
o°. la vis du grand reffort ; 10°. le reffort de gâchette ;
n ° . lavis du reffort de gâchette; iz ° . la gâchette ;
130. la vis de la gâchette ; 1 40. la noix ; 1 $°. la bride
de la noix ; 16°. lavis de la bride ; 170. la batterie;
180. la vis de batterie ; 190. le reffort de batterie ;
ao°. la vis du reffort de batterie. Voyez- toutes ces
pièces en leur place fur la platine , fi g. L.
Le corps de platine eft la pièce fur laquelle toutes
les autres s’appuient en dedans & en dehors. On
voit à l’extérieur le clou du chien, le chien, la batterie
, le baflinet '& le reffort de batterie. Le grand
reffort, celui de la gâchette, la gâchette, la noix ,
la bride de la noix (ont en dedans. Il faut, comme
nous lavons dit, que toutes ces pièces intérieures
aient'un gîte commode dans le bois , & quelles
n’éprouvent de fa part aucun frottement.
L’effet de la platine dépend des forces relatives
de fes trois refforts , & des portions refpe&ives de
toutes fes pièces. Un problème, parmi beaucoup
d’autres, qui n’eft pas refoiu en arquebuferie,, eft
de déterminer la force d’un des refforts , les deux
autres étant donnés. On ne va guere qu en tâtonnant
; on fait la platine ; on la monte ; on la fait
rouler, & le taâ décide la queftion: on y eft cependant
trompé quelquefois ; car li la griffe de la
noix eft mal coupée , celle du grand reffort la montera
difficilement ; & on le croira trop fort, lors
du reffort, lorfque le chien eft armé, & qu’on tient
quelquefois long-temps dans cette fituation, fans en
connoître les conféquences.
La batterie dont la face doit être couverte d’un
bon acier, doit fermer hermétiquement le baflinet:
les filets des vis & des écrous doivent être vifs &
fans bavures ; on ne peut donc renouveler trop
fouvent les filières & les taraux dont on fe fert dans
les manufaâures d’armes.
La baïonnette ( voyez fig. O , planche IV )
n’étoit autrefois qu’une lame d’acier adaptée a un
manche de bois qui entroit dans le canon. Il re-
fultoit de cette forme , que lorfque la baïonnette
étoit au bout du canon , on ne pouvoit ni charger,
ni tirer le fufil. Sa conftru&ion a&uelle donne la
facilité de charger & de tirer par le moyen de la
douille qui enveloppe le bout du canon auquel elle
eft fixée par un tenon : la douille s ufant a la longue
& s’élargiffant, le tenon ne fuffifoit pas pour la contenir
même qu’il fera trop foible. Le meme inconvénient ^
aura lieu pour peu qu’il y ait de frottement de la •
longue branche du grand reffort, de la noix ou du
chien fur le corps de la platine : il faut donc éviter
les frottemens ayec foin en ajuftant les pièces de
la platine.
La taille de la noix eft très-importante : fa partie
inférieure doit être une portion de cercle ; le cran
du bandé doit être fur la circonférence de cet arc,
& le cran du repos un peu plus en dedans, afin
que lorfque le chien s’abat, ce qui fe fait trè’s-
brufquemement lorfqu’on appuie fur la detente , le
bec de gâchette ne foit pas heurté par le cran du
repos ; ce feroit un defaut capital, qu on appelle
rencontrer, & qui cafferoit bientôt le bec de gâchette
en tout ou en partie , & alors le chien ne tiendroit
plus au repos. Celui qui a une pareille arme court
des rifques , & en fait courir à ceux qui l’approchent.
La tige de la noix eft carrée ; fa bafe eft ronde
& doit déborder tant foit peu le plan du corps de
platine , afin que le chien , exa&ement ajuftéà cette
tige , s’abaiffe & s’élève fans balottement & fans
frottement..
Toutes les pièces de platine fe trempent en paquet.
Il yabeaucoup d’art àdonnerà t e l le p iè c em êm e
à telle partie d’une pièce , le degré exa8 de trempe
qui lui convient : en général une trempé trop molle
eft un défaut ; mais une trempe trop dure eft un
défaut plus grand encore. Il y a des pièces fi minces,
telles que le D e c de la gâchette, qui font fi. bien pénétrées
par la cémentation de la trempe , qu'elles
deviennent de l’acier très-caflanf •• ç’eft cependant
cettg pièce fi frêle tjui balance la plus grande force
Si. l’empêcher de tomber ; on y a remédié depuis
peu, en l’afiujettiffant avec un reffort.
