
pays des tnînes. On les nomme feu faüvage , feux
follets, feu brifou, & c. Elles fortent avec bruit &
avec une efpèce de fifflement par les fentes des fou-
terrains où l’on travaille ; elles fe rendent même
fenfibles , & fe montrent fous la forme de toile
d’araignées , ou de ces filets blancs que l’on voit
voltiger vers la fin de l’été , appelés vulgairement
cheveux de la vierge.
Lorfque l’air circule librement dans les fouterrains,
& qu’il a affez de jeu, on n’y fait point beaucoup
d’attention ; mais lorfque cette vapeur ou matière
n’eft point affez divifée par l’air , elle s’allume aux
lampes des ouvriers, & produit des effets femblables
à ceux du tonnerre ou de la poudre à canon.
Quand les mines de charbon font fujettes à des
vapeurs de cette efpèce, il eft très-dangereux pour
les ouvriers d’y entrer , fur-tout lorfque la matière
3 eu le temps de s’amaffer après une ceffation de
travail ; c’eft pour cela qu’avant d’entrer dans la
mine , il eft d’ufage dans certains endroits d’y faire
defcendre un homme vêtu de toile cirée ou de linge
mouillé ; il tient une longue perche fendue à l’extre-
mité , à laquelle eft attachée une chandelle allumée.
Cet homme fe met ventre à terre , & dans cette
pofture , il s’avance, & approche fa lumière de l’endroit
d’où part la vapeur; elle s’enflamme fur le
champ avec un bruit effroyable, qui reffemble à celui
d’une forte décharge d’artillerie , ou d’un violent
coup de tonnerre , & va fortir par un des puits.
Cette opération purifie l’air, & l’on peut defcendre
cnfuite fans crainte dans la mine. Il eft très-rare qu’il
arrive malheur à l’ouvrier qui a allumé la vapeur,
pourvu qu’il fe tienne étroitement collé contre terre,
parce que toute l’a&ion de ce tonnerre fouterrain
le déploie contre le toit de la mine , ou la partie
fupérieure des galeries. Voilà, fuivant M. Triewald,
comment en Angleterre & en Ecoffe on fe garantit
de cette vapeur. Dans d’autres endroits, les ouvriers
en préviennent les effets dangereux d’une autre
manière ; ils ont l’oeil à ces fils blancs qu’ils entendent
& qu’ils voient fortir des fentes ; ils les faififfent
avant qu’ils puiffent s’allumer à leurs lampes, les
écrafent entre leurs mains. Lorfqu’ils font en trop
grande quantité, ils éteignent la lumière qui les
éclaire, fe jettent ventçe à terre, & par leurs cris,
invitent leurs camarades d’en faire autant. Alors la
matière enflammée paffe par deffus leur dos , & ne
fait de mal qu’à ceux qui n’ont pas eu la même précaution.
On entend cette matière fortir avec bruit , &
mugir dans les morceaux de charbon, même à l’air
libre, après qu’ils ont été tirés de la mine ; mais alors
pn n’en doit plus rien craindre.
Il y a d’autres phénomènes plus étonnans les uns
que les autres, produits par l’inflammation de ces
yapeurs, mais dont le récit appartient principalement
a l’Hiftofre naturelle. Il nous fuffit d’avoir expofé de
quelle importance il eft de faire enforte que l’air foit
renouveljé, & puiffe avoir un libre cours dans les
fpu;erraips. des mines de charbon de terre,
De tous les moyens qu’on a imaginés pour pro-î'
duire cet effet , il n’y en a point dont on fe foit
mieux trouvé que du ventilateur, ou de la machine
de M. Sutton. On en a fait ufage avec le plus grand
fuçcès , en 1752 , dans les mines de charbon de
Balleroi en Normandie.
Il y a des charbons de terre qui s’enflamment au
bout d’un certain temps, lorfqu’on les a humeélés.
Bien des gens ont regardé la fumée du charbon
minéral comme très-pernicieufe à la fanté,& fe font
imaginé que la confomption n’étoit fi commune en
Angleterre, qu’à caufeque l’air y eft continuellement
chargé de cette fumée. M. Hoffman penfe au contraire
que la fumée des charbons fojjiles eft très-
propre à prévenir les maladies épidémiques , en
purifiant l’air & lui donnant plus de r effort, fur-tout
lorfque cet air eft humide & épais. Il prouve fon
fentiment par l’exemple de la ville de Hall en Saxe,
où le fcorbut, les fièvres pourpréesôc malignes, la
phthifie , maladies qui y étoient très-communes *
difparurent lorfqu’on fit ufage du charbon de terre
dans les falines de cette ville, qui en confument
une très-grande quantité.
