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Le front eft cette partie qui s’étend depuis te toupet |
jufqu’à un travers de doigt au deffus des yeux ;
il doit être convexe, ce que l’on appelle moutonné
ou bufquè : cette conformation eft très - agréable ;
elle ne fe remarque ordinairement que dans les chevaux
Anglois 8c Efpagnols, & non pas dans les Napolitains
, ni dans les Barbes, ni même dans lès Normands.
x On appelle falïéres, deux enfoncemens qui fe
trouvent au deffus des y eu x , & qui font toujours
regardées comme un défaut de conformation ; dans
la belle - nature , cette partie doit être de niveau
avec les fourcils ; cette dépreflion eft fenfible dans
la vieilleffe : elle eft quelquefois naturelle & héréditaire;
mais c’eft une erreur de croire qu’un vieux
cheval, dont les falières font creufes , engendrera
un poulain qui aura cette défe&uofité.
Il eft bon de fa voir que certains maquignons ont
le fecret & la mauvaife foi de faire difparoître les
falières trop profondes, qui pourroient déplaire aux
acheteurs : il$ font un petit trou à la peau, y fouf-
flent de l’air, & bouchent le trou ; cette petite
fourberie ne dure pas long-temps, l’air fe fait un
paffage, 8c les creux reparoiffent comme auparavant
, mais fouvent trop tard pour le particulier
qui a été trompé.
Les paupières, font ces deux portions de peau
qui forme un efpace ovalaire , fous lequel font placés
les yeux. Les paupières, principalement lafupérieure,
doit toujours être élevée- & repliée fur elle même,
8c laiffer à découvert tout le globe de l’oeil, ce qui
fait dire d’un cheval qu’il a i ’oeil fier: lor (qu’au contraire
la paupière eft trop marquée, on dit ce cheval
a Vceil mou; ce qui s’obferve principalement dans
les vieux chevaux : cependant ce défaut peut venir
d’un vice de conformation.
Pour que les yeux foient bien placés, il faut
qu’ils foient faillans, 8c que leurs mouvemens
foient fréquens. L’endtoit le plus favorable pour
examiner la vue d’un cheval, eft la porte d’une écurie
lorfqu’il eft prêt à fortir, fous une porte cochère,
ou fous une remife, afin qu’il n’y ait point de jour
derrière lui ; on confidère l’oeil en avant de profil,
& on fait des lignes ; fi le cheval eft aveugle , on
en fera convaincu, & par la pofition de fes oreilles
dont l’une eft en avant & l’autre en arrière, 8c
par la manière dont il lève les jambes.
Quelques maquignons ont foin de faire voir leurs
chevaux auprès d’un mur ou d’une porte blanche,
parce que la réflexion de la lumière leur fait pa-
roître l’oeil plus vif.
On doit encore obferver fi les yeux font bien
égaux , s’il n’y en a point un plus petit que l’autre ;
ce n’eft quelquefois qu’un défaut de conformation
naturelle , 8c alors il n’y a aucun inconvénient :
mais cette difparité dépend fouvent de ce qu’une
humeur tombe fur l’oeil qui paroît plus petit ; on
peut reconnoître les chevaux qui font fujets à cette
incommodité , en ce que l’oeil qui eft plus petit
eft auffi plus trouble, & que la paupière inférieure
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du coté du grand angle eft enflée ; cette paupière
eft d’ailleurs fendue à l’endroit du point lacrymal,
ce qui eft la fuite de l’âcreté des larmes qui 1 ont
ulcérée.
Il y a des chevaux qui paroiffent avoir les yeux
très-beaux , très-clairs 8c qui ont la vue tres-mau-
vaife ou même ne voient point du tout ; la maniéré
la plus certaine de s’affurer de la force ou de la foi-
bleffe de l’organe de la vu e , eft de placer^ le cheval
d’abofd dans un endroit obfcur, & de 1 amener
tout doucement à la lumière ; alors on obferve que
l’iris de l’oeil fe refferre à mefure que le cheval
avance à la lumière à caufe de la quantité de rayons
lumineux qui viennent la frapper ; l’iris de 1 oeil fe
dilate au contraire, lorfque le cheval rentre dans
l’obfcurité, afin de -recevoir davantage de rayons
lumineux. Cette fenfibilité de l’iris prouve le degre
de beauté de la vue du cheval, 8c ! égalité ou 1 inégalité
de force qu’il peut y avoir entre les deux
yeux. | ,
L’onglet, eft cette partie femi-lunaire , fituee
vers le grand angle, entre le globe de loeil 8c cet
angle. Dans la belle nature, l’onglet ne doit point
paroître, à moins que quelques corps étrangers
ne touchent la vitre de l’oeil ou la coiflonâive,
8c n’obligent le globe à fe retirer dans lé fond de
l’orbite ; pour lors cette membrane, agit en ayant,
8c fert de doigt à l’animal pour balayer-les ordures :
mais c’eft une maladie toutes les fois quelle paroît
quand l’oeil eft tranquille.
