
lsge furmonté de la maçonnerie d’une pile ; pour
y parvenir on fait ce grillage à l’ordinaire & de même
manière que celui que nous avons vu planche V I I ,
recouvert de plates-formes ou madriers bien ajuftés
près l’un de l’autre & bien calfatés enfemble afin
que l’eau n’y puiffe paffer , ce qui fait le fond d’une
efpèce de bateau planche X y que l’on met en chantier
fur des cales A, pofées fur des pièces de bois B ,
appuyées fur d’autres C , pofées fur de» pieux D
plapés fur les bords de la rivière : ce grillage eft
bordé de plufieurs fortes de pièces de bois E qui y
font adhérâtes , entaillées par leurs .extrémités
moitié par nibitié, furmontées d’autant de côtières ,
composées chacune de forts madriers F, de 5 àépouces
d ’épaiffeur fur io à 12 pouces de hauteur, en plus ou
moins grande quantité , félon la profondeur des
rivières, affemblés les uns furies autres à rainure &
languette, dont les joints font bien calfatés & garnis
de lanières de cuir de vaches détrempées, ; ces
madriers font retenus à demeure de quatre en quatre,
pour la facilité de leur tranfport, par des pièces de
bois extérieures & intérieures G , & par de fortes vis
prifesdans leur épaiffeur, formant enfemble des côtières
dont les joints font ferrés de haut en bas avec de
grands boulons à vis H traverfant leur épaiffeur,
.& dont l’enfemble eft retenu intérieurement &
extérieurement de pièces de bois T, arrêtées haut
& bas à d’autres K & L , faifant l’office de moifes
garnies de calles M & vis N , les côtières des extrémités
ne pouvant être retenues de la même manière
à caufe de leur obliquité : les pièces de bois L font
affemblées folidement par l’autre bout à une longue
pièce O , ou à plufieurs liées enfemble, allant d’un
bout à l’autre, qui les retiennent enfemble. Ceci
fa it , il faut avoir grand foin de boucher exaâemënt
tous lès trous ; & lorfque l’on eft prêt de lancer à
l ’eau, on fupprime les cales À , après y avoir fubf-
titué par deffous , & de diftance à autre, des rouleaux
, & on le fait enfuite rouler dans la rivière,
ou ce qui eft beaucoup mieux, oft le lance à l’eau
comme on le fait pour les vaiffeaux fur les bords de
la mer.
Ce bateau ainfi lancé à l’eau, on le conduit bien
jufte fur les pieux que l ’on a plantés, & où l’on
veut conftruire la pile ; on bâtit dans le fond, qui
eft le grillage, jufqu’à ce que s’enfonçant à mefure
qu’il fe trouve chargé , il vienne fe pofer de foi-
même fur les pieux ; enfuite, pofé & appuyé folidement
, on defferre les écrous des boulons H , les
vis N , on défait les moifes K & L , les cales M , les
pièces de bois I , & on enlève les madriers pour les
affembler de nouveau à un grillage de charpente
pour une autre pile.
Il faut remarquer ici qu’il n’a pas été queftion
-jufquà préfent de faire des côtières pour ces grillages
autrement qu’on n’a jamais eu coutume de les
faire pour toutes fortes de bateaux, & qu’ainfi faites,
elles ne peuvent fervir qu’une fois ; dépenfe qué
l’on peut diminuer par cette machine à proportion
4e la quantité des piles que l’on a à conftruire , car
une fois faites, on peut s’en fervir à tous les grillages
de charpente , & par conféquent pour toutes les
piles que l’on a à bâtir.
Des moutons & de leur confirvÆon.
L’ufage des moutons , vulgairement appelés fon-
nettes , parce que leur manoeuvre eft à peu près
femblable à celle des cloches , eft d’enfoncer les
pieux. 11 en eft de différente efpèce, & plus commodes
les uns que les autres , félon les occafions
que l’on a de les déployer.
