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convénient, qui eft que la difficulté que la poudre
trouve d’abord à s’échapper , fait qu’elle tourmente
extrêmement l’affût, la plate-forme & le mortier,
qu’il eft prefque impoffible de maintenir fous l’angle
où on l’avoit pointé. Ainfi la bombe partant fous
une direéfion differente que celle qu’on lui avoit
donnée, s’écarte beaucoup du but. [ Cet inconvénient,
joint à celui de ne pouvoir écouvillonner exactement
le canon, les a fait, comme nous 1 avons dit,
abandonner entièrement dans le canon. ]
Quand on ne veut pas tirer loin, & qu’on ne met
dans la chambre qu’une petite quantité de poudre,
il y refte un grand vide qui diminue beaucoup la
charge, parce quelle n’eft pas ferrée, & l’on ne
peut remplir ce vide de terre, par la difficulté de
l’étendre également. C ’eft pourquoi on fe fert peu
de ces mortiers à chambres fphériques pour l’attaque
des places^, les réfervant quand on eft obligé
de faire un bombardement de fort loin ; alors ils
font excellens. On a cherché à conferver ce que ces
chambres ont de bon, en corrigeant ce qu’elles ont
de défeélueux. C’eft ce que l’on a fait dans les
chambres à poire. Le fond de ces chambres eft a
peu près une demi-fphère, dont le diamètre du grand
cercle détermine celui de la chambre : delà les parois
vont rencontrer l’entrée en adouciffant : le diamètre
eft un peu plus petit que celui du fond. L’avantage
de cette chambre eft que deux livres de poudre y
font plus d’effet que trois dans le mortier cylindrique,
toutes choies étant égales d’ailleurs. Ces mortiers ne
font pas fujets à cafter leurs bombes, & Ton y»met
suffi peu de poudre que l’on veut, fans que cela
leur ôte rien de la propriété qui leur eft effentielle,qui
eft que la poudre fe trouvant plus ramaffée, s’enflamme
à la ronde pour réunir tous fes efforts. Alors
la flamme pouvant gliffer pour ainfi dire entre les
parois qui fe trouvent depuis le milieu de la chambre
jufqu’à l’entrée , fans être emprifonnée comme dans
la chambre fphérique, elle s’échappe plus aifément,
& ne tourmente point tant l’affût & les machines
dont on eft obligé de fe fèrvir pour pointer.
Enfin, on s’eft fervi dans ces derniers temps de
mortiers à cône tronqué. Comme cette chambre eft extrêmement
évafée, la poudre s’y enflamme affez facilement,
mais auffi elle a la liberté de fe dilater , fans
rencontrer d’autre obftacle que la bombe ; ce qui fait
que la même quantité ne chaffe pas tout-à-faitfiloin
que dans les mortiers à poire ; mais elle chaffe au-delà
des cylindriques. La figure de ce mortier eft plus commode
que toutes les autres pour l’appuyer folidement
contre les coins de mire, lorfqu’on veut le pointer
fous quelque angle que ce foit, à caufe que le métal
y eft uni. M. Belidor ajoute que dans les différentes
épreuves qu’il a faites , il n’a jamais tiré fi jufte
qu’avec ce dernier mortier.
L e mortier fe place fur un affût pour la facilité de
fon fervice. Pour faire connoître les principales di-
menfions du mortier, on joint ici la table fuivante,
tirée de l’ordonnance du 7 o&obre-i732.
Profondeur de l’ame,
compris le fond de
pi. po. li. poi. pi. po. li. poi«
demi- rond. . . . .
Fronfondeur de la
I 6 12 4 <5
chambre..................
Ouv. de la chambre
9 6 2 î
par le haut. . . . .
Ouv. de la chambre
par le bas , les angles
du fond remplis
d’un quart de
diamètre ou portion
4 2 9
de cercle. . . . . .
Epaiffeur du métal à
4 2 9
' la volée. . . . . . .
Epaiffeur du métal au
2 I 6
renfort.....................
Hauteur du renfort.
Epaiffeur du métal
autour de la cham-
2
7
6 2
5
bré. . . . . . . . .
La chambre en de-
4 2 9
dans les tourillons.
Diamètre des toui
i 8
riions................ ...
Longueur des tou-
7 3 4 8
rilions.. . . . . . .
Longueur des maffes
2 4 i 6 8
de lumières..............
Diamètre au gros
4 6 3
bout......................... 2 4 i 8
Diamètre
petit
bout. . .
1 4
Poids defdits mortiers. 1450 liv.*
Poudre que contient la
chambre. . . . 5 f
500 liv.
Table de dimenjîons du mortier de dou%e pouces de calibre
\ à chambre - poire , contenant cinq livres 6* demie de
poudre.
Profondeur de l’ame, compris le demi
rond. . .......................................
Profondeur de la chambre. . . .
Ouverture du diamètre de la chambre
par le haut. . . . . . . .
Ouverture du diamètre de la chambre
par le bas, dont le fond eft demifphérique..........................
. . .
La lumière percée raz le fond de la
chambre,
pié. pou. lig*
Epaiffeur dumétaldeffousla chambre.
Epaiffeur du métal autour du plus
rgrand diamètre de la chambre. .
Epaiffeur du métal au haut de la
chambre. . . . • • • • ^ •
Hauteur du renfort, dont le milieu
répond au centre qui décrit le fond
de l’ame............................
Epaiffeur du métal au renfort. . .
Epaiffeur du métal à la volée. . .
Diamètre des tourillons......................
Longueur des tourillons. . . . .
Longueur de la mafle de lumière. .
Diamètre au gros bout. . . . .
