
des Céleftins par huit fauvages, armés de mafles
de feu ; lorfque ces mafles furent confommées ,
les fauvages revinrent à la charge avec des ron-
daches garnies d’un grand nombre de grenades &
de fufées. Le char fut embraie , & les trophées jetèrent
alors une quantité prodigieufe de toutes fortes
d’artifices.
A ce combat on vit fuccéder l’attaque d un chateau
qui avoit été érigé dans file Louvier. On lançoit
de plufieurs petits forts y des bombes & autres pièces
d’artifices fur un château , qui répondoit par un feu
très-vif. Ce château étoit à quatre faces, chacune
couronnée de quatre pyramides garnies de lances à
feu. Au milieu de ce carré s’élevoit un donjon terminé
par une couronne impériale , & par les armes :
du roi & de la reine ornés de guirlandes. Il y avoit
fur le portail & à l’entour des lances a feu.
Lorfqu’une partie des artifices fut confommee, on
mit le feu à l’un des trophées qui étoient dans l’ile ,
d’où il fortit un feu confidérable & très-varié.'Les
quatre pyramides tournèrent avec rapidité , &
lancèrent en même temps un grand artifice. Enfin ,
neuf autres trophées parurent a-la-fois en feu , oL
jetèrent une multitude de gerbes de fufees qui terminèrent
le fpeâacle.
A un autre feu d’artifice de la même année 1612,
qui fut fait à la Saint-Louis, fur la Seine a Paris, on
y it une fufée allumée fur fon cordage , attache a un
balcon de là galerie du Louvre, porter le feu à une
étoupille qui retenoit la détente d’une machine, par
le moyen de laquelle une grande figure de Jupiter
s’éleva en traversant la rivière, jufques fur le haut
de la tour de Nefle (où eft aujourd’hui le fécond
pavillon du collège Mazarin) ; & là, ce Jupiter qui
tenoit deux foudres dans fes mains, embrâfa cinquante
trompes remplies de fufees qui etoient placées
fur le haut de la tour.
Au feu d’artifice fait fur la Seine en 1660, à l’oc-
cafion de l’entrée de Louis XIV à Paris après fon
mariage , le fommet du mât du navire qui avoit
été conftruit pour le théâtre des artifices, étoit terminé
par un chiffre d’illuminations compofé de 250
étoiles , lequel figurait les noms du Roi & de la
Reine. .
A la naiffance du Dauphin, fils de Louis X IV ,
on fit un feu d’artifice, où il y eut de remarquable
une nuée lumineufe, q u i, s’élevant au deffus du
théâtre de l’artifice , s’entr’ouvrit & montra dans
fon fein , la figure d’un Dauphin éclatant de lumière.
Feu de la paix en 1739*
Lorfque la paix fut conclue en 1739 , la Maifon-
de-Ville de Paris fit exécuter un feu d’artifice, dont
voici l’idée qui nous a été confervée.
Le théâtre étoit un corps d’architeâure en carré
de quarante pieds de côté, terminé dans fa hauteur
par une pyramide de 80 pieds de haut, couronnée
pour amortiflement d’un globe plein d’artifice, &
accompagné de feize grands vafes de différentes
formes. .
Tout l’édifice étoit orné de décorations mêlées
de figures & des attributs de la paix, & peint en
marbres de différentes couleurs.
Après plufieurs falves de vingt pièces de canon
& de boîtes, ce brillant fpe&acle commença par un
prodigieux nombre de fufées d’honneur, tirees par
trois fois ; près de 500 lances à feu & a fauciffons,
garniffoient & éclairaient les quatre faces du corps
au feu.
T rente caiffes d’artifices pleines de fufées de doubles*
marquifes, étoient placées fur la grande terraffe,
avec plus de cent douzaines de pots a feu ; & fur
la baluftrade de la même terraffe, quarante jets dont
vingt à aigrettes j quatre foleils tournans au milieu
des quatre faces , & quatre autres fur les angles.
