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l’avant-bràs, mefuré depuis le coude jufqu’aux
,ars. Elle doit être en forme ;de cône, & aller in-
fenfiblement jufqu’à deux ou trois travers de doigt
■ au deffus du jarret : la jambe, doit être ütuée obliquement,
lorl'qu’elle eft droite', on dit que le cheval
.efl droit fur fin jarret *
Le jarret eft cette jointure fituee au bas de la
'jambe ; pour être bien confirait, il doit paraître
tdifforme à un connoiffeur , c’eft-à-dire que pofte-
rieurement la pointe du jarret doit etre détachée
du bas-de la jambe , à y laiffer une feparation, &
qu’en devant il y a un pli fur lequel on puifle
diftinguer une efpèce de cercle qui eft un tendon
extenl'eur de l’os du pied: en dedans il faut quil
préfente deux groffeurs, une à la pointe moyenne
de la jointure , Si une autre dans la partie inferieure
avec étranglement au bas; l’entre-deux de ces grof
feurs, doit former une cavité. Ces groffeurs en
impofent à bien des gens qui les voyant detachees
l’une de l’autre , les prennent pour des eparvms.
En dehors du jarret fe remarque une groffeur alon-
gée, & un étranglement moins marqué qu’en dedans.
Toutes les fois qu’on verra un jarret arrondi, dans
lequel on ne diftinguera aucune forme, ce fera
toujours un vice de conformation ou une: fuite dac-
cidens. On dit qu’un cheval eft jarreté, lorfque les
pointes des jarrets fe touchent : mais en examinant
la partie avec attention, on s.aflurera que ce
défaut ne dépend point du jarret, mais de l’os de
la cuiffe dont la tète fe dérange de fa cavité; ce
qui le prouve , c’eft que l’animal porte le pied en
dehors; d’ailleurs l_es os de cette partie n ont point
de mouvement de rotation fur l’os du canon. Les
■ chevaux qui ont ce défaut, font pour l’ordinaire
mous dans leur train de derrière, & manquent de
iforce dans les reins. r~ r
Les pieds, pour être bien fitues, doivent fe poler
à plat, lorfque l’animal marche, fans être tournes
ni en dedans ni en dehors , mais la pince direfle-
ment en avant. Les chevaux qui ont été fourbus
ou mal guéris, pofent le talon le premier.
Le canon de derrière doit être plus long que celui
du devant, plus arrondi ; les nerfs doivent etre autii
plus détachés. On veut que le paturon foit un
peu plus long & plus étroit , la couronne de
même. Le fabot doit être'moins arrondi que ce
qu’on appelle roulage.
Les voils varient en couleurs, quelle qu elle ioit;
on dit communément ce cheval efl de tel poil onde
telle robe. On diftingue les poils en réguliers, &
en non-réguliers; il n’y a que le noir qui foit regu-
lier ; tous les autres font irréguliers , .parce qu ils
contiennent toujours une ou plufteurs couleurs.
Le noir eft le plus commun., & fe diftingue en
noir geai & en'mal teint. Les marques blanches que
les chevaux ont en tête ou aux pieds, ne les empêchent
elles forment un bel effet, font plus agréables a là
vue fur les chevaux noirs que fur les bais.
11 faut avertir que les maquignons ont fouvent
l’adreffe de faire des tâches noires fur un cheval blanc; .
& voici la meilleure recette dont ils ufent pour cet
effet. ’ >.
pas d’être réguliers. Parmi les chevaux nous,
. 51 y en a qu’on appelle miroités ou pommelés, chez
Jefquels on apperçoit des nuances, liftes & polies,
, plus claires en certains endroits que dans d’autres ;
Prenez une once & demie de litharge dargent,
trois onces de chaux vive ; melez & broyez exactement
ces deux matières; mettez les dans un pot,
verfez par deffus une forte leflive , & faites bouillir
ce mélange ; il fe formera à la furface.une pellicule
graffe , que vous en ôterez, & vous en frotterez I
un cheval aux endroits que vous voudrez noircir ;
le poil y deviendra noir fur le champ.
Pour teindre en noir un cheval, roux , on fuit^ le I
même procédé qu’on vient de dire , linon que 1 on 1
prend une dote égale de chaux & de litharge, Ôc
qu’au lieu de leflive, on les fait bouillir dans 1 eau.
On enlève la pellicule qui fe forme a la furface, on
en frotte le cheval. Si on fait cette opération le foir,
le lendemain le poil fera devenu noir.
