
Ce banc eft formé par trois pièces de bois de huit
ît dix pouces d’équarriffage , fixées horizontalement
& parallèlement à cinq ou fix pouces l’une delautre,
fur plufieurs forts chevalets dont les pieds font
enfoncés & bien affujettis dans la terre. La longueur
du banc eft de' vingt - cinq pieds environ ; il règne
derrière le banc , dans toute fa longueur , une poutre
contenue par dés boulons de fer qui la traverlent,
ainfi que toute l’épaiffeur des chevalets : cette poutre
excède le niveau du banc d’un pied ; on pratique
dans toute fa longueur , une rainure garnie d une
bande de fer de fix à fept lignes d’épaiffeur.
La poudre dont on fe fert pour éprouver les
canons de*'fufil, eft fine & telle qu’on l’emploie pour
la chafle.
Les canons de fufil fubiffent deux épreuves con-
fécutives. La première charge de poudre eft du
poids de la balle de munition de dix-huit àla livre ,
c’eft-à-dire, fept gros huit grains ; on met utie bourre
de papier par.deüus, qui doit être affez groffe pour
entrer avec peine-dans le canon ; on met la bourre
à fond fur la poudre , avec une forte & lourde baguette
de fer, une balle-par deffus ,& unefeconde
bourre fur la balle; on paffe enfuite une pointe ou
petit dégorgeoir dans la lumière ; on y introduit
quelques grains de poudre , fit on en ecrafe.denus &
• tout autour de la lumière.
On charge Si amorce ainfi pour le premier coup
tous les canons qu’on doit éprouver ;■ on en place
environ quatre-vingt fur le banc d epreuve, en ob-
fervant de loger Si d’encaftrer les queues des culajjes
dans la rainure pratiquée à la poutre qui règne derrière
le banc, enforte que les canons ne puiffent pas
reculer : on les affujettit d’ailleurs par le moyen d’une
corde d’un pouce &. demi de diamètre , fixee par
un bout à une des extrémités du banc,*& qui vient
fe rendre à l’autre , en paffant par deffus les canons ;
on ferre cette corde par le moyen d’un petit treuih
Le banc occupe tout le fond d un efpace enferme
de murs de dix à douze pieds de hauteur ; il eft
couvert d’un toit qui le garantit de la pluie : le mur
oppofé au banc eft recouvert de terre où les balles
vont fe rendre , & où on en retrouve les fragmens
quand il y en a une certaine quantité pour les refondre.
Un trou, (fig: 3 * Planche 111 ) Praiiqué
dans le mur à une des extrémités du banc, donne
paffage à une baguette de fer qu’on a fait rougir pour
mettre le feu à la poudre. ^ ^
Le banc 'd’épreuve étant garni de la quantité de
canons qu’il peut contenir , on répand une tramee
de poudre fur tous les tonnerres, dans toute la
longueur dubanc , & l’on introduit la baguette rougie
par’Le trou pratiqué dans le mur ; le premier canon
part , & dans un clin d’oeil, le feu fe communiquant
d’un bout à l’autre du banc, tous les canons ont tiré.
On les ôte Si on les remplace fucceffivement par
■ d’autres, jùfqu’à ce qu’ils aient tous fubi cette première
épreuve qui en fait périr un , deux ou trois
par cent, fuivant que les ouvriers ont été attentifs,
& iejfer bien préparé & bien ménagé. On a vu plufieurs
épreuves, où, fur fept à huit cents canons
il n’en a pas péri un feul. A
On charge de nouveau ces canons avec les memes
précautions que la première-fois, à l’exception que
la charge de poudre eft diminuée dun cinquièmes
cette fécondé épreuve, Si eft par confequeot réduite
à cinq gros cinquante grains. On place les canons I
fur le banc , la culaffe encaftrée dans la poutre , &
la cor de ferrée par deffus , & l’on continue jufqua
ce qu’ils aient tous tiré» L’objet de cette fécondé
charge eft de manifefter les défauts que la première
ne pourroit feulé faire connoître. Si le canon eft mal
partagé , c’eft-à-dirë , que la matière.en foit mal répartie
, ou fi une foudure a été manquee ou neft
pas complète , fi quelque partie a été furchauttee
Si décompofée , il paroît.à la première épreuve ; dans
le cas où il y auroitréfifté , la partie defeélueufe en
eft tellement ébranlée , quelle ne peut rçfifter a la
fécondé.
