
VOCABULAIRE du Plâtrier.
A . LBÂTRE GYPSEUX ; c’eft la pierre à plâtre lorf-
qu’elle eft en maffe irrégulière, grenue 8c demi-
tranfparente.
Amour du plâtre; c’eft la bonne qualité d’un plâtre
qui, étant bien cuit, prend 5c fe durcit avec facilité.
Gypse ; matière pierreufe , criftallifée en grande
lames tranfparentes ; on en fait du plâtre.
Gypse strié ou a filets ; c’eft la même matière
criftallifée en filets fuivant leur longueur.
Miroir des ânes ; nom qu’on donne au talc
criftallifé en feuilles tranfparentes.
Mont ; nom que les plâtriers donnent au muid,
mefure de plâtre.
Muid ; mefure de plâtre , contenant 3 6 facs ou
72. boiffeaux.
Pierre spéculaire ; pierre criftallifée en feuilles
minces & tranfparentes, appliquées les unes fur les
autres, propre à faire du plâtre.
riAASTOS ; mot grec, étymologique de plâtre ; il
fignifie propre à être formé.
Plâtre ; forte de pierre criftallifée ernlames minces
& tranfparentes, laquelle étant cuite & réduite
en poudre, eft propre à des ouvrages cle fculp-
ture & de maçonnerie.
•— Au panier ; celui qui eft: pafte au manequin
d’ofier, 6c qui fert pour lts crépis.
— Au f a c ; celui qui eft pafle au tamis pour les
ouvrages d’architeélure ou de fculpture.
— Blanc ; celui dont on a ©té le charbon dans la
plâtrière. ’
---- Clair, ou délayé dans beaucoup d’eau.
----- Cru; pierre à plâtre qui n’a point été calcinée.
—— Cuit ; plâtre qui a été calciné dans un four, 5c
réduit enfuite en poudre.
—— Eventé; qui, ayant été long - temps à l’air, a
perdu fa bonne qualité , fe pulvérife, s’écaille,
& ne prend point.
---- Gâché, ou imbibé d’eau fuivant fa quantité.
----- Gras; celui qui, étant cuit à propos, prend
bien , ôc durcit aifément.
----- Grw^celui dont on n’a point ôté les ordures ,
ni le charbon.
—— Gros ; gravoïs de plâtre, criblé 6c rebattu pour
s’en fervir dans des ouvrages grofliers.
---- Mouillé ; celui qui, ayant été expofé à la pluie,
a perdu de fa qualité 6c fa valeur.
----- Noyé ; qui nage dans l’eau, dont on fe fert pour
le faire couler entre les joints.
----- Râblé, ou qui a été nettoyé, après la cuiflon.
du charbon 6c des ordures du four. ,
---- Serré, ou mouillé avec peu d’eau.
Plâtres ; on nomme ainfi les menus ouvrages
d’un bâtiment.
Plâtrière ; nom commun à la carrière d’où l*.on
tire la pièrre à plâtre , 6c au lieu où on la cuit dans
les fours.
SèléNit e ; fel vitrioliqué à bafe de terre calcaire.'
T alc ; pierre criftallifée en feuilles minces 6c
tranfparentes, propre à faire du plâtre.
CHAUFOURNIER. (Art du)
I j e chaufournier eft celui qui entend 6c pratique
l’art important de convertir en chaux, par le moyen
du feu 6c dans des fourneaux, les pierres qui en font
les plus fùfceptibles.
Le choix des pierres, la conftruâion la plus favorable
des fourneaux, la conduite la plus prudente
du feu , font les trois parties principales de cet art,
auffi ancien que la conftruâion des édifices 6c des
villes.
De la chaux en général.
