résulte de la disposition générale; on voit qu’ils ont été déterminés par la largeur
du temple, dont ils font le tiers.
Un escalier fort étroit, qui débouche dans le massif de la seconde porte, et
qui a deux rampes, servoit à monter sur la plate-forme : sa largeur n’excède guère
un demi-mètre (i). Il est bien exécuté;, mais, l’une des rampes étant appliquée
contre le mur du temple, au lieu d’être prise dans l’épaisseur de la muraille,
il suit de là que la première salle manque un peu de symétrie, et que les portes
ne sont pas au milieu.
Le temple est considérablement enfoui à l’extérieur. Les colonnes latérales
sont enterrées jusqu au-dessus des chapiteaux, et les galeries sont encombrées
de quatre mètres et demi (2) ; l’entrée et les salles du temple le sont beaucoup
moins. C ’est principalement dans la galerie du nord que le sol est le plus exhaussé;
entre t e décombres et le plafond, il n’y a pas la hauteur d’un homme! Ayant
remarqué que la frise qui décore intérieurement l’architrave de cette galerie, étoit
parfaitement conservée dun bout à 1 autre, je voulus la dessiner complètement ;
travail qui étoit facilité par ces mêmes buttes de décombres, lesquelles m’éle-
voient à la hauteur du bas-relief. Je trouvai le sol si exhaussé vers l’extrémité, que
1 architrave posoit sur la poussière, et par conséquent il n’y avoit point de jour :
il me fallut, dans cette portion de la galerie, me tramer sur le ventre, à la lueur
d’une bougie ; et je ne parvins à copier exactement cette longue bande de figures
qu’avec les plus grandes fatigues (3).
La disposition que je viens de décrire retrace fort bien celle d’un temple
péiiptere , sorte de temple qui étoit environné de colonnes sur les quatre côtés.
Les massifs qui occupent les angles répondent aux antes ou parastates, qui étoient,
selon Vitruve, des pilastres angulaires tenant lieu de colonnes.
Le diamètre des colonnes de ce temple est d’un peu plus de huit décimètres et
demi (4) ; la colonne a environ cinq diamètres et demi. Si l’on divise en dix parties
la hauteur totale du. temple, la colonne entière en fait six, et sans le chapiteau,
cinq; le dé, deux, et l’entablement, deux: c’est-à-dire que la hauteur des
colonnes, depuis le sol jusqu’à l’architrave, fait quatre fois celle de l’entablement.
A quatorze mètres (y) de l’entrée du temple, on trouve deux colonnes enterrées,
dont on ne voit plus que les chapiteaux : plus loin encore sont des restes
d’édifices presque entièrement cachés sous les décombres. Il paroît qu’il y avoit
là des constructions assez étendues : mais il est difficile de dire si elles étoient
liées au^plan du temple; il n’y a ’ qu’une fouille qui auroit pu nous l’apprendre,
et 1 on n a pas eu le temps de l exécuter.
Les petits édifices qui accompagnent ordinairement les grands temples, comme
ici à Edfou , ainsi qu'à Denderah et en d’autres lieux, ont tous une disposition
constante qui diffère tout-à-fait de la disposition ordinaire : c’est toujours une
ou plusieurs salies entourées de galeries de colonnes ou de piliers. Cette partie
(1) Dix-neuf pouces.
(2) Quatorze pieds.
(3) Voyez p l. 6z,fig. r , côté a b , et pl. 64.
(4) Deux pieds huit pouces.
($) Quarante-trois pieds.
étoit précédée d’une enceinte de colonnes plus élevées et à jour : tantôt cette
enceinte a disparu, ou même n’a pas été construite, comme on l’observe à Edfoû,
à Denderah, &c. ; tantôt cette enceinte est debout, et c’est le temple qui
manque, ainsi qu’on le voit à Philæ : mais on trouve à Hermonthis l’une et l’autre,
et cet exemple fait voir ce qu’étoit la disposition complète d’un Typhonium (i).
La dénomination de Typhonium convient bien à ces petits temples; car l’image
de Typhon et les figures Typhoniennes y sont perpétuellement répétées : Strabon
d’ailleurs a consacré1 ce nom (2). La figure de Typhon y est représentée au-dessus
des chapiteaux des colonnes, et presque en ronde-bosse, sur un dé fort alongé,
qui a la même largeur que le fût. Cette décoration d’un style particulier, et ces
dés d’une hauteur extraordinaire, constituent l’un des caractères principaux des
Typhonium, et leur donnent une physionomie propre. On a essayé d’en fournir
une idée complète, en représentant le petit temple d’Edfoû entièrement déblayé
et chargé de tous ses ornemens (3).
Une autre remarque générale qui est propre aux petits temples, c’est que leur
direction est perpendiculaire à celle des grands édifices qu’ils accompagnent :
cette particularité est digne d’attention (4). Ici, à Edfoû, l’angle formé par les
axes des deux temples est de 990. Comme le grand temple est tourné exactement
au midi, le Typhonium regarde le levant. Il n’y a pas de doute que cette
différence d’exposition n’eût un motif: il seroit intéressant de le découvrir; mais
je ne m’arrêterai point à cette recherche.
Le dé. alongé qui surmonte les colonnes, n’est pas toujours sculpté; mais,
dans ce cas, il est manifeste que cela est dû au défaut d’achèvement, et que ce dé
devoit contenir sur Jes quatre faces une figure de Typhon, semblable à celle qui
se voit à Edfou (y). La taille de cette dernière figure est un peu au-dessous de la
stature humaine. Son attitude a quelque chose de pénible ; elle a les jambes écartées
, et les mains appuyées sur les hanches ; une ceinture nouée derrière le dos
descend entre les jambes : ses membres sont courts; la grosseur en est disproportionnée
, mais celle de la tête l’est encore davantage. Cette tête, presque sans
front, extraordinairement large et toute barbue , a un caractère encore plus
bizarre que monstrueux, et ne ressemble pas mal à une caricature. La physionomie
est riante ; les yeux, les coins de la bouche et les joues sont tirés en haut,
et les dents sont a découvert. Tous ces traits ont été sculptés d’un ciseau forme,
et font voir quelque connoissance de l’anatomie extérieure (6) ; les sourcilières qui
rident les sourcils, lorbiculaire qui ferme la paupière, les pyramidaux qui dilatent
le nez, les muscles qui relèvent et tirent la lèvre supérieure vers l’oreille, en un mot
tous les muscles qui concourent à l’expression du rire, sont fortement exprimés.
La gravure na pu rendre tous ces détails, à cause de l’échelle; on trouvera de ces
figures en grand dans les planches de la collection (7).
(1) Voyez pl. 9 4 , et la Description d’Hermonthis.
(2) Strab. /. x v i J , p. S/j.
(3) Voyez pl. 6S .
(4) Voyez *es P,ans d’Ombos et de Philæ; il en est de
même à Karnak , à Denderah.
A . D .
(5) Voyez pl. 62.
(6) Voyez suprà, p. 2 5 , note (2).
(7) Consultez les pl. 96 , f i g . j , et 9 7 , fig. 1 , ainsi
que les planches du Typhonium de Denderah. -
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