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l'oient l’un à l’autre comme 9 à 10 , & que vous mettiez
le premier dans le premier baffin , & l’autre dans
le fécond , ils pourront être en équilibre.
Pour donc qu’une balance foit jufte , il faut que les
points de fufpenfion foient exa&ement dans la meme
ligne que le centre de la balance , & qu’ils en foient
également diftans ; il faut auffi que les bras foient de
longueur convenable, afin qu’on s apperçoive plus
aifément s’ils font égaux, & que l’erreur qui peut
réfulter de .leur inégalité foit au moins fort petite ; .
qu’il y ait le moins de frottement qu’il eft poffible
autour du point fixe ou centre de la balance.
Ainfi , quand une balance eft trompeufe, foit par
l’inégalité de fes bras, foit par celle de fes badins ,
il eft bien aifé de s’en aflurer ; il n’y a qu’à changer
les poids qui font dans chaque badin, &. les mettre
l’un à la place de l’autre : ces poids qui etoient auparavant
en équilibre, céderont alors d’y être, fi
la balance eft trompeufe.
En général, il y a autant de différentes fortes de
balances , que de moyens différens podibles d’établir
& de rompre l’équilibre établi èntre les différentes
parties d’un le vie r, ou d’un corps qui en fait la
fon&ion.
M. de Roberval a inventé une balance qui porte
fon nom, laquelle eft une forte de levier où des poids
égaux font en équilibre , quoiqu’ils paroiffént fituég
à des extrémités de bras de leviers mégaux. Cette
balance eft'très-peu ufitée.
Les qualités effentiellesd’une balance font, i° . d’être
d’une mobilité telle, que la plus petite différence entre
les deux quantités de matières dont elle eft chargée,
faffe trébucher le fléau.
2°. D ’avoir les bras bien égaux & dans une même
direction , pour que deux maffes égales puiflent être
toujours en équilibre.
La mobilité d’une balance dépend du plus ou moins
de frottement qui fe fait à l’axe, de la pofitiori du
centre de pefanteur qui ne doit pas s’écarter du centre
de mouvement , de la longueur des bras , fufîifante
pour qu’un très-petit poids puiffe faire un grand effort,
étant éloigné du point d’appui.
O r , afin de donner plus de mobilité à la balance , ■
par la diminution du frottement, on a foin que la
preffion au point d’appui foit la moindre qu’il eft
poffible ; c’eft pourquoi on fait l’axe un peu en couteau
; & l’écrou qu’il porte eft très-dur, pour qu’il
31e foit pas fujet à fe creufer par l’ufage, & à diminuer
la mobilité de la balance.
Les trous faits aux deux bouts du fléau , font pour
donner plus de jeu & de liberté aux anneaux ; mais
quoique le centre de ces trous foit dans la même ligne
qu£ celui de l’axe , cependant les deux bras du fléau ne
font pas toujours pour cela dans la même direélion. Il
eft donc effentiel que les balanciers y faffent attention,
& qu’ils prennent garde que le centre de pefanteur
ne fe trouve point hors du centre de mouvement.
Quoique l’égalité des bras foit requife pour l’êxa&i-
tude d’une balance, elle peut cependant être en équilibre
, quoiqu’un des deux bras foit plus court que J
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l’autre, pourvu qu’il foit auffi pefant ; mais cette
égalité ne fubfiftera entre les deux baffins ou plats de
longueur différente, que dans le temps qu’ils feront
vides ; & dès qu’ils feront chargés de quantités égales
de matières, le baffin fufpendu au plus long bras
l’emportera fur l’autre , parce que des poids égaux
ne peuvent être en équilibre qu’à des diftances égalés
du point •d’appui.
Les balances fines font de petites balances, dont on
fefertpour pefer les diamans, lesmonnoies d’or &
d’argent, les matières & chofes précieufes. qui font
en petite quantité. On fent avec quelle précition ces
balances doivent être faites. Il en vient d’un travail
fort délicat, de Lyon & du Forez • mais il s’en fabrique
fur-toutàParis,qui font telles , que la millième
partie d’un grain les fait trébucher. Ces balances fi
fines doivent être fufpendues dans une forte de lanterne
, afin que l’air ne puiffe pas les agiter, & que
les pefées foient plus juftes. On les nomme alors balances
d'eJfaL
On fe fert auffi dans les monnoies de balances
fourdes ; elles font différentes des autres balances
fines, en ce que les deux bouts de leur fléau font
plus basque leur clou, & que leur chape eft foutenue
en l’air par une guindole ou guignole , comme diient
les ouvriers.
