FABRIQUE
O N donne le nom d’amadou à une efpece de
mèche préparée à prendre tres-facilement le feu.
La fabrique d’amadou fe fait principalement en
Allemagne , avec une forte de grands champignons
ou $ agarics , & d’éxcroiffances fongueufes qu’on
trouve fur les vieux chênes , frênes , ormes, fapins,
& autres arbres. ' #
On fait cuire ces champignons ou excroiilances
dans de l’eau commune. On les fèche ; on les bat
avec un marteau pour les amollir, & en brifer &
divifer les parties ; on les coupe par morceaux, que
Ton étend fi l’on veut ; on les fait bouillir enfuite
dans une forte leflive de falpetre ; on les remet
fécher au four ; & l’amadou eft fait.
On fe procure encore de Yamadou avec le gros
papier bleu, tel que celui qui enveloppe le fucre ,
ou avec de vieux linges que l’on fait brûler jusqu’au
moment que la flamme ceffe , & qu’ils font réduits
V O C A B
. - G a r i c excroiflance fbngueufe des arbres,
propre à l’amadou.
D’AMADOU.
dans une efpèce de charbon, que l’on étouffe en ce!
.état, pour s’en fervir au befoin. >' ‘J 1’,
Il y a aufli une plante, légumineufe ou papinor-
nacée , nommée fo la , dont la tige blanche , Ipon-
eieufe;& épaiffe, réduite dans une forte-de charbon,
forme une efpèce d’amadou qui eft employé principalement
dans les Indes. | '
On fait de quel ufage eft l’amadou pour,le procurer
promptement du feu par les étincelles que
l’on tire du choc de l’acier contre une pierre .a fuiilt
L ’amadou provenant de l’agaric , peut fervir dans
les coupures de vaiffeaux & de veines pour arrêter
k L’amadou n’eft pas une branche indifférente, du
commerce. il paie en France 15 fous par cent de
droit d’entrée. Ce font les marchands merciers qui
tiennent de l’àmadou en gros.
AMADOUEUR; ouvrier qui travaille 1 amadou«
U L A I R E.
Amadou , forte de mèche propre a prendre faci-*
lement le feu.
AmadqueüR , fabiquant d amadou.
a m i d o n i e r .
L ’ A M I D O N eft la fécule ou le fédiment de
b lé , dont on tire une pâte blanche. & friable,
par les "procédés que nous allons décrire. _
Suivant Pline le naturalifte, les habitans de Chio
furent les premiers inventeurs de cet art de tirer
l’amidon du blé. On dit que fon nom latin amilum 3
eft dérivé de fine ttiolâ fàltum, parce que les an-,
ciens ne faifoient point moudre le grain dont
tiroient l’amidon. On fuit encore cette méthode
dans quelque? endroits de l’Allemagne ; on le fait
crever & on l’éprafe.
Les matières de l’amidon font du ble , ou, des
iffues de blé , comme les recoupettes & les griots.
Pour entendre ce que c eft que recoupettes &
griots, il. faut favpir que' le blé moulu fe blute,
& que le bluteau le diftribue en flx portions ^lesquelles
font la fleur de la farine , la greffe farine ,
les griots, les recoupettes,-les recoupes & le fon.
On donne le fon aux chevaux ; on nourrit les
vaches de recoupes ; on fait du pain de la groffe
farine , & de la fleur de farine , & l’on tire l’amidon
des griots & des recoupettes.
Les amidoniers ne doivent employer le ble en
nature ", que quand il eft gâté ; il leur- eft défendu
d’y confommer de bon blé : mais ils ont 1 attention
de choifir les iffues des blés les plus gras, parce
qu’ils en retirent un amidon plus beau, & en plus
grande quantité : c’eft de ces iffues quils font
Y amidon- fin., '. \
Lé blé gâté eft moulu, & employé, comme nous
le dirons ci-après , à la confection de 1 amidon
commun. . -, . x a %
Il faut donc que l’amidonier fonge a le pourvoir
d’abord de griots, de recoupettes, & meme
; de blés gâtés. Les boulangers lui fourniront les
griots & recoupette?, qu’il pourra employer fur
le champ. Il faut faire moudre les blés gâtés., La
fig. i , au bas de la première vignette, repréfente
les facs quTcoritiennent cette matière avec laquelle
■ fe fait l’amidon. ■
L’eau eft le principal inftrument de 1 amidonier ,
fur-topt celle qui doit fervir de levain , & produire
la fermentation : c’eft ce qu on appelle des
eaux fures , ou eaux fortes.
On peut fe procurer des ectuot fures par 1 un des
deux procédés fuivans.
i ° . Prenez
i». Prenez deux livres du levain avec lequel
le boulanger fait lever fa pâté, délayez ces deux
livres de levain dans un leau d’eau chaude ; au
bout de deux jours l’eau fera fure. Mais, comme
cette quantité d’eau fure n’eft pas fuffifante pour
le travail de l’amidonier, il agite cette première
eau fure, il y ajoute un demi-leau d’eau chaude ,
la laiffe repofer , la remue encore , & continue la
même manoeuvre jufqu’à. ce qu’il ait la quantité
d’eau fure dont il a befoin.
2°. Au défaut de levain de boulanger on met
dans un chauderon quatre pintes d’eau commune,
quatre pintes d’eau-de-vie , deux livres d’alun de
roche ; on fait bouillir le tout enfemble ; & l’on a
de Y eau fure 3 pour x s’en fervir comme il fera dit
ci-après. .
L’amidonier obtient encore des eaux Jures par
un autre moyen, dont nous parlerons après quelques
obfervations.