Celui marqué * , planche VIII » eft .compofé d’un
billot de bois e , appelé mouton ou bélier, parce qu’il
eft le principal objet de cet inftrument , fretté &
armé de fe r , attaché à un cable / , roulant fur une
poulie g , que plufieurs hommes tirent par l’autre
bout h , divifé en plufieurs cordages , & laiffant
retomber alternativement de toute fa pefanteur fur
les pieux d pour les enfoncer. Cette poulie g , qui
porte tout le fardeau de cette machine, eft arrêtée
folidement à un boulon dans une chpe appuyée
d’un côté fur l’extrémité d’un fupportou montant i,
entretenu de contre-fiches k , pofés fur le devant
d’un affemblage /, appelé fourchette, Si d’un autre
fupport en contre-fiche m, pofé fur le derrière de
la fourchette / , foutenu dans fon milieu par une
pièce de bois debout n , dans l’intervalle de laquelle
& du montant i , eft un treuil 0 avec un cordage p ,
pour remonter avec pçu de force le mouton e , en
cas de néceffité : la partie fupérieure de la poulie eft
retenue au chapeau q , qui entretient deux jumelles r,
boulonnées par en bas fur le devant de la four-,
chette / , & le long defquels gliffe le mouton e.
La fig. 138, planche X I , eft un mouton d’une autre
efpèce, mu par des leviers horizontaux a , traver-
fant un arbre en deux parties b 8c c9 autour duquel
s’enveloppe en c le cordage d , qui enlève le
mouton e ; cet arbre b porte avec foi par en bas
un pivot de fer appuyé fur une pièce de bois/,
butante d’un côté à une plate-forme g , fur laquelle
font appuyées deux jumelles h , & deux contre-
fiches /, couvertes d’un chapeau k , furmonté d’un
petit affemblage pour porter la poulie / , & de l’autre
affemblé carrément dans une pièce de boism, entretenue
avec la plate-forme g , de deux entre-toifes n
formant châffis, furmontés d’un fupport <vavec fies
liens p , portant l’extrémité d’une pièce de bois q,
renforcie au milieu pour foutenir l’effort du tourillon
de l’arbre b, & à fourchette par l’autre bout, affemble
dans les deux contre-fiches i , 8c dans un fupport k,
portant une autre poulie pour renvoyer le cordage
d.
Ce mouton a,fig. 13p , fretté par chaque bout,
eft furmonté d’un valet b,portant l’un & l’autre de
chaque côté une languette k 9,fig. 140, gliffant de
haut en bas le long d’une rainure pratiquée dans les
jumelles c , figure 139 ; le valet b porte dans fon
épaiffeur des pinces de fer à croiffant d’un côté d ,
& à crochet par l’autre e , dans l’intervalle defquelle$
èfi un reffort pour les tenir toujours ouvertes par le
haut, & fermées par le bas.
Lorfque le mouton a & fon valet b font montés
enfemble par le fecours du cordage f , prefqu’au
haut de la machine, les croiffans d des pinces viennent
toucher aux taffeaux obliques g , 8c fe reffer-
rant à mefure qu’il fe lève , la partie'* qui fe trou-
voit accrochée au crampon h du mouton a , s’ouvre
& laiffe tomber tout-à-coup le mouton fur le pieu s ,
fig. 138, ce qui l’enfonce en raifon de fon poids &
de la hauteur d’où il eft tombé. Auffi-tôt après on
appuie fur le petit levier 1 , même figure , ou t , fig.
141 ; qui fait defcendre le grand pêne m , & le faifant
fortir de fa cavité n , donne le moyen au rouleau
c , fig. 138, de tourner avec liberté , & au cordage
d , de fe défiler par le poids du valet, jufqu’à
ce que , retombant avec rapidité fur le mouton e ,
les deux crochets e de la pince , fig. 139, viennent
en s’ouvrant embraffer l’anneau du mouton & fe
refermer auffitôt ; enfuite on lâche le petit levier 1,
fig. 1413 dont le grand pêne m s’empreffe de rechercher
fa cavité n , par le fecours d’un reffort placé
au deffous, & remet les chofes dans l’état où elles
étoient précédemment ; après quoi on remonte Je
mouton comme auparavant.
