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D , fourche à trois fourchons garnis d’ofier.
E , tamis de crin.
F , pelle à rejeter.
G , rabot.
H , fauchet ou rateau.
I , petite fourche.
K , burettefervant d’éculon.
La cire blanche & réduite en pains comme on
vient de 1’expliquer, paffe entre Jes mains du cirier
qui l’emploie aux différents ufages de fa profeflion,
dont nous allons examiner les principaux travaux
dans l’atelier du cirier fabriquant.
Mais auparavant il eft bon de dire & de rappeller
même à quels fignés on peut reconnoître la fophif-
tication de la cire, afin que l’on puiffe s’en garantir.
La bonne cire doit être d’un blanc clair, un peu
bleuâtre, & fur-tout tranfparente. Les cires alliées
de graifle peuvent être fort blanches, mais elles
font toujours d’un blanc mat & farineux; on n y
trouve point, quand on les touche, la fechereffe de
la cire pure ; elles ne font point affez trafparentes,
elles ont une mauvaife odeur qui fe fait fentir fur-
tout lorfqu’on éteint les bougies. Lorfqu elles font
faites, on reconnoît aufli au goût & feus les dents,
la cire alliée: après avoir mordu la cire, fi en fe-
parant les dents on entend un petit bruit, c eft
Ligne que la cire n’eft point alliée de graifle ; & le
contraire fait juger qu’il y en a.
Un moyen certain pour connoître fi on y a mêlé
de la graifle , c eft d’en faire tomber une goutte fur
un morceau de drap : lorfqu’elle eft bien réfroidie
& figée , on verfe deflus un peu d’efprit de vin ;
puis, en frottant l’étoffe, la cire doit fe détacher
aifément & entièrement : quand l’humidité déTef-
prit de vin eft diflipée, il n’y doit refter aucunç,
tache. Il faut aufli rompre les bougies, pour connoître
fi la cire intérieure eft de même qualité que
celle de deflus.
Difons maintenant de quelle manière on s’y prend
pour fabriquer des chandelles de fuif, qui femblent
être de cire. Savoir comment on peut faire la fraude,
c’eft apprendre comment on peut la découvrir. On
jette de la chaux vive en poudre fubtile dans du fuif
fondu; la chaux tombe au fond, & le fuif refte
purgé Sl aufli beau que la cire : ou, pour mieux dé-
guifer l’altération, on fe contente de mettre une
partie de ce fuif fur trois de cire, ce qui donne de
très-belles bougies, dans lefquelles il eft difficile de
s’appercevoir qu’il y ait du fuif. D’autres fophifti-
queurs prennent du fuif de vache ou de boeuf, qu’ils
mettent, après l’avoir bien pilé, dans de fort vinaigre
où ils le laiffent vingt-quatre heures, puis le font
bouillir dans ce vinaigre environ deux heures, écu-
mant toujours fitôt qu’il paroît de l’écume. Lorfqù’il
eft réfroidi, ils prennent ce fuif, le mettent dans
l’eau froide ; ils l’agitent avec un bâton jufqu’à ce
qu’il ait acquis une ferme confiftance ; opération
qu’ils, réitèrent jufqu’à trois fois ; enfuite ils préparent
une bonne décoétion de fommités de romarin,
fauge, laurier & menthe fauvage, qu’ils paffent
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dans du papier gris. On fait bouillir le fuif ci-deflùs
dans l’eau de cette décoction ; il fe dépouille de fa
mauvaife odeur. Pour Je colorer, ils mettent fur
chaque livre une once de curcumâ, ou un gros de
fafran, qu’ils font bouillir dans le fuif, & ils y font
fondre autant de véritable cire neuve. Tel eft leur
procédé pour multiplier la c ire, enforte qu’une
partie de cire leur en fait deux, alliées avec une
égale quantité de graifle.
Enfin Jean-Baptifte Porta rapporte que le moyen
dont on fe fert quelquefois pour augmenter le poids
de la cire, eft d’y ajouter de la farine de fève bien
pulvérifée.
Des Bougies*
Les Bougies s’appeloient autrefois chandelles,
& à la cour de Louis XIV on ne leur donnoit pas
d’autre nom ; mais depuis que l’ufage s’en éft répandu
parmi les riches citoyens, on a conftamment appelé
bougie, la chandelle de cire.
