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baguette à rendoubhr le carton ; après quoi, fans ôter
la fufée de deflus la broche, on la perce dans le carton
rendoublè , depuis un jufqu’à quatre trous fuivânt
qu’elle eft grofle, avec un poinçon à arrêt, en le frappant
avec le maillet. L'arrêt fert à empêcher le
poinçon de pénétrer plus avant qu’il ne faut ; il ne
doit percer que le carton, le tampon, & une ligne
ou deux de compoûtion. S’il pénétroit plus avant,
cela affoibliroit le maffif qui donneroit trop tôt feu à
la garniture.
1 50. Lorfque la fufée eft ainfi chargée & arrangée,
on la retire de deflus la broche , on délie la corde
qui confervoit l’étranglement, on effuie la fivfée qui
doit être blanche 8c propre à l’extérieur ; on rogne
ce qui excède le carton rendoublè , 8c la fufée eft j
alors en état d’être garnie.
Lesfig. 23,24,23, 26, repréfentent les baguettes
à charger les fufées , & la fig. 22 repréfente une baguette
pour retirer les fufées volantes du moule ,
lorfqu’elles y tiennent trop.
i<5°. Si l’on veut garder quelque temps la fufée
fans la garnir, il faut coller un rond de papier fur le
bout d’en bas, pour empêcher que l’air n’agifle fur
la compofition ; ce qui s’appelle bonneter une fufée :
il eft à propos aufli de la bonneter fur le maftif, à caufe
des trous qu’on y a faits, par lefquels l’humidité ou
le feu pourroient s’introduire.
Il eft évident que le rendoublement du carton fert
à maintenir la compoûtion dans le cartouche, contre
l’effort du feu qui pourroit fe faire jour, s’il ne trou-
voit une réûftance proportionnée à fa force , 8c que
les trous que l’on a faits fervent à donner feu à la
chajfe, lorfque le maffif eft prefque confumé.
Du pot £ artifice.
Le pot £artifice eft en général un gros cartouche
propre à contenir plufieurs parties d’artifice. Tel eft
celui d’une fufée volante qui renferme la garniture
quelle doit jeter au bout de fa courfe. ( Voyez
fig- 35 )• Le Pot üü ^ll carton que la fufée.
On le roule fur un cylindre de bois, nommé le
moule à former le pot; ce moule, quoique d’une même
pièce, a deux parties cylindriques de différens diamètres;
l’une fur laquelle on roule le pot ; l’autre fur
laquelle on fait l’étranglement. Il doit avoir depaif-
feur pour les doubles-marquifes & au deffous , trois
tours de carton ; & pour les fufées de feize lignes de
diamètre 8c au deflus , deux tours fuflifent, parce
que la carton eft plus épais. Il faut que la partie
fur laquelle on fait l’étranglement foit un peu moins
grofle que la fufée', attendu que l’étranglement fe
relâche toujours, & que la fufée doit y entrer jufte.
Le côté le plus uni du pot doit être deftiné à porter
le chapiteau. S’il y a quelques-uns de ces cartouches
qui ne foient pas bien droits, parce qu’ils auront
été mal roulés, ou parce que le carton en eft défectueux
, il faut les rogner fur le moule même, en
faifant déborder la partie qui eft à retrancher. Le
diamètre du pot doit avoir un diamètre & trois
quarts de celui de la fufée pris extérieurement, &
fa hauteur doit être de deux diamètres, 8c pour les
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fufées de quinze lignes jufques & compris le partement,
on leur donnera la hauteur des lardons ordinaires
faits de cartes à jouer , que ces fufées peuvent porter
pour garnitures; mais les paquets d’étoiles étant
beaucoup moins hauts , on réduira le pot à la proportion
que nous avons donnée ci-deffus, lorfque les
fufées en feront garnies.
Le pot étant étranglé à la mefure convenable, on
le rognera bien droit par le bas , en réfervant un
demi-diamètre de la fufée ou à peu près, afin de le
lier commodément.
On trempera dans l’eau cette partie qui doit être
liée pour la rendre plus flexible, & pour l’attacher
plus ferme fur la fufée, que l’on fera entrer dedans
jufqu’au défaut de l’étranglement, enforte quelle
n’excède point le fond du pot. Après quoi on le
liera fortement 8c à plufieurs tours du noeud de
l’artificier ; enfuite , on collera deflus une feuille de
papier brouillard pour cacher la ligature , & empêcher
qu’elle ne fe relâche.