Quatre grands foleils fixes au deffus des quatre
foleils tournans, quatre pattes d’oie devant les faces
du grand piédeftal de la pyramide avec jets & pots
à aigrettes; & fur les angles du même piédeftal,
quatre grands pots à aigrettes: au pied de la pyramide
fur les gradins, étoient placés environ cent
douzaines de pots à feu, & douze grands pots a aigrettes
fur le piédeftal des quatre faces de là pyramide,
fur le fommet de laquelle étoient trois grands
pots à aigrettes groupés, & trois grandes fleurs de lis
iumineufes, formées par environ 200 lances.
Les quatre faces de la pyramide étoient garnies
par environ cinquante autres jets, & les.quatre extérieurs
du corps du feu par quatre cafcades ou fontaines
dé feu. _
La première girande étoit compofée de fix caiffes,
chacune au moins de vingt douzaines de fufées de
doubles-marquifes.
La fécondé compofée de près de trente douzaines
de pots à feu & de fix caiffes, de q>lus de vingt-
cinq douzaines.dé fufées tontes en étoiles, douze
ballons d’air placés dans l’enceinte au bas du feu, &
douze bombes d’artifices tirées fur des mortiers
placés auprès des canons ôt pointés fur le feu, par,
où finit le fpeéfacle.
Autre feu en 1739, à Voccafion du mariage de Madame
Première de France.
On exécuta, fur le pont-neuf en août 1739, un magnifique
feu en préfence du R o i, à l’occafion du
mariage de Madame -Première de France , avec
l’infant Dom Philippe d’Efpagne.
Le théâtre qui repréfentoit le temple de l’hymen,
étoit un édifice à claire voie d’ordre dorique en
carré long, de trente-deux colonnes de quatre pieds
de diamètre, & de trente-trois pieds de fût ; favoir,
de huit colonnes fur la face & de quatre fur le retour
, portant en deffus une galerie de cent cinq
pieds de long : deux corps folides étoient conftruits
dans l’intérieur- dans lefquels on avoit pratiqué des
efcaliers ; aux deux côtés de ce temple, le long des
parapets du pont-neuf, s’élevoient trente-fix pyramides,
dont dix-huit avoient quarante pieds de haut,
& les dix-huît autres en avoient vingt-fix ; elles fe
joignoient par de grandes confoles , & portoient
des vafes fur leurs îommets.
Le fignal pour commencer, fut donné par les
canons de la ville & les boîtes d’artillerie, placées
fur les bords de la rivière au bas du quai des orfèvres.
Aufîitôt on vit s’élancer dans les airs, de chaqué
côté du temple de l’hymen, 300 fufées d’honneur
tirées douze à douze ; elles partirent des huit tourelles
du pont-neuf qui font face au pont royal, à quoi fuc-
cédèrent fur les mêmes tourelles, 180 pots à aigrettes
& des gerbes d’artifices difpofées en pyramides.
Une fuite de gerbes parut aufîitôt fur la tablette
de la corniche du pont5; & le grand foleil fixe de
foixante pieds de diamètre, fe montra dans toute fa
lplendeur au milieu de l’entablement.
Direéiement au deffoüs, on avoit placé un grand
chiffre d’illumination de couleurs différentes imitant
l’éclat des pierreries , lequel, avec la couronne dont il
étoit furmonté, avoit trente pieds de haut ; & aux côtés
vis-à-vis les autres colonnes, du temple, on voyoit
deux autres chiffres d’artifices de 10 pieds de haut,
formant les noms des illuftres époux, en feu bleu,
qui faifoit un effet furprenant.
On avoit placé fur les deux trottoirs du pont-neuf,
à la droite & à la gauche du temple au1 delà de
l’illumination des pyramides, 200 caiffes de fufées
de partement, de 5 à 6 douzaines chacune. Ces
caiffes tirées cinq à-la-fois fuccédèrent aux fufées
d’honneur, à commencer de chaque côté depuis les
premières auprès du temple, & fucceflivement juf-
qu’aux extrémités à droite & à gauche.
Tout de fuite on vit paroître les cafcades ou nappés
de feu rouge, fortant des cinq arcades de l’éperon
du pont-neuf , qui fembloient percer l’illumination
dont les trois façades étoient revêtues, & dont les
yeux pouvoient à peine foutenir l’éclat.
Au même temps le combat des dragons commença
, & le feu couvrit prefque toute la furface
de la rivière.