Le nez pour être bien fait doit être moutonné , en
fe fuivant avec le front. La partie moyenne eft
nommée chanfrein ; lorfque le chanfrein eft concave
ou d’une forme çreufe 8c rentrant en dedans, on
dit que le cheval à le chanfrein renfonce : ceft un
grand défaut pour le coup-d’oeil. D ailleurs la respiration
s’en trouve gênée, & le paffage de lair
intercepté.
Les nafeaux font deux ouvertures de peau qui
ont environ quatre pouces de longueur ; ils doivent
être bien ouverts , autrement c’eft un defaut, 8c on
dit que le cheval a les nafeaux peu fendus, ce qui
fouvent le rend Souffleur ou fiffleur ; ce feroit cependant
un très - grand défaut s’ils etoient trop ouverts
; car l’air ayant un trop libre accès & pénétrant
avec trop d’impétuofité pourroit occafionner differentes
maladies, telles que la toux, la morfondure ,
la morve, &c. Le diamètre des nafeaux, pour qu’ils
foient bien conformés, ne doit pas dans 1 aélion
furpaffer la largeur des lèvres» .
La bouche effbien proportionnée lorfqu’elle forme
Une efpèce de groupe agréable. Les levres doivent
être sèches & bien appliquées fur les dents ; le bord
de chaque lèvre doit rentrer en dedans fans laiffer
appercevoir aucune ride; la lèvre Supérieure doit
être placée en avant 8c un peu arrondie fur fes côtes,
autrement on dit, mais improprement, que l'aninuiL
a le bout du ne^ gros. La lèvre inférieure doit être
trouffée , & fon bord rentrer auffi en dedans ; on
défigné la conformation contraire par ces mots ; lerrc
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pendante ; prefque tous les vieux chevaux ont ce
défaut qui peut auffi provenir de naiffance.: le menton
fait partie de la lèvre inférieure, on demande qu’il
fe termine en pointe.
La bonté de la bouche eft une qualité des plus
effentiellès, fur-tout dans un cheval de felle. Pour
être belle , elle ne doit être ni trop ,' ni trop peu
fendue. Dans le premier cas, le mors iroit trop
avant dans la bouche ; dans le fécond, le mors feroit
froncer les lèvres , qui deviennent alors dures ,
épaiffes, Sc la bouche du cheval n’eft pas bien
fenfible.
Il y a des chevaux qui ont la bouche fi bonne 8c
qui goûtent fi bien le mors, qu’ils le mâchent continuellement
, ce qui fait exprimer une ecume
blanche ; on dit de ces chevaux qu’ils ont la bouche
fraîche. Ceux qui ont la bouche trop dure ne
goûtent point l’appui du mors, 8c ont toujours la
Bouche sèche.
Les maquignons qui veulent faire entrevoir de la '
fraîcheur ou de l’écume dans les chevaux qu’ils
veulent vendre, leur donnent du fel en leur mettant
le mors : ce fel exprime la mucofité des glandes &
fait paroître de l’écume dans la bouche. En général
on doit obferver bien attentivement fi la bouche
du cheval eft en bon état 8c fi elle eft bien faine.
On appelle joue cette furface latérale 8c unie fai-
fant partie de la mâchoire inférieure, & fituée à côté
de la face ; elle doit être plate. On dit vulgairement
que le cheval a une groffie ganache, lorfque la partie
fupérieure eft furpanée par l’inférieure ; & l’on dit
qu’il a la ganache décharnée , lorfque la fupérieure
déborde. L’entre-deux des joues fe nomme le deffous
de la ganache. Le deffus doit être creux, évidé &
évafé : c’eft une belle forme. Le contraire s’appelle
ganache pleine & évafée, ce qui eft un défaut. Les
chevaux naiffent pour l’ordinaire avec la ganache
évidée; elle ne devient pleine qu’à la fuite de la
gourme qui* leur laiffe toute la vie un engorgement
des glandes falivaires qui les fait appeller ganachés.