Ainfi la bougie eft une cire façonnée & employée
de manière qu’on s’en fert à, éclairer. Il y a deux
fortes de bougie : la bougie de table, & labougie filée.
La bougie de table ne fe fait guère autrement que
les cierges à la cuiller. On fait des mèches, ou de pur
coton ou moitié coton, moitié fil blanc & lin ; on
les tord un peu ; on les cire avec de la cire blanche,
afin de les' égalifer fur toute leur longueur, & ne
laiffer échapper aucun poil qui traverfe la folidité
de la bougie.
On fe (ert d’un coupoir ou taille-mèche pour -couper
toutes les mèches à une même longueur. Cet
inftrument confifte en une table aflez forte, formée
de deux pièces de bois, qui laiffent entr’elles une
ouverture en forme de rainure, dans laquelle entre
le fort tenon d’un plateau de bois, qui peut couler
dans toute l’étendue de la rainure , ainfi que.la poupée
d’un tour, & que l’on fixe où l’on v eu t, au
moyen d’une vis placée au deflbus de cette table.
Sur l’extrémité de la table ou de la pièce mobile,
s’élève une tige de fer, & fur f autre partie eft une
lame de couteau, placée verticalement. G’eft la
diftance qui fe trouve entre la tige fixe & la lame
mobile, qui établit la longueur des mèches.
On a deux tailles-mèches aflez petits pour pouvoir
être placés fur les genoux ou fur une table.
On enferre les mèches par le bout avec un petit
ferret de fer blanc, placé vers le collet de la bougie;
ce ferret couvre l’extrémité de la mèche, .&
empêche la cire de s’y appliquer.
Quand les mèches font enferrées, on les colle
chacune féparément, par le côté oppofé au collet,
à des bouts de ficelle qui font attachés autour d’un
| cerceau fufpendu au deflus de la poêle où l’on tient
la cire en fufion : pour coller, il fuffit d’appuyer la
mèche contre le petit bout de ficelle ciré; cette
ficelle enduite de cire pour avoir fervi au même
ufage, prend à la mèche. Si les bouts de ficelle
n’avoient point encore fervi, il faudroit tremper
dans la cire les bouts des mèches.
Quand toutes les mèches font appliquées autour
du
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tlu cerceau, on les jette l’une après l’autre, jufqu’à
ce que la bougie ait acquis environ la moitié de .
fon poids ; c’eft-à-dire, qu’on verfe de la cire deflus
les mèches, comme on le pratique aux cierges faits
à là cuiller : puis on retire la bougie du cerceau,
& on la met entre deux draps, avec une petite
couverture par deflus, pour la tenir molle & en
état d’être travaillée. Enfuite on la retire d’entre
les draps, on répand un peu d’eau fur une table
bien unie & bien propre, on la roule fur cette
table avec le rouloir. Fig. 9 , planche IL
Le rouloir eft un outil de bois fort dur ? plat &
uni par deflbus, plus long que large, ayant une
poignée par deflus ; on coupe la bougie du cote
du collet, on ôte le ferret, on lui forme la tête
avec un couteau de bois, & on l’accroche par le
bout de la mèche qui eft découvert, à un autre
cerceau garni fur fa circonférence de cinquante crochets
de fer ; comme on le voit pl. I I du cirier, fig. 2.
Quand le cerceau eft garni de bougies, on leur donne
trois demi-jets par en bas, puis des jets entiers, qu on
continue jufqu’à ce qu’elles aient le poids qu’on defire.
Après le dernier je t, on décroche la bougie ; on
la remet entre les draps, fous la couverture ; on
l ’en retire pour la repaffer au rouloir ; on la rogne
par le bas avec le couteau de buis ; on l’accroche
derechef à des cerceaux de fer, & on la laifle
Lécher. La bougie de table eft de différente groffeur;
H y en a depuis quatre jufqu’à feize à la livre. ^
C ’eft de la qualité du coton & de la proportion
de la mèche que dépend en partie la bonté de la
bougie. Le coton ne fauroit être trop bon, trop
égal, ni trop fin épluché, fans quoi il fait couler la
bougie, comme lorfque la mèche n’eft pas aflez
grofle ; car pour lors cette mèche ne confumant pas
affez de cire , elle s’extravafe hors du godet qui
fe forme autour de la mèche.
En général, il faut faire des mèches d’autant plus
groffes, que la fubftance dont font faites les bougies
eft plus aifée à fondre.
