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 de plus naïf que la pose de  cette  figure;  et  sans  la  violation  des règles  de  la perspective  
 ,  on  n y  trouverait  rien  à redire  :  c est  le motif de  ces  beaux  archanges  
 qui se  voient dans  les  tableaux des  grands  peintres  de  ¡’école  Italienne. 
 Dans  la  partie  inférieure  du mur,  est  une  rangée  A'uboeus  dont  les  têtes  sont  
 surmontées  de  disques;  elle  est  placée  au-dessus  d'une  corniche  peu  saillante. 
 •  La   distribution  irrégulière  des  fenêtres mérite  d’être  remarquée ;  elle  ne  peut  
 etre justifiée  que  par  la  nécessité  où  l’on  s’est  trouvé  d’éclairer  convenablement  
 les couloirs très-étroits qui renfermoient les escaliers. Toutes ces ouvertures étoient  
 probablement  fermées  autrefois  par  des  claires-voies  en  pierre. 
 Les  deux corps  de bâtimens symétriques  que nous venons  de  décrire,  communiquent  
 a  un  pavillon  carré  formé  de  plusieurs  étages;  on  entrait  au  rez-de-  
 chaussée  par  une porte  qui  étoit pratiquée  dans le mur  de  face,  et  qui  est maintenant  
 enfouie  jusqu’au  linteau.  Au-dessus  sont  deux  fenêtres  plus  larges  que  
 hautes,  dans  l’intervalle  desquelles  on a sculpté  un globe  ailé ; elles  éclairent  deux  
 salles  qui sont  situées  l’une  au-dessus  de  l’autre,  et  qui  ont  cinq  mètres  de  hauteur. 
   Ces  salles  reçoivent  encore  de  la lumière de  baies  pareilles, pratiquées  darfs  
 la  face  opposée,  et  de  fenêtres  ouvertes  dans  les  murs  latéraux;  celles-ci  sont  
 moins  considérables  que les premières,  et  l’une  d’elles  (i)  est  remarquable  par son  
 encadrement d’hiéroglyphes et de globes ailés. Au-dessus de la corniche est une frise  
 composée  de  deux éperviers  et  de deux  légendes  hiéroglyphiques, sur lesquels un  
 globe  lance  des rayons  de  lumière. 
 La pièce  du  premier  étage  a  été  très-endommagée  :  elle  n’a  plus  de  plafond;  
 mais  on  retrouve  encore,  dans  les  murs,  les  rainures  où  étoient  encastrées  les  
 pièces de bois dont  il  étoit formé. On  est assuré que le  plafond ne pouvoit point  
 être  composé,  comme par tout ailleurs, de grandes dalles de pierre, qui, à en juger  
 par  le  peu  de  hauteur  des  rainures,  eussent  été  trop  minces  pour  comporter  
 quelque  solidité.  Cette  pièce  n offre  plus  que  des  restes  de  son  ancienne  décoration, 
   qui  consistoit  en peintures  et en  sculptures; mais,  comme  ils  ont beaucoup  
 d analogie  avec les  ornemens  de  la  salle  supérieure,  nous  nous  bornerons à parler  
 de  ces  derniers. 
 Le plafond de la salle du second étage est orné de losanges et d’un  encadrement  
 très - agréablement  dessiné  et  colorié.  Sur  les  chambranles  intérieurs  des  croisées  
 ainsi  que  sur les plafonds des linteaux, on voit des  commencemens  de peintures et  
 de sculptures. La  frise  qui s’étend tout autour de  la salle,  depuis  le plafond jusqu’à  
 la partie supérieure  des  croisées, a des ornemens agencés avec  goût : ils  consistent,  
 dans  la  partie  supérieure, en  fleurs  de  lotus  renversées  et  séparées  par  des  vases  
 sur lesquels on a voulu probablement  figurer des fruits. Sur les murs latéraux, on n’a  
 indiqué que les masses des  fleurs  de  lotus,  et  les  vases  sont  remplacés par  des grenades; 
   au-dessous sont de  grands  hiéroglyphes  distribués  avec  symétrie  et sculptés  
 avec  beaucoup  de  recherche  et  de  soin.  Les  oiseaux et  les  animaux  sont sur-tout  
 dessinés avec  esprit.  La  troisième partie de  la frise  offre  une  suite d’uboeus dont  les  
 têtes sont surmontées  de disques. 
 (i) Voyez pl. 4 , fig. g , A . vol. II. 
 Cette 
 Cette  salle  supérieure  renferme  des, sculptures  dont  les  sujets  diffèrent  entièrement  
 de  ceux  que  l’on  trouve  dans  les  temples;  ce sont  des  scènes  familières.  
