
fanteur fur une des divîfions de la lamé » 8c on re-
connoît par-là combien pèfe cette marchandife.
On fent que ce pefon à tiers-point, doit avoir les
défauts du pefon à reffort ; défauts provenans également
de cé que le reffort eft fujet a fe relâcher ôc
à s’affoiblir par l’ufage.
Balance d'ejfai pour les grains.
La balance d'ejfai pour les grains, eft une machine
dont les Hollandois 6c les habiles négocians de bled
fe fervent pour le commerce des grains.
Il faut* favoir d’abord que le poids du .bled fait
connoître fes différentes qualités : plus il eft pefant à
mefure égale, 6c mieux il vaut, parce que plus le bled _
p c fe , plus il y a de farine, 8c plus celle-ci a de qualité.
Un fetier de bled de la tête, mefure de_Paris,
pèfe, année commune, 240 livres ; celui de la fécondé
claffe ,2 3 0 livres ; 6c celui de la troiftème
claffe, 220 livres.
La féchereffe des grains 8c la denfité de la farine
qu’ils renferment, contribuent beaucoup à leur poids
& à leur qualité. Cette obfervation eft de première
importance dans le commerce des grains 8c des farines.
En effet, il eft d’une vérité reconnue, que la
qualité des bleds varie fuivant la différence des années
: lorfqu’ils font peu fecs, ils font gonflés 8c
bouffis ; chaque grain forme, par cette raifon, un plus
grand volume, par conféquent chaque mefure en
contient beaucoup moins. Ainfi, la mefure de grains
produit dans une telle année, moins de pain que
quand l’année a été sèche 8c favorable aux moiffons ;
au contraire , quand les bleds font fecs , chaque
grain tenant moins de volume, occupe moins de
place dans la mefure qui contient beaucoup plus
tie grains ; elle rend par conféquent plus farine , 8c
fait une plus grande quantité de pain ; ce qui peut
quelquefois produire une différence de plus de cent
livres de pain par fetier , entre le'bled pefant de la
tête , 8c le bled léger ou commun.
Ajoutons encore cette obfervation importante ,
que plus un bled eft fec 8c pefant, 8c plus la qualité
de la farine qu’il contient, eft préférable à celle d’un
autre bled qui n’en contient pas une égal:- quantité.
Et c’eft une chofe étonnante que la bonté des farines
fôit corrélative au poids des grains, enforte qu’un
fetier de bled pefant 20 livres de plus qu’un autre
fetier, le bénéfice du produit du premier fetier en
pain, fera non feulement de l’excédent de 20 livres
du poids du bled , mais encore du triple relativement
à la fupériorité de la farine, qui prendra plus d’eau
6c qui lèvera -mieux.
Cela pofé, le poids du bled eft le principal 8c le
premier moyen dont ori puiffe faire ufage avec certitude
, pour acquérir la connoiffance de la qualité
des* différens grains 8c de la difproportfon de leur
produit refpeâif ; on voit par-là combien l’ufage des
mefüres eft fautif dans le commerce des bleds. Âuffï
voyons-nous que les marchands fous-pèfent le bled
à la main dans les marchés, pour effayer d’en con-
noitre la qualité par le poids.
Les Hollandois ont une méthode plus sûre pour
connoître lé poids des grains ; ils fe fervent d’une
balance d'ejfai, 8c de poids proportionnées au poids
d’Amfterdam, qui eft le même que notre poids de
marc. Les négocians qui font le commerce des bleds,
ont de petites balances cylindriques qui contiennent
un k o p , mefure de grains qui eft jufte de la continence
de notre litron : les poids dont on fe fert
pour pefer les grains à cette mefure d’effai, font représentatifs
du poids de marc, dans la même proportion
que la petite mefure de comparailon l’eft à la
grande mefure dont on veut connoître le poids par
celui d’une de fes parties.
La balance graduée fournie par M. Doumer ,
habile négociant de Paris, eft compofée de deux
cylindres creux de cuivre , bien ajuftés 8c d’un
poids égal : ils ont exa&ement 3 pouces 10 lignes
de largeur, fur 3 pouces 6 lignes de hauteur, qui
font précifément les dimenfions que doit avoir le
litron, ou la 192e partie du fetier de Paris, fuivant
l’ordonnance de la ville du mois de décembre 1672.