La partie inferieure de deffous cette ganache fe
nomme auge. Lorfqu’il arrive que les bords de
l’auge, qui devroient être arrondis , font faillans, le
cheval court rifque d’être bleffé par la gourmette.
Les avives font fituées à la partie fupérieure &
poftérieure de la ganache ; cette partie doit être
sèche & rentrer en dedans pour faciliter le mouvement
de la tête vers le cou , dans le temps que
le cheval fe ramene.
. \1 encolure doit être charnue, 8c arrondie fupérieu-
rement lorfqu’elle eft droite , on l’appelle fauffe encolure
; quand eft creufée ouéchancrée elle fe nomme
coup de hache. Dans le cheval de felle, l’encolure ne
doit pas être longue, mais bien relevée : dans le
cheval de carrofle , elle doit être plus allongée,
afin déformer le centre de gravité dans les mouve-
.vemens en avant.
. Les chevaux dont les encolures font trop molles
& trop effilées font fujets à donner des coups de |
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tête; ceux au contraire qui ont 1 encolure trop
charnue, trop épaijfe, pèfent à la main.
La crinière doit être longue, mais médiocrement
chargée de crins ; fi elle eft trop large & trop
épaiffe , elle gâte l’encolure , la rend penchante , &
demande un foin extrême pour la garantir de la
gale. On doit dégarnir une crinièr-ê trop forte, en
ôtant des crins de deffous.
Le gofier eft la partie antérieure du cou ; il doit
être faillant, & un peu convexe dans fa partie
moyenne; quand il l’eft trop on 1 appellecow pendant.
C ’eft pour l’ordinâjre le défaut des vieux cnevaux,
quoiqu’ils puiffent naître ainfi.
Le poitrail antérieur doit être bien ouvert, & ne
doit paroître faire qu’un feul 8c meme corps avec
l’épaule. Il faut auffi que le deffous du poitrail foit
I ouvert 8c plat.
Le garot ne doit être -ni tranchant ni arrondi ,
mais de niveau avec l’encolure & un peu plus eleve
fur les côtés, fans quoi il feroit expofé à être bleffé
par les arçons de la felle ; mais cette conformation
eft plus néceffaire dans le cheval de felle que dans
celui de carroffe.
U épaule eft cette partie qui s’étend depuis la
partie fupérieure du garot jufqu a la partie moyenne
du poitrail. Elle doit paroître détachée dans fa partie
antérieure avec l’encolure. Il ne faut pas qu elle foit
trop ferrée : dans ce cas on l’appelle épaule collée ;
& fi les deux le font également, on dit que le cheval
eft chevillé. Si l’épaule eft trop groffle 8c trop arrondie
on dit que le cheval a les épaules trop graffies, ce qui.
gêne beaucoup fon mouvement fur la poitrine. Lorf-
qu’un cheval a les épaules étroites, 8c que la poi-
trine n’eft point afîez ouverte il ne peut pas dé-,
ployer facilement fes jambes en galopant; il eft
fujet à broncher, à fie croifèr, a fe couper en
marchant. _
Le bras s’étend depuis l’épaule jufqu’au coude,
8c doit fuivre en proportion l’épaule. Cela eft fi.
v ra i, que l’on a toujours confondu cette partie avec
l’épaule, 8c que des deux l’on en a fait un tout ; 8c
comme il eft couché lé long de la partie inférieure
du poitrail, il doit néceffairement tomber en ligne
droite à l’épaule. ;
Vavant-bras s’étend depuis la -partie inferieure
de la poitrine jufqu’à la première jointure -9 il -doit
être charnu & d’une longueur proportionnée ; il ne
peut même être trop charnu ; car, quand il ne 1 eft
pas, ce que l’on nomme alors bras menu, il forme
toujours un cheval mou dans fon devant fujet a
broncher & à plier les genoux , en un mot un cheval
arqué. Quoiqu’on voie de fort jeunes poulains arqués
, c’eft le plus fouvent le défaut des chevaux
ufés, 6c fur-tout des vieux.
Le coude eft cette partie pointue, fituée derrière
8c au deffous de l’avant-bra^ôc qui en fait partie ;
il doit fe détacher de la poitrine, 6c ne point etre
court ; conftruit autrement, le jeu de cette partie
feroit diminué. Les chevaux à coudes ferrés ÔC
courts font nommés pannards.M
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