
& autres pièces d’appareils. Il y en a de particulières
pour différentes opérations.
On fe fert d’aiguilles pour la réunion des plaies
& pour la ligature des vqiffeaux.
i° . Aiguilles •courbes pour la ligature des vaijfeaux.
Ces aiguilles font courbes : on y confidère trois parties
5 la tête, le corps, & la pointe.
La tête doit avoir moins de volume que le corps :
elle eft percée d’une ouverture longuette entre deux
rainures latérales plus ou moins profondes, fuivant
la dimenfion de l’aiguille.
L’ufage de ces rainures eft de contenir une partie
des fils qui traverfent l’oe il, afin qu’ils pafïent Facilement
dans les chairs. Les rainures & l’oeil doivent
Fe trouver du côté des tranchans. Le corps de l’aiguille
commence oh finiffent les rainures ; il doit être
rond, & commencer un triangle en approchant de
la pointe. La pointe eft la partie la plus large de
l ’aiguille ; elle doit en comprendre le tiers; elle forme
un triangle dont la bafe eft plate en dehors : les
angles qui terminent cette furface font tranchans, &
par conféquent très - aigus. Le commencement de
cette pointe eft large , & diminue infenfiblement
jufqu’à l’extrémité, qui doit être allez fine pour faire
le moins de douleur qu’il eft polfible ; mais en même
temps allez folide pouf ne point s’émouffer en perçant
le tiffu de la peau.
La bafe du triangle dont nous avons parlé, forme
le dos ou la convexité de l’aiguille : la furface concave
eft double ; ce font deux bifeaux féparés par
une vive arête.
Par cette conftruâion , le corps & la tête armée
des fils , palTent facilement par l’ouverture que la
pointe à faite , & le chirurgien ne rifque point de
Fe bleffer, le corps de l'aiguille n’étant point tranchant
; condition que la plupart des couteliers négligent.
La courbure mal faite donne une grande imperfection
aux aiguilles ; & cette imperfection eft commune.
Il ne faut pas que la courbure foit particulièrement
affeCtée à la pointe ; tout le corps de l’aiguille
doit contribuer à former un arc ; car l’aiguille ,
en pénétrant à une certaine diftance d’une lèvre de
la plaie pour palier par fon fond ,#& fortir à une
pareille diftance de l’autre lè vre , doit décrire une
ligne courbe dans toute fon étendue ; & fi toute
l’aiguille ne contribue pas également à la formation
de fa courbure, l’opération fera très-douloureufe &
fujette à accident., parce que la tête & le corps
formant une ligne droite, ne pourroient traverfer
les chairs qu’en froiffant confidérablement le paflage.
11 y a des aiguilles de différentes grandeurs & de
différens degrés de courbure , félon la profondeur
des plaies : on proportionne toujours le volume du
fil à celui des aiguilles, comme l’aiguille' à la plaie.
2°. Aiguilles pour la future dès tendonsLes aiguilles
pour la future des tendons ont Te corps rond, la pointe
ne coupe point fur les cotés ; elles font plates par
cette extrémité , ou il n’y a qu’un tranchant dans
la concavité , la partie convexe étant arrondie ôc
tnoufle. Cette conftruélion a été imaginée pour que
l’aiguille ne fafle qu’écarter les fibres tendineufes
qui font difpofées parallèlement. L’oeil de cette aiguille
doit par la même raifon répondre à fon tranchant
& à fon dos, afin que le fil paffe plus facilement &
n’écarte pas la plaie. Mais les habiles chirurgiens modernes
ne fe fervent pas de future pour la réunion
des tendons; ce qui tend à fupprimerl’ufage de ces
aiguilles.
3°. Aiguille pour le bec de lièvre. Les aiguilles pour
le bec de lièvre font toutes droites ; leur corps eft
exa&ement cylindrique , &. elles n’ont point d’oeil*
Leur pointe eft applatie , tranchante fur les côtés
& a la forme d’une langue de vipère, afin de couper
en perçant, & de faire une voie large au refte de l’aiguille.
Quelques praticiens veulent que ces aiguilles
Foient d’o r , pour ne fe point rouiller dans la plaie.
M. Petit a imaginé des épingles d’or au d’argent,
à deux têtes, pour l’opération du bec de lièvre-. Les
aiguilles qui font deftinées à les conduire, font en
forme de lardoires ; leur corps eft cylindrique ; leur
tête eft fendue pour loger une extrémité des épingles
; la pointe eft un peu courbe, triangulaire , &
tranchante fur les côtés.
