’étoit pas destiné à être
couvert, à moins que l’on n’imagîne qu’il devoit y avoir dans l’intérieur deux
rangs de colonnes; mais aucun indice ne justifie cette supposition. Il est vrai qu’il
règne intérieurement au-dessus de l’architrave une retraite qui paroît propre à
recevoir les extrémités des pierres du plafond ; mais l’on n’a pu vérifier si effectivement
elle avoit eu cet usage. Quoi qu’il en soit, cet édifice ainsi découvert, et
recevant la lumière de toutes parts, est si différent des autres, que l’on se demande
bientôt si c’est un monument religieux, et quelle pouvoit en être la destination :
nous pouvons, par I analogie, répondre à ces questions.
On voit à Erment une enceinte toute semblable à celle-ci, placée au-devant
d’un petit temple auquel elle sert comme d’une cour. On ne peut guère, d’après
cela, douter que l’édifice de l’est ne fut également destiné à précéder un temple
qui auroit été placé au-delà de cet édifice par rapport au fleuve, quoique cependant
il ne reste aucun vestige de ce temple, et qu’il soit même probable qu’il n’a
jamais été commencé.
Les colonnes sont les plus grosses de toutes celles qui sont dans l’île de Philæ.
Leur diamètre à leur base est de im.54 (i) ; leur hauteur est de onze mètres (2) :
à quoi il faut ajouter la hauteur du dé qui surmonte les chapiteaux ; ce qui fait
depuis le sol jusque sous l’architrave, une hauteur de treize mètres et demi (3)!
Les chapiteaux des colonnes ne sont que de trois espèces différentes (voyez/;/. 2/i) ;
on remarquera qu’ils sont distribués symétriquement dans chaque rangée de colonnes,
et de plus, que leur distribution est la même dans les deux faces de l’édifice,
qui sont parallèles. La grande élévation du dé placé au-dessus des chapiteaux
est une des choses remarquables de l’édifice ; mais ce nest pas cependant le seul
monument où il s’en trouve de semblables : outre qu’il en existe également aux
colonnes d’Erment, on en voit encore dans d’autres temples, qui, ayant été
entièrement sculptés, portent sur chacune des faces de ces dés la figure entière
de Typhon. Ces édifices, soit à cause de ces figures, soit d’après les autres sculptures
quds renferment, paraissent avoir été consacrés au mauvais génie, représente
par Typhon ; d’où peut-être on peut inférer que le temple dont l’édifice
de lest ne forme qu’une partie, auroit été aussi un Typhonium. C ’est un motif
de croire que ce temple ne devoit pas être très-vaste, quoique ce qui en existe
soit elevé sur de grandes dimensions; car les temples de Typhon sont tous asse*
petits. L, analogie fournie par les monumens d’Erment est d’ailleurs fkvorable à
cette conjecture.
Ledifice de l’est nous fournit, sur les portes d’entrée et sur les murs d’entre-
( 0 Quatre pieds neuf pouces environ t> » « .
(a) Trente-quatre pieds. (3 ) Pres de quarante-deux pieds.