Cependant on doit avouer que la fumée du
charbon de terre eft contraire à certaines perfonnes,
& qu’en général fa trop grande abondance ne peut
être que nuifible.
Dans les pays où le bois n’eft pas commun ,
comme en Angleterre & en Ecoffe, on fe fert communément
du charbon de terre pour le chauffage
& pour cuire les alimens, & même bien des gens
prétendent que les viandes rôties à^un pareil feu,
font meilleures. Il eft certain qu’elles font plus fuc-
culentes, parce que le jus y eft plus concentré.
L’ufage du charbon de terre pourroit d’ailleurs
fuppléer à la difette des bois, dont on eft menacé
dans beaucoup de pays.
Les habitans du pays de Liège & du comté de
Namur, donnent en général le nom de houille au
charbon minéral. Pour le ménager, les pauvres gens
le réduifent en une poudre groflière qu’ils mêlent
avec de la terre glaife. Ils travaillent ce mélange
comme on fait du*, mortier ; ils en forment enfuite
des boules ou cfêtf efpèces de gâteaux qu’on fait
fécher au foleil pendant l’été. On brûle ces boules
avec du charbon de terre ordinaire ; & quand elles
font rougies, elles donnent pendant fort long-temps
une chaleur douce & moins âpre que celle du charbon
de terre tojut feul.
Plufieurs arts & métiers font un très-grand ufage
du charbon de terre. Les maréchaux & ferruriers, &
'tous ceux qui travaillent en fer, lui donnent la pré-»
férence fur le charbon de bois , parce qu’il chauffe
plus vivement que ce dernier , & qu’il conferve fa
chaléur plus long-temps.
En Angleterre on s’en fert dans les verreries de
verre ordinaire , & même de criftal. On en vante
fur-tout l’ufage pour cuire les briques & les tuiles ;
& dans beaucoup d’endroits , on s’en fert aveç
fuccès pour chauffe;; les fours à chaux,
Dans la province de Pemproke-Shîre, en Angleterre
, on fe fert d’un chauffage appelé culrn, qui
n’eft autre chofe que la poumère du charbon de
terre. On pétrit cette pouflière avec un tiers de
boue , & elle fait un très - bon feu d’une grande
utilité , parce que c’eft le meilleur de tous les chauffages
pour brûler de la chaux, & pour fécher l’orge
dont on-fait la bière.
Les fentimens des métallurgiftes font partagés fur
la queftion de favoir fi l’on peut fe fervir avec fuccès '
du charbon de terre pour la fufion des minérais.
M. Henckel en rejette l’ufage , & prétend qu’ils
font plus propres à retarder qu’à faciliter la fufion
des métaux, parce que, fuivant le principe de Becher,
l’air du foufre eft un obftacle à la fufibilité ; mais
on a quelquefois à traiter des minérais dont pour
tirer le métal, il eft néceffaire de détruire la partie
jferrugineufe qui y eft fouvent jointe ; & dans ce
cas, l’air du foufre eft très-propre à produire cet
effet.
Charbon fojjile dêfulfurè.
On fait une efpèce de charbon purifié avec le ',
charbon foflile, en enflammant cette fubftance dans
des fourneaux, & en l’éteignant dans l’eau.
Par ce moyen , on fait diffiper une matière ful-
fureufe qui répand une mauvaife odeur ; c’eft pourquoi
on l’appelle charbon dêfulfurè. Il eft pour lors
plus aifé à allumer ; il répand beaucoup moins de
fumée; il devient plus fonore &plus brillant.
On parvient auffi à détruire le foufre & les acides
îiuifibles du charbon de terre , en confervant une
quantité fuffifànte de fes parties huileufes , phlogif-
tiques & inflammables. Le procédé enfeigné par
M. Jars, de l’Académie des Sciences, confifte à faire
brûler la houille comme on brûle le bois pour faire
du charbon.
