
veiller. Je crois qu’avec plus d’attention , U eft pof-
fible de furmonter les iobftacles qui peuvent venir
de l’internpérie de l’a ir, & des différentes qualités
du charbon ou même de la matière des briques.
Enfin , on effime que la bonne brique eft celle qui
eft d’un rouge pâle tirant fur le jaune, d’un grain
ferré & compade , & qui lorfqu’on la frappe , rend
un fon clair & net.
. Il arrive quelquefois que les briques faites de
même terre 8c préparées de même , font plus ou
moins rouges les unes que les autres , lorfqu’elles
font cuites, & par conféquent de différente qualité;
ce qui vient des endroits où elles ont été placées
dans le four, & où le feu a eu plus ou moins de
force pour les cuire.
Mais la preuve la plus certaine pour connoître la
meilleure brique , fur-tout pour des édifices de quelque
importance, eft de l’expofer à l’humidité 8c à
la gelée pendant l'hiver , parce que celles qui y
auront réfifté fans fe feuilleter , & auxquelles il ne
fera arrivé aucun inconvénient confidérable, pourront
être mifes en oeuvre en toute sûreté.
De la conflru&ion des fourneaux à briques.
Quoique M. Fourcroy ait expliqué fort en détail
la conftru&ion du fourneau à briques ;. comme la
pratique des briquetiers eft affez différente, fur-tout
fùivant la grandeur des fourneaux, il eft bon de
rapporter ce que M. Gallon dit du fourneau pour
cuire ioo ou 200 milliers de briques : en détaillant
ainfi la pratique des différens .ouvriers, le. fond de
l’art en fera mieux connu.
Suivant M. Gallon , la bafe d’un petit fourneau
deftiné à cuire 200 milliers de briques , doit être
de 43 briques de longueur, de 41 de largeur, &
fon épaiffeur de 32 champs de briques; ce qui fait
dix à onze pieds d’élévation : on fait qu’un champ
de briques eft un lit de briques pofées de champ fur
un de leurs longs côtés.
Pour un fourneau plus petit, qui ne devroit contenir
que 100 milliers de briques, on met 22 briques
en carré ; & on le monte à 22 ou 23 champs de
hauteur.
On fait à ces fours-ci quatre gueules ou bouches à
la face du fourneau ; & pour les fourneaux qui contiennent
200 milliers de briques, on fait fix gueules.
Il eft bon de remarquer qu’on choifit pour faire le
pied des fourneaux les briques les plus anciennement
moulées, ou les plus sèches ; ou même qu’on
y emploie, comme l’a dit M. Fourcroy, des briques
cuites.
Les trois premières couches font difpofées parallèlement
les unes aux autres, mais tant plein que
vide ; c’eft ce que les ouvriers nomment clair-champ.
L’emplacement du fourneau étant égalifé & ap-
plati, la divifion des bouches ou gueules fe trouve,
lavoir : le premier maffif n’a que deux briques de
largeur; on laiffe enfuite un intervalle d’une brique
ou une brique & demie ; le fécond intervalle & les
fuivans font de fix briques, excepté le dernier, qui
e f t , comme le premier , de deux briques ; c’eft ce
qu’on appelle la. face du four, qui eft un total de 42
briques, en fuppofantque fix bouches ont une brique
-8c demie de largeur. ,
Le premier tas ou la première couche, eft formée
de trois affifes de briques pofées horizontalement ;
la féconde, de deux affifes de briques pofées obliquement
fur la première couche, de forte qu’elles
forment des lignes diagonales ;-au troifième tas , les
briques croifant en équerre celles du premier , les
coupent perpendiculairement, 8c coupent obliquement
celles du fécond. Enfin, à la quatrième couche,
les briques qui font jointives , forment l’affemblage
des trois premiers tas : on met enfuite trois autres
affifes de briqués, pofées dans le meme fens que la
première couche, &c.
Avant d’établir ces tas, on remplit les vides des
clair-champs, avec de gros morceaux de charbon
de terre, d’un volume cependant à pouvoir entrer
dans les jours, & defcendre juiqùau fond du four.
En même temps qu’on diftribue ce charbon dans
l’étendue de chaque maffif, on charge les galeries
d’une certaine quantité de bois dans toute leur longueur
; 8c par dellus ce bois, on met du petit charbon
qu’on appelle gayette. On conçoit que tout étant a
jour au pied du fourneau, le feu doit fe communiquer
par-tout.