4°. Aiguille pour la ligature- de Vartère intercofl'ale*
Il y a une aiguille particulière pour la ligature de. L’artère
intercofiale. On en doit l’invention, à M. Gou-
lard, chirurgien de Montpellier & de la fociété
royale des Fciences de cette ville. Elle reffemble à.
une petite algalie ou fonde creufe ; fa tête eft en-
plaque ; fon corps, qui a trois pouces de longueur,,
eft cylindrique ; fa pointe , qui eft tranchante fur
les côtés, & percée de deux’trous, eft à l’extrémité;
d’un demi-cercle, capable d’embraffer une côte. Il
y a une rainure fur la convexité, pour loger les fils.
5°. Aiguille pour la cataraEîe. Les aiguilles à abattre
la cataraEle font montées-fur un manche d’ivoire r
de bois ou de métal, de trois, pouces de long : elles--
font droites, & la pointe eft à langue de ferpent
bien tranchante. Il faut en avoir qui aient une petite-
rainure le long de leur corps pour conduire une-
lancette en cas de befoin-. Ces aiguilles doivent être
d’un acier bien pur & bien trempé. Leur longueur r
au delà du manche., eft d’un pouce trois ou quatre-
lignes. Le manche peut leur fervir d’étui..
■ 6°. Aiguille à anévrifme. U aiguille- à anévrifme æ
le corps cylindrique ; fa tête eft une petite palette-
qui fert à la tenir avec plus de fûreté ; fa courbure
eft grande , & forme une panfe pour donner plus de
jeu à l’inftrument. La pointe , au lieu d’être triangulaire
comme aux autres aiguilles, eft un cylindre
applati , dont les côtés font obtus. L’extrémité
de la pointe ne pique point ; elle a un oeil à quelques,
lignes de fa pointe. On trouve une aiguille de cette-
forme , mais un peu plus matérielle, dans Ambroife-
Paré ,, à l’article du point doré pour les hernies. On ne
fait pas à qui l’on doit la perfeétion & l’application de
cet inftrument à l’opération de l’anévrifme. Saviard *
obfervation 7 , décrit cette aiguille dans l’appareil
préparé pour l’opération d’un anévrifme, en 1651 ,
& en parle comme d’un inftrument d’ufage ordinaire.
M. Petit a imaginé une aiguille pour l’anévrifme ;
elle eft plate, large, & un peu courbée en S : elle
a vers fa pointe , qui eft moufle, deux ouvertures,
dans lefquélles on fait palier les deux bouts d’un
ruban compofé de trois ou quatre brins de fil. Lorfque
cette aiguille eft paffée fous l’artère, on coupe l’anfe
du fil qu’elle portoit, & les deux bouts fe trouvent
d’un feul coup d’aiguille placés aux endroits où il
faut faire la ligature. Cette aiguille convient aux
anévrifmes faux ; on ne peut pas's’en fervir aux ané-
vrifmes par dilatation , parce qu’il faudroit que la
pointe de cette aiguille fût plus large que la poche,,
afin de porter d’un feul coup les fils au lieu où il
faut ; & en outre il faudroit autant d’aiguilles qu’il
peut y avoir de degrés différens de dilatation.
70. Aiguille pour la fiflule. Il y aune aiguille pour
l ’opération de la fiflule a l’anus. Cette aiguille doit être
d’un argent mou & fort pliant ; elle eft longue de
fept pouces, épaiffe d’une demi-ligne, large de deux
lignes à l’endroit de fa tête, &. diminuant doucement
pour fe terminer en pointe. il y a une ouverture ou
chas de fept lignes de longueur à la tête de cet inftrument
, & on pratique fur une de fes furfaces une
rainure qui commence à quelques lignes de fon ouverture
, & finit à quelques lignes de fa pointe. L’ouverture
fert, en cas de befoin, à palier un féton, & la
rainure , à conduire un biftouri pour ouvrir un finus,
fi on le juge à propos.
