
enlever les meules, quoique toutes formées, de deflus
le banc de pierre.. -
La pierre dont on fe fert pour faire des meules,
éft de la nature du caillou ou du quartz ; elle eft
opaque , très-dure , remplie de petits trous : on la
trouve par grands blocs dans la terre. Quand
on veut en faire des meules , on commence par
arrondir un bloc , & on lui donne le diamètre convenable
; on lui donne auffi telle épaiffeur qu’on
juge à propos, en enlevant la terre qui l’environne.
Pour lors, à coups de cifeaux, on forme une entaille
qui règne tout autour de la mafle de pierre
arrondie ; & l’on y fait entrer des coins de bois de
chêne bien fec ; enfuite on remplit le creux avec
de l’eau, qui, en faifant gonfler les coins de bois
introduits dans l’entaille, font que la meule fe fend
& fe fépare horizontalement. On continue de même
à creufer pour ôter la terre , & à arrondir le bloc
de pierre de meulière; autrement on fait dans le
rocher une entaille circulaire de deux pouces de
largeur & de trois pouces de profondeur, qui em-
braffe un efpace de plus de fix pieds & demi ; en-
fuite on enfonce dans cette entaille des coins de fer,
garnis fur chacune de leurs faces de morceaux de
bois ; & on frappe fur ces coins jufqu’à ce que ces
meules fe détachent.
La meule étant détachée du rocher , on ôte dans
la carrière même tout ce qu’elle pouroit avoir d’irrégulier
; alors, au moyen d’un cable dont on
l’entoure , & qui eft mis en jeu par un cabeftan , on
la tire hors de la carrière , & on la fait gliffer fur
des pièces de bois, ou des poutres inclinées.
Il y a des carrières oh pour en tirer des meules,
les ouvriers font obligés de creufer des puits de
quarante pieds de profondeur, & quelquefois de
fôixante. Si les blocs n’ont pas dans leur continuité
cinq à fix pieds d’epaiileur & fept à huit de longueur,
ou pour les blocs moyens, quatre à cinq pieds de
VOCABULA
B a q u e t ; efpèce de plateau fur lequel on enlève 1
les pierres de la carrière.
B a n c d e p ie r r e ; c’eft une couche ou rangée
de pierre dans la carrière.
B a r r e ; levier qui fert aux carriers pour foule-
ver les pierres.
C hemin ; entrée de la carrière.
C iel de l a c a r r iè r e ; c’eft le premier banc
qui fe trouve au deflous dû trou, & qui fert de
plafond à une carrière.
C oins , morceaux de fer en talus de différentes grof-
ieurs , dont les uns font tranchans & les autres obtus.
D é b r id e r ., c’eft détacher le cable de deflus la
p ie rre, lorfqu’elle eft arrivée au haut de la carrière.
Il fe dit aufli de l’aélion de difpofer mieux,ce' cable
fur la pierre au fond de la carrière, lorfqu’on s’ap-
perçoit dans les premiers mouvemens de la roue
qui doit l’enlever, ou que le cable fe dérange, ou
longueur & de largeur, fi les blocs’, en un mot, ne
font pas affez grands pour faire des meules d’une
feule pierre, les carriers forment alors ces meules
d’une pierre principale , qu’ils environnent d’autres
pierres.
On élargît l’ouverture du puits dans toute la hauteur
, pour faciliter la fortie de la meule ; on enlève
^enfuite cette meule pu pierre, au moyen d’un treuil
ou moulinet, & d’un cable avec lequel on entoure la
pierre. Si. la malle eft confidérable, après l’avoir enlevée
au deflus du trou à une certaine hauteur ;
on croife fur l’ouverture plufleurs arbres, on fait
defcendre la pierre & on la place fur ces arbres ,
d’où on la fait enfuite couler fur l’atelier, & c’eft«
là qu’on achève de la tailler en meule.