On répand du charbon pilé ou gayette , fur le
quatrième tas : la quantité de charbon eft eftimee
fuivant fa bonne qualité ; fi c’eft pour la première
fois qu’on en fait ufage, fon épaiffeur doit etre d un
pouce au neuvième 8c dixième tas ; & comme on
met le feu lorfqu’on a établi le feptième tas, le bri-
i quetier eft à portée de connoître au neuvième quelle
eft la qualité du charbon qu’il emploie. Lorfque le
charbon eft de la meilleure efpèce,on peut épargner
trois tas fur vingt-huit ; mais on met toujours des
bordures d’un pouce d’épaiffeur & de la largeur de
deux briques'. Ces bordures paroiffent a M. Gallon
bien imaginées : i° . pour augmenter la chaleur au
pourtour du four où l’ouvrage n’eft pas ordinairement
affez cuit ; 20. parce que 1 affaiffemerit étant
plus grand où il y a plus de charbon , la furface du
champ fe conferve plus régulière.
Il y a des briquetiers qui épargnent jufqu’à feize &
dix-fept tas, en mettant alternativement des couches
en plein & Simplement des bordures ; mais par cette
économie mal entendue, leur fournée eft fouvent
manquée. Voici comment ils diftribuent ces lits 8c
ces bordures. - ,
Les quatrième , cinquième & fixième lits, dit
M. Gallon, font couverts chacun d’une couche de
gayette d’un pouce d’épaiffeur ; au feptième lit, on
en met moins d’un pouce , & on diminue toujours
Pépaiffeur de la couche de gayette jufqu’ati quinzième
lit, °ù la couche du charbon fe trouve réduite
à un demi - pouce d’épaiffeur ; au feizième lit, on
ne met qü’uné fimple bordure; le dix-huitième eft
couvert en plein : il n’y a qu’une bordure au dix-
neuvième ; la couche eft en plein au vingtième ; 01a
en met feulement une bordure au vingt-unième ; &
ainfi alternativement jufqu’au haut du fourneau ,
pourlequel on emploie cinquante muids de charbon,
& deux cordes de bois ; ceux qui n’emploient que
quarante muids de charbon font de mauvais ouvrage.
Pour lier 8c contenir d’une manière folide tout le
maffif du fourneau , on fait des bordures en briques ;
ces bordures commencent par deux briques de largeur
; au feptième tas, les rangs qui répondent aux
bouches des fourneaux font du même fens , 8c le
refte de. la couche eft d’un fens opp'ofé, en retranchant
aux bords une demi - brique fur laquelle on
forme, par d’autres briques inclinées , une bordure
que les ouvriers nomment éperon, qui fertà foutenir
le huitième tas, qui doit couvrir cet éperon & arrêter
le côté du four ; cette huitième couche prend alors
un arrangement tel que la bordure fe fait de quatre
briques, 8c elle ne changera plus dans toutes les
autres. On doit obferver que l’éperon fe tranfporte
alternativement & en fens contraire , tantôt fur une
face, & tantôt fur l’autre ; de manière que le refte
de la couche eft toujours placé comme les briques
des éperons. •
Il faut auffi remarquer que chaque tas de briques
fe croifé toujours dans le milieu , avec celui fur
lequel il eft établi ; mais non pas la bordure , qui
cependant eft liée avec le maffif par la demi-brique
que recouvrent les éperons.
Il refte eneore à expliquer comment on arrange
les briques pour former les fourneaux: les pieds-
droits font de deux briques & demie de hauteur, ce
qui forme trois tas ; les briques du quatrième font
en faillie de deux à trois pouces ; & les briques du
cinquième ferment tout-à-fait la voûte du fourneau,
qui, par-là, eft par encorbellement : cette difpofition
règne dans toute l’étendue de la galerie.
Le fourneau étant à toute fa hauteur, on le couvre
dans toute fon étendue avec une couche de vieilles
briques pofées à plat, qu’on arrange tout près les
unes des autres, 8c fur lefquelles ont jette une certaine
épaiffeur de terre.