Aux deux côtés de chaque cylindre , font deux
oreillons où paffent deux cordons de 7 pouces chacun
de longueur, qui viennent fe réunir ali crochet qui
s’agrafte. au fléau de la balance. Le fléau a 6 pouces
de longueur.
Un litron eft la 192e partie du fetier ; il faut pour
la balance d’effai, ajufter des poids proportionnels ,
dont le premier foit également la 192e partie d’une
livre, poids de marc ; ce qui fe rencontre précifément
dans un poids de 2 deniers, ou de 48 grains.
Ces 48 grains, poids de marc, font à 9216 grains
contenus dans une livre, poids de marc, comme
192 (ou la mefure d’un litron)- eft à un fetier de
Paris. Enfin, deux deniers, poids de marc, font la
192e partie d’une livre, comme le litron eft la 192®
partie d’un fetier.
O r , la mefure étant pleine, le nombre des poids
de 2 deniers quelle pèfera repréfentera des livres,
lorfque la mefure repréfentera le fetier. (Un fetier
vaut deux mines , une mine deux-minots, un minot
trois boiffeaux, un boiffeau quatre quarts, un quart
quatre litrons. Combien un litron ? Multipliez toutes
ces mefures les unes par les autres , 8c vous aurez
I9* -)
On fait donc un poids qui pèfe 2 deniers, 8c qui
repréfente une livre de grain ; le poids réel de 2
deniers , doit être infculpé d’un côté-du poids , &
le poids figuré infculpé de l’autre, comme dans la
table fuivante.
2 deniersy poids de marc, repréfentent il.d egr.
4 • • • .............................................2
6 ........................................................ 3
8 ............................................................. 4
*0 . . ............................. 5
2 0 .................................. ..... 10
40 . . . . . - ................................20
8 0 ............................ ............................40
5 onces ou 120 deniers..................................60
1 marc 8 deniers. . . . . • 100
1 marc 2 onces. . . . . • 12Q
Ces poids font de plomb ; celui de 120 liv. par
repréfentation, a 10 pouces de diamètre 8c 7 lignes
de hauteur, 8c ainfi en diminuant d’épaiffeur 8c de
diamètre jufqu’au poids d’une livre, qui a cinq lignes
de diamètre 8c une ligne d’épaiffeur.
Il faut remplir la mefure, en y faifant couler le
grain qu’on tient dans un petit fac , à environ quatre
pouces de hauteur.
Quand la mefure eft pleine, on la racle ou rafe
avec un petit rouleau fait exprès. Lorfque le mefu-
rage eft fait, on procède à la pefée de cette façon :
on attache au fléau les deux côtés de la balance ,
par les crochets qui tiennent aux cordons ; on met
autant de poids dans le côté y id e, que le côté plein
peut en enlever. t
Il eft entré dans l’èffai.
Le poids marqué 100 livres , 8c qui pèfe réellement
. . . . : 100 liv. 1 >»<*. 8 à.
Celui de . . 60 . . . . . 5 i
Celui de . . 40 . . . . . 3 8
Celui de . . 20 . . . . . 1 16
Celui de . . 10 . . . . . . 20
Celui de . . 4 ........................................8
Celui de . . 2 . . . . • 4
2 3 zma. <^on. i&d-
Le poids du fetier de bled dans cet effai eft donc
de 236 livres.
Ce qu’il eft facile de prouver : car en multipliant
le poids réel de 2 marcs 3 onces 16 deniers, que
Je litron de bled s’eft trouvé pefer, par 192 qui eft
fon rapport au fetier de bled , on aura jufte les
mêmes 236 liv. que donnent les poids d’effai ou de
repréfentation.