Pour fupprimer la baguette , & gagner le temps
employé à conduire la charge au fond de l’ame du
canon , on a imaginé deux moyens : le premier , en
adaptant au fond du tonnerre un cylindre creux ou
dé capable de contenir la charge de poudre , & de
faifir la balle par la circonférence de fon grand cercle ;
le fécond, en forant, ou plutôt alefant cette partie
du canon, de manière qu’elle foit plus étroite que
le refte du tube : ce font ces efpèces de fufils que
le maréchal de Saxe appelle dans fes Rêveries, des
fufils à dé ou àfecret, ( voyez planche IV ) fig. 1, le
fufil des pefamment armés dont il eft queftion dans
les Rêveries. B , repréfente le de ou cylindre creux
brafé fur le bouton de la culaffe , & qui rétrécit le
tonnerre C , lorfqu’on l’introduit dans le canon , &
qu’on remet la culaffe E à fa place. Le fufil 9fig. 2 ,
eft celui des armés à la légère , tel que le maréchal
de Saxe l’avoit donné à fes Hullands : celui-ci diffère
de l’autre , en ce qu’au lieu d’opérer le rétréciffe-
ment du tonnerre G , par le moyen d’un d é , on
■ le rétrécit à la machine à forer, ce qui eft beaucoup
plus fimple. On voit dans l’un & l’autre canons D
St G , la balle enchâffée à l’origine du rétréciffement
du tonnerre.
« Je veux, dit le Maréchal de Saxe, que les fufils
de mes foldats aient un gros calibre avec un dé au
fond ; que les cartouches foient de carton, plus
groffes que les calibres -, pour qu’ils ne puiffent pas,
par diftraâion, les y faire entrer ; qu'elles foient
fermées avec un parchemin collé deffus , afin que le
.foldat puiffe aifément les décoiffer avec les dents :
elles doivent contenir autant de poudre qu’il en faut
pour le baflinet & pour la charge ; les balles dont
le foldat eft muni , doivent être dans la giberne ; &
lorfqu’il eft queftion de tirer , il en prendra une
poignée qu’il mettra dans fa bouche , pour en laifTer
couler une dans le canon , dès qu’il aura jetté dans
la cartouche. Pour qu’on puiffe tenir ces fufils»
lorfqu’ils s’échauffent par la continuation du grand
fau , il faut qu’ils aient un talon de boisafix pouces
de la platine, qui foit du même bois que la monture ».
On a rapporté ce paffage des Rêveries du maréchal
de Saxe, pour faire mieux comprendra le mécanifme
& l’effet des fufils à dé ou à fecret. Lorsqu’ils font
amorcés à l’ordinaire , on introduit la poudre par la
bouche du canon , avec la cartouche de carton ,
qui, étant plus groffe que le calibre du fufil, ne peut
pas y entrer. Le foldat, ayant jetté à coté de lui
la cartouche vide , fait couler une balle dans le
canon , laquelle , en defcendant de la bouche au
tonnerre , avec un mouvement accéléré, s’enchâffe
à l’origine du rétréciffement du tonnerre , par fon
propre poids augmenté à la fin de fa chûte ; en-
forte qu’en renverfant le fufil, elle ne tombe pas,
& l’objet eft rempli.
Le dé exigeant une certaine exaéfitude dans fa
çonftru&ion dont tous les ouvriers ne font pas capables
, & étant d’ailleurs fujets à s’altérer après un
certain nombre de coups , & en déculaffant le canon,
on a préféré le rétréciffement du tonnerre, opéré par
le forage. En effet, le dé n’ayant pour objet que
de rétrécir le tonnerre , afin que la balle , dont le
poids fe trouve augmenté à la fin de fa chute , puiffe
s’enchâffer à l ’origine du rétréciffement, on évite
tous les inconvéniens du dé par le feul refferrement
du calibre du canon, à l’endroit où doit pofer la
balle qui s’enchâffe effectivement très-bien dans ces
derniers.
Le talon de bois , placé à fix pouces delà platine,
a fait appeler, aufli ces fufils, des fufils à boffe. Voy.
-d , fig. 1 , & E tfig. 2 , planche IV. Quelques troupes
légères en ont fait ufage pendant dix ou douze ans,
& l’ont abandonné pour reprendre la baguette de
fer ou d’acier.
