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campagnes de petits Colbert, un des plus grands mimftres de
Bacon, un des premiers gemes de 1 ’tous les temps. Bacon regardât
la France ; enfin les-bons efpnïs & . . 5 imnortante de la vraie philofophie ; ,
l’hiftoire des ans mécaniques comme la W : 1 ^ Pregardoit l’induftrie Pdes peuples
il n’avoit donc garde d’,en mep ^ p J s û r e d’un royaume. Au juge-
& l’étabhffement des manufaâures r • j„ u valeur des chofes , celui qui
ment de ceux qui ont aujourdhui es rrnlnteurs & d’artiftes en’ tout genre ; qui furprit
peupla la France de graveurs, de peintres glaces aux Vénitiens, ne
aux Anglois la machine a faire des bas, . f ennemis & leur enlevèrent leurs places
fit guère moins pour l’Etat que ceux qui mérite réel à avoir fait naître les Le
fortes ; & auxyeux du philofophe, > ' /et k fb a 'X s d^Alexandre, Scexécuter en
Bruns, les Le Sueurs , les Audrans, peindra & g # ^ ^ ^ ^ remportées. Mettez dans un
tàpifferie les vifioires de nos generau , q . T j pius fublimes & des ans les plus ho-
des côtés de la balance les avantages reels de le ences les plu l’êftime qu’on a
n o té s, & dans l’autre côté ceux des N t t M g g g f f i OE g dans le jufte rapport
utilement, & nous méprifons les homme*
w le s ’ B u t des A rts en général.
L’homme n’eft que le « j r i * « * } .
connoiffance ou experimentale ou,^ e£ . (q fuffîre qu’à un petit nombre d’effets ;
robufte, infatigable fa ite cJtinftrumens & des règles : il en Faut dire
elle n’achève de grandes cho e q « i règles font comme des mufcles furajoutes
autant de l’entendement. 'nft” & g B | Le but de tout art en général, ou
au bras., & des refforts ^ceffoires. . corîfpiransPà une même fin , eft d’imprimer certaine*
de tout fyfteme d inftrumens & g 1a nature * & cette bafe eft ou la matière , ou 1 e£*
formes déterminées ^r une bafe don P 1 A uaion de la nature. Dans les ans mep
r i t ,
P rojet d’un Traité général des A rts mécaniques.
Souvent d’on ignore qu’o T t eu dans tous les
vagues fur fes progrès : voila le J b & belli eufes ,p ou r ceux qui s’y font livres.
t e lp s , & chez toutes les nmon f profitions pteloFophiqüés partir de quelque
Dans ces occafions il faut recour:ir Ft- - & fol.tult , & s’avancer de-la jufhypothèfe
vraisemblable , d eH ^ q u par u„ exemple que j’emprunterai plus volontiers
qu’où l’art a été pouffe. Je m explique p I H H | übèraux, qu’on a prefentes fous
des arts mécaniques, qui font m . l’orieine & les progrès de la Verrerie ou de la Pape-
milleformes différente. S,J. l’o r | f g | g ^ ^ de ces arts? Il feppoterie,
que ferait un FW.° °P ftq omb/ aPCafard dans un vaiffeau plein d’eau., qu il y afçferoit
qu’un morceau de 1 g d I g, qu’au i;eu de trouver au fond du vaiffeau quand
W efpèce ae ^ ent ’ ■
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•aurait eu bien de la peine à reconnoître la nature fans quelques filamens qui rêftoient, & qui
indiquoient que la matière première de ce fédiment avoit été auparavant fous la forme de
linge. Quant à la Verrerie , il fuppoferoit que les premières habitations folides que les hommes
fe l'oient confiâmes, étoient de terre cuite ou de brique : o r , il eft impoffible de faire cuire
de la brique à grand feu , qu’il ne s’en vitrifie quelque partie; c’eft fous cette forme que le
verre s’eft préfenté la première fois. Mais.quelle diftance immenfe de cette écaille fale & verdâtre,
jufqu’à la matière tranfparente & pure des glaces ? &c. Voilà cependant l’expérience
fortuite , ou quelqu’autre femblable , de.laquelle le philofophe partira pour arriver jufqu’où
l’art de la verrerie eft maintenant parvenu.
