de carton; remuez-les de temps en temps. Quand
elles font bien diffoutes , tirez - la- vite de l’eau I
égouttez-la, hume&ez - la avec un' peu de colle de
farine fort claire , ôc fervez-vous-en ainfi qu’il fuit.
Ayez une boule de bois du diamètre que vous
voulez donner a l’intérieur de votre ballon ; frottez-la
de favon, & couvrez-la de cette pâte dé lepaiffeur
dont vous voulez faire le cartouche ; preflez-la avec
une éponge pour en tirer l’humidité, & faites-lui
prendre corps : lorfqu’elle fera bien sèche , vous
couperez le globe par le milieu. Le favon dont il a
été 'frotté, fera que les deux hémifphères s’en détacheront
aifément, 6c étant réunis ils formeront le
ballon.
La troïfihne manière eft la plus fimple. On moule
les cartouches en carton comme les pots des fufées,
fur un gros rouleau de bois qui fe termine en hémif-
phère ; on leur donne une épatffeur à pouvoir les
étrangler , ,ôc un diamètre d’un quart de hauteur,
non compris ce que l’étranglement emporte. Le cartouche
étant étranglé autant qu’il eft poffible , il
faut frapper dedans un tampon de papier humeéfé
d’un peu de colle forte , pour qu’il faite corps avec
le cartouche ; 6c l’on aura foin d’applanir extérieurement
les plis de l’étranglement à coups de maillet.
Le tampon fert , tant à boucher le- trou de l’étran- '
glement, qu!à fortifier le cartouche dans.cette partie
qui doit pofer fur la chaffe, pour le mettre en état de
j-éfifter à l’impulfion.
Quand les cartouches font, préparés , on les
remplit d’un mélange de différente efpèce d’artifice,
comme ferpentaux , étoiles , marrons , fauchions
volans & autres. V o y .fig. 66. On y mêle de la com-
pofition des chaffes, des pots à feu , autant qu’il en
faut pour faire crever le cartouche, 6c donner feu
,à la garniture.
On ferme le cartouche de la première efpèce
avec une fufée lente ou porte-feu, qui doit en remplir
exaéfement l’ouverture.
Pour le cartouche de la fécondé efpèce, après
avoir rempli d’artifice les deux hémifphères, on les
rejoint avec de la colle forte, 8c on les lie de plu-
fieurs tours de ficelle collés de même, pour empêcher
que l’impulfion de la poudre ne les défu-
niffe ; enfuite on y forme un culot, en collant fur
l’une des deux parties que la ligature fépare, plu-
fieurs bandes de toile ou de papier; puis on perce
un trou à l’oppofite du culot, pour y placer la fufée ;
& l’on achève de couvrir le ballon de papier collé,
afin de cacher les ligatures & les jointures.
Quant à la troifième efpèce, qui eft la plus en
ufage , lorfqu’on l’a remplie d’artifice , on ferme
le cartouche avec un tampon de papier preffe a la
main , 6c on l’étrangle de manière qu’il n’y refte
d’ouverture que pour y placer la fufée. On perce
auparavant le tampon d’un trou affez grand, pour
que la fufée puiffe le traverfer & communiquer à
l’artifice. Ce tampon fert à conferver la forme
au cartouche, & à empêcher que l’artifice ne fe
froiffe en l’étranglant. Les fufées ou porte-feu des
ballons doivent y entrer à force, & y être collés
de colle forte.
Les cartouches des fufées font faits de cartes à
jouer ou de carton, fuivar.t leur groffeur. Ils ne
doivent point être étranglés ; on les charge communément
de compofition de fufées volantes , ou
de poudre ralentie avec du charbon, autant qu’il
eft néceffaire pour leur donner le degré le plus
convenable ; on les charge fans moule, en les tenant
appuyés par un bout fur quelque chofe de
folide. Il faut les frapper également, 8c d’un pareil
nombre de coups , lorsqu’ils doivent avoir la
même durée. On les amorce par les deux bouts,
tant pour retenir la compofition, que pour y donner
feu.
Il eft prudent dé faire un effai pour connoître
& régler la durée, de la fufée qui doit donner feu
à la garniture. Pour cela, on jette avec le mortier
un ballon chargé dé terre, de la même pefanteur
que la garniture qu’il doit porter. On obfervera
fi la fufée qui y eft placée s’éteint en montant ou
en defcendant. On jugera en même temps par cet
effai, fi la quantité de poudre mife dans le mortier
eft fuffifante , 8c fi le ballon éclate & produit
fon effet dans la plus grande élévation. On règle
la durée de la fufée en la tenant plus longue ou
plus courte, ou en rendant la compofition plus vive
ou plus lente. .
