
ou tels autres corps, de manière que , de quelque
fens qu’on les retourne, elles préfentent des grandeurs
déterminées, dont les interftices feront exac-
tëmentjemplis par des corps plus ou moins forts.
C ’eft ainfi qu’en combinant ces petits objets, on
compofe facilement des ornemens de fonte plus ou
moins grands, félon le befoin , & plus ou moins bien
entendus,_ félon le goût du compofiteur de l’imprimerie.
Voyeç quelques-uns de ces ornemens dans '
les planches des caractères qui font à la fin de cet
article. \ |
Dans la gravure des. poinçons de notes de plain-
chant , M. Fournier a fait des changemens dont lui
ont fu gré les imprimeurs de différens diocèfes qu’il
a fournis. Les notes bèquarres, bémols, &c. étoient
gravées & fondues d.e différentes épaiffeurs , fuivant
leurs figures ; de manière que, pour compofer ces
notes & juftifierles lignes, il falloit fondre des efpa-i
ces d’épaiffeurs déterminées, parmi lefquels il y en!
multipliés, ils formoient autant de hachures dans les
avoit de très-fins. Ces efpaces portoient quatre filets; ;
filets de la note, parce que la jon&ion ne fe faifoit
jamais fi bien qu’on n’en vît l’endroit, fur-tout lorf-
que la note avoit un peu fervi ; ces hachures devenant
plus fenfibles, n’en étoient que plus défagréa-
bles. Dailleurs, l’ouvrier étoit toujours obligé de
juftifier fa ligne en tâtonnant, comme on tâtonne
une ligne de caractères avec les efpaces ordinaires.
Pour éviter ces inconvéniens , M. Fournier a gravé
des poinçons de notes , bèquarres , bémols, guidons,
pofes, &c. précifément d’une même largeur, & des
efpaces portant quatre filets de la même épaiffeur,
ou deux , troi^, quatre, cinq fois plus large ; les plus
minces font moitié d’épaiffeur de la note : or. toutes
ces épaiffeurs étant égales & déterminées, quand
l’imprimeur a décidé la longueur de fa ligne, toutes
les autres fe trouvent juftifiées comme d’elles-mêmes;
il ne s’agit que d’employer le même nombre de notes,
ou leur équivalent en efpace, ce qui fe fait fans foin.
Arrivé au bout de la ligne, on y placera une demi-
note, ou fon équivalent , ou l’équivalent d’une note,
ou un efpace équivalent à plufieurs notes, fuivant le
vide à remplir, & la ligne fe trouvera juftifiée. Les
fautes qui feront furveftues dans la compofition ,.ne
feront pas difficiles à corriger, puifqu’on aura toujours
précifément l’équivalent-de ce qu on déplacera.
Comme on ne fera plus obligé de juftifier avec des
efpaces fins, il y.aura moins de hachures , & 1 ouvrage
fera plus parfait.
Pour cet effet, il a fuffi de graver les filets qui
portent la note tous de la même largeur ; & de laiffer
fur ces filets, la note, ou.telle autre figure, fuivant la
grandeur qu’elles doivent avoir , fuivant l’exemple
qu’on voit — T T
® £ %
M. Fournier a retranché de la note dont on fe
fervoit avant lui, une multiplication inutile de huit
fortes , dont l’effet étoit défagréable , comme on
— T-r-^j-a—g— ----- «—g—- — ■ oh l’on étoit de
•l " P " “X mettre les queues
de ces notes en bas, elles trouvoient mêlées
avec les c ara bières qui étoient deffous. Pour éviter
cet inconvénient, de quoi s'agiffoit-il ? De retourner
en haut la queue de ces notes , ainfi qu’on le pratique
en mufique. Cet expédient a été d’autant plus
avantageux , qu’on trouve dans le refte de la note
de quoi former celle-ci , fans qu’il foit befoin d’en
faire exprès. Exemple :
retourcaractères
à la compofition, & vous aurez,
-------------- ------- ■ -— ' c’eft - àrfet
défiré, à moins de frais , fans embarras, & avec
•plus de propreté. Voyez Y exemple dans les tables
des carablères qui fui vent.
