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dans une chaîne à quatre pendans ; maïs l’affemblage
en eft fi parfait, que l’on prendroit le tout pour une
quantité continue & ftexiblë.
Dans le commerce des chaînes, les groffes chaînes
de fer fe vendent'à la pièce; les médiocres de fer
ôc celles de cuivre de toute groffeur, fe vendent au
pied ; ces dernières, quand elles font finies, s’achètent
au poids. Il en eft de meme de celles d’or ôc d’argent,
dont la façon fe paie encore à part.
Il fe fait en Allemagne des petites chaînes d’un
travail fi délicat, qu’on en peut effeélivement enchaîner
les plus petits infecles ; telles font celles
qu’on apporte de Nuremberg, & de quelques autres
villes d’Allemagne. La manière dont ces ouvrages
s’exécutent, ne diffère pas de celle dont en fait les
chaînes de montre : les chaînons s’en frappent avec
un poinçon qui les forme ôc les perce en même
temps.
Les chaînes-de montre qui fervent à communiquer
3e mouvement du tambour ou barillet à la fufée , ôc
qui font d’acier ,. font un des ouvrages les plus ingénieux
; elles font compofées de petites pièces ou
maillons tous’ femblables, & percés à leur extrémité.
Pour les affembler, on en prend deux , on.fait entrer
par chaque bout les extrémités-de deux autres , en
telle forte que les trous le répondent ; enfuite on les
fait tenir enfemble par des goupilles , qui, paffant
à travers ces trous , font rivées fur le maillon de
deffus & fur celui de deffouç ; ce qui en forme
3’aflemblage. On attribue l’invention de ces chaînes
à un nommé Gruet, Genevois qui demeuroit à
Londres, & qui par ce moyen rendit un très-grand
fervice à l’horlogerie , en fubftituant cette chaîne à
3a corde à boyau, qui eft fujette aux.variations de
l’air & à bien d’autres inconvéniens.
Les Romains portoient avec eux des chaînes
quand ils alloient en guerre ; elles étoient deftinées
pour les prifonniers qu’on feroit : ils en avoient de
fer , d’argent , ôc même quelquefois d’or ; ils les
diftribuoiènt fuivant le rang & la dignité du prisonnier.
Pour accorder la liberté, on n’ouvroit pas la
chaîne , on la brifoit ; c’étoit même l’ufage de la
couper avec une hache ; les débris en étoient enfuite
confacrés aux dieux Lares.
La chaîne étoit chez les Gaulois un des principaux
ornemens des hommes d’autorité ; ils la portoient en
toute occafion : dans les combats , elle les diftinguoit
des fimples foldats.
C’eft aujourd’hui une des marques de la dignité
du lord-maire à Londres : elle refte à ce magiftrat
lorfqu’il fort de fonélion , comme une marque qu’il
a poffédé cette dignité.
En France les huifiîers du confeil & ceux de la
grand’chambre, portent au cou, quand ils font en
fonction , une chaîne d’or paffée en forme de collier
d’ordre. C’eft ce qui leur a fait donner le nom
d’HuiJJiers de la chaîne.
La chaîne entre dans le blafon, & forme quelquefois
une partie des armoiries. Les armes de Navarre
font des chaînes d’or, fur un champ de gueules,
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Les chainetîers, les marchands de fil de fer Ôc de
laiton, ont pour mefurer leurs ouvrages une jauge^
qui eft compofée de plufieurs S redoublées fixes.
Les procédés du petit art du Çhaînetier, feront
plus fenfibles dans l’explication fuivie de les travaux,
ôc des gravures qui les repréfentent.
Planche 1. La vignette fait voir l’intérieur d’une
boutique de çhaînetier, dans laquelle font quelques
établis, armoires ôc ateliers pour y accrocher les
chaînes.
Fig. i , ouvrier occupé à ployer du fil de fer ou
de laiton pour former les boucles des maillons.