Quelques artificiers veulent que la fufée qui doit
être placée dans .l’ôeil du ballon, ■ pour donner feu
à la garniture, foit de bois, & qu’elle ait plus de
groffeur par un bout que par l’autre; 8c afin qu’elle
ne rifqué pas d’être chaffée dans le ballon pa‘r l’im*
pulfion de la poudre, on l’enduit de colle forte,
8c on la fait entrer dans le ballon, prefque au niveau
de la furface extérieure.
Le ballon étant entièrement garni, on le couvre
de groffe toile collée de colle forte , ou encore
mieux de ficelle de groffeur proportionnée; on l’en-
[, duit d’une pâte faite avec de l’écaille de fer 8c de la
colle forte : cette écaille fe trouve chez les maréchaux
; on la ramaffe autour de l’enclume ; c’eft
cequi.fe détache du fe r ’lorfqu’on le forge. Cette
pâte remplit les interftices de la ficelle, & lui donne
une confiftance prefque auflï folide que du fer. On
moule enfuite le ballon fur l’écaille sèche qui sy^
attache, & lui donne la couleur du métal ; ce qui
le fait parfaitement reffembler à une bombe.
Lorfque les ballons n’excèdent pas fix pouces de
diamètre, on peut fe.fervir d’un pot àaigrettes pour
les jeter. Le pot deftiné à cet ufage doit être percé
au milieu du plateau de bois qui lui fert de bafe,
d’un trou de deux à trois lignes, qui communique
à une rainure faite par deflous du centre à la circonférence.
On formera un fac à poudre, comme
pour les pots à aigrettes, dans lequel on liera un
bout d’étoypille , que l’on paffera dans le trou, que
l’on couchera dans la rainure, & que l’on couvrira
enfuite de papier collé. Elle fervira à y donner feu.
Cette chaffe n’ayant rien à allumer, doit être de
• relien f
fellen, fans mélange de charbon, & de la pefarttéür
d’un dix-huitième du ballon. Le pot doit être couvert
d’un rang de corde, collé de colle forte, pour
pouvoir réfiffer à l’effort de la poudre.
Le ballon étant placé deffus la chaffe ou fac à poudre,
ou le mettra un peu en ferre avec quelque chiffon
de papier, que l’on preffera entre le ballon 8c le pot,
afin que la poudre faffe plus de réfiftance. Lorfqu’on
veut jeter le ballon, il faut commencer par donner
feu à la fufée , enfuite au pot ou mortier. L’effet du
ballon eft de montrer d’abord un petite étincelle qui
Relève avec rapidité, enfuite d’éclater avec bruit, &
de répandre dans l’air différentes efpèces de feux, qui
furprennent 6c réjouiffent la vue.
Si le ballon excède fix pouces de diamètre, il eft
à propos de fe fervîr, pour le jeter, ou du mortier
do guerre , ou du mortier de bois. Lorfqu’on fait
ufage,du premier , on doit choifir un mortier à chambre
droite , le charger de poudre de la trenteffixième
partie de la pefanteur du ballon , & remplir le refte
de la chambre de fourrage bien bourré.
Quand on fe fert du mortier de bois , il faut qu’il
foit fait de groffes- douv.es liées de trois ou quatre
cercles de fer , ôc entièrement couvert 8c entouré
de cordes, qui fervent à empêcher le mortier de
crever. La culaffe eft une pièce de bois arrondie 8c
retenue dans les douves par le talon qu’on leur con-
ferve à cèt effet : ces douves doivent être d’égale
largeur, pour que la poudre agiffe fur toutes égale-
lemeat ; plus il y en aura, moins elles feront en
danger d’être rompues par l’effort de la poudre.
On empêchera que la chambre du mortier ne foit
endommagée par le feu, en la garniffant intérieurement
avec des lames de fer clouées fur chaque partie
des douves qui la forment. Les clous en feront proprement
rivés & unis. On forme le trou de lumière
au moyen d’un tuyau de fer qui traverfe une des
douves , 8c communique au fond de la chambre oh
il eft rivé. La charge de ce mortier doit être de la
vingt-quatrième partie de la pefanteur du ballon. La
fig- tfy repréfente un mortier pour tirer des bombes.
