
Dansle cas où Uhe de ces pièces feroit noircie pour
y avoir fait cuire des oeufs, il faut la nettoyer avec
de l’efprit-de-vin & un peu de blanc d’Efpagne.
L’académie des fciences de Paris, après l’examen
de ce procédé-, certifia que l’argent employé aux
charges différentes dans la nouvelle méthode , pe-
nétroit le cuivre & fail'oit corps avec lui, ce qui
donnoit à l’argenture une folidité à laquelle on n’etoit
pas encore parvenu dans l’ancienne méthode, puif-
que dans celle-ci l’argent ne tient à la furface du
cuivre que par les hachures ou les afpérités qu’on
V O C A B U L A I R E des Term
.A-RGENTER ; c’eft appliquer des feuilles d’argent
fur quelque ouvragé de métal, ou debois, de cuir, & c.
Argenture , f. f. Ce terme fe prend- en deux
fens, ou pour l’art d’appliquer des feuilles d’argent
fur quelque corps, ou pour les feuilles mêmes appliquées.
Bleuir ; c’eft donner à une pièce de métal: un
degré de feu fuffifant pour changer en bleu fa fur-
face.
Brunissoir a brunir ; inftrument d’acier de
forme différente dont on fe fert pour donner plus
d’adhéfion aux feuilles d’argent appliquées fur uné
pièce de métal.
Brunissoir a ravaler ; outils dont les argen-
teûrs fe fervent pour preffer les feuilles appliquées
fur une pièce.
«— Croche, \
— —Droit, f
— Fève ,' f ainfi nommés à caufe de leur
---- GroJJe-Feve, Ç forme ou de leur groffeur.
— Mouffe, V
——En T , y
Bruxelles; petites pinces avec lefquelles on
prend les feuilles d’argent pour les appliquer fur
la pièce de métal.
Charger ; c’eft appliquer les feuilles d’argent
fur la pièce de métal.
Emorfiler ; c’eft enlever avec des pierres à
y a pratiquées, & auxquelles l’attache l’aéfion forte
& réitérée du bruniffoir ; qu’on peut appliquer la
nouvelle manière d’argenter fur les pièces de métal
les plus minces qui fe refuferoient à l’ancienne méthode
, fur-tout li elles étoient relevées en boffe ;
& qu’on peut réargenter la partie d’une pièce où le
cuivre auroit été découvert, fans être obligé de
toucher au refte.
Les argenteurs font à Paris une communauté avec
les doreurs fur cuivre & autres métaux. Ils ont des
ftatuts qui datent depuis Charles IX.
s ujités dans I A r t de l’Arpenteur.
polir, le morfil ou les vives arêtes d’un ouvrage
travaillé au tour.
Feuilles d’argent, propres pour argenter;
elles ont cinq pouces en carré, & quarante - cinq
pèfent un gros.
Frette ; c’eft une virole autour du manche d’un
outil.
Gratte-Bosse ; outil de laiton en forme de
broffe longue, dont on fe fert pour enlever une
pouffière noire qui s’eft formée à la furface d’une
pièce de métal trop frappée de feu.
Gratte-Bosser ; fe fervir du gratte-boffe.
Hacher ; c’eft pratiquer fur une pièce de métal
avec le tranchant d’un couteau d’acier, une grande
quantité de traits en tout fens.
Hachures ; ce font les traits pratiqués en tout
fens fur une pièce de métal.
Mandrins; ce font des tiges ou châffis de fer,
pour foutenir fur le feu les piècës qui doivent être
argentées.
Poncer ; c’eft éclaircir les pièces de métal en
les frottant à l’eau avec une pierre ponce.
Réchauffer , ou palier une fécondé fois au feu
la pièce de métal, pour la replonger enfuite dans
l’eau fécondé.
Recuire ; c’eft faire rougir dans le feu les pièces
de métal que l’on doit plonger enfuite dans de l’eau
fécondé. -
ARGENTUM MUSICUM.
C ^ ’e s t une préparation d’une couleur argentine,
propre à enluminer, à faire du papier argenté & à
peindre les verres.
En voici le procédé.
Prenez une once & demie de bon étain , que vous
ferez fondre dans un creufet ; lorfqu’il fera prefque
fondu, mettez-y une once &. demie de bifmuth;
remuez le mélange avec un fil de fer jufqu’à ce que
le bifmuth foit entièrement fondu. Vous ôterez alors
le creufet du feu , Sc bifferez refroidir. Mettez une
once & demie de vif-argent dans le mélange fondu,
que vous remuerez bien ; verfez le tout fur une
pierre polie, afin que la matière fe fige ; quand on
voudra en faire ufage, ?1 faudra la délayer avec du
blanc d’oeuf ou du vernis blanc , de l’eau-de-vie où
l’on aura fait fondre de la gomme arabique. Lorf-
qu’on s’en eft fe rv i, on polit l’ouvrage avec une
dent de loup.
a r t
ART DE L’ARMURIER.
A r m e s , a r m u r e , a r m u r i e r .
Arme fe dit de tout ce qui fert au foldat, foit
pour attaquer, foit pour fe défendre.
Armure ne s’entend que de ce qui fert au foldat
pour fe garantir dans le combat.
Armurier eft celui qui fait les armes défenfives ,
dont les gens de guerre fe couvrent.
Nous ne pouvons faire connoître l’ancien art de
Y armurier, qu’en donnant une defcription des armes
&. armures qui étoient autrefois employés, quoique
1a plupart de ces armes & armures ne foient plus
d’ufage parmi nous.