Le papier dont on couvre la ligature du p o t,
doit être mouillé de colle des deux côtés ; cela
rend le papier plus maniable, 8c fait que les plis ne
paroiffent point. On obfërvera la même chofe pour
tout le papier que l’on emploie à couvrir les fciffures,
ou jointures des fufées 8c des pots à feu.
Pour garnir les fufées , on commence par verfer
dans le pot une pincée de pouflier ; & en f agitant
un peu, on le fait entrer dans les trous qui doivent
communiquer le feu à la chajfe. Enfuite, verfez dans
le pot une cornée dè la compofition des Jardons ou
des chaffes des pots à feu , ou fimplement de celle
dont on a chargé la fufée ; c’eft ce qui s’appelle la
chajfe, laquelle fert à jeter la garniture.
Placez deflus les lardons ou ferpentaux autant que
le pot en pourra contenir , en obfervant toutefois
que la garniture n’excède pas en pefanteur le corps
de la fufée. Une fufée de quatre onces n’en doit
pas pefer plus de huit lorfqif elle eft garnie, 8c ainfi
des autres.
Une garniture trop pefante entraîneroit la fufée à
| terre , ou elle creverort en faifant un demi-cercle,
i On dit d’une telle fufée qu’elle a arqué, pour dire
qu’elle a décrit une ligne courbe.
Interpofez quelques petits tampons de papier
chiffonné entre les lardons, pour les maintenir ftables
8c empêcher qu’ils ne fe dérangent ; fermez le pot
avec un rond de papier gris ou brouillard que vous
collerez deflus.
C ’eft à peu près la même chofe à obferver pour les
étoiles. Elles font à paquets de fix. Il faut les paffer
dans du pouflier pour qu’elles prennent feu plus fubi-
tement, & les placer tout droit fur la chajfe, puis
mettre par deflus un tampon de papier chiffonné qun
tienne le tout ftable , 8c fermer enfuite le pot comme
on vient de le dire.
Le chapiteau eft ce qui termine la fufée en forme
de cône. Il eft fait d’un feul carton pareil à celui du
pot ; voyez fig. y. Pour lui donner la grandeur la plus
convenable , tracez fur du carton un rond au corn?
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pas, dont l’ouvertute doit être d’uji diamètre un
tiers du pot. Divifez ce rond en deux : chaque moitié
donne de quoi former le chapiteau.
Prenez une de ces moitiés, 8c mouillez-la pour en
ôter le reffort; collez le bord de la partie diamétrale
, tant deflus que deffous ; contournez la enfuite
en forme de cornet; faites joindre les extrémités
du carton l’une fur l’autre, depuis la pointe jufqu’en
bas, alors le chapiteau eft formé. Lorfqu’il eft bien fec,
donnez des coups de cifeaux dans la partie qui doit
être collée fur le pot à la diftance d’un doigt l’un
de l’autre , pour qu’elle joigne plus exactement fans ,
faire de plis ; mouillez*la pour la rendre plus fouple ,
& collez-la tant en dedans qu’en dehors. Puis placez
le chapiteau bien droit fur le' p o t, & collez fur la
fciffure une petite bande de papier brouillard, tant
pour la cacher , que pour l’empêcher de fe décoller
•en féchant.
S’il eft. néceffaire de retrancher quelque chofe du ,
•chapiteau, on fe fert pour le rogner droit d’un petit
bout de baguette , dans laquelle on fait traverfer
une grofle épingle à la mefure jufte que l’on veut
donner au chapiteau ; on pofe ce petit bâton dans le
fond du cornet; on trace un rond avec l’épingle
qui eft la marque de ce qu’il faut retrancher.
La fig. 11 repréfente le pot d’une fufée volante ,
& la manière de découper le chapiteau. *
Le chapiteau étant pofé, on amorce la fufée de la ;
manière fuivante. On prend un morceau d’étoupille
pliée double & de groffeur proportionnée ; on le
fait entrer dans Yame de la fufée, à la hauteur d’un
diamètre extérieur ; on le colle dans la gorge ou
écuelle au deffous de l’étranglement avec de l’amorce,
qui eft de la poudre écrafée & détrempée avec de
l’eau dont on a fait une pâte. Il faut avoir attention
de n’en mettre qu’autant qu’il eft néceffaire pour
tenir l’étoupille ; une trop grande quantité, en donnant
trop.de feu , pourroit taire crever ou défoncer la
fufée.