Parmi les poils irréguliers font le bai, dont la |
couleur eft rougeâtre. La marque à laquelle on re-
connoît un cheval bai , eft à fes crins & au bas des |
jambes. On diftingue lé bai clair, le bai chatam,
le bai brun ou foncé , le bai a miroir , &c.
Val^an eft un poil qui ne diffère guère du bai;
ila comme , lui différentes nuances , telles que al^an
clair, al^an foncé , al\an poil de vache , al\aii vif,
alçan obfcur, alçan brûlé.
On dit proverbialement al^an brillé, plutôt mort que
lajfé ; ce qui veut dire que les chevaux de ce poil font
fi vigourepx & ft courageux , qu’ils ne fe laffent
jamais. ' , ,
Auber, ou aubere, cheval dont le pou eft de la
couleur de fleur de pêcher , ou cheval poil de mille•-
fleurs, c’eft-à-dire, qu’il a le poil blanc , mais varie
& femé par-tout le corps de poil alezan & de bai.
On prétend ( on ne fait pourquoi ) que ce cheval
eft fujet à perdre la vue , &. qu’il eft peu eftime
dans lés manèges. Il n’a pas , dit-on , encore beau*
coup de fenfibilité. à la bouche ni aux flancs.
Le balzan eft un cheval qui a des balzanes a quelqu’un
de fes pieds, ou à tous les quatre. On appelle
balzane, une marque de poils blancs qui vient.aux
pieds de quelques chevaux, depuis le boulet jufqu au
fabot, devant & derrière. ' . .
Le poil gris eft mélangé de noir , de noir ma
teint, ÔL de blanc la couleur dominante eft le mal
I teint. ' ; j$ | | | - ■ '
On rencontre fort rarement des chevaux totalement
blancs. Les parties qui blanchiffent les premières
y font le cou, les épaules , le corps , lesl
feffes, enfuite la tête , enfin les extrémités cfo haut
en bas ; enforte que toutes les fois qu’on verra un
cheval dont le bas des quatre jambes fera blanc ,|
& le refte du corps très-blanc, on peut en augurer
qu’il eft fort vieux. Il faut cependant remarquer
qq un cheval gris peut naître avec le bas des quatre
jambes blanc , mais ce cas eft rare. Le gris fe diftingue
auffi en différentes efpèces. •
il y a encore d’autres efpèces de poils, tels font
le rouhan, mêlé de blanc & de bai ; le rouhan cap
de mort, le tigre, le pie, le porcelaine, . ,
Tout cheval qui n’eft ni gris ni blanc, & qui n eit
que d’un foui poil, eft nommé \ain,
1 Le poil blanc fur le front eft appelé pelote ou étoile ;
s’il fe continue entre les yeux jufqu’aux nazeaiix en
manière de bande, c’eft le chanfrein blanc s’il rend
les pieds blancs, on dit que ce font des balfar.es.
Si le bord de la balfane eft dentelé, ,ceft une bal-
fane dentelée ; fl on y voit des taches noires,, elle
eft herminée ou tachetée. Le cheval travat a^ les
deux pieds du même côté, de devant & de derrière,
blancs. Le ttanflravat a de même les deux pieds
blancs , mais oppofés & en diagonale. ?
La face ou le chamfréin eft dans le cheval 1 efpaçe
qui , depuis les four dis ou le .bord inferieur des
falières , règne jufqu’à l’endroit ou les os du nez
terminent inférieurement leur trajet. Les chevaux
dont le chamfréin eft blanc , c’eft-à-dire, dont l’étoile
ou la pelote qui eft fltuée au milieu du front, fe
propage & s’étend en forme de bande jufqu aux
nazaux, font appelés belle face. L’épithète prouve
fans douté que cette marque a été confidérée comme
un trait de beauté dans l’animal. Quoique nous
ayons confervé cette expreffion, nous n’adoptons
pas les préjugés des anciens à cet égard. Nous nous
croyons fondés à rejetter auffi les idées qu’ils fe font
formées de la bonté, du bonheur ou du malheur, de
la franchife ou de l’indocilité du cheval , relativement
à l’exiftence ou à la non-exiftence de cette
bande de poils blancs, à fa non-interruption ou à
fa difparition dans certaine étendue , à ron plus ou
moins de prolongement fur la, lèvre antérieure, qui,
noyée ou recouverte entièrement de ces mêmes
poils , 'conftitue le cheval qui ( fuivant l’expreffion
proverbiale y boit le blanc dans le lait.