8°. Aiguille à fêtons. Il faut aulfi que le chirurgien
porte dans fon étui une aiguille a fêtons. Je ne défigne
point par-là un mauvais inftrument , piquant & 1
trançhant en forme de carrelet, pour percer la peau'
dans Ippération du féton ; mais j’entends un ftylet
d’argent, boutonné par une de fes extrémités, &
ayant à l’autre un oeil ou chas propre à porter une
bandelette de linge effilé , qu’on nomme féton, pour I
entretenir la communication des deux plaies. •
9°. Aiguilles pour les plaies de la cuijfe. Comme il
peut fe trouver des plaies qui-percent la cuifle de
part en part, il faut que le chirurgien ait une aiguille
fort longue; on la fait de deux pièces , qui ont chacune
environ cinq pouces de longueur. Une de ces
pièces peut être appellée mâle , & l’autre femelle :
celle-là a fon extrémité antérieure boutonnée , &
Fon autre extrémité eft en vis. La pièce femelle a
un écrou dans fon extrémité antérieure, & un oeil
ou chas à fon autre bout , qui fert de tête à l’inftrument.
Toutes ces différentes aiguilles de chirurgien, qui
font d’acier, fe font ordinairement par les couteliers :
elles fe forgent, s’émoulent, & fe poliffent .comme
les autres ouvrages de ces ouvriers.
-Ce font communément les orfèvres- qui font les
aiguilles d’or & d’argent.
Aiguilles a relier. Cette aiguillé eft longue, '
recourbée vers la pointe, & elle a plus ou moins
de longueur & de courbure* fuivant le format de?,
uyres*.
Cette même aiguille fert aux coufeufes de brochures
& livres, pour porter d’une nervure à l’autre
le fil qui traverfe le milieu de chaque cahier, & qui
s’arrête aux ficelles qui font placées perpendiculai-
rement fur le coufoir.
Aiguille de blanchisseur de cire. Morceau
de fer long', dont ils fe fervent pour déboucher les
trous de la gréloire, lorfque la cire s’y arrête.
Aiguille de gainier. Cette aiguille eft de la .
longueur d’un pouce : elle Fe' met dans le porte- •
aiguille, & férir à l’ouvrier à faire les trous dans fes-
ouvrages, pour y pofer les petits clous d’ornement.
Du refte, elle n’a rien de particulier dans fa forme ,
finon que, pointue par un bout comme la plupart
des .autres aiguilles, elle n’eft pas ouverte ou percée-,
par l’autre.
Aiguille de gantier. Il y a une petite aiguille
de gantier qui n’eft ni à cul rond, ni à cul long, mais
dont la pointe eft en tiers point, de manière pourtant
qu’une des faces eft plus large que les deux autres*
La raifon de cette forme , eft que cette aiguille,
-deftinée à coudre des peaux extrêmement fines, qui
doivent être coufiæs à points imperceptibles , étant
faite proprement en langue, fend plutôt ces peaux
qu’elle n’y fait des trous, ôc permet une couture
aufii fine qu’on le veut.
A iguille a tête et a cheveux. C ’eft un
morceau d’acier ou de fer , de laiton, d’argent ou
d’o r, &c. poli, & même de quatre pouces de longueur
ou environ , dont les femmes Fe fervent pour
arranger leurs cheveux quand elles Fe coiffent. Ces :
aiguilles ont ,1a tête plate, & percée en longueur,
& la pointe peu piquante. Il n’eft pas néceffaire de
rendre raifon de cette forme.
? Aiguille a réseau. C’eft un petit morceau -
d’acier bu de fer, fendu par les deux extrémités
dont on fe fert .pour faire Tes réfeaux fur lefquels les
perruquiers appliquent les treffes des cheveux pour
monter les perruques.
Aiguille a emballer. Groffe aiguille de fer
ou d’acier, longue de cinq ou fix pouces, ronde par 1
la tête, & tranchante & triangulaire du côté de h
pointe , qui eft fort évidé.
Aiguille a matelas. Autre eipèce d’aiguille de
douze à quinze pouces- de longueur ; les tapiffiers
s’en fervent pour piquer de ficelle les matelas &
autres ouvrages.
Aiguille a empoïnter. Efpèce de carrelets-
affez longs , dont les marchands- fe fervent pour
arrêter , avec du gros-fil eu delà ficelle, les plis des,
pièces d’étoffes.
Aiguille pour faire les filets , ôfc. Aiguille
fervant à faire les filets ou réfeaux de ficelle , corde ,
cordonnet, & dont on fe fert pour pêcher; chajfer, & fermer
les baies des jeux de paume ; elle eft pour les- grands-
ouvrages à mailles larges , une pièce de bois, &.
pour les petits, une pièce de-fer terminée-en pointe-
obtufe par une de fés. extrémités, & par l’autre en
fourchette , fur laquelle on monte la ficelle ou le-
fil dont le. filet doit être compofé. Cette aiguille, a -