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parant mon pont avec les ponts qui font èft ufage,
que fi en le conftruifant tout de chêne '& dans toutes
les dimenfions que je lui ai âffignées, il pëfe environ
100000 livres plus que les pontons, fans demander
toutefois un plus grand nombre de voitures que les
pontons, rien n’empêchoit qu’on n’en fît en fapins
certaines parties, comme celles du bord, du doublage
& de là chauffée ; ce qui le rendroit de iooooo
liv. environ plus léger qu’eux : c’eft un avantage
qu’ils lui ont accordé, de même que d’être du double
plus fort & de quatré pieds plus large que les
pontons ; ce qui augmente encore celui de la facilité
du tranfport.
J’acquiefce à cette obfervation; lorfque je conf-
truifis le pont que j’ai propofé, je ne m’étois pas feulement
formé l’idée d’une machine qui fervît pendant
un règne; mais bien d’une machine inébranlable
& qui durât fous plufieurs rois. On a vu même
dans le mémoire précédent, que je prétendois qu’on
l e fubftituât dans l’occafion à un pont de pierre, ce
tjui fera poffible même en le conftruifant de fapin ;
mais il y aura toujours entre la durée du pont fait
partie en fapin, partie en chêne, & du pont fait tout
de chêne, la différence de la durée du chêne & du
.lapin. Cela m’eft commun avec toutes les machines
poffibles qui durent d’autant plus long-tems, que les
matières dont on les conftruit font plus foîides.
Art. IV. Ces MM. fansrinfifter fur les ornemens
dont le pont propofé eft fufceptible, font convenus
qu’on y pourroit pratiquer une baluftrade qui joue-
xoit fans fouffrir de dérangement.
D ’où il s’enfuit qu’on peut y ajouter auffi facilement
des. arches, des lanternes, des trophées, des
colonnes , une archi^&ure; c’eft ce qui eft démontré
par la planche XV, fig. 9 .
Réponfe à quelques objections»
Je pourrois me difpenfer de rapporter deux objections
qui m’ont été propofées en pleiné académie,
(le 10 juillet 1748, jour que je lus mon mémoire ) ,
par différens académiciens, &-les réponfes que j’y
. ai faites ; l’approbation & les éloges que cet com-
. pagnie a accordés à ma machine, démontrent affez
& l’iniuffifance des objeélions, &. la folidité des
réponfes.
Auffi ne prétends-je point ici faire étalage de
. connoiffances, & moins encore ajouter de poids à
un témoignage auffi flatteur que celui de tant de
favans raffemblés Je me propofé feulement de fatis-
faire les perfonnes entre les mains de qui mon mémoire
fe rencontrera, qui entendront affèz bien ou
affez mal ma machine pour tomber dans les mêmes
difficultés, & à qui leurs folutions ne fe préfenteront
. peut-être-pas.
Première objection.
On a dit : » La mobilité de la chauffée nuîrapeut-
ji être à la commodité du paffagë ; car les bateaux
j) s’enfonçant, comme on en convient, cet enfon-
» cernent pourra donner à la chauffée une pente
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» telle, que ni les fardeaux, ni les chevaux employés
j? à les voiturer ne pourront le monter. «
Réponfe.
Les fardeaux font portés à l’armée' par des voitures
à quatre roues; or fi. l’on cherche, par les
principes de mécanique, le plus grand enfoncement
produit par un poids de 8000 livres, porté
fur une voiture à quatre roues, on trouvera qu’il
eft au plus de 6 pouces.
Soit donc la ligue e cou h d, planche X V I , fig. i,
l’intervalle du milieu d’un bateau, au milieu d’un
autre bateau.
Le pont h le lieu du plus grand enfoncement.
La ligne a h de 6 pouces ou de la hauteur du plus
grand enfoncement.
La ligne h m la longueur du plan incliné dans le
moment du plus grand enfoncement, & la ligne a
h , ou m d , la plus grande hauteur de ce plan.
