
dans ce carré F. On a pratiqué l’ouverture n à la
mâchoire courbe de l’étau , perpendiculairement,
au deffus de la rainure i , 2 de laîbille G , & par
conféquent de l’aiguille qu il faut y fuppofer placée.
Tournez la pièce 0 , afin que l'aiguille , qui
s’infère dans la rainure, par le côté o.ppofé de la
bille , ne s’y infère que d’une certaine ^ quantité
déterminée, & que toutes les aiguilles foient percées
à là meme diftance du bec. Affemnlsz maintenant
avec le corps de l’étau, la pièce H , au
moyen de trois vis 1 , 2 , 3, qui fendent cette piece
fur les deux mâchoires. Vous voyez dans ie plan
fupérieur de cette pièce H , une ouverture m ;
que cette ouverture correfpond encore perpendiculairement
à l’ouverture n , 6c a la rainure 1 > 2
de la bille G.
Cela fuppofé , il eft évident qu’un poinçon k l ,
qui pafferoit jufte par l’ouverture m & par 1 ouverture
n , rencontreroit la rainure 1 , 2, de la bille G ;
& par conféquent l’aiguille qui y eft logée. Soit 1 extrémité
tranchante de ce poinçon, correfpondante
à la rainure 6c au milieu de l’aiguille : frappez un
.coup de marteau fur la tête k du poinçon , il eft
évident que fon extrémité 4 tranchante , ouvrira,
pu plutôt s’imprimera dans l’aiguille.
C ’eft çette empreinte qu’on appelle châjfe ; 6c l’aiguille
, au fortir de cet inftrument ou àau , eft dite
aiguille percée, quoique dans le vrai elle ne foit que
Creufée , & non ouverte d’outre en outre.
Cet étau eft très-bon ; mais il y en a un nouveau
plus fimple & plus commode, dont il fera parlé à
fa place , dans la defcription du métier à bas._
'On v o it, fig. 11, l’élévation de la face antérieure
dé cette nouvelle machine à percer les aiguilles ,
dent fe fèrt l’ouvrier, fig. 3 de la vignette.
Et fig 12 , la vue perfpe&ive de la même machine.
La fig. 4 de la vignette eft l’ouvrière qui brunit ou
polit les aiguilles.
Et là fig, iû de la planche repréfente la machine
à brunir. La plus grande des deux meules eft de
grès, & la plus petite de bois, fur laquelle, après
un enduit de colle forte, on a faupoudré de l’émeri.
Ces deux meules font féparées par la poulie fur
laquelle paffe la corde fans fin qui vient de la roue.
La fig. $ de la'vignette eft l’ouvrière qui blanchit
les aiguilles.
On peut remarquer dans la cheminée qui eft à
côté de cetté fig. $, le gaufrier dans lequel on fait
recuire la partie des, aiguilles qui doit former, le bec.
La fig. 6 de la vignette, eft l’ouvrière qui palme
ou applatit un bout des aiguilles, après que le bec en
eft ployé. . ’
Quand l’aiguille eft percée , on l’adoucit à la lime
& on l’appîatit un peu à l’endroit de la châffe ; quand
elle eft adoucie, on la polit.
Pour h polir, on l’enferme avec un grand nombre
d’autres dans un morceau de treillis , & l’on
procède comme pour polir l’aiguille à coudre ou
, 3 tailleur. ( Voye^ aiguille à coudre ou à tailleur. )
Qu la &yonnç îïlênie on la sçche ; pour la
fécher, on en prend un grand nombre , qu’on met
avec du fon & de la mie de pain dans le moulin.
Le moulin eft'une boîte ronde & cylindrique, tra-
verfée par un arbre qui eft la feule pièce de cette
machine qui mérite d’être confidérée. ( Voye^ftg. y
de la vignette, le motilin , & fig. 6 (bis) de la planche ,
fon arbre. ) Cet arbre eft traverfé de bâtons qui fervent
à faffer & vanner les aiguilles pendant que le
corps du moulin tourne fur lui-même.
On plie les aiguilles au fortir du moulin : on a
pour cet effet un outil appelle plioir, qu’on voit
fig. ƒ (bis) ; c’eft une plaque de fer pliée en double,
de manière que les côtés AB , C D font bien parallèles.
On infère dans le pli la pointe d’une aiguille
1KL : on tourne le plioir qu’on tient par la partie
EFGH , qui lui fert de manche : on tient l’aiguille
ferme ; par ce moyen fa pointe fe plie en K , & il
eft évident qu’une autre aiguille fe pliera de la même
quantité.