On exclut avec foin des haras , les étalons &. les
jumens belle: face ., par la raifon qu’ils fourniroient
trop de blanc, & que les poulains qu’ils produiroient
pourroient en être entachés d’une manière defa-
gréable à la vue.
Pour favorifer ce préjugé , fondé fur l’ignorance,
fuivant lequel on croyoit que tout cheval qui n’avoit
point quelque marque blanche fur le corps étoit
vicieux, on imagina d’en faire paroître aux chevaux
qui n’en avoient point. Comme on faifoit fur - tout
heaucoup de cas de ceux qui avoient fur .le devant
du front , cette efpèce d’épi ou rebrouffement d^
poils blancs que nous venons de nommer étoile od8
pelotte , quelques maquignons tentèrent de l’imiter ;
pour cet effet, ils font une plaie au milieu du front
du cheval , en y appliquant une éçreviffe rôtie &
brûlante; d’autres percent le cuir avec une alene,
& pratiquent flx trous, dans lefquels ils retiennent
longitudinalement & tranfverfalement des petites
verges de plomb , dont les extrémités reftent en
dehors, &. débordent de manière que ces verges
font placées en figure d'étoile. Ils paffent enfuite une
corde de laine ou un lien quelconque fous ces fi*
pointes ; ils la eroifent deffus , & font autant de
tours qu’il en faut pour que’ toute la place de la
pelotte foit couverte ; après quoi , ils-arrêtent ce
lien avec un noeud, &. rabattent les-extrémités des.
verges fur la peau. Quelques jours après ils les retirent,
& il en réfulte une plaie qui occafionne là
chute du poil, lequel en.renaiffant reparoit blanc.
Mais on reconnoît la fraude , & ces étoiles ou
pelottes en quelque forte artificielles, à un efpace
fans poils , qui eft au milieu, & parce que les poils
blancs qui la forment ne font pas égaux.
Connoiffance de Vâge du chevalpar rinfpeêüon des dents ,
depuis fa naijfance jufqu à vingt-fepl ans.
Il n’y a que les dents incifives & le crochet qui
indiquent l ’âge du cheval ; les molaires n’ont cet:
ufage que-vers les derniers temps de la vieilleffe. Il
n’y a ni chevaux, ni jumens qui marquent toujours ;
il y en a à la vérité qui marquent plus, long-.temps ;
mais cela ne fait jamais une grande différence.
■ Cependant on diftingue dans le commerce; une
efpèce de chevaux qu’on appelle bèguts, c’eft-à-dire,
qui marquent toujours naturellement, & qui ne perdent
jamais ce qu’en terme de l’art on nomme germe
de fève ; ce qui dépend, dit-on, de ce que ces chevaux
ont les dents fi dures qu’elles ne s’ ufent point,
& qu’ainfi les taches noires ne fe trouvent point,
détruites.
On dit qu’il y a plus de jumens que de chevaux
b èg u ts ; d’ailleurs , malgré cette exception, foit chevaux
ou jumens, il y à toujours des indices certains
de l’âge par la largeur des dents, par leurs filions,
leurs figures ou leur plantation.
Le nombre des dents, aux chevaux , auffi bien
qu’aux hommes, n’eft pas abfolumetit réglé, les uns
en ayant plus j les autres moins. Au fond de la
bouche font les dents mâcheliéres , au devant font
les dents de lait, entre deux font celles qu’on appelle,
les crocs. Aux dents de lait ^ àmefure que le cheval
les met bas, fuccèdent les pinces, les dents mitoyennes
& les coins. Suivons les.progreffions de ces dents,
qui font les meilleurs certificats de l’âge du cheval.
Le cheval naît avec fix dents molaires à chaque
mâchoire ; dix ou douze jours après fa naiffance,
il lui pouffe deux pinces à chaque mâchoire ; quinze
jours après, les mitoyennes paroiffent ; trois mois
après celles-ci, les coins fortent.'
A dix mois, les incifives font de niveau & creufes ;
les pinces , moins que les mitoyennes, & celles-ci
moins qu'e les coins.
A un an , on diftingue un. col à la dent ; fon corps
a moins de largeur & eft plus rempli; à cet âge, il
paroît auffi quatre dents molaires, trois de poulain
& une de cheval,
A dix-huit mois , les pinces font pleines, & le
poulain a cinq dents molaires , deux de cheval ÔC
trois de lait»