La chaux, du latin calx9 eft une pierre calcinée
6c cuite au four, qui fe détrempe avec de l’eau tomme
le plâtre , mais qui, ne pouvant agir feule comme
lui pour lier les pierres enfemble , a befoin d’autres
agens, tels que le fable, le ciment ou la pozzoîane ,
pour la faire valoir. Si l’on piloit, dit Vitruve> des
pierres avant que de les cuire, on ne pourroit en
tien faire de bon : mais fi on les cuit aftez pour leur
faire perdre leur première foiidité 6c l’humidité
qu’elles contiennent naturellement», elles deviennent
poreufes & remplies d’une chaleur- intérieure , qui
fait qu’en les plongeant dans l’eau avant que cette
chaleur foit diflipée, elles acquièrent un nouvelle
force , 6c s’échauffent par l’humidité qui, en les re-
froidiffant, pouffe la chaleur au dehors. C ’eft ce qui
fait que, quoique de même groffeur, elles pèfènt
un tiers de moins après la cuiffon.
De la pierre propre à faire la chaux.
Toutes les pierres fur lefquellès l’eau-forte agit
6c bouillonne, font propres à faire de la chaux, mais
les plus dures 6c les plus pesantes font les meilleures.
Le marbre même, lorfqu’on fe trouve dans un pays
où il eft commun, eft préférable^ toute autre efpèce
de pierre. Les coquilles d’huitres font encore très-
propres pour cet ufâge : mais en général celle qui
eft tirée fraîchement d’une carrière humide ôc à
l’ombre , eft très-bonne. Palladio rapporte que dans
les montagnes de Padoue, il fe trouve une efpèce
de pierre écaillée, dont la chaux eft excellente pour
les ouvrages expofés à l’a ir , ÔC ceux qui font dans
l’eau, parce qu’elle prend promptement 6c dure très
long-temps.
Vitruve nous affure que la chaux faite avec des
pierres qui fe rencontrent fur les montagnes, dans
les rivières, torrens.ôc ravins, eft très-propre à la
maçonnerie ; 6c que, celle qui eft faite avec des
pierres fpongieufes 6c dures que l’on trouve dans
les campagnes, font meilleures pour les enduits ÔC
crépis. Le même auteur ajoute que plus une pierre eft
poreufe, plus la chaux qui en eft faite eft tendre ;
plus elle eft humide , plus la chaux eft tenace ; plus
elle eft terreufe , plus la chaux eft dure ; 6c plus elle
a de feu , plus la chaux eft fragile»
Philibert de Lorme , confeille de faire la chaux
avec les mêmes pierres avec jefquelles on b âtit,
parce que, dit-il, les fols volatils dont la chaux eft
dépourvue après fa cuiffon, lui font plus facilement
tendus par des pierres qui en contiennent de fem-
blables.
La fociété royâle des fciences de Gottingues a
propofé cette queftionimportante: Quelle eft la meilleure
manière de préparer la chaux pour qu’elle ré-
lifte le plus long-temps poffible aux vents Ôc à la
pluie ? On répondit que la chaux faite avec des pierres
à gypfe étoit la meilleure de toutes. Schrcber.
t Quoi qu’il en foit de ces opinions , il faut s’en
tenir à l'expérience Ôc à la pratique la plus confiante
6c la plus éclairée, dont nous allons donner les
détails»
On diftingue les pierres à chaux les plus convenables
, parce qu’elles ne donnent pas de feu , étant
frappées avec l’acier ; elles font attaquées avec effer-
vefcence par les acides , comme les fels alkalis. Ces
acides peuvent les diffoudre, elles font précipitées
par les alkalis : réduites en chaux , elles deviennent
plus (olubles par les acides ;.la terre dont elles font
comppfées, eftalkaline.