On fe fert à préfent d’un autre plioir en forme de
pinces, plus fimple & plus commode que l’ancien.
Voyez fig. 8.
On fait le bec ou le crochet, en faififfant avec
une tenaille l’extrémité de l’aiguille , & en la contournant
comme on voit fig. 7 , de manière que
l’extrémité aiguë puiffe fe cacher dans la châjf. Après
que le bec eft fait, on palme : palmer, c’eft applatir
dans le plan du corps du b ec, fur un tas ou enclume,
l’extrémité de l’aiguille qui doit être prife dans le .
plomb à aiguille.
Enfin on les jauge , & c’eft la dernière façon : on
•voit, fig. 4 (bis), la jauge. C ’eft une plaque mince
d’acier ou de fer, percée de trous ronds , 6c fendue
par les bords de fentes de différentes largeurs, mais
qui vont toutes jufqu’au trou.
On place la tête d’une aiguille dans un de ces
trous , & on la fait enfuite fortir par une des fentes:
il eft évident que fi l’aiguille a plus de diamètre que
la fente, elle ne paffera pas. On préfente fucçeffi-
vement la même aiguille à différentes fentes, en
allant dç la plus étroite à la plus large ; & la fente
par laquelle elle fort , marque fon numéro ou fa
groffeur,
Çes numéros commencent à 22 , 6c contiennent
juiques à 26 inclufivement» Us reprennent à 28 ; il
n’y a point d’aiguilles du 29 ; il y en a du 30, du 40 ;
point des numéros intermédiaires : il y en a quelquefois
du 15 , mais rarement,
• Les raifons de ces numéros 6c de leurs fauts, ainft
que l’emploi de ces aiguilles , appartiennent à la
fabrique des bas au métier, 6c fê trouvent dans la
defcription du bonnetier.
Il eft ordonné par le réglement du 30 mars 1700 ,
que pour les ouvrages de foie, chaque plomb portera
trois aiguilles ; 6c que pour les ouvrages de laine, de
fil, de coton, de poil de caftor, chaque plomb en
portera deux.
Aiguilles a perruquier. Ce font des aiguilles
très-fortes, aiguës par un bout, percées p^r l’autre ,
& beaucoup plus longues que les aiguilles ordinaires.
Lé|
Les perruquiers s’en fervent pour monter les perruques.
A iguilles passe grosses. Les aiguilles paffe
grojfes, ou pajfe très-groffes, n’ont rien de particulier
que cé nom qu’on leur a donné, parce qu’elles ne
font point comprifes dans les numéros qui défignent
les différentes groffeurs des autres aiguilles. .
A iguilles a ficelle. Les aiguilles à ficelle font
encore plus groffes que les précédentes ; elles portent
trois pouces de long : leur nom indique leur ufage.,
A iguilles de tré ou de trévier , ou de vo ilier.
Ce font les aiguilles dont on fe fert pour
coudre les voiles. Il y en a de trois fortes ; aiguilles
de couture , aiguilles à oeillets , c’eft pour faire des
boucles de certaines cordes qu’on appelle bagues ,
les appliquer fur1 dès trous qu’on appelle oeillets,
oii l’on paffe des garcettes ; aiguilles dé ralingue -,
doubles & fimples ÿ c’eft - à - dire, pour coudre &
appliquer ces . cordes qu’on emploie pour fervir
d’ourlet aux voiles.
A iguille aimantée. Eft une lame d’acier longue
&. mince, mobile fur un pivot par fon centre
de gravité, 6c qui a reçu d’une pierre d’aimant la
propriété de diriger fies.deux bouts vers les polës
du monde.
Les meilleures aiguilles ont environ fix pouces
de longueur , deux lignes 6c démie de largeur Vers
le milieu1, & deux lignes vers les extrémités ; l’é-
paiffeur doit être environ d’un fixième de ligne.
On donne ordinairement aux aiguilles aimantées
la figure d’une flèche ', 6c on fait enlorte que ce foit
la pointe qui fe tourne-du côté du nord ; mais il eft
plus avantageux que ces extrémités‘fié terminent en
«ne pointe qui ne foit point trop aigüë j & il fera
facile de défigner par les lettres N & S , qii’on gravera
fur ces extrémités, les pointes qui doivent fe
diriger au nord & au fud. La chape doit être de
laiton, foudée fur le milieu de l’aiguillé, & creufée
d’une forme conique, dont l’axe foit bien perpendiculaire
à l’aiguille , 6c paffe par fon centre de gravité.