Avantages de cette méthode. En s’y prenant ainfi, les progrès d’un art feroient expofés d ’une
manière plus inftruâive & plus claire , que par fon hiftoire véritable, quand on la fauroit. Les
obftaclés qu’on auroit eu à furmonter pour le perfeâionner fe préfenteroient dans un ordre
entièrement naturel, & l’explication fynthétique des démarches fucceffives de l'art en facilite-
roit l’intelligence aux efprits les plus ordinaires , & mettroit les Artiftes fur la voie qu’ils
auroient à fuivre pour approcher davantage de la perfeâion.
Ordre qu’il faudroit fuivre dans un pareil traité. Quant à l’ordre qu’il faudroit fuivre
dans un pareil traité , je crois que le plus avantageux ferait de rappeller les Arts aux
produâions de la nature. Une énumération exaâe de ces produirions donnerait naiffance
à bien des Arts inconnus. Un grand nombre d’autres naîtraient d’un examen circonftancie
des différentes faces fous lefquelles la même produâion peut être confidérée. La première
de ces conditions demande une connoiffance très-étendue de l’hiftoire de la nature ; & la-
fécondé , une très-grande dialeâique. Un traité des A n s , tel que je le conçois , n’eft donc
pas l’ouvrage d’un homme ordinaire. Qu’on n’aille pas s’imaginer que ce font ici des idées-
vaines que je propofe, & que je promets aux hommes des découvertes chimériques. Après-
avoir remarqué avec un philofophe que je ne me laffe point de louer, parce que je ne mo
fuis jamais laffé de le lire, que l’hiftoire de la nature eft incomplète fans celle des Arts ; &
après avoir invité les naturaliftes à . couronner leur travail fur les règnes des végétaux , desminéraux
, des animaux, &c. par les expériences des Arts mécaniques, dont la connoiffance-
importe beaucoup plus à la vraie philofophie ; j’oferai ajouter à fon exemple : Ergo rem quant
ago, non opinionem , fed opus ejje ; eamque non feclce alicujus, aut placiti, fed utilitatis ejfe
& amplitudinis immenfe fundamenta. Ce n’eft point ici un fyftême ; ce ne font point le»
fantaifies d’un homme ; ce font les décifions de l’expérience & de la raifon, & les fon -
demens d’un édifice immenfe ; & quiconque penfera différemment, cherchera à rétrécir la
fphère de nos connoiffances, & à décourager les efprits. Nous devons au hafard un grand
nombre de connoiffances ; il nous en a préfenté de fort importantes que nous ne cherchions
pas : eft-il à préfumer que nous ne trouverons rien, quand nous ajouterons nos efforts à fon
caprice , & que nous mettrons de l’ordre & de la méthode dans nos recherches ? Si nous
poffédons à préfent des fecrets qu’on n’efpéroit point auparavant ; & s’il nous eft permis de
tirer des conjeélures du paffé , pourquoi l’avenir ne nous réferveroit-il pas des richeffes fur
lefquelles nous ne comptons guère aujourd’hui ? Si l’on eût dit, il y a quelques fiècles, à
ces gens qui mefurent la poffibilité des chofes fur la portée de leur génie, & qui n’imaginent
rien au-delà de ce qu’ils connoiffent, qu’il eft une pouffière qui brife les rochers, qui ren-
verfe les murailles les plus épaiffes à des diftances étonnantes, qui, renfermée au poids da
quelques livres dans les entrailles profondes de la terre, les fecoue, fe fait jour à travers le*
maffes ^énormes qui la couvrent, & peut ouvrir un gouffre dans lequel une ville entière
difparoîtroit; ils n’auraient pas manqué de comparer ces effets à l’a&ion des roues, de*
poulies , des leviers, des contre-poids, & des autres machines connues , & de prononcer
qu une pareille pouffière eft chimérique ; & qu’il n’y a que la foudre ou la caufe qui produit
les tremblemens de terre , & dont le mécanifme eft inimitable , qui foit capable de ces prodiges
effrayans. C’eft ainfi que le grand philofophe parlait à. fon fiècle, S; à tous les fiècler
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