Lorfque l’épreuve eft finie, on vifite tous les canons
les uns après les autres Si en détail : ceux où on .
apperçoit quelques fentes en long ou en travers ,
quelque évafement à la lumière, ou quelque autre defaut
, ne font point admis ; les autres font marques
d’un poinçon convenu pour indiquer qu ils ont ete
éprouvés ; après quoi on les deculaffe , on les lave
en dedans Si on les fait fécher. ^ ,
Les canons ayant été éprouvés , laves & feches ,
font mis à la boutique de revifion : les revifeurs ou
chefs de cet atelier les vifitent intérieurement avec
foin ; car il fe trouve quelquefois en dedans des
canons , des pailles ou parties mal foudees que.les
forets enlèvent, ou qui fe détachent aux deux coups
d’épreuve des canons. La cavité qui en refulte s appelle
chambre, C ’eft un défaut qui le rend inadmiffible;
car il eft évident qu’il a moins d epaiffeur en cet
endroit qu’il ne doit en avoir, & qu?il ne pourroit
pas réfifter à l’aétion réitérée de plufieurs charges
de poudre : la craffe Si la rouille s’attachent d ailleurs
à cet endroit creux, qu’on ne peut nettoyer parfaitement
, & la chambre devenant tous les jours plus
profonde, le canon n’en eft que plus dangereux:
on apperçoit ces chambres à l’oeil, en lorgnant dans
le canon, Si on s’en affure avec le chat.
Les revifeurs font chargés de donner a la lime
les vraies proportions aux canons ; de mettre la
queue des culaffes à la pente pour s’adapter au'bois ;
de vérifier le bouton des culaffes qui doit etre parfaitement
jufte pour ne pasbalotter dans fon ecrou,o-
enfin de polir & d’adoucir les canons à la lime douce &
à l’huile. Lorfqu’ils font dans cet état, on les effuie &
on lesdépofedans une falle baffe &. humide, afin que
la rouille indique Si manifefte les défauts qui auroient
pu échapper aux vifites précédentes: s’il y a la plus
petite faute , même fuperficielle , la rouille les defli-
nera & en marquera les contours. Après un mois
de féjour dans cette falle,ils font vifités de nouveau
avec attention, en préfence des. officiers prépofés
par le roi pour veiller à cette importante partie du
fervice , Si d’un contrôleur des armes. Les canons
défe&ueux font rebutés : ceux qui paroiffent fans
défaut, Si qui ne pèchent dans aucune des formes
prefcrites , font reçus définitivement, Si marqués
d’un poinçon convenu.
La baguette du fufil de munition ( voyez pl. IV ,
fig. A ) eft d’acier depuis l’extrémité qui eft -taraudée
pour recevoir un tire-bourre , jufqua la tete quon
fait de fer à deffein. Si cette tête étoit d’acier,
elle gâteroit en peu de temps, & refouleroit le
bouton de la culaffe qui eft de fer, Si fur lequel
elle eft poüffée fréquemment & avec .violence
lorfque le foldat fait l’exercice. Il pourroit d’ailleurs,
en campagne , fe trouver quelque petit gravier dans
le canon , qui, faifant feu, fi la baguette de la tête
étoit d’acier , pourroit le communiquer a la charge,
Si occafionner des accidens.
La baguette êft trempée ,& recuite: on lui fait
fubir des épreuves violentes ; il faut qu’elle plie fur
les quatre faces , ou alternativement quatre fois en
fens contraire , enfortequ’elle faffe à chaque fois un
arc dont la flèche ait huit à neuf pouces , Si qu’elle
fe rétabliffe parfaitement droite. Si la trempe en eft
fèche, elle cafferaà cette épreuve, ou bientôt après
à un leger effort ; fi la trempe eft molle, elle pliera
Si reftera courbée : l’art confifteroit à faifir un jufte
milieu entre ces deux extrémités. Une trempe un
peu molle paroît cependant toujours préférable. La
baguette , à'Ia vérité , pourra fe fauffer', mais on
la redreffeaifément, au lieu que lorfqu’elle eft caffée ,
le foldàt ne peut plus faire, ufage de fon fufil.
La plaque de couche »» (voyez fig. B , planche IV )
doit être forte Si épaiffe, car cette pièce fatigue
beaucoup., lorfque le foldat , dans les exercices ,
s’appuie brufquement fur la .croffe du fufil. La plaque
eft contenue par deux vis en bois, l’une deffus , Si
l’autre deffous la croffe.
La pièce de détente ( voyez fig. C , planche IV )
eft une petite plaque de fer percée d’une mortoife
par où paffe la détente , qui va rencontrer la baguette
en dedans du bois du fufil. Voyez fig. N.