 Dans  le  premier  tableau,  un  personnage •fest  assis  sur  un  fauteuil  de  forme  élégante  
 et  d’un bon  style  : une  femme  est debout devant lui,  et lui présente un fruit  
 de  forme  ronde;  elle  est  coiffée  de  tiges  et  de  fleurs  de  lotus,  plante  dont  on  
 voit  en  outre  derrière  elle  un  faisceau  diversement  arrangé.  Le  personnage  la  
 prend  par  le  bras  pour  l’attirer  à  lui,  et  lui  passe  la  main  sous  le  menton.  Le  
 second  tableau  offre  une  scène  analogue.  Ces  sculptures  ne  répondent  point au  
 genre  gracieux  du  sujet;  les  formes  roides  du  dessin  et  le  défaut  de  perspective  
 leur  ôtent  toute  espèce  de  charme. 
 On  voit  ailleurs  un  tableau  composé  de  deux  femmes  coiffées  de  lotus,  qui  
 paraissent  agiter,  au-dessus  d’un  autel,  des  étendards  en  forme  d’éventails: 
 Ce  pavillon .est  curieux par  sa  fonne, sa construction,.et le détail  de  ses  sculptures. 
   Sa  position  sur-tout  est  heureusement  choisie.  Rien,  en  effet,  n’est  plus  «  
 magnifique  que  la  vue  dont  on  jouit  de  la  pièce  la  plus  élevée  de  cet  édifice. 
 On  voit à l’ouest les montagnes de l’Arabie  qui  bordent  l’horizon ;  au  nord-ouest,  
 la  chaîne  Libyque  où  sont  creusés  les  tombeaux  des  rois  et les  hypogées;  à  l’est,  
 sè développe  une  plaine  immense  couverte de  verdure après  l’inondation  :  on découvre  
 aussi une  partie  des monumens  pittoresques  de  Louqsor  et  de  Karnak,  et  
 l’on domine sur toutes les ruines de Medynet-abou. 
 L ’édifice  étoit couronné de ces espèces de  créneaux (1)  que nous n’avons remarqués  
 qu’au-dessus  des  forteresses  représentées  dans  les  bas-reliefs,  principalement  
 dans  le  palais  de Karnak  et  sur  les  murs  du tombeau  d’Osymandyas (2). 
 Nous  avons  cherché  à  rassembler  ici  tout  ce  qui  peut  faire  bien  connoitre  
 le  monument  singulier  que  nous  venons  de  décrue ;  ces  tours  carrées  qui  le  
 précèdent,  la  nature  et  l’objet  de  ses  sculptures-,  les  trophées  dont  il  étoit  
 orné,  les  captifs  représentés  dans  une  position  humiliante,  tout  annonce  l’habitation  
 fortifiée  d’un  conquérant  enflé  de  ses  succès.  On  verra  bientôt  que  les  
 sculptures  du  grand  palais de Medynet-abou  sont toutes relatives aux actions guerrières  
 de  Sésostris."  Ne  pourroit-on  pas  présumer  que  ce  pavillon,  qui  d’ailleurs  
 a  une  liaison  intime  avec le palais, a été  l’habitation particulière  de  ce  grand  conquérant! 
   Sésostris,  qui, au  rapport  des  historiens  (3),  faisoit  atteler  à  son  char  les  
 rois  qu’il  avoit  vaincus,  peut  bien  avoir  eu  la  pensée  de  faire  représenter  des  
 captifs  accablés  sbus  le  poids  de  l’architecture. 
 Nous  terminerons  ce  paragraphe  par  une  dernière  remarque,  c’est  que  les  
 habitations  fortifiées  du  genre  de  celles  que  nous  venons  de  décrire,  semblent  
 déceler  l’origine  des  pylônes;  elles  ont  dû  précéder  en  effet  la.construction  des  
 •édifices  sacrés  :  ainsi les  Égyptiens  auraient  adopté  et  en  quelque  sorte  consacré  
 dans  leurs monumens des  formes d’édifices qui devoient leur rappeler  la  vie  guerrière  
 qu’ils  avoient  d’abord  menée. 
 (1)  Voyez pl.  4.,  Jig., 4 ,  A .  vol.  II. 
 (2)  Voye^  la  description  du  tombeau, d’Osymandyas,  section  I I I   de ce chapitre. 
 (3)  Diod. Sic. Biblioth.  hist. lib. i , pag. 68,  ed.  1746. 
 A.  D .  .  E