A mefure que le fourneau s’élève , on le crépit
avec de la terre graffe : quelques briquetiers , non
contens de cet enduit, & pour être plus maîtres de
conduire leur feu, 8c pour empêcher que l’air extérieur
n’y pénètre , accumulent de la terre en talut
tout autour du fourneau, de manière quelle s’élève
quelquefois jufqu’au tiers de fa hauteur.
C’eft principalement en Hollande où l’on emploie
la tourbe pour cuire la brique, de même que la tuile.
Quant au travail du mouleur 8c à la façon de faire
fécher la brique, c’eft précifément la même pratique
qu’en Flandre, laquelle nous avons détaillée précédemment.
Mais les fourneaux que l’on a pour le
cuire, de même que la manière d’y ranger la brique,
diffèrent de ce que nous avons déjà vu là-deffus ;
c’eft ce qu’on verra par la defcription que nous en
allons donner.
Les fourneaux dont on fait ufage pour cuire les
briques, font de différentes grandeurs, mais à peu
près tous femblables ; il en eft qui contiennent depuis
trois cents jufqu’à onze & douze cents milliers.
Celui dont on voit la coupe 8c le plan, fig» • & 2,
peut contenir 3.50 à 400 milliers de briques ,
dont les unes qui fervent à parer, ont communément,
étant cuites, cinq pouces £ de long , trois
pouces | de large , & un pouce £ d’épaiffeur ;
les autres qui font deftinées a la conftru&ion des
maifons , ont huit pouces \ de longueur , quatre
pouces une ou deux lignes de largeur, & un pouce j
d’épaiffeur.
Ce fourneau eft un1 carré de 31 à 32 pieds de
long fur 26 à 27 pieds de large , renfermé par quar
tre murs de brique qui ont au moins fix pieds d’épaiffeur
dans le bas , & vont un peu en talut extérieurement
jufqu’à leur hauteur qui eft environ de
dix-huit pieds ; il en eft auxquels on a ménagé auffi
un talut intérieurement, mais dans le fens contraire ;
nous avons exprimé dans la ligne A B , fig. 2 , celui
ides murs de la largeur : quant aux autres, le talut
paroît n’y prendre naiffance qu’à la moitié ou aux
deux tiers de leur hauteur : d’ailleurs , cela varie
dans prefque tous les fourneaux : il eft évident qu’on
a eu pour but de concentrer davantage la chaleur
dans l’intérieur.
Les murs fur la longueur de ces fourneaux font
percés au niveau du fol d’une quantité de trous pror
portionnés à leurs grandeur : nous en ayons vu qui
en avoient jufqu’à dix 8c douze : celui dont nous
avons fait le deffin n’eft percé que de fix , quoique
auffi grand que d’autres qui le font de huit : nous
imaginons que cette différence vient des dimenfions
des briques & de la grandeur des canaux ou foyers ,
qu’il eft plus aifé de pratiquer plus larges & plus
hauts avec de grandes briques qu’avec des petites,
comme on peut le voir dans la fig. 2 : ces trous font
placés de façon qu’ils fe correfpondent , ainfi qu on
l’a exprimé dans le plan.
On a ménagé à un des murs fur la largeur du fourneau,
une ouverture ou porte cintree marquée dans
la coupe fig. 1 par la lettre E. Cette porte nous a
paru avoir fix pieds de largeur & douze pieds de
hauteur : elle fert à introduire & à retirer les briques
du fourneau : il en eft qui ont des portes beaucoup
moins hautes 8c bien moins larges, mais alors le
mur oppofé eft de cinq à fix pieds moins élevé que
les autres: dans ce cas, on accumule de la terre par
derrière jufqu’à la hauteur de la recoupe, ce qui
donne une grande aifance pour achever de charger le
fourneau, 8c pour en retirer les briques lorfqu’elles
font cuites. ^ r
L’intérieur des ces fourneaux eft entièrement pave
de briques arrangées de champ , de forte que le foi
en eft fort uni : les murs en font auffi bâtis, mais
liftés avec un mortier de la même terre dont elles
font faites , & avec lequel on a foin de le recrépir
intérieurement, lorfqu’ils font dégradés par le feu î
malgré la force qu’ils ont, le grand effort de la chaleur
leur occafionne fouvent des lézardes.
Tous les fourneaux en général dont on fe fert
S s ij