Les premières armes ont été du bois, des pierres,
des os, & autres chofes qui étoient fous la main de
l’homme ; depuis il s’eft fait des armes d’airain, de
fe r , &c.
Les armes des Vélites étoient premièrement le
fabre commun à tous les foldats. Ce fabre avoir une
pointe, il coupoit des deux côtés. Ils avoient outre
ce fabre fept javelots ou demi-piques de trois pieds
de longueur, avec une pointe de neuf doigts. Us
portoient un petit bouclier de bois, d’un demi-pied
de large, couvert de cuir. Leur calque étoit une
efpèce de chaperon de peau, appelé galea ou galerus,
qu’il faut diftinguer des calques ordinaires qui étoient
ce métal , & qu’on nommoit cajjîs. Gette forte
de cafque étoit affez connue des anciens. Les armes
des piquiérs & des autres foldats, étoient premièrement
un bouclier qu’ils appeloient fcutum, différent
de celui qu’ils nommoient clypeus ; celui-ci étoit rond
& l’autre ovale.
La largeur du bouclier étoit de deux pieds & demi,
& fa longueur étoit de quatre pieds : de façon qu’un
foldat, en fe courbant un peu , pouvoit facilement
s’en couvrir, parce qu’il étoit fait en forme de tuile
creufe, imbricata. On faifoit ces boucliers de bois
léger & pliant, qu’on couvroit de peau ou de toile
peinte. C’eft de cette coutume de peindre les armes,
que font venues dans la fuite les armoiries. Le bout
de ce bouclier étoit garni de fer , afin qu’il pût ré-
fifter plus facilement, & que le bois ne fe pourrît
point quand on le pofoit à terre. Au milieu du bouclier
, il y avoit une boffe de fer pour le porter ;
on y attachoit une courroie.
Outre le bouclier, les Romains avoient des javelots
qu’ils nommoient pila. C ’étoit Y arme propre des
Romains. Les uns étoient ronds & d’une groffeur à
remplir la main; les autres étoient carrés’ , ayant
quatre doigts de tour, & le bois quatre coudées de
longueur. Au bout de ce bois étoit un fer à crochet,
qui faifoit qu’on ne retiroit ce bois que très-difficilement
: ce fer avoit à peu près la même longueur
que le bois. Il étoit attaché de manière que la.moitié
tç&oit au bois , & que l’autre fervoit de pointe ;
Arts & Métiers. Tome /. Partie J,
enforte que ce javelot avoit en tout cinq coudées
& demie dé longueur. L’épaiffeur du fer qui étoit
attaché au bois, étoit d’un doigt & demi ; ce qui
prouve qu’il devoit être fort pelant, & deyoit percer
tout ce qu’il atteignoit. On fe fervoît encore
d’autres traits plus légers, qui reffembloient à peu
près à des pieux.
Les foldats Romains portoient auffi un cafque
d’airain ou d’un autre métal, qui laiffoit le vifage découvert
, d’où . vient le mot de Céf^r à la bataille
de Pharfale : Soldats, frappe^ au vifage. On voyoit
flotter fur ce cafque une aigrette de plumes rouges
& blanches, ou de crin de cheval. Les citoyens de la
première claffe étoient couverts d’une cuiraffe faite
de petites mailles ou chaînons, & qu’on appeloit
famata ; on en faifoit auffi d’écaille ou de lames de
fer ; celles - ci étoient pour les citoyens les plus
diftingués : elles pouvoient couvrir to,ut le corps.
Les Romains portoient plus communément des cui-
raffes de lames d’airain de douze doigts de largeur,
qui couvroient feulement la poitrine.
Le bouclier, le cafqué & la cuiraffe étoient enrichis
d’or & d’argent , avec différentes figures qu’on
grayoit deffus ; c’eft pourquoi on les portoit prefque
toujours couvertes, excepté dans le combat & dans
différentes cérémonies. Les Romains portoient auffi
des bottines, mais quelquefois une feule à une des
deux jambes. Les foldats fur-tout portoient de petites
bottines garnies de clous tout autour, qu’on
appeloit caligce ; d’où eft venu le mot de Caligula
que l’on donna à l’empereur Caïus , parce qu’il
avoit été élevé parmi les Amples foldats dans le
camp de Germanicus fon père.
Dans les premiers temps, les cavaliers romains
n’avoient qu’une efpèce de vefte, afin de monter
plus facilement à cheval. Us n’avoient ni étrier ni
felle , mais feulement une couverture. Us avoient
aulfi des piques très-légères & un bouclier de cuir.
Mais dans la fuite ils empruntèrent leurs armes des
Grecs, qui confiftoient en une grande épée , une
pique longue, une cuiraffe , un cafque & un bouclier
; ils portaient auffi quelquefois des javelots.
Les armes des François , lorfque Clovis fit la
conquête des Gaules , étoient la hache, le javelot,
le bouclier & l’épée.
Le fer de la hache étoit à deux tranchans ; le
manche étoit de bois & fort court. Au moment que
ces cavaliers entendoient le fignal, ils s’avançoient ;
& au premier affaut, dès qu’ils étoient à portée , ils
lançoient leur hache contre le bouclier de l’ennemi ,
le caffoient ; & puis, fautant l’épée à la main fur leur
ennemi, le tuoient.
Les cafques & les cuiraffes n’étoient guère en
ufage parmi les François du temps de nos premiers