
du cheval ; les hautes font à préférer a.ux baffes,
parce que les premières étant plus sèches, les plantes
qui y croiffent font moins abreuvées, les fucs en
font moins aqueux, plus élaborés ; le foin qu’on en
tire eft plus fin 6c plus aromatique.
Les plantes les plus recherchées, celles qui donnent
le meilleur foin, font toutes les efpèces de gramen,
à l’exception de ceux qui viennent dans les marais :
entre les premiers on préfère tous les ehiendens,
le fromental, &c. tous les trefl.es, les lotus, les
melilots font d’excellente qualité.
Il eft encore d’autres plantes employées à la
«ouriture des chevaux, foit en verd ou en fec ;
telles font l’orge , les vefces , les lentilles.
La paille eft fur-tout la nourriture du cheval.
Celle qu’on emploie le plus communément eft celle
du froment ; c’eft un des alimens les plus fains que
ï’on connoiffe, & même un des plus nourriffans,
•quoiqu’il paroiffe fec. Les chevaux nourris avec de
la paille font beaucoup plus gras , ont le poil plus
liffe & font moins fujets aux maladies cutanées, que
ceux qui n’ont mangé que du foin.
L’avoine eft l’aliment le plus nourriffant de tous ;
plus elle eft pefante , & par conféquent farineufe ,
plus elle nourrira ; fa couleur eft allez indifférente.
Outre ces alimens ordinaires, on emploie la luzerne
, le fainfoin , le grand trefle, les lentilles,
les pois, la v efce, l’orge , le feigle. Mais ces herbes
6c ces grains, qui, quelquefois peuvent fervir de
nourriture au cheval, deviennent des médicamens
dans différentes circonftances. Ain fi , ils ne doivent
être alimens que dans les cas de néceflité & lorfqu’on
manque des autres.
L’eau eft la boiffon ordinaire du cheval ; mais
toutes les eaux ne font pas également bonnes. L’eau
battue eft préférable à l’eau dormante, celle des
grandes rivières .aux eaux de fource.La plus limpide
‘eft la meilleure* On ne doit point laiffer boire un cheval
qui eft en fueur, ou qui vient de quitter le travail.
On a obfervé que lorfqu’un cheval eft bien panfé
il s’entretient plus gras avec moins de nourriture,
que celui qui, très-amplement nourri, eft mal foigne.
La rcîfon en eft , que la craffe qui recouvre la peau ,
empêche la tranfpiration , fi faîutaire à cet animal ;
alors les humeurs ne trouvant point d’iffue, occa-
fionnent des démangeaifons & des gales qui le font
maigrir.
C ’eft auflî une attention très-faîutaire de mettre
aux chevaux une couverture pendant le jour, lorf-
qu’ils reftent dans Le curie ; cela donne à leur poil un
oeil luifant, & conferve leur chaleur naturelle.
On doit proportionner la quantité de nourrituire
au tempérament des chevaux, à leur taille, aux-
travaux qu’ils font obligés de faire.
Un cheval de Celle qui eft en bon état n’a befoin
ordinairement par jour que de fept à huit livres de
foin, d’une botte de paille 6c de trois picotins d’avoine
qui font les trois quarts d’un boiffeau , mefure
.de aris.
Les chevaux de carroffe demandent plus de nourriture.
La quantité de foin ne vaut rien aux chevaux
qui ont trop de ventre.
Lorfque les chevaux travaillent beaucoup , on
peut leur donner pendant l’hiver des féveroles avec
leur avoine : lorfqu’on veut les rafraîchir ,on mêle un
peu de fon avec leur avoine.
Si des chevaux font maigres & fatigués, pour les
refaire & les bien rétablir, on les met au verd,
c’eft-à-dire, qu’on les laiffe cinq bu fix femaines
jour & nuit dans les champs, à l’herbe verte pour
toute nourriture. Cet état naturel auquel on les
abandonne, les rétablit merveilleufement ; mais
cette nourriture, qui eft très-favorable pour les
jeunes chevaux, ne vaut rien pour ceux qui font
vieux, 6c qui ont quelques maladies eau fées par
obftruéfion. Il eft bon, avant de mettre les chevaux
au v erd , de les faire faigner, & lorfqu’on les en
ôte, de réitérer la même opération.