Lorfqu’on veut préparer ce même charbon de
terre po*r brûler dans les poêles & les fourneaux,
on le réduit en poudre , que l’on pétrit en forme de
brique ou de boule, avec une eau chargée d’argille.
Cette terre argilleufe fert de lien à la poudre du
charbon, a le double avantage de retarder fa
confommation , en retenant plus long - temps fa
chaleur.
A Sultzbaçh , cette purification du charboil de
terre fe fait dans une efpèce de grande cornue conf-
truite dans un fourneau. La charge de la cornue
contient environ deux milliers de charbon cru. On
confume neuf cents pefant pour épurer les deux
milliers ; mais on ne brûle fur les grilles que du
charbon pierreux & de rebut. On connoît que le
charbon eft füffifamment épuré lôrfqu’il ne fume
plus, & qu’il n’exhale aucune odeur de foufre. Alors
on ouvre la porte par où l’on charge la cornue, &
Ion retire le charbon lorfqu’il eft encore rouge. Il)
s éteint lorfqu’il eft hors du fourneau.
Le charbon minéral , ainfi épuré , a un grand
avantage fur le charbon de bois ; il dure le double
d? temps au feu ; il échauffe davantage, & ne rend
aucune odeur. L’huile & le bitume que l’on retire
dans cette efpèce de diftillation, & qui retombent
dans une grande marmite, paient en partie les frais
de la cuiffon. On verfe dans un tonneau les matières
contenues dans la marmite , & on les remue avec
une grande fpatule de bois. Par ce moyen, l’huile
fe détache du bitume & fumage; on la ramaffe avec
des cuillers de fer. Cette huile fert pour la lampe
des mineurs ; elle a l’odeur du bitume, & exhale
beaucoup de fumée.
Le bitume pur devient gras & coulant ; il ne cède
en rien au meilleur cambouis pour graiffer les voitures.
La voie de charbon de terre qui^e mefure comble,
eft compofée de trente demi-minots , chaque demi-
minot faifant trois boiffeaux, enforte que la voie
de charbon de terre doit être de quatre-vingt-dix
boiffeaux.
Le charbon de terre paie pour droits d’entrée fix
livres par tonneau, fuivant farrêt du confeil,du 14
juillet 1729.
Explication des planches du charbon minéral ou de terre.
Planche 1. La vignette repréfente l’ufage d’une
fonde pour connoître les différentes couches fouter-
rainës & la qualité des eaux qui peuvent s’y rencontrer.
A , eft une plate - forme de charpente , à
laquelle eft fixé le guide de la tarière ou fonde. B£ ,
Ce, deux longues perches fervant à fufpendre la.
poulie C , par le moyen de laquelle on relève la
fonde pour en vider les cuillers. Une de ces deux
perches eft garnie de ranchers pour monter à la
poulie C. D, eft un treuil dont le fupport eft fixé
en terre ou chargé d’un poids fuffifant pour que la
corde DC , quifufpend la fonde & s’enroule deffus,
ne puiffe l’entraîner quand on veut relever la fonde.
BE, hauban qui maintient cette efpèce de chèvre
dans la fituation verticale.
On voit de l’autre côté de la vignette un autre
appareil difpofé pour la même fin. FI, la fonde qui
tràverfe la plate-forme. FG, levier que l’on paffe
dans l’oeil de la première pièce de la tarière pour la
faire tourner. H, gorge qui eft reçue dans la fourche
du levier HL, au moyen duquel on relève la tarière
du chevalet K , dont les côtés verticaux font per'cés
de plufieurs trous, dans lefquels on paffe un boulon
de 'fer qui fert d’appui à cë levier.
Bas de la planche. Fig. bbac ', partie de la tarière
ou tige de la fonde , compofée de plufieurs pièces
de fer qui s’affemblent à vis les. unes aux autres.
Chaque pièce, dont le nombre eft indéterminé, puif-
qu’il dépend de la longueur des pièces & de la profondeur
jufqu’à laquelle 6ri veut fonder, eft percée
d’un trou’ a dans lé. milieu de fa‘longueur , dàns
lequel on introduit un levier de fer pour fixer une
partie de 'la' tarière lorfqu’on Veut en viffer ou
- d^viffér Une autre; On verra plus diftin&ement la
conftru&ion de ces pièces dans une des figures fui-»
" •vantes^' ■ -