Les pierres à chaux fe trouvent dans tous les
pays, par couches, par bancs , ou détachées, ou
roulées. Leur couleur varie autant que leur grain 6c
leur compofition. L’expérience a appris à tous les
ouvriers à les reconnoître, Ôc ils préfèrent celles
qui font lç plus à leur portée. La proximité de la
pierre ôc celle des. matières combuftihles que l’on
emploie, combinées enfemble, décident donc de
1 emplacement des fourneaux. En général, les pierres
à chaux les plus vives, les plus compares, les
plus dures, celles qui font tirées du fond des carrières
ôc non de la furface , font d’ordinaire la meil-
leure chaux. La pierre la plus difficile à calciner fait
auffi la chaux la plus parfaite. La chaux de la Lorraine
eft une des meilleures efpèces, elle fe durcit
plus vite à l’eau qu’à l’air; Ôc la pierre que l’on emploie
eft d’un bleu foncé, tendre au fortir de la
carrière, Ôc s’exfoliant à l’air, ôc à la gelée. On fait
«excellente chaux avec une pierre grifatre très-dure
tres-pefante, qui porte, par excellence, le nom
e pierre à chaux ; celle qu’on fait de pierre tendre,
n*eft pas, à beaucoup près, ni fi bonne ni fi eftimée*
La plupart des marbres font une bonne chaux ; avec
le noir, on fait de la chaux fort blanche ; avec le
blanc,,on fait de la chaux d’un blanc éclatant. La
pierre de liais qui eft compare , d’un grain plus fin
que celui de la pierre à bâtir ordinaire, . fort dure,
fonnante fous le marteau quand on la travaille ;
cette pierre donne de très-bonne chaux. Les pierres
où l’on trouve des coquillages pétrifiés, font communément
très-propres à faire de la chaux. On fait
auffi, près des mers abondantes en coquillages comme
en Hollande 6c ailleurs, la chaux avec ces coquilles
calcinées : la chaux en eft très-blanche. On tire même
du fein de la terre, loin des mers en divers lieux,
des coquilles de mer enfevelies , dont ont fait de la
bonne chaux. On fait encore de la chaux avec les
pierres d’une marne endurcie 6c pétrifiée, avec une
efpèce de pierre crétacée, avec une forte de limon
pétrifié. Les matières dont on fait la chaux aux
îles de l’Amérique , ne font autre chofe que des
madrépores, des coralloïdes, des coquillages. En
un mot, toute pierre alkaline 8c calcaire peut deve*-
nir de la chaux par un feu fuffifant, conduit félon
des règles de l’art.
Les endroits qui fourniffeat le plus communément
de la chaux à Paris 6c aux environs , font Boulogne -,
Senlis, Corbeil, Melun, la Chauffée près Marly ,
6c quelques autres. Celle de Boulogne qui eft faite
d'une pierre un peu jaunâtre, eft excellente. On
emploie à Metz 6c aux environs une chaux excellente
qui ne fufe point. Des gens qui n’en con-
noiffoient pas la qualité, s’avifèrent"d’en fufer dans
des trous bien couverts de fable. L’année fuivante ,
ils la trouvèrent fi dure qn’il fallut la caffer avec
des coins de fer, ÔC l’employer comme du moilon.
Pour bien éteindre cette chaux, dit M. Belidor, il
la faut couvrir de tout le fable qui doit entrer dâns
le mortier , l’afperger enfuite d’eau à différentes
reprifes. Cette chaux s’éteint ainfi fans qu’il forte
de fumée au dehors , 6c .fait de fi bon mortier,
que dans ces pays-là toutes les caves en font faites
fans .aucun autre mélange que de gros gravier de
rivière, Ôc fe change en un maftic .fi dur , que lorf-
qu’il a fait corps, les meilleurs outils ne peuvent
l’entamer.
La chaux retournée eft une préparation particulière
que l’on donne à la chaux âpre de Lorraine pour
1’employer. M. de Formontaigne r mort en 17ÇS1
maréchal-de-champ, direâreur des fortications dans
les évêchés, 6c l’un des plus favans ingénieurs ordinaires
que le roi ait jamais eus, dit. dans un mémoire
particulier fur les mines : « Il n’y a point de
» pays au monde qui ait de fi bonne chaux que Metz ,
n où elle a la qualité de durcir encore plus vite dans
» l’eau qu’à l’air. On fait par mille expériences qu’il
» fuffit de mêler cette chaux avec de gros gravier
» au lieu de fable ordinaire , fans y. jeter d’eau ;
» mais fe contentant de retourner plufièurs fois la
n chaux 6c le gravier à fec pour les bien mêler en-
» femble, ce que l’on nomme dans le pays de la-
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