' La chauffée n’étant'pas inflexible, 'à tr.efute que
le fardeau s’avance de h vers m, la ligne h m prend
fucceffivement les fituations h, m, 1, 1, 2 , 2 , j ,
3 , e c.
Lorfqu’elle a pris la fltuation e c , le poids fe
trouve en b, & fon chemin eft horizontal.
Mais voyons quelles font les dimenfions fucceffi-
ves du plan incliné h m, avant que le poids arrive
en b.
Pour cet effet je partage l’intervalle h 0 t n trois
parties égales de 3 pieds chacune.
Il eft évident que le corps en parcourant ces divi-
ftons n’a au commencement h de la première à monter
que d’environ 1 pouce £.
Au commencement ƒ de la fécondé, que d’un
pouce 2 lignes ; ÔC au commencement k de la troi-
fième, que de 4 lignes.
Ce qui forme^une montée ft douce, que fi les
paffans dans les rues de Paris n’en pouvoient à chaque
inftant furmonter d’infiniment plus roides, ils ne
fèroient pas un pas.
La folution dé cette difficulté, telle que je viens
de f’expofer, a paru ingénieufe & folide à meffieurs
de l’académie, dont elle, a mérité l’élogei
La ligné g n eft une échelle de 6 pieds, & les deux
bateaux entre léfquels elle eft placée avec les pièces
de la travée qu’ils foutiennent, repréfentent &
l’enfoncement des bateaux, Si la plus grande incli-
naifon poffible de la chauffée d’une travée ; inclr-
naifon qui va toujours en diminuant, qui devient
nulle au point b, comme on a vu dans la démonftra-
tion précédente, & qui n’eft par conféquent en tout
que de la ligne b, pl. X V I , fig. 2 , on de 3 pouces.
Au-delà du point b, la chauffée s’incline à con-
trefèns, & les fardeaux redefcendent par les lignes
rouges, de la même quantité & de la même manière
qu’ils étoient montés.
D’où l’on voit qu’ils ne feront empêchés, ni en
defcendant, ni en montant; la pente étant égare
dans la montée & dans la defcente, & toujours trop1
petite pour produire un mauvais effet,
H «
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En un mot, la pièce de la travée foutenue par les
deux bateaux, pl. X V I , fig. 2 , eft un levier de la
première efpèce, dont le point d’appui * eft à fon
milieu, qui tourne fur lui-même; tandis que fes
extrémités décrivent chacune imperceptiblement un
arc qui mefureroit un angle, dont le finus feroit de
3 pouces, & les côtés égaux à la moitié de la longueur
de la pièce de la travée.
Seconde objection.
On a dit : n L’a&ion de l’eau contre les bateaux
„ pendant l’enfoncement, & dans d’autres mouve-
»mens, pourroit peut-être lès faire tourner fur eux-
» mêmes; car, pour qu’ils ne tournaffent point, il
| faudroit qu’il y eût un certain rapport entre l’ac-
v tion réunie du poids des parties du bateau, la
v profondeur & la largeur du bateau, & la réa&ion
» de l’eau ; or l’auteur du pont propofé n’a point déni
montré qu’il y eût ce rapport. «
Réponfe.
Je réponds, i°. que cette condition d’un certain
rapport entre l’aélion réunie du poids des parties du
bateau, la profondeur & la largeur du bateau, & la
réaâion de l’eau, n’eft- pas requife avec le même
fcrupule pour un bateau qui féjourne, que pour un
vaiffeau qui voyage, Si moins encore pour un bateau
fixé que pour un bateau libre.
20. Que ce rapport approché fubfifte dans la conf-
tru&ion de mes bateaux, comme on peut s’en affurer
par le calcul.