On fe fert dans l’imprimerie, beaucoup plus fréquemment
de réglets. (impies, doubles ou triples,
qu’on ne faifoit il'y a.dix ans, grâce à M,Fournier
qui a inventé un moule, pour les fondre. On les exé-
cutoit ci devant en cuivre rouge ou. laiton ; ils étoient
chers , & jamais juftes. Il eût été trop long », & peut-
être impoffibie de bien planir les lames de laiton , de
l’épaifleur déterminée de. quelque.s corps de caractères.
On n’avoit d’autre reflource que d:ans différentes
lames d’épaiffeurs inégales, qu’on ajuftoit avec le
moins d’inconvénient que l’on pouvoit. Le moule
de M. Fournier remédie à, tout cela : c’eft une machine
fimple & commode de quatorze à quinze pouces
de longueur , fur un pouce ou environ de large,
dans laquelle on.fond des lames de: la longueur de quatorze
pouces , & .de la hauteur d’un caractère donné.
Le même moule fert pour telle hauteur qu’on veut ;
pour avoir des.lames d’une épaiffeur déterminée, il
ne.s’agit que d’y difp.ofer le moule, ce qui s’exécute
en un moment : on met ces lames dans le. coupoir,
& avec les r.abots fervans aux lettres, & des fers
faits exprès, on. taille fur une des fa.ces- un réglet de
telle figure qu’on le fouhaite.
L’utilité de ce moule à réglets a été fi généralement
reconnue , que deux ou trois mois apres qu’il en fut
fait ufage , les autres fondeurs s’empreffèrent de. l’imiter
: mais ce qu’ils ont trouvé eft groffier, moins,
fimple, d’un ufage moins commode , le fieur Fournier
n’ayant point communiqué le fien, & l’ayant
toujours, réfervé pour fa fonderie.
Pour jeter un peu de variété dans l’impreffiôn,
& fervir ad’exécution de quelques ouvrages particuliers
, M. Fourniqr a gravé un caractère nouveau dans
. fon-genre; il eft en deux parties &. fur deux corps
différens. La première, fondue fur le corps de Gros-
Parangon, s’appelle bâtarde coulée ; & l’autre partie
qui a l’oeil plus gros, eft fondue fur leTrifmégifte,
qu’on appelle bâtarde. Ces caractères, avec l’alphabet
-de lettres ornées & ffeftonnées /pour tenir lieu'de
petites capitales, font faits pour aller enfemblê , •&.
•forment un tout qu’il appelle caractère de finance,
parte qu’il imite récfiture.Voyez-ëri lé modèle dans
les planches qui fuivent.
La partie la plus utile pour l’imprimerie , & qui
fera le plus d’honneur à M. Fournier, après fa table
des rapports, c’èft le changement des caractères, italiques
auxquels il a donné une figure plus terminée,,
dont il a rendu les pleins & les déliés plus fenfibles,
& qu’il a plus approchés de notre écriture»
An commencement de ce fiée le , les fieur s Grand-
jean & Alexandre firent quelques changemens dans
les italiques qu’il gravèrent pour l’imprimerie du Roi;
cet exemple a enhardi le fieur Fournier. Pour mettre
Je leéleur en état de juger de fon travail, voici quelques
lignes des italiques, telles qu’il les a trouvées,
,& de celles qu’il leur a fübftituées.
Italique ancienne de Gros Romain.
V ous égaler les D ie u x s a ifo it
Cicéron a C éfa r ; nous n o u lez fa ir e
du bien , y 'Vous le p o u v e z comme
eux.
Italiquè nouvelle de Gros-Romain.
Vous égale7 les D ieu x , difoit
Cicéron à Céfar ; vous voulez faire
du bien, & vous le pouve£ comme
eux.