La balance hydrofiatique eft propre à trouver la pefanteur
fpécifique des corps liquides & folides. Elle
fait auffi connoître les degrés d’alliage de toute efpèce,
comme la qualité & la richeffe des métaux, mines
& minéraux, & les proportions de quelque mélahge
que ce foit. Cette balance a ces propriétés , parce
qu’il eft reconnu qu’un corps qui lui eft fournis, pèfe
moins dans l’eau que dans J’a ir, .& qu’il perd de fon
poids , la pefanteur même de lamaffe d’eau qui eft de
même volume que lui. Ainfi, en retranchant le poids
du corps dans l’eau, de fon poids dans l’air , la différence
donnera le poids d’une mafle d’eau égale à celle
du corps folide.
Quand on veut faire cette épreuve, on commence
par pefer d’abord dans l’eau un plateau.couvert de
| différens poids qui répondent enfemble au poids total
du corps qu’on veut pefer. On fufpend enfuite ce
corps à l’autre extrémité du plateau ; on le met dans
• l’eau, & on trouve , par fa quantité du poids qu’il
faut ôter de deffus le plateau, combien pèfe un volume
du fluide égal à celui du corps. C’eft encore par
la balance hydroftatique que l’on parvient à connoître
la pefanteur fpécifique d’une liqueur , à comparer
les pefanteurs fpécifiques de deux liqueurs, les
gravités fpécifiques de»deux corps folides , & la gravité
fpécifique d’un corps folide avec celle d’une liqueur.
Balances à chandelier : ce font celles dont on le fert
pour pefer les chandelles ; elles font de deux fortes,
des grandes pour les groffes pefées, & des petites pour
le detail du commercé.
Les petites balances ont leurs baffins en forme de
petits chaudrons, de quatre ou cinq pouces de profondeur
, afin que les chandelles puiflent s’y tenir
toutes droites.
B A L
Les grandes balances font à peu près comme celles
des autres marchandifes qui fe vendent au poids,
cependant avec cette différence que les baffins en
font plus plats , & prefque point concaves , afin,
qu’en y plaçant les chandelles couchées en pile l’une
deffus l’autre, elles ne portent point à faux, & ne
puiflent fe caffer.
Les balances communes font de différentes grandeurs
, félon la pefanteur ou le volume des fardeaux
& marchapdifes que l’on veut pefer.
Les balanciers reçoivent les fléaux des balances
tout forgés des mains des forgerons.
Les opérations du balancier font de dégroffir à la
lime le fléau de labalance qu’il véutconftruire :lorfque
le fléau eft fuflïfamment dégroffi, le balancier s’affure
du milieu du fléau par un compas ; enfuite il en abat
les carrés près des deux bouts , c’eft-à-dire, que ,
fans les faire ronds, il en adoucit les carrés ; il évide
les bouts du fléau pour y palier les ejfes, qui font
de fils de fer ou de laiton formés en S , auxquels on
attache les cordons des baffins.
Après quoi l’ouvrier foude, au milieu des ouvertures
pratiquées aux deux extrémités du fléau, des
pitons qui doivent être d’acier , pour qu’ils réfiftent
par leur dureté, fans fe détériorer, plus long-temps
que s’ils étoient feulement de fer. Ces pitons fervent
à foutenir les ejfes.
Ces opérations étant achevées , le balancier fend
avec une lime plate le milieu du fléau pour y fbuder
une aiguille ou languette , dont la fonction eft de marquer
Finclinaifon la moins fenfible de la balance , &
de faire connoître conféquemment la différente pefan- I
teur des chofes qui font lur les baffins de la balance.
La balance eft néceffairement jufte & d’équilibre
lorfque cette aiguille fe trouve toute droite dans le
milieu du fléau, & de niveau avec les deux côtés
de la châffe. ^
Quand l’aiguillé eft ainfi placée, on foude la châffe.
qui eft cette.partie en forme de porte, au milieu
de laquelle eft fituée l’aiguille.