Comme les chevaux fatiguent beaucoup dans les
longs voyages , il faut les conduire avec prudence
& ménagement. On doit d’abord bien obferv.er s’il
n’y a rien dans l’équipage qui puiffe bleffer le
cheval. Dans les premiers jours, on doit faire un
peu moins de chemin, pour mettre le cheval en
haleine, lui ménager la nourriture ; mais enfuite on
Va à plus grandes'journées & on augmente la nourriture.
Lorfqu’on arrive, 6c que le cheval a chaud, il
faut lui bien frotter le corps avec un bouchon de
paille pour enlever la fueur & donner lieu à la tranfpiration
; mais.au lieu de lui frotter les jambes avec
le même bouchon de paille , il vaut mieux les lui
laver avec de l’eau froide, parce qu’on a obfervé
qu’en les frottant , on donne lieu aux humeurs
qui font en mouvement, de tomber & de fe fixer
dans les .jambes , ce qui les rend roides. L’eau
froide , au contraire , empêche cette chûte des humeurs
, & conferve-les jambes du cheval bien
faines. On doit aufïi lui laver avec l’éponge, le tour
de là bouche, les nafeaux, les yeux & le deffous
de la queue , parce qûe la pouflière s’attache à ces
endroits.
Quand le cheval a bien chaud, on doit lui étendre
de la paille fur le corps, & mettre par deffus une
couverture pour le faire fécher plus vite.
Le choix dès écuries n’eft pas indifférent. Une
écurie , pour être faine, doit être dans un endroit
élevé , ou au moins fec. Celle qui eft fur un terrein
bas eft humide eft peu éclairée pour l’ordinaire, &
les chevaux y deviennent fujets aux maladies des
-yeux & aux oedèmes. Les écuries pavées font plus
avantageufes que celles qui font falpêtrées , lors
fur-tout qu’on n’eft pas en état de faire la dépenfe
des madriers , qui, à tous égards, font préférables.
On doit renouveller les- écuries à toutes les heures
des repas & les tenir, propres.
Il faut avoir foin de nettoyer le cheval avec l'étrille
& la hroffé ; ce qui 'l’entretient dans une
tranfpiration abondante & faîutaire.
p u aura occafton de dire ailleurs combien *1
eft effentiel que le cheval foit bien placé a la voiture
qu’il t i r e o u bien pofé fous le cavalier qui le mene
pour jouir de tous fes avantages, & faire fon fervice
fans gêne & fans trop de réfiftance.
Le climat influe fi fenfiblement fur la forme des
chevaux, fur leur naturel, fur leur force, qu’on
peut diftinguer au fimple coup-d’oeil les chevaux de
certains pays.
Des différentes fortes de chevaux.
Rapprochons les qualités qui doivent concourir
pour faire le type ou le modèle d’un beau cheval,
avant que de parler des différentes efpèces les plus
eftimées de chevaux.
Dans le cheval bien fait, la partie fupérieure de
l’encolure dont fort la crinière, doit s’élever d’abord
en ligne droite en fortant du garot, & former
enfuite en approchant de la tête une courbure à peu
près femblable à celle du cou d’un cygne. La partie
inférieure de l’encolure ne doit former aucune courbure
; il faut que fa dire&ion foit en ligne droite
depuis le poitrail jufqu’à la ganache, &C un peu
penchée en devant : fi elle étoit perpendiculaire,
l'encolure feroit fauffe. Il faut que la partie fupérieure
du cou foit mince, & qu’il y ait peu de chair
auprès de la crinière , laquelle doit être médiocrement
garnie de crins longs & déliés. Une belle encolure
doit être longue & relevée, & cependant
proportionnée à la taille du'cheval. Trop longue 6c
trop menue, le cheval donne des coups de tête ;
trop courte & trop charnue , îl eft pefant à la main.
La tête fera placée avantageufement fi le front eft
perpendiculaire à l’horizon ; elle doit être sèche,
menue, non trop longue. Les oreilles feront peu
diftantes, petites, droites , immobiles , étroites ,
déliées, bien plantées au haut de la tête. Il faut que
le front foit étroit & un peu convexe, que les
falières foient remplies, les paupières minces, les
yeux clairs, vifs, pleins de feu, affez gros, avancés
à fleur de.tête , la prunelle grande , la ganache décharnée
6c un peu épaiffe, le nez un peu arqué , les
nazeaux bien ouverts & bien fendus , la cloifon du
nez mince ; les lèvres déliées , la bouche médiocrement
fendue , . le garot élevé & tranchant, les
épaules sèches, plates 6c peu ferrées ; le dos égal,
uni, infenfiblement arqué fur fa longueur, 6c relevé
des deux côtés de l’épine qui doit paroître enfoncée ;
les flancs pleins 6c courts, la croupe ronde & bien
fournie, la hanche bien garnie, le tronçon de la
queue épais & ferme, les cuiffes 6c les bras gros
& charnus, le genou rond en dedans 6c large fur
les côtés ,1e nerf bien détaché , le boulet menu , le
fanon peu garni, le paturon gros & d’une médiocre
longueur, la couronne peu élevée ; la corne noire ,
unie 6c luifante, la fourchette menue & maigre,
6c la foie épaiffe 6c concave.