Fig. 2 , autre ouvrier qui coupe avec les cifailles
le fil de fer ou de laiton après qu’il en a été employé
une longueur convenable pour former un maillon.
Bas de la planche. Fig. / , chaîne à la Catalogne,
ronde.
Fig. 2 , chaîne à là Catalogne , longue.
• Fig. y , chaîne carrée pour fufpendre les clés des
montres..
Fig. 4 , chaîne à S plates.
Fig. y , chaîne à quatre faces*.
Fig. 6 chaîne en gerbe.
Fig. 7 , outil nommé fourchette, pour ployer îè$<
chaînes en gerbe. A , manche de l’outil. B C , deux
pointes rondes fixées parallèlement. DE,.l e fil dé fer.
Fig.. 8 , chaîne à trois faces.
F ig .g , chaîne à bouts renforcés, ou chaîne renforcée.
Fig.- io , chaîne à la Catalogne, double.
Fig. ii , ligne triangulaire pour couper les gros
fils de fer. i.f •
Fig. 12, pinces rondes pour tourner les maillons.
Fig. 13, pinces à couper.
Fig. 1 4 , baguettes ; forte de pinces dont une
branche, eft convexe & - plate.
Fig. ij , bec de cane.
Fig. 16 , cifailles.
Fig. 1 7 , bigorne.
Fig. /8 , S ou jauge formée de plufieurs fils de fer
en S,-redoublés ôc fixes.
Fig. jp?i partie d’un des établis oît l’on voit un tas
ou petit enclume , des cifailles , des tenailles y ôc la
febille dans laquelle on met les- maillons à me'fure;
qu’ils font formés.
Planche II. Fabrique des chaînettes'pour l ’horlogerie.
N . B . Cet ouvrage exige un grand nombre d’opé*
rations.diverfes telles que, 3-0. piquer les lames;
2°. limer les bavures des trous; 30. repiquer les
lames ; 40. couper les paillons ; 5°*faire les crochets;
6°. faire les goupilles ; 70. goupiller les paillons ; 8°»
égayer la chaînette ; 90. limer la chaînette & reformer
les paillons; io°. tremper ôc réunir la chaînette ; ii°*
la polir.
Tontes ces manoeuvres font repréfentées dans les
figures fuivantes.
La chaînette eft compofée de trois pièces ; le*
paillons, les goupilles & les crochets.
Fig. i,} a b j un paillon.
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■ efi le profil d’un paillon.
A B , le paillon en perfpeéHve.
Fig. 2 » vue direéle d’une des faces de la chaînette
(0U des paillons externes qui la compofent,
A , crochet.
Fig. 3 , chaînette ou l’efpèce de charnière qu’elle
forme, repréfentée de côté ou de profil.
Fig. 4 , manière dont les paillons font liés.
Fig. y , chaînette ou l’efpèce de charnière qu’elle
forme, vue en. perfpeétive.
Fig. 6 , chaînette pour pendule, à cinq rangs de
paillons, vue de côté ou de profil.
Fig. 7 , A B , matrice. C D , poinçon ou coupoir.
Fig. 8 , le même poinçon ou coupoir, vu en perf-
pgéfive ôc par le côté.
Fig. 9 , matrice à laquelle eft appliquée la face
limée & plate de la lame.
F ig .io t B D , bois à piquer placé dans l’étau.
A , poinçon à piquer avec le marteau à côté,
a t , lame à piquer.
Fig. 11, affemblage de différentes machines propres
a l’opération de couper les paillons.
F G , petite enclume prife dans un étau.
DE , matrice lardée dans l’entaille de la petite
enclume.
A B , poinçon.
e f a bras du poinçon.
b g , coupoir fortement attaché au bras e f
L , talon fervant à retenir folidement la tête du
coupoir.
Fig. 12 , manière de piquer les crochets.
Fig. 13 , infiniment à couper les crochets.
Fig. 14, fil d’aciër à faire les goupilles.