Le ftyle qui doit fervir de pivot , doit être
d’acier bien trempé , exactement droit , délié & fixé
perpendiculairement fur la bafe. Enfin, la pointe de
ce ftyle doit être extrêmement polie, &. terminée çn
une pointe un peu moufle.
Comme il eft difficile de bien placer la chape dans
le centre de gravité, on tâchera de la mettre, dans
cette fituation le plus exactement qu’il fera poffible ; ;
<6c l’ayant mife enfuite fur fon pivot, fi on remarque
qii’elle ne foit pas en équilibre , on en ôtera un peu
du côté qui paroîtra le plus pefant.
Quoique la plupart des lames d’acier qu’on emploie
à cet ufage, aient naturellement la propriété
de fè diriger vers les pôles du monde , 6c qu’on
puiffe aider cette propriété naturelle en les trempant
dans l’eau froide après les avoir fait rougir, 6c ies
faifant recuire peu à peu, il n’eft cependant pas douteux
qu’on ne doit compter que fur les aiguilles qui
auront .çté aimantées par un bon aimant.
Arts & Métiers. Tome I. Partie I.
Aiguille d’horlogerie. C ’eft la pièce qui marque
les .heures 6c les minutes;fur le cadran de toutes
fortes d’horloges. Pour que ces aiguilles fuient bien
faites, il faut qu’elles foient légères, fans cependant
être trop foibles, 6c que celles qui font fort longues
ou qui tournent fort vite, foient bien de pefanteur,
de façon qu’un bout ne l’emporte pas fur l’autre ;
fans cela , dans différentes fituations, elles accélé-
reroient ou retarderoient le mouvement dé l’horloge.
Ces aiguilles fie fondent d’abord fi elles font
d’or ou d’argent, 6c s’achèvent enfuite à la lime , au
foret, 6cc'.
AIGUILLIER. Ce nom fe donne également à l’ar-
tifan qui fabrique des aiguilles, 6c au marchand qui
les vend. Les aiguilliers forment à Paris une communauté',
dont les premiers ftatuts font du 15 fep-
tembre 1599. Par ces ftatüts, ils font qualifiés maîtres
aiguilliers-àlêniers, 6c faifeurs de burins , carrelets,
6c autres petits outils-fervant aux orfèvtes,
cordonniers, bourreliers , &c.
Suivant ces ftatuts, aucun ne peut être reçu
maître ; qu’il n’ait atteint l’âge de vingt ans , qu’il
n’ait été en apprentiffage pendant cinq ans, 6c enfuite
fervi les maîtres trois années en qualité de com^
pâgnon *■ & qu’il n’ait fait chef-d’oeuvre ; il faut
pourtant en excepter les fils de tnaîtres, qui font
reçus après un feul examen.
Chaque maître eft obligé d’avoir fa marque particulière
, dont l’empreinte foit-mife fur une table de
plomb j dépofée chez le procureur du Roi au châtelet.
Vers la fin du dix-feptième fièclé, la communauté
des aiguilliers fut fetinie à celle des maîtres épin—
gliers , par lettres-patentes de l’année 1693:
Les jurés des déüx communautés1 réunies furent
réduits au nombre de trois ; favoir , deux aiguilliers
6c un épinglier. On fit quelques changeméns dans les
ftatuts, qui, pour le furplus., •reftèrent-ën vigueur.
Le négoce des aiguilles eft affez confidérable. La
plusgrande quantité des aiguilles vient de Rouen,
d’E vreux, d’Aix-la-Chapelle , d’Angleterre, &c.
On fait à Paris';peü d’aigüilles à coudre ; à caufe
de la cherté de la maih-d’èeuvre , & du bas prix des
aiguilles ; on n’y fabriqué que les aiguillés qui fe
font a moins dé frais' , & qui ont plus de valeur i'
telles que les grandes aiguilles à broder, celles pour;
la tapifferie ,-pour les métiers à bas, &c.
A IGÜ 1L LE T IER , AIGUILLETTES. L’aiguil-
letier eft l’ouvrier qui fait & vend des lacets , ou
des aiguillettes , qui font des rubans de fil ou de foie,'
ferrés a l’ordinairé.
On appelle encore aiguillettes, un cordon tîflu
de fil de foie,d’or ou d'argent** plat ou rond , ferré
par les deux bouts * dont on fe fert pour mettre fur
l’épaule ou pour attacher quelque chofe.
On nomme auffi aiguillettes, des touffes de rubans
ou de cordons ferrés qui fervent quelquefois d’ornement
aux impériales des carroffes, &c.
Les aiguilletiers faifoient autrefois à Paris un corps
de communauté ; mais, comme ils étoient peu nombreux
, ils ont été incorporés à la communauté des
B