Au combat des dragons fuccédèrent les artifices
d’eau, dont les huit bateaux placés avec fymétrie
parmi les bateaux de lumières, étoient chargés.
Au même endroit, dans un ordre différent, étoient
trente-fix cafcades ou fontaines d’artifice d’environ
trente pieds de haut, dans de petits bateaux, mais
qui paroiffoient fortir de la rivière ; ces fpe&acles de
cafcades., dont le fignal avoit été donné par un foleil
tournant, avoient été précédés d’un berceau d’étoiles
produit par 160 pots à aigrettes, placés au bas de
la terraffe de l’éperon.
Quatre grands bateaux fervant de magafin à l’artifice
d’eau, étoient amarrés près des arches du pont-
neuf au courant de la rivière , & quatre autres
pareils du côté du pont royal. L’artifice que l’on
tiroit de ces bateaux, confiftoit dans un grand
nombre de gros & de petits barils, chargés de gerbes
de pots qui rempliffoient l’air de lerpenteaux ,
d étoiles & de genouillères ; il y avoit aufli un
nombre confidérable de gerbes à jeter à la main &
de foleils tournans fur l’eaü.
La fin des cafcades fut le fignal de la grande girande
fur l’attique du temple, qui étoit compofée de
près de 6000 fufées.
Q n y mit le feu par les. deux extrémités au même
inftant , & au moment qu’elle parut , les deux
petites girandes d’accompagnement placées fur le
milieu des trottoirs du pont-neuf de chaque côté, compofée
chacune de 500 fufées, partirent, & l’on entendit
une dernière falve de canon qui termina cette
fête magnifique.
Feu tiré à Verfailles en 173 9 , pour le même fujet.
: On avoit élevé dans les jardins de Verfailles , en
faee.de la grande galerie , un édifice de cent cinquante
toifes de long , & vingt de hauteur , repré-
fentant le palais de l'hymen. Sa forme étoit en portiques
, & circulaire par fon plan dans le milieu, avec
des retours & avant-corps aux extrémités qui faifoient
face aux deux grands baflins , dans le centre defquels
on avoit formé des rochers illuminés & préparés
pour des artifices.
Ce grand fpê&acle commença par le bruit de cent
boîtes; cent fufées d’honnêurfuccédèrent, qui furent
accompagnées de cent autres boîtes ; les forges de
Vulcain ,qui étoient dans les antres des roches des
baflins fur lès pièces d’eau s’emflammerent, & les rochers
commencèrent à retentir des coups de marteaux
des cyclopes, qui frappoient en mefure & réellement
fur de grofles enclumes ; les étincelles couvrirent
en un inftant les deux baflins d’une prodigieufe quantité
d’artifice d’eau..
Par le fommet du rocher , fortoit un jet de feu
brillant de plus de trente pieds de haut, accompagné
de quatre autres moins élevés , repréfentant des tor-
rens de fe u , comme d’un volcan.
A cette flamme, fuccéda le grand jet d’eau ordinaire
de quarante-cinq pieds de haut, qui,fe mêlant
avec les dix-fept jets qui entouroient ces rochers, &
qui, s’élançant avec rapidité, comme autant de fources
vive s, firent une confufion & un mélange brillant
d’eau & de flammes ; enfuite partit le grand feu d’artifice
, placé derrière la décoration dans deux cents
cinquante caiffes, & autant de caillons rangés des
deux côtés des rampes de gazon qui defeendent au
tapis vert.
Les fufées des caiffes & des pots à feu qu'on voyoit
partir au travers des arcades de la décoration, les
rempliffoient d’une clarté v iv e , mais beaucoup moins
violente que les feux qu’on venoit de voir fortir de
l’antre des cyclopes.
A ce prodigieux artifice fuccéda le feu brillant qu'on
avoit placé devant l’illumination ; cette compofition,
ne s’élevant qu’à une moyenne hauteur, plaifoit également
par fes formes & par fa blancheur éclatante.
Ce feu brillant compofoit trois décorations dif-
tin'âes qui fe fuccédoient, l’une remplaçant l’autre,
& marquant le plan général de celle devant laquelle;
il éteit placé»
Y ij