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P R É F A C E . N O U S devons préfenter à nos Lefteurs, au commencement de ce nouveau Diâionnàire
des Arts, les vues philofophiques, & les obfervations profondes des Editeurs de l’ancienne
Encyclopédie, & en particulier les recherches importantes de M. Diderot, à qui le Public fera
éternellement redevable du plan qu’il a ofé concevoir, entreprendre & exécuter pour lui procurer
la connoiflance & la réunion des Arts mécaniques, qu’il étoit lî difficile de faire fortir des1
ateliers, & d’enlever à la pratique myftérieufe des ouvriers en tout genre.
Qu’il nous foit donc permis de faire précéder c i quenous avons à dire de notre travail,
par ce qui a été 15 bien énoncé au fujet de l’Art & des Arts mécaniques dans l’ancienne
Encyclopédie.
Origine des Sciences & des A rts,
C’elî l’induflne de l’homme, appliquée aux produSions de la nature ou par fes befoins
ou par fon luxe, ou par fon amufement, ou par fa curiolité, &c. qui a donné nailfance aux
.Sciences & aux Arts ; & ces points de reunion de nos différentes réflexions ont reçu les
dénominations de Science & d A r t , félon la nature de leurs objets formels, comme difent les
Logiciens.^ Si 1 objet s execute, la colleêhon & la difpolition technique des règles félon lef-
quelles il s execute, s appellent Art. Si l’objet eft contemplé feulement fous différentes faces ,
la colieSion & ladifpofition technique des obfervations relatives à cet objet s’appellent Science;
ainfi la Metaphyjique eft une fcience, & la Morale eft un art. Il en eft de même de la théologie
& de la pyrotechnie.
Spéculation & pratique d ’un A r t.
Il eft evident par tout ce qui précède, que tout art a fa fpéculation & fa pratique ; fa
fpéculation , qui n’eft autre chofe que la connoiflance inopérative des règles de l'art ; fa
pratique , qui n’eft que l’ufage habituel & non réfléchi des mêmes règles. Il eft difficile ,
pour ne pas dire impoffible , de pouffer loin la pratique fans la fpéculation, & réciproquement
de bien pofféder la fpéculation fans la pratique. Il y a dans tout art un grand
nombre de circonftances relatives a la matière, aux inftrumens & à la manoeuvre , que
1 ufage feul nous apprend. C eft a la pratique a préfenter les difficultés & à donner les phénomènes
, & c’eft à la fpéculation à expliquer les phénomènes & à lever les difficultés : d’où il
s enfuit qu il. n’y a guère qu’un Artifte fachant raifonner, qui puiflè bien parler de fon art.
, En examinant les produâions des arts, on s’eft apperçu que les unes étoient plus l’ouvrage
de 1elprit que de la main , & qu’au contraire d’autres étoient plus l’ouvrage de la main que
de ielpnt, Telle^eft en partie l’origine de la prééminence que l’on a accordée à certains arts
lur d autres, & de la diftribution qu’on a faite des arts en arts libéraux & en arts mécaniques.
ette diitinétion, quoique bien fondée, a produit un mauvais effet, en aviliflant des gens
tres-eitimables & tres-utiles, & en fortifiant en nous, je ne fais quelle pareffe naturelle , qui
ne nous portoit déjà que trop à croire que donner une application confiante & fuivie à des
expériences & a des objets particuliers, fenfibles & matériels, c’étoit déroger à la dignité de
eipnt humain ; & que de pratiquer ou même d’étudier les arts mécaniques , e’étoit s’abaiffer
des chofes dont la recherche eft laborieufe , la méditation ignoble, l’expofîtion difficile, le
mmerce deshonorant, le nombre inépuifable, & la valeur minutielle : Minui maieftatem
mentis Humana ,J l ln expertmentis & rebus panicularibus, &c. Bac, nov. ors . Préjugé qui