La fig. 142 9 planche X l x eft une machine dont on
s’éft fervi en Angleterre pour enfoncer les pilotis
du nouveau pont de Weftminfter. Cette machine
inventée par Jacques Vaulovè, horloger, eft fort
ingénieufe ÿ car, placée comme elle eli fur un bateau
, on peut la tranfportèr facilement par-tout où
l’onabefoin de-'s’en fervir. Ce bateau a eft traverfé
de plufieurs. poutrelles b , furmontées- de plufieurs
autres c , avec madriers formant un plancher d 9 fur
lequel eft pofé l’affemblage de toute la machine
qui, mue par plufieurs chevaux , va perpétuellement
fans s’arrêter & fans fiqétiôn ; ces chevaux en tournant
, font tourner l’arbre e, fur lequel eft affemblé
un rouet denté / , qui engrène dans une lanterne
g, furmontée en. h de deux pièces de bois croifées ,
formant volans, pour empêcher que les chevaux
ne tombent lorfque le bélier k eft lâché : cet arbre
e porte à fon. extrémité fupérieure un tambour / ,
autour duquel s’enveloppe le cordage m qui enlève
le bélier k. Au deffus du tambour / eft une fufée
gu barillet fpiral n , fig. 144, autour duquel s’enveloppe
un petit cordage 0 , chargé d’un poids p'figi
>42 i pour modérer la çhûte du valet 0, dans l’intérieur
duquel les pinces, fig-1.4f , étant placées, 8c
tenant le bélier k accroché de la même manière
que nous l’avons vu dans k figure précédente, en
s approchant des parties inclinées r , s’ouvrent &
lâchent le bélier k , qui en tombant enfonce le pieu ƒ ;
le v aletj montant toujours pendant ce temps-là,
fouléve avec foi un contre-valet t , qui élève par
le cordage v un grand levier x ,. dont L’autre extré-
nute à charnière en. (a.) fig. 1 4 3 , appuie-par le bout
for une tige de fer b , qui, paffant à travers l’arbre c ,
abaiffe la bafcule d du côté du grand pêne e , pour
k décrocher du tambour, fi, &. donner par-là la Lb
berté au cordage de fe défiler, & au valet de tomber
fur le bélier &. de s’y accrocher de nouveau ;
au même inftant, le levier n’appuyant plus par fon
extrémité (a) fur la tige b , & le cordage o , fig. 144 9
étarit au bout de la fufée n , même figure, il s’y ouvre
un échappement qui retenoit la tige b , fig. 143, 8c
qui, par le moyen du contrepoids g , la relève , &
replace en même temps le grand pêne e dans le
tambour f ; & les chevaux continuant de tourner,
enlèvent le bélier comme auparavant. Cette machine
eft eompofée de plufieurs pièces de bois de charpente
, tendantes toutes à fa fqlidité , avec une
échelle y pour monter à fon fommet ç , & y pouvoir
faire facilement les opérations néceffaires.
La fie. 146, planche X I , eft une machine à enfoncer
des pieux, mais obliquement, autant & auffi
peu qu’on le juge à propos ; c’eft un compofé de jumelles
a , portant un bélier b , fon valet a & fies
pinces d attachées au cordage e 9 renvoyé par une
poulie/, & tiré à l’autre bout par dès'hommes,
comme dans celui marqué * , planche VIIIy ou par
une machine eompofée d’un treuil, autour duquel
s’enveloppe le cordage e , par le fecours de plufieurs
roues g , à la circonférence defquelles font attachées-
plufieurs planches h y fur lefquelles plufieurs hommes
marchent en montant pour élever le bélier ; Les
tourillons ï de ce treuil , foutenu fur fia longueur dé
plufieurs affemblages-de charpente, tournent de chaque
côté dans un autre femblable compofé d’entre-
toifes k , retenues dans deux moutons / , affemblés
haut & bas dans deux châffis compofés de fommiers
m & cfientretoifes n. L’extrémité inférieure des jumelles
a , boulonnées par en bas à deux; contre-jumelles
0 , appuyées fur l’extrémité de deux fom—
miers p , & Soutenues de liens q , & contrefiches r ,
appuyées fur une traverfe / , forme une efpèce de
charnière qui-, avec le fecours. des. cordages & despoulies
rattachées d’un côté au chapeau des contre-
jumelles- 0, & de l’autre au fommet des jumelles a r
entretenues de contrefiches v , procure le moyen
d’enfoncer des pieux x à telle inclinaifon que l’on
juge à propos. v
Lorfque le bélier b eft lâché de la même manière
que ceux des figures précédentes, planche X I y on
lächele valet c , en appuyant fur la bafcule a , fig..
147 y qui en abaiffant, décroche le cliquet b de la
roue dentée c , & par ce moyen fait défiler le
cordage jufqu’à de que le valet en tombant fe foit
accroché de nouveau au bélier pour le remonter
comme auparavant ; & afin de modérer la vivacité
du treuil occafionnée par la chute précipitée du bélier
, on appuie fur la bafcule d , fig. 148, qui par
l’autre bout fait un frottement autour du treuil, &
lui fert de frein.
Dés ponts de bateaux:
La féconde efpèce de ponts de^- bois, font ceux
dits de bateaux , &. conftruits en effet fur dès bateaux
pour le paffage des charrois dans des pays
où il n’eft pas poffible, foit par la .profondeur des