En preffant la détente ave.c,le doigt, elle appuie
fur la gâchette, laquelle , preffant à fon tour le ref-
fort qui la contenoit, fon bec fort du cran du bandé,
Si le chieri s’abat fur la batterie. La détente eft
percée pour donner paffage à une goupille qui la
fixe à fa place, Si fur laquelle elle tourne. L’extrémité
arrondie de la pièce de détente en dedans,
èft une élévation de fer que les ouvriers appellent
une boutrolle , dans laquelle eft pratiqué l’écrou où
la vis de la culaffe vient s’engager.
La fougarde ( voyez fig. D ) a trois parties : la
feuille poftérieure, fixée par une vis en bois,; la
feuille antérieure ,. fixée par le bouton de la grena-
diere d’en bas. qui la traverfe Si eft arrêté par une
forte goupille; Si le pontet qui eft arrondi pour couvrir
la détente, Si donner paffage au doigt qui appuie
deffus pour faire partir le fufil.
La grenadière du milieu ( voyez fig. E ) èft un
anneau qui. embraffe le. canon Si le bois ; il porte'
pn deffous un battant en forme de triangle ferré,
aux deux côtés d’un bouton qu’il traverfe par le
fommet d’un de fes angles ; enforte qu’il peut s’élever
Si s’abattre fans pouvoir tourner. Le bouton de la
grenadière d’en bas ( voyez fig. / ) porte un pareil
battant. On paffe dans l’un Si l’autre une courroie
qui s’alonge & s’accourcit par le moyend’une boucle,
fuivant le befoin , lorfque le foldat porte 1 e fufil ea
bandouillère & fur l’épaule.
L’embouchoir ( voyez fig. G ) embraffe le bois
Si l’extrémité fupérieure du canon , par deux viroles
qu’on appelle les barres de Vembouchoir : il eft fuffi-
famment évafé en deffous en forme de bec depot à
eau , pour faciliter l’entrée de la baguette. 11 eft
placé à l’extrémité du bois, à trois pouces trois lignes
du bout du canon, afin que la douille de la baïonnette
qui a trois pouces deux lignes de longueur ,
ne foit pas gênée par le bois , lorfqu’on la met au
bout du canon. L’embouchoir Si la grenadière du
milieu font fixés dans leur pofirion par un petit crochet
à reffort portant.fa goupille. Ces deux pièces
concourent, avec la capucine , à-fixer le canon dans
une pofition confiante fur le bois.
La capucine ( voyez fig. E ) prend fon nom de
la reffemblance qu’elle a avec un capuchon ; elle eft
placée à l’endroit où le canal de la baguette eft
couvert par le bois: c’eft une efpèce d’anneauqui,
ferrant le canon fur le bois , l’arrête , le fixe & le
contient à fa place » enforte qu’il ne peut pas tourner-
Le porte-vis ( voyez fig. H f a la forme d’un
S ; les ouvriers appellent fouvent cette pièce une
ejfe. Ses deux extrémités font percées pour donner
paffage à deux grandes vis qui tiennent fa platine à
fa place, Si qui vont trouver leur écrou dans le
corps même de la platine. S’il n’y avoit point de*
porte-vis , les têtes de ces grandes vis porteroient:
fur le bois, & le gâteroient. bientôt*
La platine . ( fig. K ) vue en dehors , Si Çfig. L \
vue en dedans , eft une machine affez compliquée-
par la quantité de pièces qui la compofent, & qui:
font toutes néceffaires ; car ft l’une manque, elles;
font toutes fans, effet.
On appelle- platines rondes, celles dont le corps
Si le chien font convexes à l’extérieur. Cette forme
donne plus d’épaiffeur à ces parties Si eft par-là
plus avantageufe, parce que les trous dont le corps
de la platine eft percé, ayant plus de profondeur,
les pièces qui s’y adaptent y font plus folidement
établies Si moins fujettes à ballotter : les vis Si les
écrous'ont plus de filets , Si le chien eft mieux, appuyé
à fon carre*
- On appelle platines Garrées , celles dont ,1e corps
Si Le chien fontdreffés à la lime Si plats ; telles font
celles, des fufils de munition. Pour rapprocher celles-ci.
des platines, tondes Si des avantages qui réfultent.
de cette forme r il faut donner de l’.épaiffeutau corps
de platine Si au chien..
La platine, eft compofée de vingt pièces: i°. le.-
corps de platine ; 2?.Je chien ; 30. lç clou de chien ;.
4°. la vis.de chien; 50. la mâchoire fupérieure ; 6°„
lebaffinet; 7°. la vis .du haftinet ;, 8°, le grandiéffort ^