La châffe étant fpudée, le balancier a jufte à fon
extrémité un touret en- forme d’anneau , qui fert à
fufpendre la balance en l’air , & il paffe au travers
de la châffe & de l’aiguillé un clou pour les unir enfemble
; enfuite il place les ejfes dans les pito.ns , &
paffe trois cordes dans lès trous pratiqués à égale
diftance aux baffins ; ces cordes viennent fe joindre
enfemble , & font attachées aux ejfes.
Les baffins de cuivre des balances font fabriqués
par les chaudronniers planeurs. Quand il fe trouve
un baffin plus lourd que l’autre , l’ouvrier cherche à
legalifer eh fondant au baflin plus léger , ou attachant
a fes cordes un morceau de plomb quifupplée à cette
différence.
[ CJtets * <k>nt on fe fert pour pefer des chofes légères
p precieufes , on lime fur les bords le baffin qui eft
je plus épais ou le plus lourd, afin de le rendre par-
! alternent égal à l’autre , fans ajouter de plomb ou
aucune autre fou-dure au baffin le plus léger.
B A L 179
La longueur des cordes ou cordons doit être de
deux fois le diamètre du baffin.
Pejon à rejfort.
Il y a une troifième forte de balance , que l’on
nomme pejon à rejfort-, qui eft fait auffi par le balancier.
On attribue l’invention de cette balance à des ouvriers
allemands ; d’autres difent à des ouvriers de
Befançon ; en effet, ce fut de cette ville que.vinrent
les premiers pefonsà reffort qui parurent à Paris.
Ce font les petits marchands forains, les étapiers »
les fourriers , les vivandiers d’armée , qui fe fervent
le plus communément du pefon à reffort.
T elles font les différentes pièces qui compofent le
pefon à reffort.
i°. Un anneau qui fert à 1e, fufpendre en l’air.
2,0. Une menue branche taillée carrément, ordinairement
de cuivre , quelquefois même de fer ou de
buis , fur l’une des faces de laquelle font marquées les
différentes divifions des poids. C ’eft au haut de cette
branche que l’anneau eft attaché par une ejfe.
30. Un rejfort'de fil d'acier en forme de tire-bourre»
arrêté au bas de la branche par un écrou, la branche
paflant de haut en bas au travers du reffort.
4°. Une boîte ou canon de figure cylindrique, qui
renferme la branche & le reffort.
5°. Enfin un crochet attaché par une ejfe au bas
de la boîte , auquel on accroche la marchandife que
l’on y eut pefer.
Pour fe fervir du pefon à reffort, on le tient par
l’anneau qui fe fufpend en l’air perpendiculairement ;
alors le poids de la marchandife tire le crochet en
bas, & oblige le reffort de fe refferrer ; dans cette
opération, la branche fortant par le haut de la boîte,
à^proportion du poids , on voit quelle eft la divifion
des mefures marquées fur la branche à laquelle le
pefon s’arrête, &. Fon reconnoit ainfi la pefanteur de
la marchandife.
Ce pefon eft induftrieufement imaginé & affez
commode en apparence , parce qu’il a peu de volume
& qu’il eft portatif ; mais il n’eft pas d’une juftefle
auffi préçife que la romaine ou le pefon à contrepoids
: fon défaut de juftefle provient de ce que le
reffort eft fujet à.fe relâcher & à s’affoiblir par l’ufa^e.
Pefon à tiers-point.
Le pefon à tiers-point eft une quatrième forte de
balance , affez femblable au pefon à reffort. Il eft
compofé '
i° . D’un anneau par lequel on le fufpend.
20. D’un reffort d’acier courbé.
30. A ce reffort eft attaché un morceau de fer qui
le traverfe,
4°. L’extrémité en dehors de ce morceau de fer »
eft unie par une 5 à un crochét auquel on fufpend
la marchandife dont on veut connoître la pefanteur.
50. Une.autre lame de fer qui tient par un côté
à l’anneau , & par l’autre à l’extrémité du reffort
d’acier, & fur.cette lame font marquées les,différentes
divifions ou mefures de la pefanteur.
Le poids de la. marchandife obligeant le reffort
d’acier courbe à fe refferrer, l’arrête fuivantfa pe-
Z ij