Quelque jufte vque foit mathématiquement la
divifion d’une grande mefure à mefurer des grains ,
en mefures plus petites, il y aura toujours une perte
fur ces dernières; cette perte d’un litron au fetier,
eft d’ un 192e. C ar, le fetier de bled dont orra fait
l’effai 5 pèfe réellement 240 livres ; le litron devoit
pefer 20 onces ou 2 marcs 4 onces , & il n’a pefé
que 2 marcs 3 onces 16 deniers, qui ne repréfentent
en poids d’effai que 236; il manque donc au litron
8 deniers de poids, lesquels étant multipliés par 192,
font précifément les 4 livres qui manquent à l’effai',
pour faire les 240 liv. du poids réel du fetier. Cette
différence qui fe trouve entre le poids de la petite
mefure & celui dont elle eft une divifion, vient de
ce que le grain fe taffe bien davantage dans une
grande mefure que dans une petite. .
Au refte , on doit avertir que les deux cylindres
de l a balance cTeffai de M. Doumer, ne font point
parfaitement égaux en dimenfion, quoiqu’ils foient
exactement égaux en poids ; il appelle mefure, le cylindre
qui eft le litron; 8c balance, le cylindre où
Ion met les poids. Ce dernier étant plus petit, fert
a emboîter Je plus grand; ce qui eft plus commode
pour le tranfport,
Cependant M. Béguillet ( de quî eft cet article
fur la balance d’effai ) obferve qu’il eft plus avantageux
de faire faire deux cylindres- égaux , qui
foient tous les deux de la mefure d’un litron. Nous
trouvons, dit-il, en cela une très-grande commodité ,
lorfqu’on a plufieurs parties de bled à effayer ; car
ayant reconnu le poids de l’une, on peut remplir
l’autre cylindre fucceflivèment des autres parties
qu’on veut effayer, 8c l’on en connoît tout de fuite
le poids, ou égal au premier déjà effayé, ou moindre ,
ou plus fort, en mettant les petites divîfions des poids
de l’un ou de l’autre côté, fuivant que le demande
le degré de pefanteur de chaque efpèce de bled ,
comparé avec le premier qui aura été effayé. On
peut ainfi reconnoître en un quart-d’heure, la qualité
des bleds de plufieurs chargemens.
Les balanciers font des balances cylindriques d’effai
de grains ; 8c le fieur Chemin, maître balancier à
Paris , rue de la féronerie, a fait celle dont il a été
queftion ici.
Les avantages de cette balance d’effai font fen-
fibles.
i ° . Elle eft portative.
2°. Un acheteur y voit d’un coup d’oeil le poids
d’un fetier de grain : il n’eft plus poflible au vendeur
de le changer ae qualité ou de l’altérer ; s’il le mouille ,
il eft moins coulant, il en entrera moins dans la
mefure , il fera moins pefant, 8cc.
3 °. Cette m efure pourroit être adoptée par 1 e gouvernement
; elle ferviroit dans les juridictions con-
fulaires à juger les conteftations qui s’élèvent entre
les vendeurs 8c les acheteurs des grains, lors des
livraifons.
4°. La balance feroit utile dans les ports de mer
pour la perception des droits 8c pour le paiement
des gratifications , quand le gouvernement jugera à
propos d’,en accorder pour l’importation des grains
étrangers, comme en l’année 1768.
50. Pour la guerre: un général jugera d’un clin-
d’oeil de la bonté des fubfiftances : unminiftre pourra
vérifier avec la même rapidité les comptes desmu-
nitionnaires, &c.
6°. Les adminiftrateiirs des hôpitaux, les muni-
tionnaires, 8c toutes perfonnes chargées de grands
approvifionnemens, ne peuvent fé pâffer delà balance
d’effai, s’ils font jaloux de l’exa&itude de leur fervice
8c de la bonté de leurs opérations.
70. Tout négociant qui veut fe mêler du commerce
des grains , ne peut fe paffer d’une balance d’effai,
s’il entend bien fes intérêts ; 8c quelque habile qu’il
foit dans la connoiffance des bleds, il n’opérera jamais
que fur des conjeélures, s’il n’adopte cette
méthode
Toutes les différentes mefures de grains dans les
différens pays de l’Europe , ont un rapport connu
avec" le fetier de Paris. Un navire chargé de cent
lafts d’Amfterdam , arrive au Havre ; on fait que le
laft eft égal à dix-neuf fetiers de Paris. ; c’eft mille
neufs cent fetiers : on fuppofe qu’on ait fait l’effai de
ce bled pris au milieu du grenier, 8c que la balance