Fig. ij , n°. 1 , manière de faire la pointe au fil
d’acier pour les goupilles.
ABC, la pince ou tenaille.
E F , vis à ferrer les mâchoires de la pince.
GH, le fil à goupille.
K , morceau d’os ou de buis ayec une entaille
pour tourner le fil, en lui faifant la.pointe.
Fig. i j , n°. 2 , manière de goupiller les paillons.
«E, crochet.
cd 9 C D , pointes.
g h , G H , paillons.
Fig. i(7 , paillons ôc crochet traverfés d’une pointe
à l’étau.
, f lëm 17 9 paillons Ôc crochets traverfés d’une pointe
a l’étau avec la bruxelle ABC.
VOCABULAIRE
• A nneaux ; parties d’une chaîne, lefquelles font
rondes ou elliptiques, ôc enfermées les unes dans les
autres.'
Aî^c A TIRER j d fort aux chaînetiers pour paffer
a la filière le fil de fer , de cuivre ou de laiton, qu’ils
veulent employer à des chaînes, ôc pour le diminuer
groffeur.
Le banc à tirer eft fait comme ceux des orfèvres
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Fig. 18, paillons & crochet traverfés d’une pointe
placée entre les mâchoires tranchantes de la tenaille,
i Fig. /p , les mêmes objets qu’à la fig. 18 ; mais on
voit ici les petites concavités an, an , qu’on a pra-
' tiqué es aux faces extérieures que les têtes de la goupille
rempliront.
A , la tenaille.
an , ant paillons ôc concavités des paillons.
b, b, goupilles.
Fig. 20, manière de former les têtes dans les petites
cavités des paillons.
Fig. 2 1, continuation du travail ÔC de la chaîne
par l’interpofition du paillon k , entre les paillons
affemblés gh.
Fig. 2 2 , manière d’égayer la chaînette.
AB , la lime à égayer.
DN, coupe tranfverfale de cette ligne#
EF, EF, poignées.
Fig. 2 3, manière de limer les faces de la chaînette#
AB , bâton à limer mis à l’étau.
B , crochet du bâton à limer.
CD, lime douce ordinaire.
Fig. 24, manière de limer les côtés de la chaînette.
AB, petite lime ronde mife à l’étau.
A , le bouton de la lime ronde.
Fig. 2j , manière d’enlever les bavures Ôc d&
reparer la chaînette.
CD , la lime à égayer.
C bg 9 coche de cette lime oh la chaînette eft
placée.
AB , lime plate, douce.
Fig. 2 6 , manière de reformer les paillons#
DF, lime à reformer mife à l’étau.
ab, .coupe tranfverfale delà lime à égayer.
b f, coupe tranfverfale de la lime à reformer.
Fig. 27., tranchant AB d’un burin ordinaire faifant
la fonélion d’une lime à reformer.
Fig. 28, pour faire tremper ôc revenir la chaînette.
On la voit roulée autour d’un chalumeau A.
Fig. 29, pour polir la chaînette. AB , morceau de
bois qu’on appelle carré.
Fig. 30, crochet appliqué au barillet d’une montre^
AB, portion de la coupe circulaire du barillet,
b 9 crochet.
an, talon ou éperon du crochet.
Fig. 3 1 , crochet appliqué à la fufée.
DG, portion de la circonférence de la fufée.
a, petit cylindre que le bout du crochet embraffe,'
de l’Art du Çhaînetier.
ôc autres, ôc eft compofé d’un banc , d’une pièce,
du moulinet, du noyau ôc de la filière.
B eq u e t t e d e çh a în e t ie r ; c’eft un outil de la
longueur de fept ou huit pouces ; la partie d’en bas ,
faite comme celle des^ pinces ordinaires, eft convexe
ôc plate ; fes branches jointes de même aux deux
tiers par un clou rivé, ont la facilité de s’ouvrir ôc
de fe fermer: chaque bec de la partie haute eft rond x
Rrr ij