Pouf l’exécution des proportions données aux caractères,
& pour s’affûter de leur exactitude , il faut
faire une jüftification ou mefure jüftede quarante lignes
, mefurê de l’echelle dé M. Fournier, & de trènte-
lept lignes géométriques : elle contiendra ou quarante
huit Pa-rifiennes, ou quarante Nompârèilles , ou
trente-deüx Mignones & un Gros-Texte, ou trente
Petits-Textes, ou vingt-fix Gaillardes ÔL une Nom-
pareille,ou vingt-quatre Petits-Romains, ou vingt-un
Philofophies & une Gaillarde , ou vingt Cicéros, ou
feize Saint-Auguftins & un Gros-Texte , ou quinze
Gros-Textes, ou treize Gros-Romains & une Nom-
pareillô, ou douze Petits-Parangons, ou dix Gros-
Parangons & un Petit-Parangon, ou dix Paleftines,
pu huit Petit-Canons & un Gros-Texte , . ou fix
Trifmégiftes & unePaleftine, ou cinq Gros-Canons
& un Petit-Parangon , ou quatre doubles^Cartons
& un Gros-Texte, ou trois triples-Canons ôt une
Paleftinê, ou deux-Groffes Nompareilles & deux
Paleftines.
; S il y a quelques gros ou quelques petits caractères
dont il ne foit point fait mention dans la table
des rapports, ni dans la jüftification précédente, c’eft;
que ces gros caractères nefe fondent pas , & que les
petits , tels que la Perle , la Sédairoife, ôcc. font hors de
proportions, quoiqu’ils fe fondent. Au refte-, il feroit
à fouhaiter qu’on les réduisît aux mefares de la table;
l’art de l’imprimerie n’en feroit que plus parfait, &,
fa pratique que plus facile.
Nous avons rapporté ci-devant que là haufe’ur
des caraâères, di’te hauteur en papier c’eft-à-dire,
depuis le pied jufqu’à la fupérficre qui laiffe fon empreinte
fur.ie papier ÿ eft fixée par les réglemens de
la Hbràirie , notamment par celui du 2$ février 1723,
à dix lignes & demie géométriques. Cette loi -à été
fadement étàblie pou'r rendre tous - les cataélèreS de
France conformes en cette partie , afin qüê, paftant
d’une imprimerie dans une aUtré, ils n y fafienï point
de difparate. Cette loi pourtant , quoique très-rage
& très-bonne , n’a été que foiblement exécutée ; ce
qui' OccafiOnnè alors de la confiiffoil dans une imprî-
:• merie: oh les earaftères de différentes Iratitétfrs fe
mêlent. C’eft pourquoi quelques imprimeurs ont uh
calibre ou jüftification pour rt’aocepter que des corps
qui ont une hauteur uniforme.
Il ne nous refte plus qu’un mot à dire des régle-
mens auxquels les fondeurs' en caractères font afiu-
jettis»
Les fondeurs font tenus,âvànt-quë d’éxeréër leur
profeffion, de fe préfenter aux fy ndic & adjoints de
l'imprimerie* & dé fe faite infcrifë für lé rëgiftre de
la communauté en qualité de fondeurs de caractères ;
ce qui doit fe faire faits frais.
Il leur eft néanmoins défendu d’exercer la librairie
ou rimpïirnerie»
Ils doivent réfidèr & travailler dans le quartier de
l’univerfité.
On a vu par ce qui précédé , cë qu’il faut pénfer
de l’article des féglemeôs fur! la proportion dés caractères.
Il leur eft enjoint de fondre lés Caractères de
bonne matière forte & cdffârité ; de travailler pour
les imprimeurs de Paris par préférence'- à ceux de
province; de n’envoyer au dehors aucune fonte
fans en avoir déclaré au buréaü de la communauté
la qualité , le poids & la quantité ; de fondre lés fontes
étrangères fur là hauteur de celles de Paris ; de ne
livrer des fontes & caractères qu’aux imprimeurs.
Voilà les principaux réglemens ; d’oh l’on voit
combien il font imparfaits, Ôc éômbièn il eft incertain
qu’en fépar'afit les arts de gràvéür, de fondeur
& d’imprimeur, on ait travaillé à leur pêrfeélion
réelle.
Après ces détails für la gravure des poinçons & la
fonderie des caractères d'imprimerie, nous avons cru
devoir préferiter au leftéür l’explication fuivie des
planches qui facilitent l’intelligence des procédés
& des înftrumens propres à ces deux arts. C ’eft une
forte de table de tout ce que nous avons dit, & de
ce qu’on doit fe rappeler à cet égard.
Planche I. Gravüre des poinçons.
La vignette représenté l’intérieur d’un atelier, dans
lequel"^ une forge.