Diamètre au petit bout.......................
Poids de ce mortier. . .
p\é. pouc. lig.
7 ÎO
3
4 3
7
3
2 3
7 3
2 4
7
2 4
i 8
1700 liv.
Table du prix des façons des mortiers & pierriers.
Fonderies.
M o r t ie r
de
l a pouces.
Mortier
de
8 pouces.
Mortier
de
6 p ouces.
Pierriers
' de
i y pouces.
livres. livres. livres. livres.
Paris.................... 45° 35? 20b 350
D o u a ÿ ................ 250 100 250
Strasbourg. . . 440 320 270
L y o n ................... 370 285 235
Perpignan. . . 300 250 200 200
M o r t i e r - P i e r r i e r . Le pierrier pèfe ordinairement
1000 livres. Il a quinze pouces de diamètre à
fa bouche, & 2 pieds 7 pouces de hauteur.
La profondeur de la chambre évafée par le haut, fans
y comprendre l’enrrée où fe met le tampon, eft de huit
pouces. Les tourillons ont cinq pouces de diamètre.
La chambre doit entrer d’un pouce dans les tourillons.
L’épaiffeur du métal au droit de la chambre a trois
pouces, l’épaiffeur du ventre deux , & le long de la
volée un pouce & demi. L’angle fe place au ventre.
Le mufle ou mafque fert de baffinet à la lumière.
On charge le pierrier de la même manière que le
mortier, c’eft-à-dire qu’on y met d’abord la quantité
de poudre dont la chambre doit être remplie. On recouvre
cette poudre de foin & de terre qu on refoule
avec la demoifelle ; après quoi on jette ou on pofe
deffus une quantité de pierres & de cailloux.
L’effet du pierrier eft très grand. L’efpèce de grêle
de cailloux qu’il produit, fait beaucoup de défordre
& de ravage. Pour qu’il réuffiffe parfaitement, il faut
qu’il ne foit éloigné que d’environ 150 pas de l’endroit
où l’on veut faire tomber les pierres dont il eft
chargé. On mêle quelquefois des bombes & des grenades
avec ces pierres, ôt l’effet en eft encore plus
grand.
Il y a une autre forte de pierrier dont on fe fe r t,
particulièrement dans un vaiffeau , pour tirer à l’abordage
des clous, des .ferremens contre l’ennemi.
On ouvre ces pierriers par laculaffe, & leurs chambres
pouvant être démontées, on les charge par ce
moyen, au lieu de les charger par leur .bouche,
comme on le fait par rapport aux autres armes a feu.
On s’eft fervi autrefois de cette, efpèce de canon
fur terre ,, mais il y a long-temps fcjue l’ufage en eft
interrompu. M. de Saint-Remy dit même qu’on a
refondu tous ceux quife trouvoient dans les arfenaux.
Le pierrier eft auffi une manière de mortier avec
lequel on jette des pierres dans un retranchement ou
autre ouvrage. Il fe charge comme le mortier ordinaire
; & les pierres ou cailloux fe mettent dans un
panier à la place de la bouche.
M o r t i e r p e r d r e a u x ou a p e r d r e a u x eft un
mortier accompagné de plufieurs autres petits mortiers
pratiqués dans l’épaiffeur de fon métal. Chacun
de ces petits mortiers a une lumière percee a un
pouce de fon extrémité , laquelle répond a une pareille
lumière percée dans l’epaiffeur du gros mortier,
immédiatement au delfous de la plinthe qui
arrête les petits mortiers.
Ces petits mortiers font propres à tirer des grenades;
& on appelle le mortier qui les contient a
perdreaux, parce qu’en le tirant, fa bouche peut etre
regardée comme la perdix accompagnée de fes petits.
Les alliés ont fait beaucoup d’ufage de cette forte
de mortier dans la guerre de 1701 ; mais ils n ont
pas eu une parfaite réuffite ..dans les epreuves qui en
ont été faites en France; c’eft ce qui les y a fait aban-,
donner.
M o r t i e r a l a C o e h o r n : ce font des petits
mortiers propres à jeter des grenades, & qui font
de l’invention du célèbre ingénieur dont ils portent
le nom.
L ’O b u s , O b u s i e r o u H a u b i t z , eft encore
une efpèce de mortier qui fe tire horizontalement
comme le mortier ordinaire, & qui a un affût a
rouet de même que le canon. Les Anglois &. les
Hollandois font les inventeurs de ces fortes de pièces.
Les premiers que l’on vit en France furent pris à la
bataille de Nerwinde, que M. le maréchal de Luxembourg
gagna furies alliés en 1693* On trouva, parmi
les pièces de fonte que les ennemis abandonnèrent,
deux obus anglois & fix hollandois. Les obus anglois
pefoient environ quinze cens livres, ôc les Hollan—
dois neuf cens.
BOMBE. La bombe eft un gros boulet creux que
l’on remplit de poudre, 8c qu’on jette par le moyen
du mortier fur les endroits qu’on veut détruire. Elle
produit deux effets, celui de ruiner les édifices les
plus folides par fon poids, & celui de caufer beaucoup
de défordre par fes éclats : car lorfque la poudre
dont elle eft chargée prend feu , fon effort rompt ou
crève la bombe f 8a il en fait écarter les éclats a la
ronde. . x .
Le mot de bombe vient de bombus, crepitus, a caule
! du bruit qu’elle fait. .
On prétend que les premières bombes furent jetees
en 1495 à Naples fous Charles V I I 1. Strada dit, au
contraire, que ce fut un habitant de Vanlo qui fe
mêloit de faire des feux d’artifice, qui inventa les
Y y ‘J