On choifit la plus grande pierre pour former lé
milieu de la meule ; on taille enfuite d’autres pierres ,
de manière qu’elles fe rapportent les unes aux autres,
& puiffent former une meule circulaire, au moyen
d’un cercle de fer qui les lie & les contient For-
tementl
Lorfqu’i l y a de l’eau dans une carrière, on cherche
à l’en débaraffer d’une manière affez fimple. Elle
conflfte à établir une ou plufleurs bafcules fur le
haut de la carrière. Ces bafcules font compofées
d’un arbre placé droit en terre ; cet arbre eft fendu
en fourche par le haut ; on place dans cette fourche
une poutre qii’on retiént par un boulon de fer qui
traverfe la poutre & les joues de la fourche, lef-
quelles font, ainfl que la poutre, percées dten trou
par lequel on fait paffer le boulon. Un des bouts
de la poutre eft chargé de pierre, &. à l’autre bout
on fufpend un feau au moyen d’ujie corde ; un
ouvrier placé dans le haut ou dans le bas de la carrière,
félon que l’exige la difpofttion de l’eau, fait
jouer la bafcule , qui remplit lesL féaux, & tranf-
porte l’eau hos de la carrière.
IRE du Carrier.
qu’il a été mal difpofé. La parefle de débrider a quelquefois
coûté cher aux ouvriers : ils ont perdu la vie
pour avoir voulu ménager un quart-d’heure de temps.
D éd o u b ler ; il fe ait des pierres dont on peut
féparer les lits, félon toute leur longueur, avec
des coins deTer. Il faut fcier ou couper celles qu’on
ne peut dédoubler : travail fort long. Entre les différentes
pierres qu’on tire des carrières voiftnes de
Paris, il n’y a , à ce qu’on dit, que la lambourde
ou le franc-banc qui fe dédouble ; les autres n’ont
point de lit ou litage affez marqué pour comporter
cette manoeuvre.
Entur es ; c’eft ainfl qu’on appelle les différentes
pièces de bois dont l’échelle des carriers eft com-
pofée. Le nombre des entures eft d’autant plus grand,
que la carrière eft plus profonde ; la première des
entures eft la plus grande, elle a dix pieds ; les autres
font moins hautes.
Es p a r t s ; c’eft ainfl qu’on appelle dans les car- .
rières, les flx morceaux qui compofent la civière à
tirer le moilon. . ,
Esse ; marteau courbe & formant l'è croiffant;
il fert à fou s -é le v e r les pierres. Le picot à deux
pointes des mêmes ouvriers , ne diffère de Yejfe
qu’en ce qu’il eft double.
Ma il ; gros marteau ou mafle de' fer à l’ufage
des carriers.
Ma il lo ch e ; autre marteau ou mafle de fer moins
confidérable.
M a r t e au en c r o is s a n t , dont les branchés
courbes fervent à foulever les pierres. - r
Mo i l o n i e r c’ eft le plus petit coin des carriers:
il a dix-huit pouces de lo n g , & pèfe?vingt
à vingt-deux livres.
P as ; cé terme défigne chaque tour que le gros
cable fait fur l’arbre de la roué d’une carrière ; ainfl
lorfque tes.carriers d’en-bas crientà ceux d’en haut de
lâcher un pas pour débrider,ils veulent faire entendre
qu’il faut lâcher un tour de roue pour débrider la
pierre qui aété mal b ridée, & la brider plus- sûrement.
Peser l a p ie r r e ; c’eft la foule-ver de deflus le tas
avec la groffe b a r re, pour la mettre fur les boules.
Pi c ; infiniment de fer un peu courbé, pointu &
acéré , avec un .long manche de bois , qui fert aux
carriers pour déraciner & découvrir les pierres dont
ils veulent trouveride banc/Get outil ne diffère de
la pioche pointue, qu’en ce que le fer en éft plus
lon g , plus f o r t , & mieü acéré;
Pi c o t ; efpèce de marteau pointu qui n’a qu’un
côté ; il porte environ huit pouces de longueur, &
un pouce en carré à l’endroit où il eft emmanché.
,Son manche n’a pas moins, de cinq pieds, de long ;
c’eft un ides outils qui fervent à foulever la pierrë.
Pin c e ; forte de levier arrondi par un bout &
aminci par l’autre.
Pio ch e ; outil de fer avec un long manche de
b o is , qui fert aux carriers pour remuer la terre ,
tirer des pierres., fappe r, démolir, &c. Il y en a
de plufleurs fortes ; les unes dont le fer a deux
côtés., comme Un marteau -, & un oeil au milieu pour
l’emmancher ; chaque extrémité de cette pioche eft
pointue. D’autres fortes de pioches s’emmanchent
par le bout du fer : toutes deux font un peu courbes ;
mais l’une eft pointue comme le pic, & l’autre, qu’on
nomme feuille de fausse , a le bout large & tranchant.
