
cents lettres , p’us ou moins fuivant leur groffeur,
arrangées les unes auprès des autres ; après quoi on
met le tout dans ce coupoir, où, étant ferréesfor-
tement avec des vis, on fait agir un rabot de figure
relative à cet infiniment, avec lequel on coupe les
fuper Suites du corps des lettres.
L e t tr e s : les imprimeurs ôc fondeurs de caractères
nomment ainfi, ôc fans acception de corps ou
de grandeur, chaque pièce mobile ou féparée dont
font ailortis les diftérens caractères en ufage dans
l’imprimerie ; mais ils en diftinguent de quatre fortes
dans chaque corps de cara&ères, qui font les capita- ;
le s , petites capitales , ou majufcules & minufcules,
les lettres du bas de café, ÔC lettres doubles, tels que
le Jîs le f i , le double JJî Ôc. le double fit, 6c quelques
autres. Il y a outre ces corps ôc. grandeurs un
nombre de lettres pour les impreffions des affiches
& placards, que l’on nomme à caufe de leur grandeur
& de leur ufage, grojfes ôc moyennes ; elles font
de fonte ou de bois : ces corps n’ont ni petites capitales,
ni lettres du bas de café. Voyez les planches
d3 imprimerie.
L ig a tu r e s ; ce font dans les caraCtères grecs les
lettres liées enfemble.
L ig n e ( la ) d e l a le t tr e ; c’eft fon alignement
avec une autre du même corps. Une lettre defcend
en ligne lorfqu’elle efl plus baffe qu’une autre ; & elle
monte en ligne lorfqu’elle efl plus haute.
L o n g u e s Pièc es du moule, ainfrappelées parce
qu’elles font les plus longues de toutes. C ’eft fur un
bout des longues pièces que le blanc efl retenu par une
vis & la potence. De l’autre côté efl la fourchette ou
entaille, dans laquelle fe place ôc coule la tête de la
potence de l’autre pièce, lorfque le moule efl fermé.
L o n gue s ; on entend par longues les lettres qui
occupent les deux tiers du corps par en haut, comme
les d y D , b, B , ôte. p , q , g, y , par en bas, &
dont on ne coupe que d’un côté l’extrémité du corps
du côté de l’oeil. On appelle ces lettres longues, relativement
aux courtes que l’on coupe des deux côtés,
comme les m, o , e , &c. ôc aux pleines qui occupent
tout le corps, Ôc qu’on ne coupe point, comme
M a t r ic e s , fervant à fondre les caraCtères d’imprimerie
, font de pétits morceaux de cuivre rouge,
dire l’acier ayant pris fa dureté par l’aCtioti du froid
& du chaud , on l’enfonce à coups de marteau dans
le morceau de cuivre poli ôc préparé pour cela ; 6c
y ayant laiffé fon empreinte, on lime ce cuivre jusqu’au
longs de quinze à dix-huit lignes , & de la largeur
proportionnée à la lettre qui efl formée.
Il faut des matrices pour toutes les lettres, lignes ,
figures , & c . qui fe jettent en moule pour fervir à
l ’impreffion, parce que c’efl dans la matrice que
fe forme la figure qui laiffera fon empreinte fur le
papier.
La matrice fe place à une extrémité du moule ,
entre les deux regiflres qui la retiennent ; le métal
ayant paffé le long du moule où le corps fe forme,
vient prendre la figure qui efl dans ladite matrice.
Voye^ M o u l e .
La matrice fe fait avec un poinçon d’acier , fur
lequel efl gravée la lettre ou autre figure dont on
veut la former. Ce poinçon étant trempé , c’eft*à- |
degré de proportion qu’il doit avoir pour que
la matrice foit parfaite, afin que , cette matrice étant
placée au moule, la lettre fe forme fur fon corps
dans la place ôc proportion où elle doit être.
M a u v a is e s d ’oeil (lettres); font des lettres
gâtées qu’il faut ôter dans la correCtion d’un ouvrage.
M ig n o n e , troifième corps des caraCtères d’imprimerie.
Sa proportion efl d’une ligne ôc un point,
mefure de l’échelle ; fon corps double efl le faint-
auguflin.
La mignone peut être regardée comme un entre-
corps, ainfi que la gaillarde ôc la philofophie , parce
que d’un corps à l’autre il doit y avoir deux points
de différence , ôc qu’a ceux-ci il n’y en a qu’un ; ce
qui fait qu’on emploie ordinairement l’oeil du petit
texte fur le corps de mignone , n’y ayant qu’une légère
différence de corps ôc d’oeil. Cela fert à faire
entrer plus de lignes dans une page, qu’il n’en fe-
roit entré fi l’oeil de petit-texte avoit été fondu fur
fon corps naturel, ôc ainfi de la gaillarde ôc de la
philofophie.
