
la {impie traduôion du mot égyptien Athfori, OJîri,
le ftatuaire, celui qui faifoit les gr.ammata ou les
portraits des dieux.
P l a n c h e V I I L Alphabets arcadlen , pélafge,
. ètrufque.
Cette planche contient fix alphabets, l’hébreu,
le famaritàin, le grecTardadien, le pélafge &
l’étrufque. On a joint les deux premiers de ces alphabets
, afin qu’on vît au premier coup d’oeil qu’ils
étoient originairement le même, & auffi afin de
montrer que les quatre autres qui fui vent en dérivent
évidemment.
L’alphabet grec eft pris de l’infcription de Sigée,
publiée l’an 1727, par le favant M. Chishull. On a
eu foin d’y, marquer les: caractères des deux manières
dont ils font écrits, c’eft-à-dire , les uns tournés
de la gauche à la droite , &. les autres de la droite
à la gauche. C’eft ainfi que font difpofées les inf-
criptions en Bouftrophédon ,_ qne M. l’abbé Four-
mont a rapportées de fon Voyage de Grèce. On les
nomme Bouftrophédon , parce que les Grecs qui inf-
crivoient ces marbres, indécis apparemment s’ils
dévoient adopter l’ufage d’écrire de la gauche à la
droite , ou conferver celui dans' léquël ils étoient
d’écrire de la droite à la gauche , qu’ils àvoient emprunté
des Phéniciens, s’avUerent d’écrire en même
temps de l’une & de l’autre manière ; enforte qu’après
avoir écrit une première ligné de la droite à la gauche
, ils formoient la fécondé ligne de la gauche à
la droite, & continuoient ainfi alternativement de
ligne en ligne, imitant par-là les filions d’un champ
labouré par des boeufs, & c’eft ce qu’exprime le
terme de Bouftrophédon.
L’alphabet arcadien eft l’alphabet latin, pris des
anciens monumens d’Eugubio, gravés à ce que l’on
prétend, antérieurement à la ruine de Troie. On
l’appelle arcadien, pour s’accommoder à l’opinion
générale , qui-veut qu’Evandre ait apporté cet alphabet
d’Arcadie dans le pays des Latins. Au refte ,•
les'Arcadiëns éfoient une peuplade des Pelafgés.- .
Le pelafge, pris auffi des tables eugubines, étoit
l’alphabet des peuples qui fiabitoient, il y a plus de
tro’s mille ans , l’Umbrie.
Enfin, l’alphabet ètrufque eft-'copié d’après' les
monumens reconnus indubitablement pour étruf-
ques. Ces deux derniers alphabets, le-pélafge &
l’étrufque, ont un rapport fi particulier avec l’alphabet
grec de Tinfeription de Sigée &' d’autres
monumens anciens, qu’il eft aifé de voir qu’ils n’en
faifoient qu’un même dans le commencement, &
qu’ils tiroient également leür origine des lettres phés-,
anciennes. -
P l a n c h e IX . Gothique,
Ulphilas , Goth de nation, fueceffeur 'de Théo-r
phile à l’évêché de Gothie , du temps.de l'empereur
Valens, fut lé premier qui, donna, les lettres à fa
nation. Jean le grand & d’autres prétendent cepenr
• glant que Y ulphilas ne ffit point i7aute.ur. de ees let?
très, & ils ajoutent que, s’en étant fervi pour fa
verfion de l’Ecriture -fainte faite fur le texte grec ,
il fut regardé comme l’auteur de ces caractères.
Mais il y a lieu de penfer que la prétention de ces
écrivains n’eft fondée que fur une antiquité imaginaire
qu’ils veulent donner1 aux lettres gothiques.
A les en croire,- les Goths avoient des lettres antérieurement
au temps que Carmenta fut avec Evan-
dre, de Grèce en Italie. Ils pouffent même cette
antiquité par-delà le déluge & jufqu’au temps des
géans , auxquels ils attribuent l’éreétion de ces
maffes énormes de pierres que l’on remarque dans
le Nord.