Les chevaux arabes font de tous -ceux qu’on
connoiffe en Europe , les plus beaux 6c les plus
conformes à ce modèle. Ils font plus grands 6c plus
étoffés que les barbes, 6c font aufli bien faits. Ces
chevaux font très-chers, même dans le pays ; & il
n’y a aucune précaution qu’on ne prenne pour en
çonferver la race également belle.
Les chevaux barbes font plus communs que les
arabes , ils ont l’encolure longue , fine, peu chargée
de crins 6c bien fortie du garrot ; la tête belle, petite
6c affe.z ordinairement moutonnée ; l’oreille belle
6c bien placée, les épaules légères 6c plates, le
garot menu 6c bien relevé , les reins courts 8e
droits, le flanc 6c les côtes rondes , fans trop de
ventre, les hanches bien effacées , la croupe un
peu longue , la queue placée un peu haute, la
cuiffe bien formée 6c rarement plate; les jambes
belles , bien faites 6c fans poil ; le nerf bien détaché ,
le pied bien fait, mais fouvent le paturon long.
Il y e n a de tous poils, mais communément de gris.
Ils ont un peu de négligence dans leurs allures , ils
ont befoin d’être recherchés ; on leur trouve beaucoup
de vîteffe & de nerf, ils font légers & propres
à la courfe. Ils pàroiffent être très-bons pour en
tirer race. Il feroit à fouhaiter qu’ils fuffent de plus
grande taille : les plus grands ont quatre pieds huit
à neuf pouces ; mais en France 6c en Angleterre ils
font plus grands qu’eux. Ceux du royaume de
Maroc paffent pour les meilleurs.
On conferve dans le pays la généalogie des chevaux
barbes , avec le même foin qu’on fait en Europe
celle des grandes familles, & on ne les vend
jamais fans produire leurs titres de nobleffe. On
dit que les barbes meurent, mais quils ne vieillirent pas9
parce qu’ils confervent leur vigueur »jufqu’à la fin.
Le cheval d’Efpagne eft très-eftimé à caufe de
fa fierté , de fa grâce , de fa nobleffe, qui le rendent
propre pour la pompe : il a beaucoup de courage 6c
de docilité. L’agilité , la cadence naturelle , la fou-
pleffe des reflorts des chevaux efpagnols les rendent
auffi très-propres pour le manège. Ces chevaux ont
ordinairement l'encolure longue & épaiffe, beaucoup
de crins , la. tête un peu greffe , ronde , quelquefois
moutonnée , les oreilles longues, mais bien
placées , les yeux pleins de feu, les épaulés épaiffes,
le poitrail large, les reins affez fouvent un peu bas,
quelquefois un peu trop de ventre, la croupe ordinairement
ronde 6c large, quelquefois un peu longue,
les jambes belles 6c fans poil, le nerf bien détaché ,
le.paturon quelquefois un peu long comme le barbe;
le pied un peu allongé , comme le mulet, fouvent
le talon trop haut. Ceux de belle race font épais,
bien étoffés , bas de terre, ont beaucoup de mouvement
dans la marche: leur poil le plus ordinaire eft
noir ou bai , marron-, quoiqu’il y en ait de toutes
fortes de poil. Ils ont rarement les jambes blanches
& le nez blanc. Les Eîpagnols ne tirent point de
racé de chevaux marqués de ces taches qu’ils, ont
en averfion ; ils ne veulent qu’une étoile au front ;
ils eftiment beaucoup les Trains.
On les marque tous à la cuiffe hors le montoir,
de la marque du haras d’où ils font fortis. Tls ne font
pas communément de grande taille; il s’en trouve
de quatre pieds neuf ou dix pouces.
N n a n ij