La fig. iop fait voir le développement d’un mortier ;
& la j%; 110 le montre jfur fon affût.
On fait encore des mortiers de carton pour jeter
les ballons. Ces mortiers ont la forme de pots à aigrettes
; il n’y a de différence que dans le pied de
bois fur lequel ils font montés. Ce pied pour les
mortiers doit avoir affez d’épaiffeur pour que l’on
puiffe creufer à fon centre une cavité à pouvoir y
placer une chambre de fonte de cuivre, en forme
u entonnoir , dans laquelle on met la poudre : le bout
de 1 entonnoir qui vient rendre au centre extérieur
du fond du mortier, eft le canal ou lumière par
lequel, au moyen d’une étoupille que l’on conduit fur
le bord de la circonférence , on donne feu au mortier,
La chambre doit contenir de poudre la trente-
deuxieme partie de la pefanteur du ballon. Les charges
le renferment dans des .cartouches de papier, faits
e meme en forme d entonnoir, d’oh pend une étou-
pdle que 1 on fait paffer dans la lumière pour y donner
Arts & Métiers. Tome I. Partie J.
feu, comthe il vient d’être dit. La chaffe étant placée
dans la chambre, on la pique de quelques trous
d’épingle ; on répand un peu de pouflier deffus ; puis
on place le ballon dans le mortier , en mettant la
fufée fur la chaffe qui doit lui donner feu. On preffe
quelques chiffons de papier entre le ballon & le mortier,
afin que la poudre , trouvant quelque réfiftance,
faffe plus d’eflSgt, & pour empêcher le ballon de fe
déranger dans le tranfport.
Les grenades d’artifice font faites en petit comme
les ballons ; on les jette à la main avec un gant, pour
fe garantir d’en être brûlé, au cas qu’elles vinffent
à crever. On en garnit quelquefois les pots à feu.
On garnit aufli des barils avec des grenades, qui ne
font autres que des marrons auxquels on met des
fufées de bois, comme aux grenades de guerre. On
leur donne la forme ronde en les couvrant de ficelle ,
8c on les enduit de pâte faite avec la colle forte 6c
l’écaille de fer.
Les barils dans lefquels on les enferme, font faits
de bois de fapin. On donne à ces barils communément
vingt-un pouces de hauteur , douze pouces de
diamètre intérieur au fond, 6c douze pouces 6c demi
d’ouverture. L’épaiffeur des douves doit être au moins
d’un pouce.
On renferme dans un fac de toile trois livres de
poudre avec quatre bouts d’étoupille de dix-huit
pouces de longueur, dont douze pouces doivent fortir
du fac. On place ce fac atr fond du baril, 6c on pofe
deffus un plateau de bois taillé en rond , du diamètre
du baril. Au milieu de ce plateau on a percé un trou
par oh l’on fait paffer les quatre étoupilles qui doivent
donner feu à la chaffe. On arrange fur ce plateau
quarante à cinquante grenades bien amorcées & étou-
pillées, parmi lefquelles on répand une livre de compofition
de feu commun : on place enfuite un jet au
milieu , qui, en finiffant, donnera feu aux grenades
6c au fac à poudre qui doit les jeter : on affujettit es
jet avec des feuilles de papier que l’on preffe autour:
on achève de remplir le baril avec du foin , 6c?oii
le ferme avec un couvercle de bois de I’épaiffeur
des douves , qui s’emboîte dans une feuillure oh if
eft retenu avec des chevilles. C e couvercle doit être
percé d’un trou au milieu, pour laiffer paffer la partie
du jet qui excède le baril : on colle du papier fur l’endroit
de fa fortie, pour l’arrêter , ainfi que fur la
gorge , pour qu’il ne parte qu’à volonté.
Pour tirer ces barils , on fait des trous en terre ,•
dans lefquels on les place à niveau du terrain, 6c on
refoule la terre autour.
Cet artifice a un effet très-beau , mais très-bruyant;
il fait une variété agréable avec les caiffes, lorfqu’on
les tire alternativement, 6c que l’on donne feu à vingt
ou trente barils à-la-fois.
Les caiffes propres à recevoir les fufées volantes
6c à en faire partir plufieurs à-la-fois , font faites
ordinairement de bois de fapin , qui, étant léger, en
rend le tranfport facile. On leur donne la forme carrée,
comme étant plus commode pour qu’une planche percée,
que l’on appelle la grille, y entre facilement.