Ces auteurs, pour prouver ce qu’ils avancent
fi légèrement, devroient avant tout, accorder la
même antiquité aux lettres grecques, puifqu’il eft
certain que les lettres des Goths en dérivent, de
même que les lettres copthes, ferviennes & mofco-
vites. Hhiloftorge qui étoit contemporain d’Ulphilas
qu’il appelle .0’vptphcts , dit que fes parens maternels
étoient de Cappadoce^
Alphabet Gothique, carré.
Le gothique carré, qui tient beaucoup du caractère,
allemand , a été en ufage fort long-temps ? ÔÇ
rpême en France.
Iflandois.
L’Iflande eft une grande ifle qui a environ deux
cens lieues de long, fur cent de largeur; elle.eft
fituée au nord del’Ecoffe, entre la Norvège, dont
elle dépend, & le Groenland. L’alphabet iflandois
n’eft point différent de l’alphabet runique. Cet alphabet,
tel qu’On le donne, ici , eft rangé fuivant
l’ordre de notre alphabet. L’ancien alphabet iflandois
ne contenoit que feize lettres, que l’on rangeoit
dans l’ordre fuivant, qui eft l’ordre naturel, par,
rapport à~ la valeur humérique.
Nom", Valeur numérique; Nom. Valeur numérique»
Fie , 1. atu Jis, IX. . niu.
Ur, h . tu,. • ■ ■ A a r , :•’* X. ti ou tiu*
Dufs-,‘ m. thry. . Sol, XI. f allivu.
O y s , IV.- fiuhur. .Tyr» XII. tolf.
Ridhr j, V . » f emit Biarkan ,, XIII. threttan•
Kaun, VI. fîax. . Lagur., . XIV. fiurtan.
Hagl, VII. fiau. Madur , XV. femtan.
Naud, VIII. atta,. ' t r » XVI, fiaxtan»
Nous avons fait entendre que les dénominations
des lettres hébraïques avoient leurs lignifications ;
les, lettres iflapdoifes ou runiques font dans le même
cas, & voici celles qivon y attache.
* ive.fignifie troupeau, & métaphoriquement ri-
cheffes. Cette lettre repréfente, dit-on, un animal
qui badine avec fes cornes,
£//*, un torrent, étincelles; qui fortent du fer rouge
que l’on bat. La lettre repréfente le torrent.
Duff, exprime les fp.eétres qui habitent les montagnes
& les ■ lieux; écartés, & qui Je montroient
autrefois aux, fgmmes aux .petits enfans fous la
Forme
forme de nains & de géans. La ligne droite de la
lettre repréfente lefpeétre; la ligne courbe, la montagne
ou colline.
Oys9 port, golfe.
Ridhr., cavalcade ; ce caraCtère paroît repréfenter
un cavalier qui monte à cheval.
Kaun, ulcère, démangeaifon.
Hagl, grêle.
Uaud9 néceffité.
Jis, goutte d’eau qui fe glace en tombant.
Aar 9 fertilité des campagnes. La lettre repréfente
un foc de charrue.
Sol, la lumière du foleil. On a voulu repréfenter
les rayons de cet aftre.
Tyr, taureau. La lettre repréfente un taureau qui
fouille la terre avec fes cornes.
Biarkan, bouleau.
Lagur, liqueur, eau.
Madur, l’homme. La lettre repréfente ün homme
qui contemple le cours des aftres , & lève les mains
d’admiration.
Yr, arctendu avec fa flèche. La lettre le repré-
fente affez bien. -
Ce que nous venons de rapporter touchant l’alphabet
runique ou iflandois prouveroit qu’autrêfois
ces peuples avoient l’ufage des lettres reprêfenta-
tives ou monogrammes, avant que de connaître
les lettres alphabétiques.
Moefogothique.
On appelle Moefo-gothie, le royaume de Moefie,
ou Myfie, fitué entre le Danube, la Macédoine &
l’Hiftrie , dans lequel les Vifigoths ou Veftrogoths ,
c’eft-à-dire, les Goths occidentaux qui étoient au-
delà du Danube, vinrent s’établir avec la permif-
fion de l’Empereur Valens, auquels ils promirent de
l’aider contre les Huns1 & même de fe faire chrétiens
, lorfqu il leur auroit envoyé des doéteurs qui
les puffent inftruire. Effectivement cet empereur
leur envoya Ulphilas qui leur donna l’alphabet grec,
& traduifit en langue gothique l’écriture fainte.