Bougie filée; c’eft un des ouvrages du cirier
le plus difficile, non parce qu’il faut beaucoup de
précaution pour lui donner fa forme ronde & égale ,
c’eft un fimple effet de la filière par laquelle elle
paffe; mais parce que le cordon demande un foin
continuel, pour que tous les fils qui le compofent
foient ou de même force & de même groffeur, ou
un plus gros à côté d’un foible, enforte que la foi-
bleffe de l’un foit exaélement réparée par la force de
l ’autre. On obferve aufli de ne pas précipiter les
évolutions du tour, lequel eft un gros cylindre tournant
par le moyen d’une manivelle, fur un arbre
monté fur deux pieds. Si la matière avoit trop peu
de temps pour fe congeler fur le cordon, elle retom-
beroit dans le péreau, fans que ce cordon en eût
prefque rien confervé autour de lui. Première raifon.
En fécond lieu, 1 le cordon ne pouvant réfifter à
trop de vîteffe, & fe dévider affez promptement de
deflus le tour, fe romproit; cç qui eft un incon-
dénient dommageable au cirier.
Arts é* Métiers. Tome ƒ, Punie II«
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Pour première opération dans la bougie filée ,
on dévide d’abord les écheveaux de coton fur
des tournettes , en nouant d’un noeud plat qui
n’eft pas beaucoup plus gros que le fil , les bouts
des uns avec ceux des autres. Rien , comme on
peut le penfer, ne fixe la quantité de ces écheveaux
, que la quantité de bougie que l’on a
deffein de faire : le cordon ou la mèche ainfi
parvenue à la groffeur fixée encore par l’efpèce
d’ouvrage, on trempe le bout dans la cire fondue,
on l’attache en le collant fur le tour a , fig. 1 , pl. I
du cirier ; on l’y dévide entièrement. On met un
autre tour b à quelque diftance du premier ; entre
les deux eft le péreau c. Le bout du cordon s’amène
fur le bec du péreau, fe paffe dans un petit crochet
au milieu de cet outil, toujours plus bas que la
matière, traverfe unie filière & fe roule fur l’autre
tour, que l’on met en mouvement avec une manivelle.
Tout le cordon ainfi dévidé y on met le côté
de la filière qui regardoit le fécond tour, en dedans
du péreau, & celui qui étoit en dedans, en dehors,
mais à l’autre bec du péreau; & on retourne le
cordon du premier tour fur le fécond, en le faifant
paffer fous la filière, par un trou du numéro ai»
deflus ; cette opération fe répète jufqu’à ce que 1®
cordon foit fuffifamment filé ou chargé.
Il eft à propos, avant d’employer les mèches-
pour la bougie filée, de les mettre dans une
étuye, pour que le coton foit bien fec. Elles en
prennent mieux la cire, & l’on évite que les bougies
ne pétillent en brûlant.
On tient la cire chaude dans le péreau, par le
moyen d’une poêle de feu.
Quant à la fonte de la matière, elle eft bonne
ou mauvaife, à proportion que le degré de châleu©
a été bien ou mal faifi. Mais une règle générale ,
c’eft qu’il ne faut jamais trop mettre de matière à
la fois dans le péreau; autrement les premiers
tours feroient blancs & parfaits, les autres vien-
droient jaunes, la cire ne pouvant être qu’un
certain temps fur le feu, paffé lequel elle perd fa
blancheur, & même fa qualité. On obvie donc
à cet inconvénient, en mettant de nouvelle cire à
fondre à' mefure qu’on emploie celle qui eft fondue.
Par-là on donne du corps à cette dernière, & fe
mêlant avec l’autre , elle fupporte encore l’aétiort
du feu fans en fouffrir ; ainfi de diftance en
diftance jufqu’à la fin. Cette matière eft blanche
ou jaune, félon le prix qu’on fe propofe de vendre-
la bougie : quand elle eft pliée, on la peint quelquefois
de diverfes couleurs, fur-tout celle qui a
la forme d’un livre. Les bougies fe font de la
groffeur qu’on les veut.
Les petites bougies, dites d’un denier, que l’on
vend aux portes des églifes, fe font de la même
manière que les bougies d’appartement. On accroche
à la cire informe des anneaux à crochet,
de petites mèches de deux feuls brins de gros coton ,
pliés en deux & tortillés les uns.fur les autres , &,
, on les charge de cire par un feul jet.