En effet, que le tonnere du canon foit rétréci par
le moyen d’un dé 9 ou de toute autre manière , la
balle ne peut s’enchâffer qu’à l’origine du rétréciffement
, & doit toujours être à des diftances inégales
de la charge de poudre , laquelle varie néceffaire-
ment par la plus ou moins grande quantité qu’on
emploie à amorcer ,& le plus ou moins de ce qui
fe perd en la mettant dans le canon, félon que le
foldat eft gêné par fa propre pofition , ou par fes
voifins. La quantité de poudre qui entre dans la partie
du tonnerre , rétrécie & deftin.éè à la recevoir , ne
pouvant donc toujours être la même , &. le lieu où
doit s’arrêter la balle étant déterminé , il fuit que la
balle eft toujours à des diftances différentes de la
charge de poudre que les portées doivent varier..
A J’inftant que laballecède à l’effort de la poudre,
, qu’elle eft chaffée de la partie du tonnerre où elle
etoit enchâffée, elle a un très-grand flottement dans
tout le refte de-la longueur du çanon , parce^u’elle
eft nue, & n’eft pas enveloppée de papier, comme
dans les cartouches ordinaires, & parce que la partie
antérieure , ou le devant du canon eft d’un plus grand
calibre que le tonnerre ; enforte qu’une partie de la
force de la poudre , deftinée à agir fur la balle ,
s échappé entre la furface & les parois intérieures
du canon ; ce qui doit diminuer la portée , & rendre
les coups incertains.
Comme on peut tirer avec ces fufilsjun très-grand
nombre de coups en très-peu de temps, ils fe craffent
plutôt que les autres , & la poudre ni'la balle ne fe
placent plus où. elles doivent être , mais s’arrêtent
à différens endroits où la craffe fait engorgement;
ce qui rend encore les. portées courtes & les directions
incertaines. Dans ce cas, fi le coup ne part
pas, & que le foldat ne s’en apperçoive point, il
mettra plufieurs charges les unes fur les autres , &
s’expofera à faire crever fon canon & à s’eftropier.
C’eft fans doute d’après ces obfervations &
beaucoup d’autres, qu’on a quitté ces fortes de fufils,
pour reprendre celui qui eft en ufage , bien plus sûr
à tous égards, par la néceflité où l’on eft de conduire
avec la baguette la charge au fond du canon , & avec
lequel on peut aifément tirer cinq ou fix coups.par
minute.
Pour rendre compte du fu f i l à la chaumette, il faut
faire connoître la pièce de canon de M. de la Chaumette
, dont le P. Daniel a donné la defcription ,
d’après laquelle on imagina de faire un fufil. Ce canon,
du calibre de douze, le chargeoit par la culaffe où
il y avoit trois ouvertures rondes. La première étoit
au fond du canon , c’eft-à-dire, qu’il étoit foré d’un
bout à l’autre; la fécondé ouverture étoit à côté de
la culaffe ; & la troifième vis-à-vis , à l’autre côté.
L’ouverture d’en bas étoit pour faire paffer le boulet
& la gargouffe contenant la charge de poudre que
l’on faifoit entrer avec un cylindre ou boulon de
bois couvert de cuivre & du diamètre de l’ouverture
: on pouffoit avec ce boulon le boulet & la
gargouffe , jufqu’à l’endroit de la culaffe où ils dévoient
demeurer , qui étoit plus haut que les deux
autres ouvertures de côté ; un boulon de fer du
diamètre des deux ouvertures latérales qui le rem-
plifloit bien jufte, foutenoit la gargouffe & le boulet
qui étoit deffus, comme auroit fait le fond de la
culaffe du canon.
Cette manière de charger par la culaffe étoit fort
commode pour plufieurs raifons ; mais quand on vint
à l’éprouver, l’effet de la poudre fut fi grand , que
le boulon traverfant en fut coudé , & qu’on ne put
le retirer qu’avec bien de la peine ; de forte que ce
canon eft demeuré mutilé, & il fut enfuite fondu
pour couler un autre canon de l’invention du chevalier
Folard.
Le peu de fi iccès de cette épreuve n’empêcha
point qu’on ne cherchât à adapter , autant qu’il étoit
poflible, le mécanifme de la pièce de canon de M.
de la Chaumette , à des fufils. Il y avoit quelques
difficultés qui ne rebutèrent point les gens avides
de nouveautés , & toujours fort empreffés à les
faifir.
Le canon d’un fufil ne peut pas être percé d’un
bout à l’autre , parce qu’il eft monté fur un fût ôc
une croffe de bois , indifpenfablement néceffaire
pour I appuyer fur l’épaule. On ne peut donc charger
un fufil par l’orifice du tonnerre que nous fermons