Anglo-Saxon.
On appelle Anglo-faxons, les peupHs anglois qui
habitoient la Saxe, & qui paffèrent, l’an 449 de J.
Chr. dans la grande-Bretagne , à laquelle ils donnèrent
le nom d'Angleterre a car auparavant elle s’ap-
peloit Albion & Bretagne, ou Britannia, Ces anglois
y portèrent avec eux la langue allemande, &
^ancienne langue bretonne fut confinée dans le pays
de Galles , où fe retirèrent les naturels du pays :
cette ancienne langue bretonne reffemble au bas-
breton qui fe parle dans la baffe Bretagne , province
de France. L’alphabet anglo-faxon n’eft point diffé-
*ent de l’alphabet latin.
lllyrien ou Efclavon.
La langue illyrienne ou efçlavonne fe parle dans
plus de loixante provinces différentes fituées tant
£0 Europe qu’en Afie, mais particulièrement enMof-
Arts & Métiers, Tome I. Partie h
covie, Sclavonie, Dalmatie, Bohême, Pologne
Lithuanie, &c. Hongrie, Croatie, Garniole, Bulgarie,
Prüfte, Bofnie, Moldavie, Moravie, Siléfie , &c.
P l a n c h e X. Runique.
L’alphabet runique eft abfolument le même que
l’alphabet iflandois gravé dans la Planche IX. Il
étoit conféquemment affez inutile de le repéter dans
cette Planche X. Je ne puis là-deffus que revenir fur
ce que j’ai déjà ci-devant dit ; favoir , que oette
irrégularité n’auroit point eu lieu, s’il n’y eût eu
déjà plufieurs planches gravées, lorfque j’en ai pris
la direction. Voye£ ci- deflùs , au titre Alphabet
idandois■ 1 }■
On entend par runes, les caraClères des anciennes
lettres feptentrionales. On difpute fur l’origine
de çe nom. Wormius le fait venir de ren 3 canal ,
ou de ryn , un fillon. Spelman foutient qu’il faut
chercher dans ryne fon étymologie. Ryne ou géry-
ne, en anglois, peut fe rendre par tnyflère ou chofe
cachée. On fait que les peuples du Nord faifoient
grand ufage des runes pour leurs opérations magiques.
» On rapporte qu’aucun des anciens Thraces'
» n’étoit inftruit des lettres; l’ufage même en eft
» regardé comme une chofe très-honteufe par tous
» les barbares qui habitent l’Europe, mais on dit
» que’ ceux d’Afie ne font nulle difficulté de s eh
» fervir. «
C ’eft ce que dit Ælian. var. hiß. lib. VIII. cap. 6.
qui floriffoit au deuxième fièclev
Ruffe. ~
Les hiftoriens du bas-empire prétendent que les?
Ruffes ou Mofcovites n’avoient aucuns cara&ères
d’écriture avant Michel Paphlagonien, empereur
grec,' fous le règne duquel ils prirent la langue &
les cara&ères des Efclavons; les caraélères font
grecs , & les mêmes que les caractères gravés
dans la X L Planche. Les Ruffes prétendent tirer
leur origine des Efclavons , quoique leurs czars
fe croient defcendre des Romains, c’eft-a-dire, des
empereurs de CoriftantinopLe qui fe difoient Romains.
M. l’Abbé Girard de l’académie françoilè ,
fi bien connu par fon excellent ouvrage des Synonymes
, & par fa grammaire françoife , avoit auflï
compofé une Grammaire & un Dictionnaire latins,
françois & ruffes. M. le Breton, imprimeur ordinaire
du roi , fon ami, & fon légataire quant a fes
manufcrits , en fit préfeqt à la Ruffie il y a quelques
années, avec la feule condition qu’on rendroit k
M. l’abbé Girard, l’honneur qu’on devoit à fa mé-s
moire & à fon travail.
Allemand.
Les Allemands ont formé leur alphabet fur celui
des Latins, mais je ne puis affurer en quel temps.
Leur langue eft une des plus anciennes & des plus
abondantes des langues de l’Europe. On accufe la
langue allemande d’aYpir une prononciation fort;
° G g g