• 30. Que quand il s’en faudroit dix fois plus qu’il
ne fubfiftât, ce défaut ne rendroit pas mes bateaux
volages; car pour cet effet il faudroit, i°. que les
goujons des fommiers fe rompiffent, ou du moins
s’arcuaffent, & dans le cas de l’arcuation, comme
ils arcueroient en fens contraires, ils formeroient
une efpèce de herfe dont les dents feroient divergentes,
& qui par cette raifon n’en fixeroit que
mieux les bateaux. 20. Que les attaches qui ont été
particulièrement deftinées à remédier à cet inconvénient
fuffent brifées ; elles font d’une force extraordinaire.
D’où il s’enfuit que l’obje&ion propofée avoit été
prévue par le conftru&eur, Si qu’il avoit obvié à
tout inconvénient.
J’ajouterai à cela, qu’on a paffé dans les objeârons
qu’on m’a faites, d’une extrémité à l’autre.
D’abord on a craint que les bateaux ne fuffent
enfoncés par les fardeaux ; enfuite que ces fardeaux
ne fuffent pas en état de les fixer.
On a ajouté à cette pl. X V I , la fig. j qui montre
tout ce qu’on peut defirer pour l’intelligence parfaite
de la machine. On voit,
1. La coupe latitudinale d’un bateau, a
2. Les traverfes du fond du bateau, b
3. Le fommier inférieur, c
4. Les fupports du fommier fupérieur, d
5 . L e f om m i e r fu p é r i e u r a v e e fa fu r fa c e
a r r o n d i e , 1
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6. Les montans qui font le tour du bateau, f
7. Les arcs-boutans des fupports, g
8. Les arcs-boutans des montans, h.
9. Les arcs-boutans des bords du bateau-, i
10. Entre les fupports, les rouleaux, k
n . Les attaches des barres diagonales de fer, l
12. Le trou pour pofer le pilaftre de la
baluftrade,
13. Les goujons avec leurs embraffures de fer, n
14. Les pièces des travées, o
15. Les trous coniques des pièces des travées, p
16. Les bifeaux qui terminent les pièces des
travées, q
17. Les attaches qui tiennent des bords des
bateaux, aux pièces des travées, r
18. Les madriers qui forment la chauffée, s
19. Les trous pour la baluftrade, pratiqués
aüx madriers, t
20. Les boulons qui traverfent les madriers
avec leurs clavettes, v
Il ne manquera ici que les diagonales de fer, qu’on
peut voir planche X IV , fig. ƒ , avec les becs du
bateau, que la coupe latitudinale ne permettoit pas
de représenter, Si qu’on voit dans les figures des
autres planches.
On a donné de la force aux parties de cette
figure, afin qu’elles fuffent plus diftinéles ; mais fi
l’on veut fe donner la peine de confulter le mémoire
qui précède, & le rapport de MM. de l’Académie \
on verra que le bateau entier ne demande pour fon
tranfport facile, que des voitures fort ordinaires,
& telles que celles qu’on emploie tous les jours à
l’armée & ailleurs {Article de M. G u il lot t e le pere. )
D e s M a c h i n e s .
Les machines font, comme on le fait, le frqi*
d’un affemblage de plufieurs arts mécaniques réunis
enfemble, coopérant par des forces multipliées à
l’accélération des ouvrages, ou à la facilité des
manoeuvres ; mais l’art qui en fait toujours la plus
grande partie, & fouvent la feule, eft celui de
charpenterie. Nous ne pouvons en rapporter que
quelques-unes, étant impoffible de les paffer toutes
en revue. D ’ailleurs, beaucoup de machines, comme
les preffoirs, les moulins à vent, &c. doivent être
décrites avec les fciences, ou les arts dont elles
dépendent.
Des preffes.
La prejfe eft une machine deftinée à ferrer fortement
quelque chofe.
Les preffes ordinaires font compofées de fix pièces
; favoir, de deux ais ou planches plates Si unies ,
entre lefquelleson met les chofes qu’on veut preffer;
de deux vis qui font attachées à la planche de def-
fous, Si paffent par deux trous, dont la planche
de deffus eft percée ; & de deux écrous taillés en
forme d’j , qui fervent à preffer la planche de deffus
qui eft mobile, contre celle de deffous qui eft ftable
& fans mouvement,