Mo ule a f o n d r e les c a r a c t è r e s d ’ im p r i mer
ie ; il efl compofé de douze principales pièces de
fer parfaitement bien limées, jointes ôc affujetties
enfemble par des vis ÔC écrous , le tout furmonté de
deux bois pour pouvoir le tenir lorfque le moule
s’échauffe par le métal fondu que l’on jette continuellement
dedans. Ce moule qui a depuis deux juf-
qu’à quatre pouces de long , fuivant la groffeur du
caraCtère, fur deux pouces environ de large , le tout
fur fon plan horizontal, renfermé au moins quarante
pièces ou morceaux diftinCtifs qui entrent dans fa
compofition, ôc dont le tout fe divife en deux parties
égales qu’on appelle , l’une , pièce de dejjiis , ÔC
l’autre , pièce de defious. Ces deux pièces s’emboîtent
l’une dans l’autre pour recevoir le métal qui y prend
la force du corps du caractère , ôc la figure de la
lettre dans la matrice qui efl au bout du troifième
moule ; après quoi on fépare ces deux pièces l’une
de l’autre, ôc il refte à l’une d’elles la lettre toute
figée que l’ouvrier fépare avec le crochet qui efl à
l’autre pièce du moule ; puis les rejoignant enfemble
il recommence de nouveau l’opération jufqu’à trois
à quatre mille fois par jour.
N om p a r e il l e ; fécond corps des caraCtères d’im-
primerie. ^a proportion efl d’une ligne, mefure de
l’échelle ; ôc fon corps double efl le cicéro.
N om p a r e il le ( groffe ) ; vingtième corps des
caraCtères d’imprimerie ,. le plus gros de tous ; fa
proportion efl de feize lignes , mefure de l’échelle.
(Ëil ; c’eft l’étendue, autrement l’épaiffeur d’un
caraCtère ; on diftingue les nuances d’épaiffeur par
les termes de petit oeil, ail ordinaire , oeil moyen ÔC
gros oeil.
O n g l e t s des r é g l e t s ; c’efl lorfque lesréglets
fojrt taillés en bifeau par les deux bouts, de façon
que, joints enfemble, ils faffent l’équerre parfaite.
Palestine ; quatorzième corps des caractères
d’imprimerie ; fa proportion eft de quatre lignes,
mefure de l’échelle.
P a r an g o n (.gros ) ; efl le treizième des corps
fur lefquels on fond les caraCtères d’imprimerie ; fa
proportion eft de trois lignes quatre points , me-
fure de l’échelle ; il eft le corps double de celui de
la philofophie.
P ar an Goto (petit) ; douzième corps des''caractères
d’imprimerie ; fa proportion eft de trois lignes
deux points, mefure de l’échelle ; il eft le corps double
du petit-romain;
Pa r er ; c’eft faire en deffous de la matrice d’un
caraCtère , un talus ou entaille qui eft vis-à-vis de
l’oeil de la lettre , ôc deux petits crans, l’un au deffous
l’autre au deffus , pour les tenir enfemble avec
le morceau de peau qu’on nomme attache.
- Par er le p o in ç o n ; c’eft encore en terme de
graveur, dégager le caraCtère ôc fa tige des feories
que le feu y a produites.
Parisien ne ; eft le premier ôc le plus petit des
caraCtères d’imprimerie ; fa proportion eft de cinq
points , mefure de l’échelle ; fon corps double eft
le petit romain. Ce caraCtère fe nomme auffi feda-
noife , parce qu’il a été gravé à Sedan en 1620, pour
la première fois, par Jeannon, graveur ôc fondeur
de cette ville , ôc avec lequel il imprima en 1625
Publii Virgilïi opéra , en un feu! petit volume in-3 2 ;
ôc en 1633 il imprima avec le même caraCtère tous
les livres de la bible en un volume i/z-8°.
En 1634 ou 35 , Jacques de Sanlecque, graveur
ôc fondeur de caraCtères à Paris , grava un caractère
à l’imitation de celui de Jeannon , ôc il le nomma
parifienne , du nom de fa ville ; ce qui fait qu’à Paris
on a appelé ce caraCtère parifienne.