L’étoupille doit êtreaffez longue pour que les deux
bouts qui pendent, débordent la fufée d’un demi-
diamètre. '11 -faut les faire rentrer dans l’écuelle de
l’étranglement, 8c la bonneter; cette précaution eft
d’autant plus néceffaire, qu’une fufée qui défonceroit
pourroit mettre le feu à toutes les autres, &. caufer
beaucoup de défordre.
En cet état, les fufées peuvent être confervées un
grand nombre d’années dans le même degré de bonté,
pourvu qu’elles foient préfervées de l’humidité ,
8c garanties des animaux que la colle attire après le
carton. La chaleur ne leur caufe aucune altération ;
on fait même fécher au four à une chaleur modérée
les fufées qu’on vient de garnir, quand on eft preffé
de les tirer.
La fig. 29 repréfente une fufée montée fans baguette.
Il n’eft pas abfolument néceffaire de mettre.
de pot &ux petites fufées de caiffe, On fe contente
de rouler deflus un morceau de papier gris qu’on y
colle , & dans lequel on met la chajfe & la garniture
autant qu il en peut tenir. On lie le papier par dçffus
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pour les renfermer. Les fufées ainfi garnies montent
très-haut, parce qu’elles font moins chargées; mais
la garniture qu’elles jettent eft peu confidérable 8c.
de peu d’effet.
Une baguette que l’on attache à la ftifée' volante,
la force de s’élever dans une direéfion droite en balançant
fa pefanteur contre laquelle le feu agit par
l’un des bouts qui eft tourné en bas.
Il faut employer le bois le plus léger pour faire
les baguettes. Celles deftinées aux fulées au deflus
des doubles-marquifes, doivent être dreffées par un
menuifier, parce qu’il eft fort rare de trouver des
branches d’arbres affez droites , longues 8c menues
pour fervir à ces fufées.
Les bois légers, tels que le coudre, le faule, l’ofier,
&c. fourniffent abondamment des baguettes propres
pour les fufées des doubles-marquifes & au deffous.
Voyez fig. 2y, une fufée volante fur fa baguette.
La baguette doit avoir huit ou neuf fois la longueur
de la fufée , non compris la garniture dont la
Hauteur varie. La partie la plus grofle de cette ba**
guette qui eft celle oh l’on attache la fufée , ne doit
avoir au plus qu’un demi-diamètre extérieur de la
fuféé. Ainfi , la baguette d’une fufée de deux pouces,
n’en aura qu’un d’épaiffeur en tête , & de même des,
autres à proportion. Elle doit diminuer infenfible-
ment de groffeur, & fe terminer prefque en pointe»
La tête d’une baguette étant trop grofle , & la
queue étant pefante à proportion, elle chargeroit
trop la fufée, elle raîentiroit ou même empêcheroit
fon élévation ; & fi l’équilibre n’étoit point gardé ,
8c que la queue de la baguette fût trop légère , la
fufée auroit un effet de même que fi elle portoit
une garniture trop pefante ; elle ne s’enlèveroit qu’à
une médiocre hauteur, 8c retomberoit à terre en.
faifant un demi-cercle ; 8c , comme difent les artifU
ciers , elle arquer oit.
Plus les baguettes ont de longueur , plus les
fufées montent droit. Elles ne fauroient avoir trop
de longueur, pourvu qu’elles fe trouvent en équilibre
à une certaine diftance , lorfque les fufées y
r font attachées. Cette diftance fe règle par le diamètre
extérieur de la fufée.
On en donne trois aux plus .petites fufées jufques 8c
compris celles de quatorze lignes , deux diamètres
& demi pour celles au deflus jufques & compris les
fufées de deux pouces, 8c deux diamètres pour celles
au-delà; fuivant ces proportions , la baguette d’une
fufée d’un pouce , doit être en équilibre à trois
pouces de la gorge ; celles de deux pouces, à cinq,
8c celles de trois pouces, à fix.
Pour trouver ce point d’équilibre, on fe fert d’un
couteau fur le tranchant duquel on pofe la baguette,
ou même fur le doigt ; fi elle eft trop légère , i l :
faut en changer , ou attacher au bout quelque chofe
de lourd , qui faffe peu de réfiftance dans l’air. On
prend ordinairement pour faire ce contrepoids, un
cartouche de lance à feu dans lequel on fait entrer
la baguette, & on la lie deflus. S’il s’agit de peu
| de chofe, il fuffit d’attacher la fufée d’un pouce ou