Pom m e l l e ; ce font les deux petits coins ou
morceaux de chêne qu’on met des deux côtés des
coins de fer pour faire partir la pie rre, c’eft-à-dire ,
rentre-o.uvrir & la féparer du banc dont elle fait
partie. Ces pommelles font fi néceffaires à cet ufage,
que fl le coin n’en étoit point appuyé , quelque
gros qu’il fû t , & avec quelque force qu’on le pouf-
$at, il ne feroit jamais partir la pierre.
Pousser a u t r o u ; c’eft conduire la pierre fur
les boules ou rouleaux jufqu’au deffous du trou où
Ion doit la brider avec le cable & fon crochet ,
pour,la tirer enfuite fur la forme de la carrière,par
le moyen de la roue &. d.e fon arbre.
P u it s ; ouverture par laquelle on defcend dans
une carrière.
R o ss ig n o l s » les carriers nomment ainfl les ares-
boutans des fourches qui foutiennent l’arbre de la
grande roue des carrières.'
R o u e . La roue des carriers eft un bâti de mena
bois de charpente; qui a au moins vingt-deux pieds
de circonférence. Le long du cercle qui forme cette
roue, eft l’échelier* c’eft-à-dire, des chevilles ou échelons
de bois de huit poueés de longueur, & d’un
pouce' & demi de groffeur.,.qui de pied en pied
traverfe le bord de la roue. C ’eft en montant d’échelon
eh échélon le long de l’échelier, que les manoeuvres
carriers donnent le mouvement à la roue ,
.ou plutôt à l’arbre , à l’un des bouts duquel la roue
eft attachée & élevée, perpendiculairement fur l’horizon.
Les proportions les plus ordinaires de l’arbre
font de quatorze, pieds de longueur , fur deux pieds
de diamètre.
R o u l e a u x ; morceaux de bois rond, fur lefquels
on fait gliffer des fardeaux pefans. ..
R ue ; ont appelle les rues d’une carrière, les ef-
paces qui relient vides , après qu’011 en a tire les
différens bancs de pierre dont elle eft compofée.
C ’eft; par ces rues , qu’on nomme auffi chemins, que
l’on pouffe les pierres au trou, après qu’on les a
mifes. fur les boules..
S o u b a r d ie r s , principaux étais qui foutiennentla
machine avec laquelle on tire les maffes de pierre. 7'
' SbucHET ; les carriers nomment ainfl une allez
mauvaife pierre , qui fe trouve quelquefois entre
lès bancs qui compofent une carrière, particulièrement
fur fe .dernier banc ; le plus fouvent le fou-
chet n’eft qu’une efpèce de terre & de gravois. ;
S ô u ch e v e r ; c’eft couper le fouchet, c’eft-à-dire,
la pierre ou moilon qui fe trouve dans les carrières,
au deffous du dernier banc de pierre. Il fe dit néanmoins
plus communément de tout l’ouvrage que
les garçons carriers font dans le fond de la carrière ,
fous.chaque banc ou lit de pierre, pour les féparer
: les uns des autres.
S o u ch e v e u r , ouvrier qui travaille dans tes carrières
à ôter le fouchet.
S o u p ie r ; efpèce de banc ou lit de p ie rre, qui
ne fe trouve; que dans les carrières de Saint-Maur ,
; village à deux lieues de Paris, & qui y tient lie a
de ce qu’on appelle 1 q fouchet dans les autres carrières
; av ec cette différence, que du foupier il fe
tire d’excellens moiions , & que le fouchet n’eft
fouvent qu’un amas de gravois & de terre, fur lefquels
eft pofé le grand banc.
So u s -c h ê v e r ; c’eft couper la pierre en deffous
avec le marteau appellé Yeffe, & la féparer du banc
qui eft inférieur.
T a r iè r e ; infiniment dont le carrier fe fert quelquefois
pour percer la roche, & y introduire d©
la poudre à canon.
T ire- t e r r e , infiniment de la figure d’une pioche
, qui fert aux carriers à tirer la terre qui retient
! les pierres.