En 1740, le fieur Luce , graveur de caraCtères
pour le ro i, a gravé pour l’imprimerie royale un
caraCtère nommé la perle , plus petit d’un tiers que
ldi parifienne. Comme ledit caraCtère a été gravé pour
le roi, Ôc qu’on n’en a pas encore gravé de pareil
jufqu’à préfent, cela n’empêche pas que la parifienne
ne foit comptée,dans l’imprimerie comme le premier
des caraCtères.
Perle ( la ) eft , fi l’on v eut, le vingt-unième
corps de caraCtère d’imprimerie ; mais ce caraCtère
eft peu en ufage : il a été fondu aux dépens du
roi, ôc pour l’ufage de fon imprimerie royale établie
à Paris , où il eft jufte qu’il y ait , ne fût-ce
que par curiofité , tous les corps poffibles, ôc qui
peuvent être mis en oeuvre.
Pied d e l a le ttre ; c’eft le bas de la lettre :
une lettre va en pied lorfqu’elle excède les autres
lettres par le bas.
Pierre ; cette pierre eft une meule de grès de
quinze à vingt pouces de diamètre , de même nature
que celles dont fe fervent les couteliers pour
rémoudre les outils. Pour rendre ces grès à l’ ufage
des fondeurs de caraCtères, on en prend deux que
l’on met l’un fur l’autre fur le plat ; on met entre
deux du fable de'rivière , puis on les tourne circulai-
rement , en mettant de temps en temps de nouveau
fable, jufqu’à ce que fable ait grugé les petites éminences
qui font fur ces pierres, ôc en ait rendu la
furface droite ôc unie. Ce fable , en dreffant les
grès, ne les polit pas , mais les pointillé ôc y laiffe
de petits grains propres à enlever aux corps des
lettres certaines fuperfluités ou bavures avec lesquelles
elles fortent du moule ; ce qui fe fait en
frottant les lettres les unes après les autres fur cette
pierre ; cela fert à les polir ôc dreffer des deux côtés
feulement, où elles fe joignent à côté les unes des
autres en les compofant.
Pla t in e s ; deux des pièces principales du moule
fervant à fondre les caraCtères d’imprimerie.' C ’eft
la platine qui fert de point d’appui à toutes les autres
, ôc fur laquelle elles font affujetties par des vis
ôc par des écrous.
Ple in es; terme qui fait connoître les lettres dont la
figure remplit tout le corps ; comme on appelle
longues celles qui en occupent les deux tiers. Les
pleinesîont j , & toutes les autres. lettres qui
ne laiffent rien à couper aux corps , foit par deffus
ou par deffous.
Po é t iq u e s ( caraCtères ) ; ce font des caraCtères
romains , mais plus ferrés Ôc plus alongés qu’à l’ordinaire.
Po in ç o n s ; on appelle ainfi un petit barreau d’acier
d’environ deux pouces de long , au bout duquel
eft gravée une lettre en relief , c’ eft-à-dire ,
que les parties qui forment la lettre font plus élé—
véës que lés autres qui font plus baffes.
P o in t e t r a n ch a n t e ; c’eft un petit infiniment
d’acier pointu , tranchant Ôc trempé fec , qui n’excède
guère le manche que de trois ou quatre lignes »
afin que la pointe ait plus de force : on les fait ordinairement
de la moitié d’une petite lime d’Angleterre
dite demi-ronde, qui porte environ un pouce
de long.
P o in t s t y p o g r a p h iq u e s ; c’eft la divifion des
corps de caraCtères par degrés égaux ÔC déterminés,
inventés par M. Fournier le jeune.
P o l ic e ; elle fert pour connoître la quantité qu’il
faut de chaque lettre en particulier , pour faire un
caraClère complet & propre a imprimer un livre.
Cette police eft un état de toutes les lettres fervant
à l’impreflion , où eft marquée la quantité qu’il faut
de chacune d’elles relative à leur plus ou moins
d’ufage, ÔC à la quantité de livres pe-fant que l’imprimeur
voudra avoir de caraCtère.
Il demandera , par exemple , un caraCtère de ci-
cero propre à compofer quatre feuilles, ce qui fera
huit formes. Pour cet effet, on fera une fonte dont
le nombre de toutes les lettres montera à cent mille,
qui pèferont trois cent vingt à trois cent trente livres
, qui, avec les quadrats ôc efpaces , feront environ
quatre cents livres, parce que la feuille eft
eftimée cent livres. Pour remplir ce nombre de
100000 lettres, on fera cinq mille a , mille b , trois
mille c , dix mille e , fix cents 6*, deux mille vir