Il faut , dans l’atelier ou trempis de l’amidonier,
des tonneaux connus fous le nom de demi-queues de
B o u r g o g n e que les amidoniers nomment bernes, ^
comme on les voit dans la planche gravée, lettres
a >b, c 3 d 3 e , f , g 3 &c. on les défonce par un
bout, & l’on s’en fert de la manière fuivante.
Mettez environ un feau d'eau fure dans un de
ces tonneaux. Il faut de cette eau fure moins en
«été, davantage en hiver ; mais on doit prendre
garde , dans cette dernière faifon , que le levain
ne gèle.
1. Verfez de l’eau pure fur ce levain, jufqu’au
bondon ; ( voye% fig. i de l’amidonier, lettre c ; )
achevez de remplir les tonneaux de matière 3 c’eft-
^-djre , de recoupettes & de griots, moitié par
moitié , ou de farine de blé gâté moulu gros*
Cette première opération s’appelle mettre en trempe,
ou mife en trempe.
Il eft d it, dans les ftatuts des amidoniers, que
les recoupes & recoupettes feront mifes en trempe
ou en levain, pendant l’efpace de trois femaines,
dans des eaux pures , nettes & claires ; mais on
ne les y laiffe en été que pendant dix jours , &
pendant quinze en hiver. Ce terme eft plus court
ou .plus long, fuivant la fôrc^, du levain. Il n’y a
guères que l’expérience qui puiffe apprendre à connaît1
* *'6 , avec précifion , le temps convenable. La
matière eft en trempe dans les tonneaux e 3 ƒ,
qu’on voit pleins.
Lorfque les matières ont été fuffifamment en
trempe ou en levain, elles fe précipitent au fond
du tonneau, &. il leur fumage une eau qu’on appelle
cau grajfe; efpèce d’huile que la fermentation
des matières a renvoyée fur la furface'de l’eau.
Il faut jetter cette eau graffe. Après quoi on prend
des fas ou tamis, de toile de crin , de dix-huit
pouces de diamètre fur dix-huit pouces de hauteur
; on en pôfe un fur deux lattes qui font mifes
horizontalement fur un tonneau bien rincé, comme
©n voit au tonneau b. Enfuite puifez trois féaux
«le matière en trempe, verfez-les fur le fas, &
■ Arts 6» Métiers, Tome J. Partie I,
lavez-îesavec flx féaux d’eau claire, en procédant
de la manière fuivante.
II. Verfez d’abord, fur les trois féaux de matière
en trempe mife dans le fas de crin, deux
féaux d’eau claire,; remuez le tout avec les bras ,
com m e t eft marqué à la fig. 2. Quand ces deux
féaux d’eau claire feront paffés, verfez deux autres
féaux fur le refte de la matière contenue dans le
fas, remuez de nouveau. Lorfque ces deux autres
féaux feront encore paffés, verfez les deux derniers
féaux fur 'le fécond refte de la matière , &
remuez pour la troifième fois. Cette fécondé opération
s’appelle laver le fon.
Les ftatuts des amidoniers leur enjoignent de bien
laver ou féparerles fons , & de veiller à ce que leurs fas
foient bons , & leurs eaux bien pures & bien nettes.
11 faut vider dans un tonneau ce qui refte dans
le fas , & laver ces réfidus avec de l’eau claire,
ce que repréfente la fig. 3 , lavant dans le tonneau d
le refidu de cette matière reftée dans le fas de crin.
Ces réfidus lavés peuvent fervir de nourriture &.
d’engrais aux beftiaux. Continuez de paffer de la
matière en détrempe fur le même tonneau , jufqu’à
ce qu’il foit plein.
Le lendemain de cette fécondé opération, jettez
l’eau qui a paffé à travers le fas avec la matière
en trempe : cette eau fe nomme eau fure.
C ’eft le levain des amidoniers 3 dont nous devions
parler;
Il faut mettre de cette eau fure , quand on s’en
fert pour mettre en trempe, un feau fur chaque
tonneau de matière , en été ; trois & quelquefois
quatre féaux, en hiver.
III. Enlevez cette eau fure avec une febille de
bois, jufqu’à’ ce que le blanc dépofé au fond du
tonneau paroiffe. Voye{ la fig.3 {bis),repréfentant
un ouvrier qui enlève l’eau avec une febille , jufqu’à
ce que la matière, dépofée au fond du tonneau
h , paroiffe. Rempliffez enfuite les tonneaux
de nouvelle eau, en quantité fuffifante pour pouvoir
, avec une pelle de bois, battre , broyer &
démêler Yamidon. Enfuite rempliffez les tonneaux
d’eau claire. Cette troifième manoeuvre s’appelle
rafraîchir l’amidon. On voit en p , au bas de la première
vignette , le fon forti du fas ou tamis. La,
lettre q indique le pot de terre dans lequel l’ou-
vrier, fig. 3 {bis) , met l’eau qu’il retire du tonneau^ ,
laquelle eau dépofe encore de l’amidon commun.
Deux jours après le rafraîchiffement, jettez l’eau
qui a fervi à rafraîchir, jufqu a ce que le premier
blanc paroiffe.
Ce premier blanc fe nomme indifféremment le
gros ou le noir par les amidoniers. Ce gros ou ce noir
s’enlève de deffus le vrai amidon ou fécond blanc
qui en eft couvert. On ne le perd pas ; il fait le
principal gain des amidoniers, parce qu’ils le vendent
ou qu’ils le gardent pour engraifler des porcs.
IV . Quand le gros ou noir eft enlevé, on jette
un feau d’eau claire fur le réfidu de craffes que
le gros ou noir laiffe fur If fécond blanc, pu fur,.